Suisse - Légaliser le cannabis, d’accord. Mais après?


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Alain Jeannet

 

Voilà encore un sujet qui transcende les obédiences partisanes. A droite comme à gauche, on trouve désormais un nombre croissant de défenseurs de la légalisation du cannabis. Ce n’est pas que les adeptes de la fumette aient soudain fait une foule d’émules. Ce consensus en devenir, y compris dans la population, résulte plutôt d’un triple constat d’échec: dans notre pays comme ailleurs, la répression coûte des fortunes pour des résultats quasi nuls. Les groupes criminels continuent de dominer ce trafic avec la violence qui en résulte. Et le bilan en matière de santé publique est tout sauf concluant (lire l’enquête de Céline Zünd).

 

En 2008, deux tiers des Suisses rejetaient l’initiative pour la dépénalisation du chanvre. Mais les temps changent. Plusieurs pays ont choisi la voie de la légalisation. Comme l’Uruguay, l’Espagne, les Pays-Bas et, bientôt, le Canada. Aux Etats-Unis, la loi fédérale proscrit encore le cannabis. Plusieurs Etats ont cependant levé l’interdiction. Au Colorado, les autorités sont allées jusqu’à autoriser la publicité pour le shit. Un exemple à ne pas suivre.

Proches des réalités du terrain, plusieurs villes alémaniques et romandes veulent, elles, tester différents modèles de légalisation du cannabis; et cela dans le cadre de la loi. Elles comptent pour ce faire obtenir l’autorisation des autorités fédérales. Une démarche pragmatique. Parce que renoncer à la prohibition, ce n’est que le début du chemin. Tout reste à faire ensuite pour réguler intelligemment ce marché et viser à terme une diminution de la consommation.

Il faut bien sûr taxer le cannabis. Et on ne se plaindra pas de voir les millions profiter à l’Etat plutôt qu’aux mafias. Encore faut-il fixer les taux d’imposition au juste niveau pour éviter de raviver le marché noir. Et que faire en matière de prévention auprès des jeunes? Car si le cannabis est moins dommageable pour la santé que le tabac ou l’abus d’alcool, il n’en reste pas moins dangereusement addictif.

 

À Berne, sous la Coupole, les purs et durs qui s’opposent à toutes solutions autres que la répression veulent toutefois barrer la route aux villes. Ils viennent de déposer une initiative parlementaire et demandent une clarification de la loi sur les stupéfiants. Ils pourraient bien parvenir à leurs fins. Dommage.

Car l’indispensable mouvement de régulation qui suit toute légalisation ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut faire des expériences, tâtonner, trouver les solutions concrètes qui correspondent le mieux à la situation suisse. Une politique d’obstruction systématique n’induit pas seulement un immense gaspillage d’argent. C’est aussi une sacrée perte de temps.

 

Source: hebdo.ch

 

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