Débat Comment les internautes de LaProvence.com se positionnent sur la légalisation du cannabis


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Idée fumeuse ou véritable choix de société ? "L'appel de Marseille", signé par 150 personnalités du monde politique, juridique, sanitaire et social, a passionné nos internautes. Près de 1400 nous ont apporté leurs arguments.

 

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Plantations de cannabis en intérieur sous lampes Patrick Nosetto
 

 

"L'Appel de Marseille pour la légalisation du cannabis" a fait la "une" de toute la presse cette semaine. Sur LaProvence.com, nous vous avons proposé de poursuivre le débat en venant développer vos arguments en faveur ou en défaveur de la prohibition.

 

Rappelons que si fumer et/ou détenir du cannabis est interdit depuis 1970 en France, l'Hexagone est aussi le pays d'Europe où l'on en consomme le plus : on estime la population des fumeurs plus ou moins réguliers à quelque 5 millions de personnes. À Marseille, une ville où cette habitude est particulièrement ancrée, son lucratif commerce, contre lequel la police et l'État mobilisent pourtant toute leur force de frappe, a aussi été responsable de près d'une trentaine d'assassinats en 2016.

 

Un premier constat : dans la jungle touffue de vos réflexions, un mouvement net se dégage pour la légalisation contrôlée du cannabis. Vous êtes près de 86 % sur cette position et vous nous l'avez expliqué avec force arguments dont nous publions ici des extraits. Vos avis rejoignent souvent ceux des initiateurs de "L'Appel" publié lundi dans La Provence et validé par des médecins, des travailleurs sociaux, etc.

 

Comme eux, vous espérez que le sujet s'invitera dans la campagne présidentielle. Le LR François Fillon comme les PS Manuel Valls et Arnaud Montebourg ou la FN Marine Le Pen se sont déjà dit hostiles à une légalisation ; Benoît Hamon (PS), les écologistes Jean-Luc Bennahmias et Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon ("La France insoumise"), favorables. Le débat s'éteindra-t-il de lui-même ou sera-t-il rallumé d'ici au printemps ?

 

Les contre, "ce serait un aveu d'impuissance"

 

Démissionner face à la drogue

 

Minoritaires dans notre appel à contributions, les internautes tenants de la répression ont, eux aussi, pu exposer leurs arguments. Pour Lilicub, c'est simple, légaliser serait "une nouvelle démission de l'État de droit". Lesteph renchérit : "Cela transposera le trafic sur d'autres produits !"

 

Lopez est de cet avis, largement partagé par les antilégalisation : "C'est une mauvaise solution car il apparaîtra tout de suite un autre produit stupéfiant illégal." Snoop : "La légalisation du cannabis serait un aveu d'impuissance de la société face à l'ampleur de ce phénomène complexe, qui est à la fois un problème de délinquance et de santé publique. Les institutions, la justice et les politiques doivent mettre en place tout ce qui est imaginable pour enrayer ce fléau."

 

Rossi : "Pour tuer notre jeunesse, on ne s'en prendrait pas autrement. Il faut rester vigilant." Selon Alex, "la légalisation ne ralentira pas les ventes à la sauvage et les guerres de quartiers". Et Gérard imagine déjà que "l'économie souterraine générée par le trafic sera remplacée par une autre source. Les personnes habituées à cette 'richesse facile' ne se contenteront pas du RSA". Gilbert, ancien douanier : "L'argent des amendes payées par les trafiquants doit aller dans une caisse spéciale pour servir à la prévention contre les drogues dans nos écoles."

L'impact sur la santé

 

Pythéas de Marseille : "Les études démontrent la dangerosité des effets de cette drogue sur le cerveau." Velasquezs'inquiète d'un accès encore plus facile au cannabis : "Mon ex-conjoint et son entourage étaient tous des consommateurs : quand je vois les ravages que ça engendre, je ne peux être que contre cette légalisation."

 

Dr Martin : "Il y a un risque d'une consommation massive généralisée." Magali : "Il faut tout faire pour limiter cette saloperie qui amène un repli sur soi, un manque de motivation." Toledano : "Pour les jeunes, légaliser, cela voudrait dire que ce n'est pas grave et sans conséquences."

La flambée des prix

 

"Je suis contre parce que l'État va vouloir sa grosse part du gâteau, de plus un petit morceau coûtera cher au fumeur", s'indigne, de son côté, Mimi.

 

Les pour, "l'interdiction, n’empêche pas la consommation"

 

Lutter contre le crime

 

Pragmatique, Sancho s'interroge, comme de très nombreux internautes deLa Provence : "Pourquoi devrait-on sanctionner les fumeurs de shit alors que l'alcool ou la cigarette sont plus dangereux ?" De même, Justine, placide : "L'interdiction n'empêche pas la consommation."

 

Régine : "Il faut légaliser pour en finir avec tous ces enfants qui se font tuer dans la cité phocéenne, ce trafic qui profite à tous ces voyous. Nous, parents, on pleure nos enfants." Meucci : "Quand vous allez assister à une séance de comparution immédiate, sur 10 comparutions, 9 sont pour stupéfiants. La prison des Baumettes est surpeuplée." Lionel : "Comment penser que les trafiquants vont augmenter leur trafic de drogues dures si le nombre de clients pour ces drogues n'augmente pas aussi ?"

 

Gabriel estime que légaliser "permettrait de contrôler les produits présents sur le marché. La consommation de cannabis étant ancrée dans la société française, ajoute-t-il, je préfère que le flux d'argent généré par son marché soit contrôlé et taxé par l'État plutôt que détourné par des organisations criminelles et ou terroristes."

 

Franck Fluhe : "On se souvient de la prohibition de l'alcool aux USA établie en 1919, et abolie en 1933, devant l'échec cuisant de cette mesure. Mafias et bandes organisées ont régné en maîtres pendant cette période. C'est pourtant ce qui existe à propos du cannabis, alors que l'alcool est en vente libre, comme les cigarettes !" Nicole Barelier voit comment réutiliser les taxes qui seraient perçues par l'État : "Les moyens financiers et humains consacrés à la lutte contre ce trafic seraient mieux employés à la prévention ou à bien d'autres choses."

 

L'économie, la prévention

 

Cela énerve Olivier. "La France prend un retard considérable en la matière et maintient une omerta quasi totale sur le cannabis thérapeutique en pleine expansion de par le monde", s'exclame-t-il.Pour Favennec, "il faut proposer aux vendeurs des quartiers de travailler légalement dans un point de vente agréée et contrôlé par l'État". Les moyens de mener une véritable politique de réduction des risques sont là, selon Kevin Berthommier : "Avec l'argent des taxes, on pourrait réinjecter des moyens dans l'éducation et la santé pour prévenir plus tôt et avec de vrais moyens."

 

Alexandra : "Encadrer les consommateurs vaudra toujours mieux que de les stigmatiser et les livrer, avec leur argent, aux mafias. Les jeunes, principal argument des prohibitionnistes, ne sont aucunement protégés par l'interdiction du cannabis. Au contraire." Place rêve à des créations d'emplois par milliers : "La France a tout ce qu'il faut pour le produire et ça relancera l'agriculture !" Thomas estime, lui, que "ce qui mérite la légalisation, c'est principalement le côté médical qui est une urgence".

 

Julien est d'accord : "L'utilisation médicale du cannabis est prouvée sur des maladies neurologiques. Et le chanvre est la fibre naturelle la plus solide au monde !" Thomas Skunk Amnesia s'est intéressé à l'exemple américain : "Dans le Colorado, l'État a tellement fait recette qu'il a dû rendre des sous aux contribuables ! Un bon moyen de payer le Vélodrome ?", note-t-il, facétieux. Un exemple qui inspire aussi JC : "Au Colorado, en 2014, la marijuana taxée à 30 %, a rapporté 50 millions de dollars." Henri : "Il faut en faire un marché, un nouveau produit made in France avec son label et ses produits, nouvel aliment pour la gastronomie française."

 

YA6mCYk.jpgProportion de consommateur de cannabis parmi les 15-64 ans (données : Bureau des Nations-Unies sur les Drogues et le Crime)

 

L'analyse, "organisons une conférence !"

 

Belge, le psychiatre Jacques Baudour, aujourd'hui installé à Apt, s'est passionné pour "L'Appel de Marseille". Durant sa carrière, il a longuement travaillé sur les questions d'addiction et de réduction des risques, notamment auprès des consommateurs d'héroïne. "J'adhère intégralement, ligne après ligne, à l'argumentation développée dans l'Appel. Je juge indispensable l'organisation à Marseille d'une conférence-débat dont l'objectif serait d'accélérer le processus de décision au sein des institutions politiques, parlementaires, médicales, judiciaires et ceci grâce à l'émergence enfin actualisée d'ouvrir le débat au sein de la campagne présidentielle 2017."

 

2745 soutiens

Au-delà de la publication de "L'Appel de Marseille pour la légalisation contrôlée du cannabis", ses auteurs ont lancé une pétition sur change.org

1,3

milliards d'euros par an de gain possible pour l'Etat (source : Terra Nova)

91%

des affaires de stups jugés en France sont liés au cannabis

 

Revoir le débat entre Valérie Boyer (LR) et Patrick Mennucci (PS) sur la légalisation du cannabis (29/10/2015)

 

 

Source: laprovence.com

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