Suisse - Le pétard a remplacé la bibine de fin de journée


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Près de 100'00 personnes ont participé au plus grand sondage en ligne sur les stupéfiants. En Suisse, 32% des participants affirment fumer du cannabis tous les jours. Ce taux ne s'élève qu'à 12% pour l'alcool.

 

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Plus de 8000 Suisses ont participé au Global Drug Survey 2016, le plus grand sondage en ligne sur les drogues.
Photo: Keystone

 

8174 Suisses ont répondu aux questions du Global Drug Survey 2016 (GDS), la plus grande enquête en ligne non représentative sur les drogues du monde. Au total, près de 100'000 personnes issues de 50 pays ont participé au sondage. Nos confrères de «20 Minuten» ont pu se procurer les résultats helvétiques en exclusivité.

Diaporama La «résurgence» de l'ecstasy inquiète l'Europe «Un consommateur sur dix à un problème avec les drogues»

 

Madame Maier*, le cannabis a-t-il remplacé l'alcool?

Lorsqu'il s'agit de décompresser, oui, on peut dire que le cannabis a en partie remplacé l'alcool. Selon le GDS, seuls 2% des moins de 21 ans en boivent tous les jours alors que 26% des 16 à 20 ans consomment quotidiennement de l'herbe. Cette prise régulière peut évidemment se révéler problématique pour certains, notamment pour ceux qui se trouvent en formation ou en phase de transition entre l'école et la vie professionnelle. La consommation de drogues peut avoir des effets négatifs sur les capacités cognitives des personnes et leur comportement en société.

 

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Photo: Keystone

 

L'étude montre que la consommation de cocaïne a augmenté de 3% en Suisse en l'espace d'un an...

Ce n'est pas nouveau, la cocaïne est appréciée des fêtards. Mais les récents chiffres viennent conforter l'hypothèse selon laquelle la poudre blanche est de plus en plus prise au quotidien, à la maison ou sur le lieu de travail. Car par rapport à l'année dernière, les personnes sont moins nombreuses à avoir consommé de la cocaïne en combinaison avec de l'alcool. Ce qui est plutôt un mode de consommation que l'on retrouve en soirée.

 

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Photo: Keystone

 

 

Par ailleurs, les participants ont été plus nombreux cette année à affirmer avoir pris cette substance 50 fois ou plus au cours des douze derniers mois. Ce qui laisse penser que la consommation ne se fait pas seulement en soirée. Une récente analyse des eaux usées en Suisse montre par ailleurs que le traces de cocaïne ne sont pas plus importantes le week-end qu'en semaine.

 

Selon vous, combien de participants au GDS ont un problème avec les drogues?

Je soupçonne une personne sur dix d'avoir une consommation problématique puisque 10% des participants au sondage ont avoué vouloir réduire la consommation d'au moins une drogue au cours des douze prochains mois. Mais il faut noter qu'en comparaison internationale, les Suisses sont des consommateurs de drogues relativement raisonnables.

 

*Larissa Maier travaille pour l'institut suisse de recherche sur la santé publique et les addictions.

Pour commencer, l'enquête révèle que 69% des participants - tous pays confondus - ont consommé au moins une substance illicite en 2015. Ce taux est bien moins élevé en Suisse où «seuls» 51% des participants en ont fait de même. La drogue la plus appréciée chez nous est le cannabis (46%). Elle est suivie par l'ecstasy et le MDMA (14%) ainsi que la cocaïne (12%).

 

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Photo: Keystone

 

«Il est facile de se procurer des drogues en Suisse»

L'an dernier, le GDS avait révélé en Suisse une baisse de consommation en matière de cannabis (-3%), de cocaïne (-3%) et d'ecstasy (-3%). Cette tendance n'a pas pu être vérifiée cette année. «Les chiffres ont à nouveau légèrement augmenté: la consommation de drogues en Suisse ne baisse pas», confirme Alexander Bücheli du réseau Safer Nightlife Suisse, appartenant à la centrale nationale de coordination des addictions de l'Office fédéral de la santé publique.

 

Si l'on regarde chaque drogue séparément, le nombre de consommateurs n'a que très peu bougé par rapport à l'an dernier. «Ça nous montre qu'en comparaison internationale, les Suisses ne sont pas très ouverts à l'expérimentation et ont un comportement plutôt conservateur.» Et d'ajouter: «Il est très facile de se procurer des drogues classiques telles que la cocaïne ou l'ecstasy en Suisse. Nous vivons dans un petit pays. Tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui sait où trouver ce type de substances.»

 

Les participants ont également été amenés à signaler à quelle fréquence ils consomment quelle drogue. 32% des personnes sondées affirment ainsi fumer tous les jours un ou plusieurs joints. Ce taux est relativement élevé par rapport à l'alcool (12%). De manière générale, le nombre de personnes qui consomment quotidiennement du cannabis n'a cessé d'augmenter dans notre pays au cours des trois dernières années.

 

Trouver des solutions alternatives

Parmi les consommateurs d'ecstasy, 58% affirment prendre une pilule une ou deux fois par année. Ce taux s'élève à 42% pour les amateurs de cocaïne. «Les Suisses consomment avec modération. La plupart du temps, ils le font de manière ciblée et réfléchie», explique Alexander Bücheli. Les chiffres du GDS laissent donc penser que seules un petit nombre de personnes font preuve d'une consommation problématique ou à risques.

 

Pour conclure, Alexander Bücheli note que la consommation de stupéfiants est fortement ancrée dans notre société et qu'il est illusoire de penser que le problème disparaîtra avec le temps. Il souligne l'importance de trouver des solutions alternatives à la prohibition, notamment pour le cannabis.

 

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Photo: Keystone

 

Le cannabis, drogue la plus répandue en Suisse

Sur son site, Addiction Suisse explique qu'en 2007 déjà, environ un cinquième de la population suisse âgée de 15 ans et plus avait consommé au moins une fois du cannabis au cours de sa vie. En 2012, le pourcentage était de 23%. «Le cannabis est de loin la substance la plus consommée parmi les substances illicites en Suisse. Sur la base des résultats de l'enquête CoRolAR (Continuous Rolling Survey of Addictive Behaviours and Related Risks) de 2013, on peut présager que plus de 25% de la population suisse âgée de 15 ans et plus a déjà expérimenté le cannabis», peut-on ainsi lire.

 

par Marco Lüssi/ofu

 

Source: 20min.ch

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