mrpolo 7 743 Posté(e) janvier 10, 2017 Partager Posté(e) janvier 10, 2017 VIDÉOS - Les conséquences peuvent être très variables selon la législation et les programmes de prévention associés. Un dispensaire de Denver au Colorado, où la vente de marijuana pour usage récréatif est autorisée depuis 2014. ImageForum/Biosphoto Qu’ils soient pour ou contre la légalisation du cannabis, tous admettent que cela a d’importantes conséquences sur la santé publique. Mais il est un autre point sur lequel les contradicteurs semblent s’accorder: pour affûter le fil de leurs arguments, ils se passent aisément de la science! «L’addiction est le seul domaine de la médecine où les opinions suffisent», regrettait ainsi en décembre, dans une tribune de L’Obs , le psychiatre et addictologue Michel Lejoyeux. «Imaginez que vous êtes invité à témoigner devant les législateurs de votre État, sur la façon dont la dépénalisation ou la légalisation de l’usage du cannabis chez les adultes affecterait les moins de 21 ans. Ou que l’on vous demande, en tant qu’expert de la santé des enfants et des adolescents, d’expliquer en quoi les lois sur l’usage médical du cannabis affectent la perception du risque chez les jeunes. Que diriez-vous?», interrogeait ainsi, le 27 décembre, un éditorial de JAMA Pediatrics signé par le Pr Alain Joffe, pédiatre à l’université John Hopkins (Baltimore, États-Unis) et éditeur associé de la revue scientifique. Il y présentait une étude s’intéressant à l’évolution, chez les adolescents américains, de la consommation de cannabis et de la perception du risque associé dans les deux premiers États ayant en 2012 légalisé l’usage récréatif chez les adultes (Washington et Colorado), comparé aux États continuant à l’interdire. Et le moins que l’on puisse dire est que les résultats sont… contradictoires. Vidéo: Rencontre avec trois spécialistes favorables à la légalisation L’étude dirigée par Magdalena Cerdà (université de Californie) se base sur les données de l’enquête Monitoring the Future, qui explore depuis 1975 les comportements et opinions des jeunes Américains. 254.000 élèves âgés de 13 à 18 ans ont été interrogés. Entre les périodes 2010-2012 (avant légalisation) et 2013-2015, la perception du cannabis comme étant un produit dangereux a diminué de 14,2 % chez les 13-14 ans et de 16,1 % chez les 15-16 ans, tandis qu’elle baissait moins (respectivement 4,9 % et 7,2 % pour les mêmes tranches d’âge) dans les États n’ayant pas légalisé l’usage récréatif du cannabis. La consommation (soit le nombre de jeunes ayant consommé du cannabis au moins une fois dans les 30 jours précédant l’enquête) a, dans l’État de Washington, augmenté de 2 % chez les 13-14 ans et de 4,1 % chez les 15-16 ans, tandis qu’il baissait dans les États n’ayant pas légalisé le cannabis de respectivement 1,3 % et 0,9 % pour les mêmes tranches d’âge. Les effectifs interrogés dans l’État de Washington ne permettent cependant pas de considérer la hausse de 2 % chez les plus jeunes comme significative, signalent les auteurs, qui considèrent que la consommation a donc stagné chez cette tranche d’âge. Quant au Colorado, aucun changement n’est observé ni dans la perception du risque, ni dans l’usage. Même stabilité chez les 17-18 ans dans l’État de Washington, probablement, glissent les auteurs, parce que les jeunes de cet âge avaient déjà forgé leur opinion sur le cannabis quand la légalisation est intervenue en 2012. Des études avaient déjà montré, expliquent les auteurs, que la légalisation du cannabis à usage médical ne modifiait pas la consommation des adolescents. Mais autoriser l’usage récréatif peut avoir «des effets plus importants», s’inquiètent-ils: prix, publicité, disponibilité du produit, messages implicites faisant du cannabis un produit socialement acceptable et non dangereux… Surtout, les conséquences d’une légalisation peuvent être très variables selon la législation et les programmes de prévention associés. Un aspect du puzzle «Personne ne plaide pour que les adolescents soient autorisés à acheter du cannabis, concède le Pr Joffe. Cependant, comme c’est le cas pour l’alcool et le tabac, les produits légaux réservés aux adultes trouvent inévitablement leur chemin vers les adolescents. Il est donc important de comprendre comment les changements» de législation les affectent. D’autant que l’évolution de la consommation n’est qu’un aspect du «puzzle cannabis» et «ne peut pas être examinée dans le vide»: par exemple, une partie de la consommation d’alcool serait-elle remplacée par celle de cannabis, ou les jeunes cumuleraient-ils les deux produits? Personne ne pourra faire l’économie de ces questions, disent les auteurs d’un autre éditorial publié dans la même revue par le Pr Wayne Hall, spécialiste des addictions (King’s College de Londres) et Megan Weier (université du Queensland, Australie). Car le seul fait que d’autres choisissent de légaliser l’usage du cannabis change la donne et l’image du produit. Même là où les responsables publics n’ont aucun projet en ce sens. «Les États-Unis vivent un profond changement dans le statut légal du cannabis», écrit le Pr Joffe. «Nous ne pouvons pas nous permettre de rater cette opportunité» d’en étudier scientifiquement les conséquences. Par Soline Roy Source: sante.lefigaro.fr 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites
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