Au Canada, avant la légalisation, se former aux métiers du cannabis


Messages recommandés

Dans quelques mois, au Canada, fumer un joint sera légal. Promesse de campagne de Justin Trudeau, la mesure est censée lutter contre les trafics de drogues et rapporter presque 700 millions d'euros de taxes à l'État chaque année. Dès à présent, les Canadiens se préparent : dans la province du Nouveau Brunswick, on forme les futurs spécialistes de la marijuana.

weed-e1489405646127.jpg

 

 

Dans une salle de classe du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, à Moncton, dix étudiants échangent avec leur professeure en horticulture. Jusqu’ici, rien de très original : sauf que le sujet du cours ne porte pas sur la culture des roses ou des tulipes, mais sur celle du cannabis. Ces dix jeunes vont devenir des techniciens spécialisés en culture de cannabis dans le cadre d’un programme que le Collège a lancé à l’automne dernier. Une formation unique en son genre pour l’instant au Canada et qui a été très populaire.

 

Pénurie de main d'oeuvre

Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick est spécialisé dans la formation de techniciens en tout genre et il travaille en étroite collaboration avec les entreprises de la province pour offrir des programmes d’enseignement là où il y a manque criant de main-d’œuvre. L’industrie du cannabis qui, pour l’instant, est limitée à la culture de la plante à des fins médicinales, mais qui deviendra légale dans tout le Canada au cours de l’été, rentre dans ce cas de figure. Voilà pourquoi l’établissement a décidé de mettre en place cette formation en techniques de culture du cannabis. 

 

28 étudiants ont suivi ce premier programme en techniques de culture du cannabis donné au Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, à Moncton.

28 étudiants ont suivi ce premier programme en techniques de culture du cannabis donné au Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, à Moncton.
© Catherine François

Lancé à l’automne, le programme a été très populaire

Plus de 300 demandes d’admission ont été reçues, il a donc fallu faire une sélection des candidatures selon plusieurs critères : écrire une lettre de motivation, avoir terminé avec succès ses études secondaires et surtout, ne pas avoir de casier judiciaire. Le choix s’est finalement porté sur 28 étudiants.

 

Formation de douze semaines

Les cours ont commencé en décembre 2017 et se terminent le 9 mars prochain, soit un total de 12 semaines. Les étudiants ont appris les caractéristiques du cannabis, quels sont ses besoins en lumière, humidité, engrais, sa fragilité aux maladies, comment cultiver ses fleurs, etc... Cours théoriques et cours pratiques donnés dans les serres d’Organigram, entreprise de Moncton spécialisée en culture de cannabis à des fins médicinales. Ces étudiants devraient d’ailleurs y trouver un emploi une fois leur formation terminée, et si ce n’est chez Organigram, ce pourrait être dans les deux autres entreprises de Moncton qui cultivent du cannabis à des fins médicinales. C’est ce qui a motivé la majorité de ces étudiants.
 
« C’est une nouvelle industrie au Nouveau-Brunswick, les perspectives d’obtenir de bons emplois dans tout le Canada sont très bonnes » explique l’un d’eux, Shawn Stewart. « Oui il va y avoir beaucoup d'opportunités d'emplois, puis ça grandit ça grandit ! » renchérit Penny Richard, une mère de famille qui a décidé de reprendre ses études après avoir passé plusieurs années avec ses jeunes enfants à la maison. Scott Clark, lui, se dit très satisfait de l’enseignement reçu dans ce programme : « Trois mois, ce n’est pas assez c’est sûr pour tout apprendre sur le cannabis, mais c’est assez pour travailler dans ce domaine » dit-il. Une bonne base, en quelque sorte, que ces étudiants pourront approfondir par la suite avec d’autres études plus spécialisées ou autres enseignements complémentaires. Shawn par exemple envisage, dans un avenir lointain, d’avoir, qui sait, sa propre entreprise de culture de cannabis…

 

Karen Carrier, enseignante en horticulture, s'est lancée avec plaisir dans ce beau défi d'enseigner la culture du cannabis.

Karen Carrier, enseignante en horticulture, s'est lancée avec plaisir dans ce beau défi d'enseigner la culture du cannabis.
© TV5MONDE


En tous cas, cette première cohorte d’étudiants a été très enthousiaste aux dires de Karen Carrier, l’une des deux enseignantes du programme : « Ils ont été formidables, et voir leur enthousiasme m’a rendue très contente de faire partie de cette aventure, ils ont devant eux un bel avenir rempli de possibilités illimitées ». Cette enseignante en horticulture a dû, elle aussi, se familiariser avec la plante de cannabis afin de donner son cours, même si, comme elle dit, une plante reste une plante et le cannabis en est une comme les autres. Karen Carrier précise que donner des cours dans ce nouveau programme a été un beau défi pour elle, surtout qu’elle ne pouvait pas apporter des plants de cannabis dans sa classe, car c’est encore illégal.

 

Secteur prioritaire pour le Nouveau-Brunswick

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a défrayé les frais de scolarité de ce programme, le premier du genre au Canada... 
« La province a placé l'industrie du cannabis comme un secteur prioritaire de développement socio-économique pour la province » explique Pierre Clavet, Conseiller sectoriel au Collège communautaire du Nouveau-Brunswick  
Cette province maritime de l’est du Canada a donc décidé d’amorcer le virage cannabis, prenant ainsi un peu d’avance sur les autres provinces. 


Et l'expérience du Collège est suivie de près par d'autres établissements ailleurs au Canada qui veulent eux aussi mettre en place très prochainement des programmes identiques : « On a eu certaines discussions avec d’autres collèges oui et c’est toujours en cours, c'est vraiment une industrie émergente et il y a beaucoup d’actions dans ce domaine, notamment dans l’aspect formation du secteur, ça bouge beaucoup » souligne Pierre Clavet. 
Les responsables du Collège poursuivent aussi leurs discussions avec les entreprises de la région qui cultivent du cannabis à des fins médicinales afin de vérifier leur besoin en main-d’œuvre et lancer un nouveau programme au cours des prochains mois au besoin. Ils envisagent également d’offrir la formation en français – cette première session ne s’est donnée qu’en anglais.

 

La bible du cannabis. Une plante comme les autres, mais qui a aussi ses spécificités.

La bible du cannabis. Une plante comme les autres, mais qui a aussi ses spécificités.
© TV5MONDE

Des milliers d'emplois

La légalisation du cannabis au Canada va ouvrir la porte au développement d’un nouveau secteur économique qui va créer des milliers d’emplois d’un bout à l’autre du pays et déjà les acteurs de ce nouveau secteur sont en train de se positionner en fonction des législations que les provinces canadiennes sont en train d’adopter pour s’arrimer à cette légalisation. Et la formation de spécialistes en culture de cannabis ou futurs chimistes spécialistes en transformation du cannabis fait partie intégrante de cette démarche.

 

  • Like 4
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Salut,

 

comme on pouvait s'y attendre, la légalisation du cannabis crée de fait un marché légale qui va avoir besoin de plus en plus de main d'œuvre pour produire, conditionner, vendre, etc.

 

Il y a 2 heures, mrpolo a dit:

Et la formation de spécialistes en culture de cannabis ou futurs chimistes spécialistes en transformation du cannabis fait partie intégrante de cette démarche.

 

Si pour les chimistes, une brève formation devrait suffire à les former aux spécifités du cannabis, je doute que ce soit le cas pour des spécialistes en culture, surtout s'ils n'ont aucune expérience en horticulture ou cannabiculture. Trois mois, ça me parait un peu court...
Et puis, ça me fait penser aux formations proposées par Pôle-Emploi, des formations courtes qui permettent de fournir de la main d'œuvre qualifiée à minima qui sera payée à minima aussi.
Après, je ne connais pas le Canada donc je suis peut-être mauvaise langue...
À voir avec le temps.

 

++

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Yo !

 tout ça fait rêver ! :rolleyes:

   pas faux @Baron Vert, en trois mois , chaud d'atteindre , le level pour devnir grower pro, en 3 mois t'as à peine le temps de faire péter des auto :D

 c'est en forgeant qu'on devient forgeron ,
mais bon ils exigent que les étudiants aient fini leurs études de second cycle , j'imagine qu'ils parlent du domaine de la bio ou de l'horticulture , chimie, ou tout ce qui se rattache a ce type de commerce.
 5 ans d'études en philo, anglais, ou chirurgie orthopédique , c'est moins utile :ptdr:.

 Après c'est un peu prendre tout ce qu'il y a de mauvais dans le libéralisme , et rejeter le bon.
N'importe qui devrait pouvoir faire ce commerce , tan que son installation et son produit fini  répond à certaines normes, comme dans n'importe quel buisness légal .

++ !
 

Modifié par manuel valls
  • Like 2
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Salut.

C'est clair que le Canada ne manque pas de bons voire très bons producteurs d'herbe, la qualité est au rendez-vous partout, je suis rarement tombé sur de la merde.

Mais évidement, pour que l'industrie prenne le monopole, elle exige de gentils larbins "sans casier judiciaire" et "ayant fini leurs études de second cycle" (les maths et le français c'est indispensable pour l'horticulture ?), et probablement payés au lance-pierre...

Même la prof ne connaissait pas le cannabis il y a quelques mois :mdr:. Alors Ok, la plante n'est pas très difficile à la base, mais vu que le cours est censé concerner spécifiquement le canna, je trouve quand même ça gonflé !

Et puis comme vous dites : ils apprennent quoi en 3 mois ? Les bases de l'horticulture certainement, mais pas grand chose de plus, ça n'en fera pas des pros. Surtout que le "métier" rentre à la longue, à force d'avoir des problèmes et de les régler (combien de débutants pensent avoir tout compris en sortant une bonne première récolte, puis déchantent par la suite).

Le Canada prend une bien mauvaise voie, à mon avis.

A+

Lien à poster
Partager sur d’autres sites
  • 3 semaines après ...