manuel valls 5 286 Posté(e) janvier 9, 2018 Partager Posté(e) janvier 9, 2018 Une nouvelle drogue, encore peu connue, a fait son apparition dans le Finistère. Le Buddha Blues, nom commercial d’un cannabinoïde de synthèse, a notamment été repéré à Brest. Consommable avec une cigarette électronique, ce stupéfiant inquiète, en raison des effets qu’il provoque, de l’hallucination à la paralysie. Crises de paranoïa, hallucinations, paralysie… Plusieurs jeunes Finistériens, âgés de 16 à 22 ans, ont été conduits aux urgences de l’hôpital ou à l’infirmerie de leur établissement scolaire la semaine dernière, atteints d’inquiétants symptômes. Sur le banc des accusés, le « Buddha Blues » ou « Blue », un e-liquide destiné aux cigarettes électroniques, aux puissants effets psychoactifs. Les « stups » de Brest s’inquiètent depuis plusieurs jours de l’apparition de cette drogue de synthèse d’un nouveau genre dans la région. Alertées mi-décembre par le directeur d’un centre de formation professionnelle, les autorités ont découvert un véritable trafic de fioles de Buddha Blues. Sur certains forums, des internautes font la promotion de cet « e-liquide qui fait planer ». Parmi les témoignages des jeunes interpellés par la police, certains ont cru faire un arrêt cardiaque ou un coma, d’autres ne pouvaient plus marcher. Certains se sentaient « si perchés » qu’ils craignaient « ne plus jamais redescendre dans la réalité ». « Toxique à des doses très faibles » Entretien avec Thomas Nefau, docteur en pharmacie, et coordinateur national du programme SINTES (Système d’identification des substances) à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Depuis quand ce fameux « Buddha Blues » ou « Blue » est-il connu en France ? « Buddha Blue » est le nom commercial d’un cannabinoïde de synthèse, ou plutôt d’un mélange de plantes, sur lequel a été pulvérisé un cannabinoïde de synthèse. Ce nom est connu en France depuis 2015 et correspondrait au 5F-AKB-48 – un des cannabinoïdes de synthèse suscitant le plus d’intérêt en France – et plus récemment encore sous sa forme e-liquide [produit que l’on consomme à l’aide d’une cigarette électronique, NdlR]. Quels sont les effets engendrés par ce produit ? Nous n’avons que peu de connaissances sur les dangers de la consommation de ces produits, leur arrivée sur le marché étant relativement récente. Nous savons que la plupart de ces molécules agissent, et sont toxiques, même à des doses très faibles. Ainsi, la marge entre la dose provoquant un effet et la dose toxique est étroite, ce qui augmente les risques d’accidents. Des cas d’intoxication ont d’ailleurs été observés. Les cannabinoïdes de synthèse peuvent entraîner des complications psychiatriques (dépression, hallucinations, anxiété, agitation, paranoïa, troubles amnésiques) ou des complications somatiques (tachycardie, convulsions, perte de conscience, dépression respiratoire, douleurs diffuses, syndrome coronarien aigu, rhabdomyolyse, insuffisance rénale). Des décès ont également été rapportés en Europe, mais pas en France à l’heure actuelle. Quelle est la composition du Buddha Blues ? La composition de ce cannabinoïde de synthèse ne peut être connue que par la réalisation d’une analyse spécifique. Mais on ne peut jamais être sûr de ce que recouvre le nom « commercial » – il faudrait être en capacité d’analyser un certain nombre d’échantillons régulièrement. D’autres cannabinoïdes de synthèse et plus largement d’autres NPS [nouveaux produits de synthèse] peuvent être vendus sous divers noms commerciaux. La consommation de ces drogues de synthèse est-elle légale ? En ce qui concerne le cannabinoïde 5F-AKB-48, qui correspondrait au Buddha Blue, il s’agit d’une molécule classée sur la liste des stupéfiants [depuis un arrêté du 31 mars 2017, NdlR]. S’il y avait un vide juridique au début de l’apparition de ces molécules sur le marché, il faut noter que ce vide n’existe plus vraiment. Bon nombre de NPS sont classés comme stupéfiants, et pour ceux qui ne le sont pas encore, leur vente n’est pas pour autant considérée comme légale. Est-ce un moyen de contourner le problème d’illégalité autour du cannabis ? Au début, l’intérêt pour les revendeurs était en effet de contourner les interdictions. Mais rapidement, de nombreuses molécules ont fini par être classées. Du point de vue des usagers, le côté « légal » n’était pas forcément la motivation première pour se procurer ces produits. La curiosité et la découverte de nouveaux effets en étaient plus importantes. Aujourd’hui, la motivation, pour certains usagers, peut être d’échapper à la surveillance et aux contrôles, notamment aux tests salivaires lors des contrôles routiers ou aux tests urinaires pour les personnes sous injonction thérapeutique. Par ailleurs, la consommation de ces produits sous forme d’e-liquide peut être un moyen de fumer des substances psychotropes sans être repéré. Cependant, encore une fois, ces types d’usage font l’objet de très peu de signalements en France. Quelle est l’ampleur du phénomène ? Les cannabinoïdes de synthèse n’ont jamais suscité un grand intérêt de la part des usagers en France pour diverses raisons. Premièrement, il y a une offre et une disponibilité importante de cannabis sur le territoire. Et puis, les effets sont plutôt mal perçus par les usagers. Bien qu’ils agissent sur les mêmes récepteurs que le THC (la molécule active du cannabis, d’où leur nom), les cannabinoïdes de synthèse ne provoquent pas les mêmes effets et ne jouent donc pas vraiment un rôle de substitut. Et puis l’attrait est limité pour ces formes de « legal high » (défonce légale), nom générique donné aux formes commerciales, comme le Buddha Blue, au moment de leur apparition. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il n’y a jamais eu en France de magasin physique (ou smartshop) pour en faire la promotion et la distribution, comme c’est déjà le cas en Angleterre ou dans les pays d’Europe de l’Est. En France, tout se fait sur internet. Combien de personnes ont déjà consommé des cannabinoïdes de synthèse en France ? Le phénomène des cannabinoïdes de synthèse semble ne toucher que peu de personnes en France. En 2014, 4 % des 18-34 ans disent avoir consommé au moins une fois (expérimentation) un cannabinoïde de synthèse au cours de leur vie. Sur l’ensemble des 18-64 ans, le taux d’expérimentation est de 1,7 %, soit au même niveau que celui pour l’héroïne (1,5 %) ou les amphétamines (2,3 %). D’autre part, si à une époque il y a eu quelques affaires de trafic motivées par l’aspect « non illicite » de ces produits, cela est très anecdotique. Ces usages ne concernant que des profils d’usagers spécifiques ou des publics très réduits. C’est pourquoi certains programmes permettant de cibler directement les usagers de ces produits, notamment à travers internet, ont été développés. Le commerce de ce type de drogues sur internet est-il surveillé ? À noter que les nouveaux produits de synthèse sont plutôt vendus sur le web de surface. Sur le darknet [internet clandestin, NdlR], ce sont plutôt les produits stupéfiants « classiques » que l’on retrouve : cannabis, cocaïne, MDMA, héroïne… En ce qui concerne l’activité de l’OFDT, on ne parle pas d’une surveillance mais plutôt d’une veille sur internet. Nous observons les sites de vente en ligne et les forums de discussion ce qui nous permet de mieux documenter le phénomène des drogues en France. Par Clément Bolano / source / https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/15560/reader/reader.html?t=1514480804067#!preferred/1/package/15560/pub/22541/page/6 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites
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