mrpolo 7 743 Posté(e) septembre 5, 2016 Partager Posté(e) septembre 5, 2016 (Québec) À peine deux mois après son ouverture controversée, voilà que Weeds : Herbes et Curiosités ferme ses portes. Une descente antidrogue a été menée jeudi midi chez le dispensaire de cannabis médicinal rue Saint-Joseph Ouest à Québec. Six personnes ont été arrêtées et deux autres seraient en voie de l'être. Une opération policière en matière de stupéfiants a actuellement lieu au 47, rue St-Joseph Ouest, à la boutique Weeds Québec, dans le quartier Saint-Sauveur. Collaboration spéciale, Steve Jolicoeur Toute personne âgée de 18 ans et plus qui se rendait au dispensaire de cannabis thérapeutique Weeds : Herbes et Curiosités pour tout genre de disposition qui exige la prise de médicaments sous prescription peut obtenir du cannabis médicinal. Le Soleil, Patrice Laroche Ces arrestations et perquisitions surviennent alors que la question de la légalisation de la marijuana suscite déjà des réactions à Ottawa, tandis que le gouvernement Trudeau prévoit déposer un projet de loi en ce sens. Jeudi midi, la police confirmait avoir eu un mandat de perquisition pour saisir le matériel à l'intérieur du commerce. Le commandant des enquêtes criminelles au Service de police de la Ville de Québec, Sylvain Gagné, affirme que du cannabis a été saisi ainsi que plusieurs autres produits dérivés. Au total, six arrestations ont été menées contre le propriétaire et les gens qui exploitaient le commerce. Celles-ci ont été remises en liberté sous promesse de comparaître. Les policiers doivent arrêter deux autres personnes. Ils font tous face à des accusations de possession de stupéfiants et de possession pour but de trafic. Quant aux nombreux clients, M. Gagné confirme qu'aucun d'entre eux ne sera importuné par ces arrestations. Le responsable de la boutique de Québec, Michel Dumond, au nombre des accusés, a brièvement parlé au Soleil, jeudi. «Nous avons l'impression qu'ils [la police] ont fait une erreur. Mais bon, on va prendre le temps de parler à nos procureurs et nous devrions vous en dire davantage vendredi», a-t-il indiqué. L'enquête avait été ouverte dès l'ouverture du commerce, au mois de juin. La police affirme également avoir reçu plusieurs plaintes de citoyens qui étaient inquiets de l'existence d'un tel magasin. Weeds : Herbes et Curiosités ne possédait pas de permis de Santé Canada, qui autorise la vente de cannabis à des fins médicinales. Selon la police, la vente de cannabis et de ses produits dérivés demeure illégale. Seul un permis municipal avait été délivré au propriétaire, ce qui lui a permis d'ouvrir sa boutique de la rue Saint-Joseph. «Le commerce a été ouvert avec un permis municipal de commerce de détail qui se limite à la nature du commerce», précise M. Gagné. Par ailleurs, même si le gouvernement fédéral a l'intention de légaliser la marijuana partout au pays, le commandant des enquêtes criminelles rappelle que ce genre de commerce est toujours illégal et que les produits qui y étaient vendus n'étaient pas homologués par Santé Canada. M. Gagné refuse de dire que la police de Québec est moins tolérante que dans les autres villes au pays où la chaîne a pignon sur rue. «Je ne peux pas vous parler de ce qui se fait ailleurs au Canada. On le fait en fonction d'une enquête sérieuse, qui a démontré des activités criminelles qu'on va être capable de montrer devant la cour.» Étude des enjeux Alors que le gouvernement libéral fédéral prévoit déposer dès le printemps 2017 un projet de loi sur la légalisation de la marijuana, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec dirige actuellement un comité interministériel auquel participent également les ministères de la Sécurité publique et de la Justice afin d'étudier les différents enjeux relatifs à la légalisation de la marijuana, fait savoir au Soleil l'attachée de presse de la ministre déléguée à la santé publique, Bianca Boutin. Les résultats des travaux menés par ce comité seront communiqués au gouvernement fédéral. L'ouverture du dispensaire de cannabis médicinal à Québec en juin dernier s'inscrivait dans un contexte où de tels commerces sont illégaux. Au Québec, il n'y a qu'un seul producteur licencié par Santé Canada, pour un total de 35 à travers le pays. Depuis son ouverture à Québec, en juin dernier, le magasin comptait plus de 3000 membres. Le propriétaire, Michel Dumond, espérait d'ailleurs ouvrir une autre boutique prochainement dans la capitale. Il révélait au Soleil en début de semaine avoir trouvé un local pour ouvrir sa nouvelle succursale et visait même en ouvrir une troisième dans les quatre à cinq prochaines semaines. Au total, la chaîne Weeds: Glass & Gifts, qui se présente comme la plus grande chaîne de dispensaires de cannabis médical du Canada, possède de 17 magasins au pays, dont la grande majorité sont situés en Colombie-Britannique. Son président, Don Briere, a été arrêté plusieurs fois au cours des 44 dernières années pour possession et trafic de cannabis. Un promoteur en furie Promoteur, avec son franchisé Michel Dumond, de la boutique Weeds : Herbes et Curiosités de Québec, l'homme d'affaires Don Briere était en furie jeudi après avoir appris que la police de Québec avait fermé le commerce ouvert depuis le 20 juin. «Je vois ça comme un mauvais usage de nos ressources. Il y a des enfants qui ne mangent pas à leur faim, des soldats qui sont sans abri, des femmes autochtones qui sont victimes de meurtres, il y a des terroristes qui veulent nous faire sauter et ils [les policiers] s'en prennent à des gens qui vendent du cannabis et paient leurs taxes? Mais qu'est-ce qui ne va pas dans leur tête, bordel?» a lancé, dans une longue tirade, l'homme d'affaires qui est surnommé le «roi du cannabis» en entrevue téléphonique avec Le Soleil. «Nous gagnons toujours devant les tribunaux. Le jugement Allard a permis aux gens qui ont une prescription de cannabis médical de le faire pousser eux-mêmes, et la Ville d'Abbotsford [en Colombie-Britannique] n'a toujours pas réussi à faire fermer mes boutiques», poursuit-il, accusant d'autres industries d'être derrière la descente de Québec. «Ce sont les grosses compagnies pharmaceutiques et les grosses compagnies d'alcool qui sont derrière ça. C'était la même chose en Ontario quand ils ont fermé quelques-unes de mes boutiques. C'est du gaspillage de nos impôts, de notre argent, car nous savons que le cannabis est sécuritaire», ajoute-t-il. Lois caduques Briere estime que les lois interdisant la marijuana sont caduques et montre également du doigt les policiers. «Au Portugal, toutes les drogues ont été décriminalisées et les policiers n'ont plus rien à faire...» Il indique qu'il lui reste tout de même 17 boutiques en activité au Canada, 13 en Colombie-Britannique,trois en Ontario et une au Manitoba. «Et nous en ouvrons une à Montréal la semaine prochaine. Pour ce qui est de Québec, nous allons rouvrir dès que ce sera possible. Nous avons aussi des vues sur l'Alberta et le Nouveau-Brunswick», enchaîne-t-il. L'homme d'affaires jure qu'il donnera un coup de main à son franchisé Michel Dumond, qui devra faire face à la justice. «Nous plaiderons non coupables et bien sûr que nous paierons pour sa défense. Nous avons une équipe d'avocats et nous nous battrons bec et ongles.» Dizaine de fermetures Depuis le printemps, Briere a vu les policiers fermer une dizaine de ses boutiques, essentiellement en Ontario. La Colombie-Britannique est la seule province où les forces de l'ordre n'ont pas encore frappé les boutiques de la chaîne Weeds Glass & Gifts. En juin, Briere avait avoué sa crainte de voir la police de Québec tenter de mettre la clé sous la porte de son dispensaire de la capitale. «C'est quelque chose qui nous inquiète toujours, mais ouvrir un magasin comme ça, c'est la bonne chose à faire. Je le fais pour ceux qui en ont besoin, pour les soldats qui se sont battus pour la liberté et qui sont dans la rue aujourd'hui et qui souffrent. C'est mon devoir de me battre contre des lois injustes», avait-il alors déclaré. L'homme d'affaires a lui-même déjà goûté au système judiciaire canadien, ayant écopé d'une peine de quatre ans de prison en 2001 pour avoir géré un empire qui distribuait deux tonnes de marijuana par an et lui rapportait annuellement la rondelette somme de 5 millions $. Il avait aussi été condamné à deux ans et demi de prison en 2004 pour avoir exploité illégalement une boutique de marijuana à Vancouver. Ian Bussières Condamnés à acheter sur le marché noir La fermeture du dispensaire de cannabis, rue Saint-Joseph, oblige maintenant les clients de l'établissement à se procurer leur «médicament» dans la rue. «C'est un spectacle de pouvoir de la Ville pour rassurer un certain pourcentage de citoyens qui disent : "Ah, mon Dieu, une boutique de cannabis."» Daniel Tremblay n'était pas client de la boutique Weeds. Mais ce citoyen qui s'intéresse à la question s'insurge contre l'opération menée par les policiers. «Chaque semaine, des études sortent sur les bénéfices du cannabis médical et du chanvre. Les gens qui fréquentaient la boutique sont atteints de différentes maladies, comme la fibromyalgie ou la sclérose en plaques ou encore de troubles anxieux.» À cet égard, il considère que la police manque de compassion envers ces personnes. «Les clients pouvaient acheter du cannabis en plein jour dans une belle boutique, bien aménagée et bien éclairée d'un quartier sécuritaire. Ils étaient conseillés sur des produits bien étiquetés et enveloppés.» Dorénavant, ça sera tout autre. «Comparez cette expérience d'achat pour des gens qui en ont besoin versus aller dans Saint-Roch sur le coin de la rue à 10h le soir», poursuit-il. Tu t'habilles quasiment en noir pour ne pas te faire reconnaître en train de parler à un revendeur, sans savoir d'où vient le produit, possiblement cultivé par le crime organisé.» C'est ce que devra vivre de nouveau Sébastien, atteint de spina-bifida et d'une scoliose. Depuis longtemps, il a substitué Oxycontin, morphine et Dilaudid au profit du cannabis pour atténuer la douleur chronique. «Je trouve ça décourageant, enrageant et inacceptable», lance-t-il, à la vue de la perquisition du commerce qu'il fréquentait comme «patient» depuis son ouverture en juin. «Moi, je le voyais comme une bénédiction venue du ciel. Ça allait en parallèle avec ce que Justin Trudeau désirait faire en termes de changement législatif.» Le cannabis a la vertu de réduire ses douleurs sans les effets secondaires des puissants médicaments d'ordonnance. «J'avais des douleurs au foie. Ce que je trouvais chez Weeds était intéressant comme alternative.» Sébastien Smith souffre de spinabifida. Depuis longtemps, il a substitué Oxycontin, morphine et Dilaudid au profit du cannabis pour atténuer la douleur chronique. Collaboration spéciale Jean-François Néron Cette solution de rechange, les citoyens de Vancouver peuvent en bénéficier avec la bénédiction de la Ville, qui accorde depuis 2015 des permis aux dispensaires qui respectent certaines règles. Par exemple, les producteurs doivent débourser 30 000 $ pour obtenir un permis et s'établir à au moins 300 mètres des écoles et des centres communautaires. Ils sont aussi interdits dans certains quartiers. Le gouvernement fédéral conservateur de l'époque s'y était opposé. «Je crois que la Ville de Vancouver a compris que, avec la légalisation qui s'en vient, ça ne sert à rien de mettre des gens en prison, criminaliser l'usage ou l'achat du cannabis», soutient Daniel Tremblay. «On n'est pas une ville progressive. On est une ville qui met ces gens-là [les clients] à la rue comme des bandits», conclut-il. Jean-François Néron Nombre de licences autorisées par province ou territoire Ontario: 20 Colombie-Britannique: 8 Saskatchewan: 2 Québec: 1 Manitoba: 1 Alberta: 1 Nouveau-Brunswick: 1 Île-du-Prince-Édouard: 1 Terre-Neuve-et-Labrador: 0 Nouvelle-Écosse: 0 Territoire-du-Nord-Ouest, Yukon et Nunavut: 0 Source : Santé Canada Faits saillants 20 juin 2016: ouverture d'une boutique Weeds : Herbes et Curiosités à Québec Printemps 2017 : période prévue du dépôt du projet de loi fédéral légalisant la marijuana 17 : Nombre de boutiques de la chaîne Weeds au Canada (excluant celle de Québec); 13 en Colombie-Britannique ; 3 en Ontario ; 1 au Manitoba Jean-Frédéric MoreauLe Soleil Source: lapresse.ca Lien à poster Partager sur d’autres sites
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