Le Boom de la Ganja


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«Légalisez la marijuana et j’en assurerai la promotion», chantait Peter Tosh sur Legalize It (1976). Une prise de position qui lui valut de se faire battre quasiment à mort par la police. Finalement assassiné d’une balle dans la tête en 1987, l’artiste jamaïcain n’est plus là pour voir son rêve prendre forme. Car depuis quelque temps, la ganja connaît un spectaculaire retour en grâce. Légalisée à des fins médicinales en Californie et 22 autres Etats américains, puis à des fins récréatives dans l’Oregon, en Alaska et dans les Etats de Washington et du Colorado, la weed se répand en épais nuages de fumée sur tout le continent américain, jusqu’en Uruguay. Le «boom de la ganja», déjà comparé par certains à la ruée vers l’or de 1849, aurait des effets économiques miraculeux. Cette herbe serait-elle, comme le clament depuis toujours les Rastas de Jamaïque, la «panacée des nations»? 

Soudain, un drone survole la maison de vos voisins pour déposer un sachet de weed dans votre jardin. Non, vous n’hallucinez pas : il s’agit du nouveau service proposé par la firme californienne Trees Delivery. Depuis que l’Etat a légalisé son usage thérapeutique en 1996, une simple consultation téléphonique permet d’obtenir une ordonnance, puis une Medical Marijuana Identification Card pour s’approvisionner en toute légalité. Depuis, les «nouveaux dealers» rivalisent d’inventivité pour servir leurs respectables clients.

 

Au Colorado, Etat héraut de la légalisation récréative, on trouve plus de 500 «dispensaires» ayant pignon sur rue, où l'on peut se procurer jusqu’à 28 grammes d'herbe par transaction. Les prix restent un peu chers, environ 50 dollars pour 3,5 grammes, car la marijuana est taxée à 25%. Néanmoins, loin des cohortes des petits truands hagards qui vous alpaguent au sortir des coffee shops d’Amsterdam pour vous refourguer de la coke ou de l’ecstasy, la légalisation à l’américaine semble lumineuse... et diablement rentable. Les contribuables du Colorado doivent désormais se prononcer sur l’utilisation des 10 millions de dollars de surplus de taxes générés lors de la première année d’exploitation. Ainsi, «la drogue des Latinos, des nègres et des assassins» se voit propulsée au rang d’or vert en l’espace de quelques mois. Un revirement de plus dans l’histoire mouvementée de cette plante. 


 
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Originaire d’Asie centrale, la marijuana ou Cannabis Sativa Indica, est longtemps exploitée pour le chanvre qu’elle fournit et qui sert à la fabrication de cordages (notamment pour les bateaux), de tissu ou de papier. «Il est bien difficile de situer les débuts de ce qu’on pourrait qualifier d’utilisation ‘hédoniste’ du cannabis en Chine ou en Orient» reconnaît le professeur en médecine André-Julien Fabre. Dans l’Antiquité, seul Hérodote fait mention de l’utilisation du "kannabis" en tant que psychotrope. Il rapporte en effet que les terribles guerriers Scythes de la Mer Noire jettent des graines sur des pierres rougies pour respirer la fumée ainsi dégagée, «en poussant des cris de joie».

 

Si d’aucuns décèlent une odeur de ganja derrière la drogue qui «apporte l’oubli» citée par Homère dans l’Odyssée, les références explicites s’avèrent peu nombreuses. «Tout fait penser que les Anciens redoutaient de voir arriver chez eux le cannabisme», en conclut André-Julien Fabre. Mais au Moyen-Âge s’ouvrent les premières routes commerciales vers l’Orient, et Marco Polo évoque en 1270 la légende des guerriers «hashashins», retranchés dans la forteresse perse d’Alamut. On leur enseigne, dit-il, les beautés de l’après-vie dans un mystérieux jardin à grand renfort de dragées de cannabis. Garcia Da Orta, Juif portugais passé aux Indes en 1534 avec l’Inquisition aux trousses (qui fera exhumer et brûler ses restes douze ans après sa mort), devenu médecin du Vice-Roi des Indes, décrit le cannabis qu’il nomme «le bangue» (on dirait aujourd'hui le bhang, ndlr). Les sujets qui s’y adonnent, dit-il, «sont comme ravis, en extase et délivrés de tout pensements (sic : de toute pensée, ndlr) et soucis, et rient pour la moindre chose qui soit» ; son ouvrage demeure le seul à évoquer l’usage récréatif de la ganja avant le XIXème siècle. 
 
Le Club des Hachichins

Si le Colorado se dit aujourd’hui «cannabis-friendly» comme d’autres se disent «gay-friendly», c’est que la weed est sortie du placard. On peut même réserver un «ganja tour» par internet. Une limousine vous conduira alors à la découverte des paysages dantesques du Colorado, des serres où pousse le cannabis et de quelques points de vente triés sur le volet. Contenus dans d’élégants bocaux en verre, les différents germes de marijuana feront briller les pupilles des connaisseurs. Mais attention ! Fumer dans les lieux publics reste interdit. Y compris dans les restaurants McDonald’s, qui ne s’apprêtent nullement à ouvrir des sections «pot smokers», contrairement à ce que prétendait une récente rumeur.

 

De plus, la libre consommation ne concerne que les adultes de plus de 21 ans, et se limite à 28 grammes par achat pour les citoyens du Colorado et à 7 grammes pour les autres (mais le nombre d’achats n’est pas limité). Interdit aussi de conduire sous l’influence du cannabis ou de transporter de l’herbe dans un récipient non-hermétique. Mieux vaut potasser les petits guides légaux avant de s’allumer un pétard au centre ville de Denver. En Jamaïque, où l’on accueille la «vague verte» de la légalisation avec bonheur, l’informaticien Varun Baker a développé une application pour smartphones, Ganjagram. Elle permet de faire rapidement le point sur les avancées légales en matière d'herbe. Car l’île de Bob Marley, réputée pour donner la «meilleure ganja du monde», ne devrait pas rester à la traîne. Si la légalisation y avance à pas feutrés, la commercialisation à grande échelle s’organise déjà et, en octobre dernier, le gouvernement a autorisé une entreprise pharmaceutique canadienne, la Timeless Herbal Care (THC) Limited, à cultiver de la marijuana à des fins scientifiques.

 

Des recherches qui, rappelle le gouvernement, devront rester dans le cadre des «restrictions imposées par les nouvelles réglementations liées au Dangerous Drugs Act» (The Observer). L’herbe en odeur de sainteté, une nouveauté ? Pas vraiment, en fait. Malgré la répression, il y a toujours eu des cercles «cannabis friendly», notamment à Paris au XIXème siècle, où ils se regroupaient au sein du «Club des Hachischins»


 
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Après avoir été agressé par un homme «ivre de cannabis» à son arrivée en Egypte en 1800, Napoléon promulgue un décret prohibant l’usage «de la liqueur forte faite par quelques Musulmans avec une certaine herbe forte, nommée haschisha, ainsi que celui de fumer la graine de chanvre» (Fabre). Mais ses soldats ne rentrent pas en France les mains vides, et dès 1844, le haschich se «gobe» à Paris, notamment à l’Hôtel Pimodan, sur l’Île Saint-Louis. Baudelaire, Flaubert, Victor Hugo ou Balzac se croisent au sein du Club des Haschischins, co-fondé par l’intrigant Paul Moreau de Tours (1844-1908). «Avant son voyage en Orient, personne ne consomme de cannabis en France»souligne Claude Renner dans son Histoire des sciences médicales (2012). Dans ce club sélect, on se rassemble le temps de dégustations culinaires appelées «fantasias».

 

Théophile Gautier décrit sa première «indigestion»: «le dîner tirait à sa fin ; déjà, quelques-uns des plus fervents adeptes ressentaient les effets de la pâte verte (...). L’eau que je buvais me semblait avoir la saveur du vin le plus exquis, la viande se changeait dans ma bouche en framboise, et réciproquement. Je n’aurais pas discerné une côtelette d’une pêche. Mes voisins commençaient à me paraître un peu originaux ; (...) leur nez s’allongeait en proboscide ; leur bouche s’étendait en ouverture de grelot. (...) L’un d’eux (...) riait aux éclats d’un spectacle invisible ; l’autre faisait d’incroyables efforts pour porter son verre à ses lèvres (...). Celui-là, renversé sur le dos de sa chaise, les yeux vagues, les bras morts, se laissait couler en voluptueux dans la mer sans fond de l’anéantissement». L’auteur succombe ensuite à de terribles hallucinations qui laissent présager des doses ingurgitées.

 

La lecture de ses délires cannabiques publiés dans la presse fait frémir la bonne société et entérine la réputation de substance hallucinogène de la marijuana (qui peut le devenir lorsque ingurgitée en grande quantité). La psychiatrie s’intéresse alors au cannabis, et Paul Moreau de Tours (médecin aliéniste de son état et auteur de Du Haschisch, des rêves et de l’aliénation mentale) croit même un temps y déceler la panacée à tous les désordres mentaux. Mais après quelques tentatives peu concluantes, et la «débandade» scientifique de l’entreprenant Docteur Roubaud (il tente en vain de faire l’amour à une prostituée pour tester les effets stimulants du cannabis), l’usage thérapeutique de la ganja est abandonné ; voilà qu'on le redécouvre ces dernières années. Cela fait d’ailleurs longtemps qu’il est légal au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, aux USA (dans 23 Etats), en Espagne ou en Allemagne. Si elle ne provoque pas, en son temps, l’érection escomptée chez ce bon Dr. Roubaud, la weed adoucit les effets secondaires de la chimiothérapie, combat l’asthme, les glaucomes, le syndrome de Gilles de la Tourette, la maladie d’Alzheimer ou encore l’épilepsie ; ce ne sont là que quelques bénéfices que lui trouve l’Association pour le Cannabis Médical (ACM). Du coup, évidemment, certains en profitent pour fumer sous couvert d’ordonnance.

 

Au Canada, où seul l’usage thérapeutique est autorisé, on trouve plus de 400 «dispensaires» cannabiques, presque tous équipés de distributeurs automatiques ! Sous des aspects de respectables «dealers de cannettes», ils délivrent de petits sachets d’herbe. Afin d’y accéder, il faut néanmoins prouver que l’on est majeur et en possession d’une ordonnance. Les distributeurs du Colorado, eux, les fameux ZaZZZ, varient l’offre et proposent du thé, du chocolat ou des bonbons à la marijuana. Une réalité étonnante, qui rappelle que l’Amérique n’a pas toujours été un pays «pot unfriendly». D’ailleurs, en 1900, on recense plus de 1000 «haschisch parlours» à New-York.

 

The Indian Hemp Commission

En Angleterre, Robert Burton préconise dès le XVIIIème siècle le recours au cannabis afin de traiter la mélancolie ainsi que la frigidité féminine. Mais les nouveaux maîtres des Indes se méfient de cette plante et tentent d’abord d’en réguler la consommation, puis de la taxer - en vain. Trop profondément enracinée dans les mœurs indiennes, elle appelle une tolérance de raison. D’ailleurs, les conclusions de l'Indian Hemp Commission de 1894 s’avèrent rassurantes : «il n’existe aucune preuve d’une quelconque cause à effet entre les défaillances mentales ou morales et la consommation modérée de cette drogue». Pendant ce temps, aux Etats-Unis, George Washington cultive des hectares de cannabis pour la lucrative industrie du chanvre.

 

L’utilisation récréative semble plus tardive aux USA, où le joint est tout d’abord assimilé aux migrants Mexicains qui déferlent sur la blanche Amérique au début du siècle dernier. «Les Blancs (...) cherchaient des excuses à leur haine raciste envers les Mexicains, écrit Scott Miller, et des rumeurs commencèrent à circuler, selon lesquelles la marijuana conférait à ses consommateurs une force surhumaine et les transformait en assassins fous. Bien que ces deux idées soient totalement fausses, elles allaient perdurer plusieurs décennies». On voit alors fleurir une littérature mélodramatique où la marijuana déclenche d’odieux crimes de sang. 
 
Après la Première guerre mondiale, une vague de travailleurs antillais débarque à la Nouvelle Orléans avec de la ganja plein les poches. Très répandue parmi la population noire des Antilles, on la qualifie de «drogue des nègres et des joueurs de jazz» ; elle est en fait «l’herbe des Indiens» (on la nomme encore la collie weed en Jamaïque). Ce sont eux qui l’importent dans cette région du monde lors des grandes migrations du XIXème siècle. Elle se consomme en toute légalité jusqu’à la première Convention internationale de l’Opium, tenue à La Haye en 1912, et à la suite de laquelle elle rejoint l’opium, la morphine ou la cocaïne sur la liste des drogues dangereuses. En Jamaïque, le Conseil des Eglises Evangéliques fait voter la Ganja Law l’année suivante afin de lutter contre la dépravation des mœurs de ses ouailles. Le journaliste jamaïcain Louis Myston dénonce cette loi (The Gleaner, 2013) comme «enracinée dans la peur et dans la tradition de discriminer les Noirs des classes inférieures par le biais de la loi». Á Trinidad, la Ganja Ordinance de 1916 en prohibe la culture et la vente.

 

Le temps tourne à l’orage ! En 1937, les USA votent le Marihuana Tax Act (sic : on l'écrit alors avec un "h" à la place du "j", ndlr), loi fédérale qui jette les fondements d’une armada répressive contre l'herbe magique. On dit cette croisade orchestrée par de puissants industriels, dont le magnat de la presse William R. Hearst (qui inspire Citizen Kane à Orson Welles) qui détient de gros intérêts dans la filière du bois. Craint-il la concurrence du chanvre ? Ou bien ne cherche-t-il qu’à vendre du papier en abreuvant ses diverses publications d’articles effarants qui prétendent que la marijuana pousse les Noirs à violer des Blanches tout en jouant du jazz satanique ? Paraissent alors des ouvrages comme On the Trail of Marihuana, The Weed of Madness (Sur les traces de la marijuana, l’herbe de la folie), d’Earle Albert Rowell (1938).

 

«Sous son influence», y lit-on, «les prisonniers tombent éperdument amoureux les uns des autres, comme ils le feraient avec des femmes à l’extérieur». Dans son article Assassin of Youth paru dans The American Magazine en 1937, Harry J. Anslinger (responsable du US Federal Bureau of Narcotics pendant 32 ans) relate plusieurs atrocités commises sous l’emprise du haschisch. «Un crime gratuit survenu il y a quelques années (en 1933, ndlr) nous a fait prendre conscience que cette drogue ancestrale était arrivée en Amérique. Une famille entière a été massacrée par un jeune accro (Victor Licata, ndlr) en Floride. En arrivant sur les lieux, les policiers l’ont trouvé qui déambulait sans but au milieu d’une boucherie humaine. Á l’aide d’une hache, il avait tué père, mère, frères et sœur. Il paraissait être dans un état second». Cet article donne naissance à un film du même nom dirigé par Elmer Clifton en 1937 - les jeunes de la beat generation l’élèveront au rang de classique par dérision.

Finalement, la Convention Unique sur les Stupéfiants, convoquée par l’ONU en 1961 à New-York, classe le cannabis dans le Tableau 1 - celui des drogues «représentant un important risque d’abus.»

 

Mais Satan, jamais à cours d’idées, revêt bientôt un nouveau masque hideux pour dévoyer la jeunesse : celui de la beat generation et de sa musique dégénérée. Richard Nixon a beau «déclarer la guerre à la drogue» en 1971, pas moins de onze Etats décriminalisent la weed entre 1973 et 1977. En octobre 1977, on évoque même une décriminalisation fédérale. Mais l’austérité des années 80 tombe comme un couperet, jugeant sans complaisance la permissivité de la génération précédente. L’arrivée de Ronald Reagan à la Maison Blanche marque le début d’une nouvelle diabolisation.

 

 

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Tu vas dire non à la drogue, p’tit con !

Nancy Reagan, première dame américaine, se lance dans une croisade anti-drogue au début des années 80. Elle combat toutes les drogues, mais spécialement la marijuana. Sa Just Say No Foundation connaît un succès retentissant et compte, au milieu des années 90, un million de membres à travers douze pays. Parmi ses plus ferventes supportrices se trouve Sue Rusche, une activiste forcenée de Géorgie qui, entre 1984 et 1992, alimente la presse nationale en diatribes anti-drogue avant de participer, dans les années 1990, au Parent Corps, ces «bastions de parents» qui font du porte-à-porte pour répandre la bonne parole du Just Say No sous la houlette de George W. Bush ; les plus motivés sont même salariés de l’organisation. De nos jours, l’empire de la Just Say No Foundation est en déliquescence.

 

Sue Rusche explique ce revirement par l’action combinée de trois milliardaires américains, George Soros, Peter Lewis et John Sperling. Le premier, à la tête d’un fonds d’investissement de 25 milliards de dollars, a en effet soutenu le projet de légalisation à des fins thérapeutiques en Californie : «sa fondation y a consacré près de 200 millions de dollars depuis 1994» précise le site Forbes.com. Peter Lewis, décédé en 2013, est quant à lui responsable de la légalisation en Oregon. «La National Organization pour Réformer les Lois sur la Marijuana estime que Lewis a dépensé plus de 40 millions de dollars depuis les années 1980 pour soutenir la dépénalisation», précise le même site. Obsédé par l’idée de prolonger la vie, Sperling est mort en 2014, à l’âge de 93 ans. Il avait, d’après Time Magazine, découvert les bienfaits médicinaux de la marie-jeanne en combattant le cancer dans les années 1960.

 

Bref, ce petit «illuminati de la ganja», fort d’autant d’argent et de relations, ne pouvait manquer d’atteindre son but. La réaction en chaîne ne s’est pas faite attendre. Dans le sillage des Etats-Unis, les petits Etats affidés suivent la tendance. En Jamaïque, par exemple, où la ganja renfloue les caisses des 270 gangs locaux, les policiers espèrent que la légalisation portera un coup au portefeuille des cartels. C’est d’ailleurs ce que redoute la branche canadienne du gang des Hell's Angels. Ses membres ont même manifesté contre le projet de légalisation en octobre dernier ! «Je vends de l’herbe depuis que j’ai 12 ans, confie Gino Ouellet, un «ange de l’enfer» âgé de 57 ans, au site WorldNewsDailyReport. Vous pensez que je vais aller bosser à Walmart ou à McDonald’s pour le salaire minimum ?».

 

Un autre «ange», déjà condamné pour un triple homicide, s’inquiète : «j’ai des tatouages partout sur le corps et le visage, qui va me donner un job ?». Le gouvernement sera-t-il sensible aux revendications de ces citoyens au-dessous de tout soupçon ? En fait, couper les vivres aux gangs est la motivation première de certaines politiques de légalisation, comme celle suivie par l’Uruguay, où un méfait sur quatre serait lié à l’abus d’alcool et de drogue. «Le pays veut endiguer la violence liée aux drogues, ôter les bénéfices des trafics des mains des narcotrafiquants et protéger les consommateurs de cannabis d'un passage éventuel aux drogues dures», lit-on sur Express.be.

 

Mais de son côté, le Paraguay, pays voisin, redoute au contraire une recrudescence de la consommation liée à la chute des prix (le gramme de marijuana passerait à un dollar !). Le même site rapporte les propos du ministre paraguayen de la défense : «nous sommes persuadés que l'interdiction de certaines drogues cause plus de problèmes que les drogues elles-mêmes et a des conséquences destructrices». Car son pays, second producteur de ganja au monde derrière le Mexique, produit à des prix défiant toute concurrence - à peine 45 euros le kilo. Les mafias locales pourraient bénéficier de l’ouverture du marché légal en Uruguay, et cette nouvelle prospérité s’accompagnerait probablement d’une recrudescence de meurtres, de corruption et de violences des deux côtés de la frontière. 


 
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Aux USA se pose toutefois un problème de santé publique, à commencer par la qualité de la ganja en question. Les Etats qui ont dépénalisé ont pris le parti de traiter la weed comme l’alcool, mais les deux substances ne posent pas les mêmes problèmes. La traçabilité s’avère compliquée à assurer, pour commencer. Suivre une plante depuis sa sortie de terre jusqu’au joint du consommateur est un défi nouveau. Le relever va prendre un peu de temps. Sans compter que, comme le précise le site ibtimes.com, «on ne dispose que de peu de recherches scientifiques sur la marijuana à cause de l’interdiction dont elle est frappée au niveau fédéral (...), ce qui rend presque impossible l’instauration de toute politique basée sur des faits scientifiques, comme c’est la norme en matière de santé publique». Par ailleurs, le Colorado a-t-il placé la charrue avant les bœufs en légalisant sans légiférer sur le taux maximum de tétrahydrocannabinol (ou THC, la substance psychotrope du cannabis) ?

 

«Le niveau de THC a augmenté d’environ 15 à 20% et les marqueurs relevés dans le haschisch ou ses concentrés ont pu atteindre les 90%», relève le New England Journal of Medecine sur des informations obtenues auprès du Colorado Department of Public Health and Environment de Denver. Assisterons-nous à une surenchère visant à proposer une herbe toujours plus forte ? «Peu après la légalisation à des fins récréatives, poursuit le site, ces produits dérivés se sont retrouvés impliqués dans la mort de deux personnes au Colorado.» La course marketing a commencé : bonbons, boissons, gâteaux ou dragées, la marijuana est déclinée à toutes les sauces.

 

Ce qui multiplie les risques d’ingestion involontaire, notamment chez les jeunes enfants. Rien qu’en France, où l’usage et la culture de cannabis n'ont de cesse de se développer, l’Agence du Médicament s’inquiète du chiffre croissant des intoxications recensées chez les moins de dix ans : 151 cas d’hospitalisation en 2013 pour 247 en 2014, soit une augmentation de 60%. «Les principaux signes de l'intoxication, explique L’Express, sont une somnolence avec des phases d'agitation, des vomissements, des tremblements, des convulsions, une détresse respiratoire, voire un coma». Le débat sur la légalisation peine d’ailleurs à prendre dans l’Hexagone. Dans une tribune publiée par Libération en novembre dernier, un collectif marseillais appelle à la légalisation pour œuvrer au rétablissement de la paix sociale dans les quartiers. Dénonçant une guerre onéreuse (568 millions d’euros par an) et perdue d’avance devant une horde de plus d’un million d’usagers quotidiens, le collectif estime que «la légalisation du cannabis permettrait de faire baisser le trafic et d’empêcher la lutte armée entre les trafiquants, mais surtout de mener une politique de santé publique fondée sur la prévention et l’accompagnement des usagers dépendants.»

 

Au-delà de rentrées fiscales non négligeables, le collectif évoque la possible création de 13 000 postes. Pour eux, ce n’est pas la marijuana qui tue, mais la pénalisation. Face à ces premiers frémissements, quelques voix s’élèvent, dont celle de Jean Costentin, professeur de pharmacologie à l’université de Rouen et président du Centre National de Prévention sur les Toxicomanies depuis 2007, qui use de slogans à l'ancienne : «le chichon rend con» confie-t-il au site de La Montagne en novembre dernier. «Pétard du matin, poil dans la main ; pétard du soir, trou de mémoire»... Il dénonce le THC comme une substance à effet persistant et assimile le pilon à de la drogue dure. Stéphanie Maruelle, professeur en région parisienne, constate de son côté que de plus en plus d’élèves arrivent «défoncés» dans ses cours. «Leurs yeux rougis et leur propension à s’endormir sur leur table prouvent qu’ils ont fumé avant de venir en cours». D’ailleurs, Valérie Pécresse vient de reprendre à son compte le vieux projet de tests salivaires dans les lycées.

 

«La consommation de drogue a pour conséquence la démotivation, lit-on dans le Huffington Post, le décrochage et l’échec scolaire. Lutter contre l’usage de la drogue chez les mineurs, c’est ma responsabilité de candidate». Bref, tandis que plus de 500 points de vente ont déjà ouvert leurs portes au Colorado, que le Malawi, le Mexique ou l’Iran parlent de légalisation, les premières inquiétudes se profilent derrière les sourires radieux. Faut-il les mettre entièrement sur le dos de la paranoïa que peut susciter une consommation excessive de ganja ?

 
Source: brain-magazine.fr



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Yep

 

Pour moi la lecture s'est arretée là:

 

"Soudain, un drone survole la maison de vos voisins pour déposer un sachet de weed dans votre jardin"

 

Car je me suis dit qu'il me fallait un lance-caillou pour dézinguer les drones.....ça me rappellera ma jeunesse au pays pour dégommer les mangos de l'arbre... pour piquer la weed du voisin....ahahhahhahhahaha

 

 

Pey

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