L’usage du cannabis pourrait contribuer à réduire les surdoses d’opioïdes


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Différentes études associent le recours aux cannabinoïdes à la réduction des surdoses et à la diminution des symptômes de sevrage

 

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Photo: Istock Les effets secondaires du cannabis sont très différents de ceux de la morphine et des autres opioïdes, et probablement moins graves.

 

La prescription de cannabis pourrait-elle réduire les surdoses fatales aux opioïdes, dont le nombre ne cesse de croître aux États-Unis et au Canada ? Des observations cliniques de plus en plus nombreuses permettent de le croire. Des études en bonne et due forme effectuées à plus grande échelle sont cependant nécessaires pour confirmer que le cannabis est une option thérapeutique valable et moins dangereuse, qui permettrait de réduire les doses d’opioïdes, voire de les éliminer, pour traiter certaines douleurs chroniques.

 

En 2014, Marcus Bachhuber de l’Albert Einstein College of Medicine à New York publiait les résultats d’une étude indiquant qu’il y avait eu 25 % moins de décès par surdose d’opioïdes entre 1999 et 2010 dans les États américains qui autorisaient l’usage de la marijuana à des fins médicales que dans ceux où une telle pratique était toujours illégale. « Cette étude ne montre toutefois qu’une association et non pas une relation de cause à effet », prévient le Dr Mark Ware, directeur de la recherche clinique de l’unité de gestion de la douleur Alan Edwards du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

 

Combinaison gagnante

 

Dans l’édition de juin du Journal of Pain, des chercheurs de l’Université du Michigan relataient pour leur part le fait que les 185 patients qui fréquentaient la clinique de la ville d’Ann Arbor offrant du cannabis à des fins médicales avaient pu diminuer de plus de moitié les doses d’opioïdes qu’ils prenaient pour soulager leurs douleurs chroniques. Des études effectuées chez l’animal ont également montré que les cannabinoïdes et les opioïdes agissent en synergie, c’est-à-dire qu’« une petite dose de cannabinoïdes combinée à une petite dose d’opioïdes engendre un effet supérieur à celui résultant de l’administration de l’une ou l’autre de ces deux substances seulement », explique le Dr Ware.

 

Et en février dernier, le Clinical Journal of Pain rapportait que 44 % des 176 patients aux prises avec des douleurs chroniques qui avaient ajouté la consommation de cannabis à leur ordonnance d’opioïdes avaient pu cesser leur traitement aux opioïdes en l’espace de 7 mois. D’autres études encore suggèrent que le cannabis pourrait diminuer les symptômes de sevrage, ce qui permettrait de réduire les doses d’opioïdes plus rapidement, fait aussi remarquer le Dr Ware.

 

Calmer la douleur

 

Toutes ces études indiquent que les cannabinoïdes, ces composés actifs présents dans le cannabis, sont « efficaces pour calmer les douleurs neuropathiques », qui sont causées par une lésion du système nerveux périphérique, comme dans la neuropathie diabétique et pour les douleurs post-traumatiques dues à la section d’un nerf lors d’une chirurgie, par exemple, ou qui sont induites par une lésion de la moelle épinière, un accident vasculaire cérébral ou la sclérose en plaques, résume le Dr Ware. Il répète qu’« il ne s’agit toutefois que d’associations, d’observations cliniques, de rapports anecdotiques ou d’études animales ».

 

« Les médecins qui prescrivent le cannabis ont remarqué que cette substance permet aux patients de diminuer leurs doses d’opioïdes. C’est une observation clinique qui demeure une hypothèse, très intéressante au demeurant, mais une hypothèse qu’il faut vérifier de façon plus directe avant de pouvoir affirmer que le cannabis permet de diminuer les doses d’opioïdes, voire les éliminer. Pour le prouver, il faudra procéder à des études cliniques en bonne et due forme, et de plus grande ampleur, comme celles requises pour l’évaluation d’un nouveau médicament, par exemple », précise-t-il.

 

Chose certaine, « le cannabis est intéressant », car ses effets secondaires sont très différents de ceux de la morphine et des autres opioïdes, et probablement moins graves.

 

« Une surdose d’opioïdes peut provoquer une dépression respiratoire potentiellement mortelle, alors que les cannabinoïdes ne présentent pas un tel risque. De plus, les cannabinoïdes provoquent moins de nauséesque les opioïdes. Le risque de dépendance au cannabis pourrait aussi s’avérer moindre que pour les opioïdes, mais il faudra mener des études pour le vérifier », indique le chercheur.

 

Le cannabis présente néanmoins quelques inconvénients : « ce ne sont pas tous les patients qui y répondent. Et il peut causer de l’anxiété, de la panique et une psychose chez les individus dotés d’une prédisposition », signale-t-il.

 

Par Pauline Gravel

 

Source: ledevoir.com

 

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