mrpolo 7 743 Posté(e) octobre 27, 2019 Partager Posté(e) octobre 27, 2019 Les députés ont donné cette semaine leur accord pour une expérimentation du cannabis thérapeutique très encadrée qui évite de remettre en cause les intérêts convergents de plusieurs acteurs de la santé. ol sisters farm tour by Oregon department of Agriculture (CC BY-NC-ND 2.0) — Oregon department of Agriculture, CC-BY Les députés ont donné cette semaine leur accord pour une expérimentation médicale du cannabis. Contrairement au titre aguicheur de Libé, non, il ne s’agira pas d’ « autoriser le joint qui soigne ». Et d’ailleurs, c’est bien dommage. Si une telle autorisation avait été donnée, elle aurait remis en cause les intérêts convergents de plusieurs acteurs de la santé… intérêts qui pourraient bien diverger de ceux des utilisateurs. Des modalités très restrictives Il est d’abord question de n’autoriser l’expérimentation de cannabis « thérapeutique » que pour deux ans, et uniquement pour certains cas : épilepsie, douleurs neuropathiques, spasticité musculaire dans la sclérose en plaques, soins palliatifs et soins de support en oncologie. Les prescriptions ne pourront être faites que par un médecin spécialiste de la pathologie, et éventuellement reconduites par le médecin traitant (mais la situation n’est pas encore à l’ordre du jour). La forme du cannabis est elle aussi très restreinte. Si nombreux sont les pays où l’on peut acheter son cannabis dans une échoppe ad hoc, ce n’est pas ce que la France a prévu. Et c’est donc là que les choses deviennent intéressantes. Le cannabis ne sera prescrit que sous forme « sublinguale (pastilles, gouttes), inhalée et vaporisée (spray ou liquide). Pour les effets prolongés, des supports à diffusion lente, comme des solutions buvables ou des capsules d’huile, seront privilégiés. » Et même tisanes. L’État et les laboratoires Évidemment, le législateur ne pouvait pas autoriser la fumette thérapeutique : trop de risques associés à la combustion en feraient une pratique aussi nocive que bienfaisante. Mais alors, de fleurs séchées il n’est point question ? Mais si, mais si : elles seront encapsulées dans des gélules… Fabriquées par un laboratoire, et délivrées par un pharmacien. Que les choses soient bien encadrées. L’auteur de ses lignes n’a pas ici l’intention d’étriller les laboratoires : les pauvres ne font que ce que l’État les autorise à faire. Justement, il se trouve que ce genre de thérapie par les herbes-qui-font-rigoler existe déjà : ainsi que l’explique dans une interview à l‘Express le Pr Nicolas Authier, président du comité d’experts mandaté par l’Agence du médicament (ANSM) évoquant le Sativex, indiqué dans la sclérose en plaques. « Il dispose d’une AMM mais reste indisponible faute d’accord sur son prix entre le fabricant et les pouvoirs publics. » Il faut bien comprendre qu’on ne trouve pas de soulagement à son cancer comme ça, en France : il faut d’abord que l’État donne son accord pour qu’un laboratoire distribue un produit qui va coûter cher, dont il plafonnera le prix, couteau sous la gorge, main dans la main avec le laboratoire. Le consommateur sera dûment averti qu’en échange de longues années d’attente pour obtenir le traitement (qui pourrait pousser dans son jardin), il aura l’assurance d’une qualité du produit et d’une régularité d’approvisionnement garanties par l’État. Certes, pour la régularité d’approvisionnement, on n’est pas sûr : il y a de telles pénuries de médicaments en France (dont certains sont catalogués comme peu importants par le ministère de la Santé) qu’un produit « de confort » (puisque c’est de cela qu’il s’agit) ne sera jamais prioritaire s’il est en rupture de stock. Des distributeurs alléchés N’oublions pas au passage le rôle important du pharmacien qui délivrera la précieuse molécule : ils se retrouvent au premier rang d’un marché prometteur. Voilà qui devrait leur redonner le sourire, après des années de baisse de chiffre d’affaires. « Sur le plan économique, la vente de plantes n’offre pas de marges aussi importantes que celle de médicaments chimiques. » expliquait Jean-Luc Fichet député du Finistère qui plaidait en faveur de la réinstauration du diplôme d’herboriste (JO Sénat du 28/04/2010 – page 2826.) D’ailleurs, en juin dernier, ils étaient vent debout contre la vente de cannabis séché… au motif que la qualité de la plante pouvait être irrégulière et non contrôlée : « Mélange végétal composé de 200 principes actifs différents, variables en quantités et en proportions en fonction des modalités de culture, de récolte, de conservation, n’étant ni dosé, ni contrôlé, le cannabis dit thérapeutique ne peut apporter les garanties d’un médicament« , estime pourtant l’Académie de pharmacie dans un communiqué. Après avoir fait disparaître les herboristes qui auraient été tout indiqués pour délivrer une marijuana plus ou moins dosée en THC et en CBD, les pharmaciens se verront donc les seuls à pouvoir distribuer, voire conseiller. C’était d’ailleurs l’un des points de tensions qui avait eu lieu entre pharmaciens et herboristes, les premiers ne reconnaissant pas aux seconds le droit de pouvoir conseiller. C’est sûr que lorsqu’on vend dans son officine des granules d’homéopathie ou des produits qui font pousser les cheveux, on est en mesure de peser de tout son poids scientifique auprès des instances politiques… Cela tombe bien : justement quelques mois après il n’est plus question de délivrer la plante sous sa forme la plus simple, mais sous diverses formes plus ou moins conditionnées. Quelle source d’approvisionnement ? Après les méandres de la distribution, il y a un autre secteur dans lequel l’État ne manquera pas d’intervenir, car il serait tout à fait scandaleux que les patients puissent s’approvisionner librement. Avant d’être conditionné en gélules, pastilles, gouttes ou autre, le cannabis est une bête plante qui pousse. Facilement. Très facilement, même. Tenez, vous pourriez même en avoir sur votre balcon. C’est dire. Et vous pourriez aussi proposer un petit joint à Tata Josette pour l’aider à supporter son traitement médical, et soulager un peu ses douleurs. Voire lui faire un space cake, si elle n’aime pas fumer. Ou même lui confectionner des capsules avec de l’herbe séchée. Il n’en est pas question. La culture des plants sera elle aussi réglementée. On ne trouve pas pour l’instant de texte qui explique quel sera le mode de culture et son autorisation. Pour l’instant il est question d’acheter la production à d’autres pays. Il est aussi question de créer des sites de production à la Réunion, ainsi que l’a sous-entendu Emmanuel Macron récemment. Mais on peut sans trop s’aventurer supposer que les agriculteurs français producteurs de cannabis thérapeutique seront membres d’une corporation agréée par l’État, sur le modèle de la production du tabac. Eux seuls auront l’autorisation de faire pousser le plante dans des champs. Il y aura des producteurs agréés et seuls ceux-ci auront un marché avec l’État. Connivence quand tu nous tiens… En Europe, 21 pays sur 28 autorisent le cannabis médical. Il n’en restait que 7 à la traîne, dont la France. Autoriser le cannabis thérapeutique est une très bonne idée. Comme toujours, elle est un peu gâchée par la création de méandres législatifs, de réglementations en tous genres. Une simple dépénalisation aurait résolu à la fois le problème du marché noir, et celui du consommateur-patient, qui n’est peut-être finalement qu’un prétexte à réglementer et taxer un nouveau produit. Un dernier détail : est-ce l’État qui a demandé des études pour prouver le bénéfice du cannabis dans la gestion de la douleur ? Non. Il s’agit d’empirisme, celui-là même qu’expérimentent les fumeurs de tous les pays depuis des décennies. Dans cette affaire de réglementation de cannabis thérapeutique, l’ironie de l’histoire est que c’est le consommateur qui a découvert tout seul les applications de la plante. Et que dorénavant, c’est l’État qui lui vendra le droit de l’utiliser. Pour son bien, évidemment. Par Phoebe Ann Moses. Source: contrepoints.org 4 1 2 Lien à poster Partager sur d’autres sites
karmik 2 941 Posté(e) octobre 27, 2019 Partager Posté(e) octobre 27, 2019 Hey!! Voila tout est dit ici -----> Il y a 3 heures, mrpolo a dit: Une simple dépénalisation aurait résolu à la fois le problème du marché noir, et celui du consommateur-patient, qui n’est peut-être finalement qu’un prétexte à réglementer et taxer un nouveau produit. 2 Lien à poster Partager sur d’autres sites
McBlunt 53 Posté(e) octobre 28, 2019 Partager Posté(e) octobre 28, 2019 plop pouvez vous éclairez ma lanterne ... En quoi cette expérimentation sur le cannabis therapeutique change le fais que l'on peux déjà se procurer du CBD ? Car si je comprends bien on parle bien du CBD pour le thérapeutique et non de THC ... alors que le CBD et en vente libre, on peux trés bien essayer par soit même ... il y a un truxc que je capte pas. Je sens que je vais pouvoir mettre la conclusion dans le topic "je sais que je fume trop, quand..." ++ et merci des réponse car je suis ça de près depuis peu ... Lien à poster Partager sur d’autres sites
animalxxx 7 669 Posté(e) octobre 28, 2019 Partager Posté(e) octobre 28, 2019 Slt Citation Car si je comprends bien on parle bien du CBD pour le thérapeutique et non de THC Si on lit le lien vers lest-eclair.fr, il est dit que: Citation Les différentes posologies pourront intégrer des rapports très variables entre les deux principes actifs : le tetrahydrocannabinol (THC) aux effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD) qui entraîne plutôt une relaxation musculaire. Donc pas exclusif CBD (puis pour l'oncologie, c'est le THC qui est plus efficace). Citation En quoi cette expérimentation sur le cannabis therapeutique change le fais que l'on peux déjà se procurer du CBD ? Au moins la le produit sera testé, constant/régularité sur le temps etc... ++ 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites
Ex-UFCM-I Care 9 191 Posté(e) octobre 28, 2019 Partager Posté(e) octobre 28, 2019 (modifié) Hey Il y a 5 ratios retenus THC et CBD pouvant aller jusqu'à 20 de THC pour 1 de CBD, Et dans l'autre sens 20 de CBD pour 1 de THC le médian étant le ratio 1 pour 1 .... ce qui change c'est que le CBD vendu par les boutiques actuellement n'est pas forcement de bonne qualité, pas forcement dosé correctement, pas forcement entreposé ni gardé dans de bonne conditions et que quoi qu'on en pense il n'est pas remboursé et que les boutiques sont sur un flou artistique entre l'exercice illegal de la pharmacie et la légalité du CBD .... pendant cette expérimentation les traitements seront remboursés ..... il ne s'agit pas vraiment d'une expérimentation sur l'efficacité du canna thérapeutique mais plutôt de tester un système de prescription et de formation des pro de santé .... @+ Modifié octobre 28, 2019 par UFCM-I Care 2 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites
-scrog- 9 342 Posté(e) octobre 29, 2019 Partager Posté(e) octobre 29, 2019 Salut la France Pffff , de la poudre aux yeux ... Comme d'hab , si tu es sur le point de mourir , peut être , je dis bien peut être que tu auras le droit de te soigner ... Bonne continuation à tous , et bon courage pour les autres -scrog- 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites
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