mrpolo 7 743 Posté(e) juillet 1, 2017 Partager Posté(e) juillet 1, 2017 Du placard à la "cannabis factory": la culture d'herbe de cannabis "made in France" surfe sur un marché "extrêmement dynamique", selon les autorités, et bouscule d'année en année un paysage dominé par la résine importée du Maroc. © AFP/Archives / Fabrice COFFRINI AFP/Archives Les policiers nordistes n'avaient jamais vu ça. En février 2016, les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) de Lille tombaient sur une "cannabis factory", près de 4.000 pieds dans un entrepôt à Hem (Nord). "Quand vous avez 25 pieds dans votre salle de bains, il n'y a pas de soucis de récoltes, mais quand vous en avez 4.000... On change de braquet", décrit une source policière. "Il faut créer un tableau électronique de professionnel, pareil pour l'éclairage, l'irrigation, le local, la main d'oeuvre pour récolter... Il faut forcément une surface financière pour investir avant. On tombe dans la criminalité organisée", ajoute cette source qui chiffre l'investissement initial à environ 200.000 euros. La proximité avec le Benelux, où graines et matériel s'achètent en vente libre, l'existence de nombreuses friches et locaux vacants font du Nord de la France un territoire de prédilection pour le développement de cette culture "industrielle". Ces "cannabis factories" sont directement inspirées d'un modèle britannique et surtout néerlandais et sont souvent liées à des mafias étrangères, en particulier la criminalité organisée vietnamienne qui trouve parmi ses sans papiers une main d'oeuvre corvéable. Inconnues en France jusqu'au début des années 2010, elles restent toutefois rares, selon les limiers de la lutte antidrogue. Les "cannabis factories" sont souvent liées à des mafias étrangères, en particulier la criminalité organisée vietnamienne qui trouve parmi ses sans papiers une main d'oeuvre corvéable © Fabrice COFFRINI AFP/Archives "C'est très rentable", observe-t-on à la direction du renseignement et de la stratégie de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris). Mais le démantèlement de structures de plus de 1.000 plants ne représentent que "quatre ou cinq affaires par an". C'est à l'étage inférieur, entre 200 et 1.000 plants que selon l'Octris, la cannabiculture est "indéniablement en expansion", en "indoor" dans des pavillons, ou en "outdoor" à l'abri des passages et des regards: "on a affaire à des délinquants locaux" qui visent le "circuit court". La dernière strate, qui concerne les cultures inférieures à 100 pieds, est plus artisanale. Popularisée par internet, la vente en ligne et l'implantation de "growshops" (magasins de vente de matériel de culture), elle constitue un phénomène "important". 'Aspirations des consommateurs' Michel Gandilhon, chercheur à l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), estime "que selon certaines projections réalisées à partir des données du Baromètre-santé, il y aurait entre 80 et 100.000 pratiquants de l'autoculture", lointains héritiers des néoruraux qui ont développé cette culture dans les années 1970. Dans une synthèse publiée en juin, l'OFDT juge le marché de l'herbe en France "extrêmement dynamique" et souligne le "record historique" du nombre de saisies d'herbe, atteint en 2016 (18 tonnes d'herbe sur 71 tonnes de cannabis saisies). Si le nombre de saisies de plants a baissé en 2016 (126.400 contre 154.000 en 2015), l'augmentation "depuis 2010 témoigne de l'implantation d'une cannabiculture à grande échelle", affirme l'OFDT. Pour M. Gandilhon, le développement de la culture de l'herbe répond à "un changement des aspirations des consommateurs qui se tournent vers un produit réputé plus biologique, même s'il est plus dosé en THC" (on trouve de plus en plus de saisies, à 20, 25, 30 % de cet agent actif du cannabis). Mais aussi au souhait de "ne pas se rendre sur les lieux de trafic et notamment dans les cités". On assiste à une atomisation de la production de cannabis qui dépossède partiellement le monopole des groupes criminels © Fabrice COFFRINI AFP/Archives "On assiste à une atomisation de la production qui dépossède partiellement le monopole des groupes criminels. Il y a une contraction du marché qui peut être génératrice de violences", souligne David Weinberger, chargé de recherche à l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice. "Ça va changer aussi la donne pour les policiers qui étaient habitués à démanteler des réseaux relativement structurés, remarque M. Gandilhon. Aujourd'hui, on a quelque chose de plus diffus qui peut toucher un peu tout le monde dans un contexte de banalisation." © 2017 AFP Source: lepoint.fr Ce message a été promu en article 5 Lien à poster Partager sur d’autres sites
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