C’est un message populaire. mrpolo 7 743 Posté(e) octobre 10, 2019 C’est un message populaire. Partager Posté(e) octobre 10, 2019 La "beldia", le cannabis "terroir" qui a fait la réputation du Maroc auprès des consommateurs de cette drogue, disparaît progressivement des champs dans le nord du royaume, remplacée au nom du rendement par des plants hybrides importés de l'étranger. Au Maroc, le cannabis "terroir" supplanté par les hybrides © AFP / FADEL SENNA Dans la région montagneuse de Ketama (nord), considérée comme "la Mecque" du kif - nom local donné au cannabis -, la "Critikal" fait un tabac. Cette variété produite en laboratoire est pourtant beaucoup plus nocive, se vend moins cher et consomme plus d'eau que la "traditionnelle", selon des études. Hicham, un "kifficulteur" de 27 ans, s'est lancé dans la culture de "Critikal" parce que "les nouvelles graines importées offrent un rendement beaucoup plus important". Mais il "ne fume que la +beldia+: la moderne est médiocre", dit-il. "L'une donne de l'imagination, l'autre génère l'angoisse", renchérit Mohamed, un de ses amis. La "Critikal" est la dernière des plantes importées et la plus en vogue, après la "Pakistana" et la "Khardela", devant d'autres hybrides comme l'"Amnésia" ou la "Gorilla". Toutes proviennent "de laboratoires en Europe ou en Amérique du Nord (...). Critikal a été inventée aux Pays-Bas", dit l'anthropologue marocain Khalid Mouna. Importées par des grands producteurs, ces variétés hybrides sont devenues "un marché à part entière", selon ce spécialiste, auteur d'une thèse sur "Le bled du kif: économie et pouvoir chez les Ketama du Rif". La culture, la vente ou la consommation de drogue sont strictement interdites au Maroc. Ce qui n'empêche pas le royaume de figurer parmi les principaux producteurs et exportateurs de haschich dans le monde, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Alors que les cultures auraient été réduites de 134.000 ha à 47.500 ha entre 2003 et 2011 dans le cadre d'un grand programme de reconversion, "la substitution d'hybrides au kif peut expliquer pourquoi la production de haschich marocain aurait peu baissé", selon une étude publiée en 2015 par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Un quintal (100 kilos) donne un rendement de 5 à 10 kilos pour les hybrides, contre un kilo pour la "locale". La Critikal se vend 2.500 dirhams le kilo (230 euros), la "beldia" jusqu'à 10.000 dirhams (environ 950 euros) le kilo, selon des témoignages recueillis par l'AFP sur place. "Economie et pouvoir" Dans le nord du Maroc, le kif fait partie du patrimoine local: sa consommation est largement tolérée par les autorités et la société, tout comme sa production qui fait selon des estimations vivre entre 90.000 et 140.000 personnes, de la culture à la revente, dans cette région aux reliefs accidentés et au sol pauvre. Hicham passe son temps entre son champ et un café du coin, où il regarde des films sur des chaînes satellitaires en fumant des joints avec ses amis, pour "oublier le chômage". Tous ont quitté l'école très jeunes pour aider leurs parents. Certains de leurs amis ont migré vers le continent européen, fuyant une région où les perspectives d'emplois sont rares et le chômage touche un jeune sur quatre, selon les chiffres officiels. "Extrêmement dangereuse" La plupart des amis de Hicham travaillent en saison pour des gros producteurs de cannabis, pour environ 100 dirhams par jour (9 euros) pendant un mois ou deux. Ils n'ont pas les moyens d'acheter les semences, ni d'investir dans les systèmes d'irrigation ou d'obtenir les "protections" nécessaires dans le milieu pour se mettre à leur compte. Non loin de leur café, une immense plantation en terrasses s'étale jusqu'au sommet de la montagne voisine. Un réseau de tuyaux reliés à un réservoir y arrose au goutte-à-goutte les plants soigneusement entretenus. La "Critikal" exige de grandes quantités d'eau. Elle est cultivée en été, quand les pluies se font rares, tandis que la "beldia" est cultivée en hiver grâce aux pluies. Cet hybride est planté partout, même dans les sites les plus arides, "car les trafiquants l'imposent et les gens ici n'ont pas d'autres choix", s'insurge Mohamed Benyahya, un acteur associatif local. "Outre l'épuisement et la pollution des sols, aggravés par les hybrides gourmands en intrants chimiques, ce sont les ressources en eau de la région que la culture des hybrides risque d'épuiser rapidement", selon le rapport de l'OFDT. En outre, la Critikal contient un taux très élevé de THC, la principale molécule psychoactive du cannabis. Pour l'OFDT, "le recours aux hybrides explique la hausse rapide et importante du taux moyen de THC de la résine marocaine observée (lors des) saisies". "Les consommateurs européens ne veulent plus de cannabis hybride à cause du taux élevé de THC" et tendent à le délaisser, assure Khalid Mouna. En revanche, "le cannabis marocain traditionnel reste très convoité" selon lui, surtout par ceux qui "plaident pour la légalisation". Pour l'anthropologue, "la légalisation peut être un moyen de contrôler la consommation, mais aussi de sauver la +beldia+, à travers une vraie politique (encadrée) de production et de transformation". Les propositions de légalisation se sont jusqu'à présent heurtées à une farouche opposition politique dans le royaume. Cependant, une étude officielle sur les atouts du cannabis thérapeutique vient d'être confiée à des scientifiques locaux, selon les médias. AFP Source : lepoint.fr 7 3 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites
karmik 2 940 Posté(e) octobre 10, 2019 Partager Posté(e) octobre 10, 2019 hello, un bien triste constat qui est d’actualité partout dans le monde.... merci argent oops Arjan (bon ya pas que lui, mais il y contribue) Par contre Il y a 6 heures, mrpolo a dit: "Les consommateurs européens ne veulent plus de cannabis hybride à cause du taux élevé de THC" et tendent à le délaisser, assure Khalid Mouna. Par contre ça j'y crois pas trop malheureusement. Pas sur que la légalisation y change quelque chose, à moins d'imposer la culture de la beldia. La critikal est moins chère, et les clients veulent la qualité (ou la défonce) pour le moins cher possible. La qualité a un prix en euros, et environnementalement c'est mieux. La trafiquant impose les hybrides, ça reste aux consommateurs de gérer ce qu'ils achètent. Le cannabis terroir est acclimaté, je vois pas trop comment la critikal peut etre plus avantageuse? + d'investissement sur le produit, + engrais + irrigation... bien sur par contre que des femelles, moins de boulot derrière.... il faut faire la balance. bon courage aux producteurs traditionnels ++ 2 Lien à poster Partager sur d’autres sites
High Rabbit 1 335 Posté(e) octobre 18, 2019 Partager Posté(e) octobre 18, 2019 (modifié) Plop ! Le 10/10/2019 à 23:14, karmik a dit: Le cannabis terroir est acclimaté, je vois pas trop comment la critikal peut etre plus avantageuse? + d'investissement sur le produit, + engrais + irrigation... C'est tout bête : la production, le rendement des hybrides sont nettement supérieurs à ceux des variétés traditionnelles. C'est le cas chez toutes les plantes, cannabis compris. Et comme partout ailleurs, ils vont se rendre compte à la longue que si le chiffre d'affaire est devenu supérieur, le bénéfice est inférieur lui, du fait des investissements en intrants et en irrigation. Mais il sera déjà trop tard car, comme ailleurs, le jour où ils se rendront compte qu'ils se sont fait avoir ils seront déjà dépendants de l'industrie agro-chimique voire pieds et poings liés par des crédits à rembourser. Alors il feront comme les paysans chez nous, ou en Inde, il s se mettront la corde (de chanvre) au cou. Bonne soirée... Modifié octobre 18, 2019 par High Rabbit 4 Lien à poster Partager sur d’autres sites
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