Cannabis : pourquoi les pays qui le légalisent ne sont pas les libertaires qu'on croit


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Par Delphine Granier le 16.05.2018 à 12h35

 

Dans de nombreux Etats, la légalisation du cannabis est en marche. Légaliser pleinement permet de réguler efficacement. Autoriser signifie contrôler qui signifie sanctionner lorsque le droit n’est pas respecté

 

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Et si, demain, le sucre était interdit ? Et si gâteaux, bonbons, chocolats, glaces et autres sucreries devaient, pour des raisons sanitaires, être mises à l'index ? Et si les producteurs de betteraves, de cannes et de palmiers devaient soudainement être poursuivis ? Cela n'aurait rien de très surprenant pourriez-vous me dire…. 

Le sucre tue chaque année davantage que les accidents de la route et le nombre de personnes touchées par les maladies qui en découlent se multiplie. Dangereusement traître derrière sa douceur, le sucre est plus addictif que la cocaïne. Consommé à l'excès chez les femmes enceintes, il provoque des risques de maladie chez le nourrisson. Dévoré à l'excès dans les cours de récré, sa consommation dépasse allègrement le maximum de trois cuillères à café recommandé quotidiennement chez les enfants. Qu'il soit en poudre, en morceaux, en grains, glace ou encore perlé, le sucre booste toujours autant les cellules cancéreuses… Une " drogue légale " comme le titrait le journal Le 1 en décembre dernier.

114 fois moins mortel que l'alcool

Alors qu'attendons-nous pour l'interdire ? Pour résoudre cette urgence sanitaire ? Pour sauver les générations futures de ce vice si délétère ? Gourmands, tremblez ! Car l'on pourrait bien s'inspirer d'une histoire vraie.

Dix-sept millions de Français ont déjà consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie. Soit dix-sept millions d'individus théoriquement passibles d'emprisonnement selon l'article 222-37 du Code pénal. Pourtant, le cannabis affiche une probabilité de transition vers des troubles addictifs 2,5 fois inférieure à l'alcool et 7,5 fois inférieure au tabac. Pourtant, le cannabis, tant qu'il n'est pas fumé, n'est pas cancérigène contrairement encore au tabac. Pourtant, le cannabis est 114 fois moins mortel que l'alcool et l'on ne meurt pas d'avoir trop plané… 

Alors pourquoi une telle rigueur au pays des Droits de l’Homme ? Feignons-nous d’ignorer l’article 4 de notre Déclaration selon lequel « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » ? Comment accepter que de simples fumeurs de ganja et amateurs de spliff finissent derrière les barreaux ?

Légaliser pour mieux réguler

Le cannabis est une drogue me direz-vous. Oui, c’est une substance psychoactive dont les effets peuvent être dangereux. Autoriser sa consommation permettra justement à l’Etat d’en contrôler les taux de THC et CBD afin de minimiser les risques auxquels les consommateurs sont exposés. Le cannabis provoque des désastres chez les jeunes ajouteront certains. Oui, la consommation de cannabis avant la formation définitive du cortex cérébral est une catastrophe. Encadrer sa vente à un prix à même de tuer le marché noir permettra de mieux l’interdire aux plus jeunes : la levée de la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis élimina en même temps les trafics. Le cannabis tue indirectement rappelleront les autres. Oui, le cannabis est responsable de 22% des accidents mortels sur la route. Légaliser ne signifie pas lever les règles fondamentales de sécurité mais permet d’allouer davantage de moyens sur la prévention.

La prohibition est un échec. On ne compte plus les rapports faisant état des trafics, des troubles à l’ordre public qu’ils engendrent, du manque de connaissance quant aux risques supposés et ceux avérés, de la facilité de s’en procurer… « Ça pousse partout » entend-on lorsqu’on tend l’oreille. Dans de nombreux Etats, la légalisation du cannabis est en marche. Ces pays l’ont bien compris : légaliser pleinement permet de réguler efficacement. Autoriser signifie contrôler qui signifie sanctionner lorsque le droit n’est pas respecté. C’est ce que montre le nouveau rapport du Think tank GenerationLibre.

Alors aux partisans de l’hygiénisme les plus ascétiques, préférant l’interdiction du tabac et l’alcool à la légalisation du cannabis, prenez garde… Il n’y a qu’un pas avant que l’on vienne vous sucrer sodas, chocolat, viennoiseries, friandises et même café, jugés à bien des égards trop risqués.

 

 

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