Cannabis: hors la répression, quelles autres solutions?


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En dépit de notre législation répressive qui considère le consommateur de cannabis comme étant l’auteur d’un délit, la France est le pays d’Europe où l’on compte le plus de consommateurs.

 

 

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En France, 28 % des 18-25 ans, consomment du cannabis. Amateurs/Shutterstock

 

Tandis que notre pays possède l’une des législations les plus répressives du monde face au cannabis, la France est le pays d’Europe où l’on compte le plus de consommateurs, notamment parmi les jeunes: 28 % des 18-25 ans - soit 35 % des hommes et 21 % des femmes dans cette tranche d’âge - sont concernés. En dépit de notre législation répressive qui considère le consommateur comme étant l’auteur d’un délit, le cannabis est présent dans tous les milieux sociaux et il est très facile de s’en procurer partout sur le territoire. Un comble pour un produit prohibé!

 

Faute d’avoir su empêcher la diffusion de cette drogue, des populations autrefois protégées ne le sont plus. «Aujourd’hui, on compte de plus en plus de filles consommatrices», confirme le Pr Amine Benyamina (service d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif). «Alors qu’elles sont plus vulnérables à ses effets délétères. Chez les jeunes femmes enceintes, la consommation de cannabis augmente le risque de fausse couche et pourrait favoriser un retard scolaire chez l’enfant.

 

Enfin, récemment, à Marseille, un pédiatre a tiré la sonnette d’alarme devant la répétition de cas d’intoxication de nourrissons par du cannabis sans doute laissé à leur portée par des parents consommateurs, ce qui en dit long sur la disponibilité du produit et sur sa pénétration dans les foyers français.»

 

«Pour arrêter cette inexorable augmentation d’un trafic très lucratif, peut-être faudra-t-il aussi passer par un changement du cadre légal afin de mieux contrôler le cannabis mis sur le marché»

Dr Jean-François Delot, addictologue au sein de l’équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa, Bretagne)

 

Puisque le trafic explose, puisque aucune politique de répression n’a pu le bloquer, d’autres solutions doivent être trouvées. Pour le Dr Jean-François Delot, addictologue au sein de l’équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa, Bretagne), «la priorité doit être donnée au lien entre équipes soignantes et consommateurs. Pour cela, il faudrait sans doute revoir la législation répressive appliquée aux usagers et faire le point sur l’ensemble des drogues absorbées afin de proposer une prise en charge à ceux qui le souhaitent».

 

Pour le Pr Benyamina, il faut même aller encore plus loin: «Pour arrêter cette inexorable augmentation d’un trafic très lucratif, peut-être faudra-t-il aussi passer par un changement du cadre légal afin de mieux contrôler le cannabis mis sur le marché. Si la dépénalisation du cannabis permet de limiter la consommation des plus jeunes, d’éviter l’arrivée sur le marché de cannabis trop riche en THC (tétrahydrocannabinol) et surtout de casser le trafic, cette solution doit faire l’objet d’une discussion sans tabou».

 

Il y a urgence à s’inspirer des exemples payants de nos voisins européens, moins répressifs vis-à-vis des consommateurs mais davantage vis-à-vis des trafiquants et, au final, plus performants. Enfin, il ne faut pas oublier que les parents de consommateurs et ceux qui fument eux-mêmes peuvent bénéficier d’aides et de prises en charge par des équipes spécialisées.

 

Par  Nathalie Szapiro-Manoukian

 

Source: sante.lefigaro.fr



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