mrpolo 7 743 Posté(e) août 17, 2017 Partager Posté(e) août 17, 2017 Alors que le Parlement doit se prononcer sur la proposition de loi pour légaliser le cannabis, Investico a mené l’enquête sur les intérêts financiers des coffee-shops. Dans ce monde s’entremêlent activités clandestines et légales, une conséquence néfaste du cadre juridique ambigu mis en place depuis les années 1970. Dessin de Daniel Pudles, The Economist, Londres. Daniel Pudles Elle ne voit aucun inconvénient à ce qu’on mentionne son prénom : “It’s totally fine”, dit l’Australienne Francis à la terrasse du coffee-shop New Times dans la Spuistraat, à Amsterdam. Elle ne fait rien d’illégal, après tout ! Elle a de grandes lunettes de soleil, des nattes et une longue tunique rose en batik années 1960. À Amsterdam pour la troisième fois, elle est dans un coffee-shop pour la énième fois. À l’autre bout de la table, Tim, originaire de Malte, a les yeux dans le vague. D’un tapotement du doigt, il fait tomber par terre la cendre de son joint. Il fume du Girl Scout Cookies, un cannabis de Californie connu pour sa saveur sucrée. Puis le silence et la méfiance s’installent. “My name ? Preferably not”, dit une troisième interlocutrice avant de se lever et de sommer les autres de la suivre. La fréquentation d’un coffee-shop a beau être socialement acceptable, il reste difficile d’en parler avec des inconnus. C’est illégal mais toléré, normal mais en même temps légèrement tabou. Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que les coffee-shops eux-mêmes se caractérisent par des contradictions. Par exemple, l’Australienne Francis ignore que les intérêts du New Times convergent non seulement avec ceux du secteur de la prostitution et du marché des machines à sous, mais aussi avec ceux du secteur bancaire. Le propriétaire de cet immeuble d’Amsterdam est l’ancien exploitant de machines à sous Johan Erkelens, propriétaire de quatre coffee-shops. Pour acheter l’immeuble du New Times, il a emprunté de l’argent auprès de Hugo Persant Snoep, ancien propriétaire de plusieurs maisons closes. La banque NIBC, une banque d’investissement tout à fait convenable, a financé le reste. “Le loyer d’un coffee-shop est un peu plus élevé [que les loyers d’autres commerces]”, dit Johan Erkelens. Dans le secteur des coffee-shops, les activités officielles et les activités clandestines sont étroitement imbriquées. Les autorités considèrent ce secteur, de même que ceux de la prostitution et des machines à sous, comme étant “criminogènes”. Mais cela n’a pas empêché des institutions financières néerlandaises respectables et des entrepreneurs de premier plan d’y avoir acquis des intérêts majeurs. Dans le monde du cannabis, la Rabobank et une personnalité connue de la mafia napolitaine se retrouvent littéralement côte à côte. Un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros Les quatre plus grandes banques des Pays-Bas détiennent au total 171 coffee-shops en nantissement pour des prêts hypothécaires qu’elles ont accordés : des prêts forcément remboursés par des revenus issus de la vente de stupéfiants. Voilà un des aspects les plus frappants de l’enquête réalisée ces derniers mois pour l’hebdomadaire De Groene Amsterdammer par la plateforme de journalisme d’investigation Investico et par le quotidien financier Het Financieele Dagblad. Dans la perspective d’une éventuelle légalisation du secteur des drogues douces aux Pays-Bas, déjà votée [le 21 février 2017] par la deuxième chambre du Parlement, nous avons effectué une première étude systématique de l’ensemble du secteur. Nous avons examiné à la loupe les 570 coffee-shops existant aux Pays-Bas en compilant les données disponibles sur les exploitants, les propriétaires immobiliers et les créanciers hypothécaires. Ces données publiques peuvent être obtenues contre paiement auprès de la chambre de commerce et du cadastre. Notre objectif était de déterminer les véritables détenteurs d’intérêts dans ce secteur, dont le chiffre d’affaires représente, selon certaines estimations, pas moins de 1 milliard d’euros par an. © ADRIJ BULBA / CCREATIVE COMMONS Jusqu’à présent, ni l’administration publique ni la police judiciaire n’avaient une vue d’ensemble des différents intervenants dans le secteur des coffee-shops. Pourtant, la première chambre du Parlement va bientôt se prononcer sur une proposition de loi qui pourrait amorcer la légalisation de toute cette branche d’activité, notamment de l’ensemble des points de vente. Il ressort de notre étude que les puissances financières ont pris une longueur d’avance sur la politique. De fait, elles ont déjà légalisé le secteur en y prenant des intérêts. Cependant, l’association d’activités officielles et d’activités clandestines ne se fait pas sans risque. Seuls les exploitants de coffee-shops font systématiquement l’objet d’un contrôle de casier judiciaire et des risques pour la sécurité. Les propriétaires des immeubles où se déroule ce commerce, de même que les créanciers pour l’achat de ces immeubles, ne sont pratiquement pas concernés par ces contrôles. En cas de légalisation, les gagnants pourraient donc être tout aussi bien des criminels que la Rabobank. Quand George Clooney, Brad Pitt et Matt Damon s’installent au Dampkring à Amsterdam, pas question de fumer des joints. Les trois gangsters magistraux du film Ocean’s Twelve, l’histoire d’un braquage, se contentent de prendre un café et de discuter de leur prochain casse. Le spectateur averti n’aura cependant pas manqué de reconnaître la façade en bois caractéristique de l’établissement, de même que la déco à l’intérieur, du moins celle du Dampkring Original (il y en a un autre ailleurs dans la ville). Au début de l’année, le Dampkring a changé de propriétaire. L’ancien et l’actuel propriétaires figurent dans la liste Quote 500, celle des 500 personnes les plus riches des Pays-Bas. La société immobilière Libra International a racheté le local et les appartements situés au-dessus pour 4 millions d’euros à Michael van der Kuit. Ce dernier possède également un terrain de golf, des bois et une plage dans la région cossue du Gooi [dans le centre du Pays-Bas], un club à Ibiza et des établissements dans l’hôtellerie et la restauration à Amsterdam. Libra, le nouveau propriétaire, est la société d’investissement de Jan Verhagen et de son fils Marc, dont le patrimoine est estimé à 400 millions d’euros, qui se classent au 45e rang dans la liste des Néerlandais les plus fortunés. Les coffee-shops Happy Days de la capitale et un des trois Kadinsky sont également au nom de Libra et de l’une de ses filiales. Les banques, les plus gros détenteurs d’intérêts dans le secteur Joachim Helms est président de l’Association de détaillants de cannabis. Cet homme aux larges épaules et au regard vif est depuis vingt ans le gérant du coffee-shop Green House d’Arjan Roskam, connu dans ce petit monde comme le “king of cannabis”, surnom que lui a donné le rappeur Busta Rhymes. Joachim Helms comprend très bien pourquoi les immeubles qui abritent les coffee-shops sont très recherchés. D’après lui, les exploitants de coffee-shops sont de bons locataires : Ils font souvent de très bons chiffres d’affaires. Il leur manque juste une chose : des locaux. Les exploitants de coffee-shops sont donc prêts à payer des loyers plus élevés que d’autres types de locataires.” Les détenteurs des plus gros intérêts dans le secteur néerlandais des coffee-shops sont les banques. Nous avons fait le décompte des coffee-shops servant à nantir les prêts accordés par les quatre banques systémiques des Pays-Bas : Rabobank (82), ING Bank (44), ABN Amro (31) et Volksbank (auparavant SNS Reaal, 14). Concernant leurs prêts en rapport avec les propriétaires de ces immeubles, ces banques ont un encours qui s’élève au total à 1,1 milliard d’euros. Le principal intervenant sur le marché des coffee-shops est sans conteste Rabobank, également propriétaire des coffee-shops The Bull à Vlaardingen et Regine à Haarlem. Au siège de la banque, à côté de la gare d’Utrecht Centraal, Wibout de Klijne, responsable de la conformité, explique que la banque se montre désormais plus réticente à accorder des prêts hypothécaires aux coffee-shops, une réaction semblable à celles communiquées par les banques ABN Amro, Volksbank et NIBC. Depuis un an et demi, la banque dispose d’une équipe centralisée de 450 personnes qui examine les dossiers de clients présentant des “risques d’intégrité complexes”, notamment les coffee-shops. Wibout de Klijne explique : La politique du cannabis a engendré une zone grise. Ne serait-ce que pour la transparence des transactions, il serait judicieux de légaliser également les opérations d’approvisionnement des coffee-shops. Si toute cette zone d’ombre disparaissait, la banque aurait moins de personnes à mobiliser pour vérifier ce côté caché.” En dehors des quatre banques systémiques néerlandaises, d’autres institutions financières de premier plan manifestent un intérêt pour le secteur du cannabis. Les coffee-shops servent de nantissements pour des prêts hypothécaires consentis par le régime de retraite ABP (1), l’assureur Achmea (2), NIBC (3), Van Landschotbankiers (4), la Deutsche Bank (2), la banque française Crédit Agricole (1) et la suédoise Handelsbanken (2). Les services des impôts (2), l’État néerlandais (1) et les brasseurs Heineken (3), Grolsch (1) et Oranjeboom (1) ont également des coffee-shops en nantissement. Si ces crédits hypothécaires s’appuient sur des boutiques de cannabis, on s’explique mal les réticences des banques à ouvrir des comptes à leurs exploitants. Il y a quelques années, des exploitants de coffee-shops à Maastricht, à Groningue et à Zwolle ont intenté des actions en justice contre des banques qui ne souhaitaient plus les conserver comme clients. Des coffee-shops débordés Nous pensions trouver Joachim Helms au coffee-shop Green House sur la Haarlemmerstraat à Amsterdam. Des vapeurs douceâtres de cannabis flottent au-dessus des petites tables de l’établissement plongé dans la pénombre. Du haut du mur derrière le comptoir, Snoop Dog, Eminem, Richard Branson et autres célébrités qui sont venues dans l’établissement regardent les clients fumer des joints. Un vendeur retire de l’étagère un bac en plastique après l’autre. Les bacs sont tous étiquetés. Mango Kosh, Super Critical. Le vendeur présente entre ses doigts toutes les têtes de cannabis aux clients. Finalement Joachim Helms est à côté, dans un restaurant. “Le lieu me semble plus adapté, dit-il. Quand on n’a pas l’habitude de respirer cette fumée, au bout d’une demi-heure on en ressent les effets.” M. Helms, ses collègues et les autres membres de l’Association des détaillants de cannabis sont confrontés à un problème qui pourrait rendre jaloux d’autres entrepreneurs. En effet, certains coffee-shops se portent beaucoup trop bien. Ils regorgent littéralement de monde, ce qui crée de longues files d’attente et exige des aménagements intérieurs pour permettre une vente plus efficace par guichets. “Nous n’arrivons plus à gérer la demande. Ce qui laisse le champ libre à nos principaux concurrents : les dealers clandestins dans la rue”, dit Joachim Helms. Ces dernières années, bon nombre de coffee-shops ont été contraints de fermer. Ils se situaient trop près d’un établissement scolaire, ou ne respectaient pas les règles, ou encore ont dû céder la place à des entreprises “convenables”. Intraval, organisme d’études sur le secteur des coffee-shops, a estimé en 1995 le nombre de coffee-shops aux Pays-Bas à 1 460, soit près du triple de leur nombre aujourd’hui. Compte tenu de ces fermetures, les coffee-shops sont à présent moins nombreux sur le marché et par conséquent débordés. Une situation incompatible avec la volonté de limiter la taille des coffee-shops. “La consommation de drogues douces est assez constante”, dit Bert Bieleman, directeur d’Intraval. Comme le nombre de coffee-shops diminue, ceux qui restent s’agrandissent. Ils ont donc besoin d’un plus grand stock pour répondre à la demande. On pousse ainsi les coffee-shops à ne plus être conformes à la politique de tolérance conçue au début des années 1990, dont le but était de petits coffee-shops s’approvisionnant auprès de cultivateurs à petite échelle et idéalistes. Ce n’est pas faisable pour un coffee-shop qui a une importante clientèle et propose un grand choix.” De nombreux exploitants de coffee-shops sont confrontés à une deuxième difficulté qui, aux yeux d’autres entrepreneurs, serait un problème de luxe : ils gagnent plus d’argent qu’ils ne peuvent en dépenser. Selon M. Helms, l’explication est essentiellement juridique : En fait, un exploitant de coffee-shops peut uniquement investir dans d’autres coffee-shops. Ces dernières années, plusieurs actions en justice ont été intentées contre des exploitants de coffee-shops qui investissaient leur argent dans des établissements du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, par exemple, ou même dans une piste de ski. On les soupçonnait de blanchiment d’argent. Et souvent il leur est tout aussi difficile d’investir à l’étranger, où le regard sur les coffee-shops n’est pas le même qu’aux Pays-Bas.” Cette situation nuit à l’objectif initial des pouvoirs publics : celui de limiter la taille des entreprises qui vendent du cannabis. Bart Vollenberg, copropriétaire de deux coffee-shops Koffie & Dromen à Almere et à Lelystad, décrit son activité quotidienne comme du “noircissement d’argent”. “L’argent que nous versent nos clients est blanc, mais nous le noircissons dès que nous nous approvisionnons auprès de nos fournisseurs.” M. Vollenberg, par l’intermédiaire de la fondation Epicurus, plaide en faveur de la légalisation de la culture du cannabis. Bien que sa boutique soit tolérée, il dépend pour son approvisionnement de personnes qui, de fait, sont obligées de transgresser la loi. “C’est complètement tordu”, estime-t-il. Deux mois de prison pour avoir cultivé du cannabis Chaque année, la police découvre près de six mille plantations, soit en moyenne seize par jour, souvent dissimulées dans des entrepôts ou des immeubles de bureau. Récemment, les époux John et Ines, qui vivent à Bierum, au nord de Groningue, ont été condamnés à deux mois de prison pour avoir cultivé du cannabis. Ils s’efforçaient pourtant de faire les choses dans les règles : ils payaient leur facture d’électricité et leurs impôts, n’utilisaient pas de pesticides et ne fournissaient que deux coffee-shops tolérés. Mais même ceux qui s’en tiennent aux règles n’ont pas le juge de leur côté. Selon les détracteurs de cette approche sévère, celle-ci a surtout pour résultat de décourager les petits cultivateurs et de favoriser l’emprise du crime organisé sur la culture du cannabis. Les coffee-shops exerçant leurs activités avec l’accord de la municipalité et du fisc ont donc beau faire, ils ont toujours un pied dans la criminalité. Pour dresser un tableau des “coulisses” des coffee-shops, nous avons fait l’inventaire, sur la base de sources publiques, des antécédents pénaux des exploitants, ainsi que des propriétaires immobiliers et des créanciers hypothécaires de coffee-shops en activité. Un peu moins de la moitié (256) sont concernés par des affaires qui ont fait l’objet de poursuites pénales – que ce soient les dépassements de stocks, le blanchiment d’argent, les délits économiques, la détention d’armes ou pire. Il y a dix ans, il s’est avéré qu’un tiers des exploitants de coffee-shops et de grow-shops [boutiques qui vendent les équipements destinés à la culture du cannabis] connus de la police dans le sud des Pays-Bas s’étaient rendus coupables d’actes criminels graves. © SHERPAS 428 / CREATIVE COMMONS Mais si les exploitants de coffee-shops font régulièrement l’objet de contrôles, ce n’est pas le cas des propriétaires d’immeubles ou de leurs financiers. À Amsterdam, il s’est avéré que les personnes avec un passé douteux restent tranquillement propriétaires d’immeubles abritant des coffee-shops. C’est le cas de Bertus Cirkel, l’entrepreneur aventureux du quartier de Wallen, patron de l’établissement De Keeper. Son avocat a refusé de répondre aux questions. L’Italien Raffaele Imperiale, qui entretenait des relations avec la mafia napolitaine et avait accroché aux murs chez lui des tableaux volés de Van Gogh, possède le coffee-shop Rockland. À Haarlem, les immeubles abritant les coffee-shops Maximillian, The Snoop et Take Away appartiennent aux frères de Kris J., un indicateur de la police condamné pour avoir importé et revendu dans les années 1990 10 000 kilos de hash et de cocaïne. La journée de libération du cannabis Le feu passe au rouge et un jeune homme portant catogan et lunettes de soleil branchées pose un pied à terre. L’autre reste sur la pédale. Une petite enceinte dans la poche latérale de son sac à dos diffuse du Bob Marley, I Shot the Sheriff. Le pied bat sur la pédale le rythme des accords étouffés joués par Marley à la guitare. L’effet est contagieux : le soleil dans le dos, le king of reggae en fond sonore, nous voilà partis pour la neuvième manifestation de la Cannabis Bevrijdingsdag, la journée de libération du cannabis, dans le Flevopark à Amsterdam. Le plus grand événement organisé autour du cannabis aux Pays-Bas est un festival gratuit qui fête la “culture internationale du cannabis” avec des conférences, de la musique et surtout beaucoup de joints, de pipes à eau et de vaporisateurs. Le public est hétéroclite, même si tous les participants plissent les yeux à mesure que l’après-midi avance. Assis sur leurs petits tapis dans l’herbe, ils regardent les sommités nationales et internationales se succéder sur deux podiums. “Les politiciens ne veulent pas comprendre que nous ne sommes absolument pas des hippies. Alors que nous avons vraiment dépassé ce stade”, dit Alan Dronkers, fils de Ben Dronkers, le propriétaire de l’empire Sensi Seed, sur le podium de la Cannabis University. Son point de vue : l’illégalité de la culture de cannabis nuit à sa qualité. “Il faut la libéraliser, de même qu’on peut cultiver du tabac et brasser de la bière”, dit-il. Applaudissements. Les personnes présentes sont conscientes que jamais la perspective d’une légalisation n’a été aussi proche. La proposition de loi en faveur d’un “circuit fermé” présentée par la députée Vera Bergkamp, du parti D66, concerne surtout la culture, dit-elle : La criminalité vient du fait que le cannabis est toléré, mais pas sa culture. C’est comme si on pouvait vendre du lait, mais qu’on n’avait pas le droit de mettre de vaches dans les champs.” Elle suggère dans sa proposition que, dans le cadre de la politique de tolérance, le ministre de la Santé donne son feu vert à des plantations contrôlées. Les cultivateurs pourraient vendre leurs récoltes uniquement aux coffee-shops tolérés et ceux-ci pourraient s’approvisionner uniquement auprès d’eux. “Le but de la proposition de loi est de protéger la santé publique, argumente Mme Bergkamp. Le cannabis est le seul produit aux Pays-Bas dont la vente est autorisée, mais dont la qualité échappe à tout contrôle”. La politique de tolérance, une façon de ne pas trancher La politique actuelle est surtout le résultat d’un compromis pour se concilier, au sein de la sphère politique, les opposants à une légalisation. L’introduction de cette approche dans les années 1970 n’a pourtant pas vraiment permis de sortir de l’impasse politique de l’époque. Et le problème persiste aujourd’hui : la proposition de loi de Vera Bergkamp a certes été adoptée par la deuxième chambre du Parlement, mais ses détracteurs sont pour l’instant majoritaires à la première chambre. La politique de tolérance est une manière de ne pas avoir à prendre des décisions difficiles : on n’interdit pas, mais on n’autorise pas non plus. Cette indécision a créé un secteur où on laisse les consommateurs en paix, mais où les centaines de millions qui y sont dépensés sont en partie “noircis” par les boutiques de cannabis qui s’approvisionnent via des circuits criminels. Les intérêts financiers acquis dans les coffee-shops par des banques et des créanciers sérieux accentuent l’imbrication des activités officielles et des activités clandestines au lieu de l’empêcher. L’an dernier, lors d’un procès contre un exploitant de coffee-shop qui détenait un trop grand stock, le juge amstellodamois Frank Wieland a mis le doigt sur le point sensible. Il déclarait dans son jugement : En tolérant la vente, tout en interdisant ce qui se passe en coulisse, une situation se crée qui non seulement est ambivalente mais aussi favorise l’apparition de circuits criminels et entraîne des problèmes. Les autorités constatent en effet que ces circuits commerciaux sont entre les mains du crime organisé. Mais elles ne reconnaissent pas qu’elles ont elles-mêmes créé cette situation et qu’elles contribuent à la maintenir.” Cet article a pu être rédigé grâce au soutien de Fonds 1877. Cet article vous a été offert par Courrier international afin de vous faire découvrir son édition abonnés. Source: courrierinternational.com Ce message a été promu en article 6 Lien à poster Partager sur d’autres sites
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