Canada - Un policier pour piloter la légalisation du cannabis


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Trudeau confie cette mission délicate à Bill Blair, ancien chef de police de Toronto

 

image.jpgLe premier ministre, Justin Trudeau, a nommé Bill Blair, policier de carrière de 61 ans, élu député libéral le 19 octobre, dans l’espoir d’apaiser les craintes des Canadiens opposés aux drogues.

Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne

 

 

 

L’ancien chef de police de Toronto Bill Blair dirigera l’équipe chargée de légaliser la consommation et la possession de marijuana.

 

Le premier ministre Justin Trudeau a nommé ce policier de carrière de 61 ans, élu député libéral le 19 octobre, dans l’espoir d’apaiser les craintes des Canadiens opposés aux drogues. À la surprise générale, le chef libéral a confirmé au cours des dernières semaines qu’il remplirait dès son premier mandat l’ambitieux engagement électoral de légaliser la marijuana.

 

Bill Blair est secrétaire parlementaire de la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould. Il s’est fait connaître en livrant une dure bataille contre l’ancien maire de Toronto Rob Ford en 2013. Le chef de police avait révélé l’existence d’une vidéo montrant le maire de sa ville en train de fumer du crack.

 

Rob Ford et son frère Doug, conseiller municipal, avaient tout fait pour discréditer le chef Blair, qui leur avait tenu tête. Son contrat n’a pas été renouvelé en avril 2015, après une carrière de 30 ans dans le plus grand corps policier du Canada, dont 10 années en tant que chef. Bill Blair a dirigé des enquêtes criminelles visant notamment le crime organisé et des trafiquants de drogue.

 

« La nomination d’un ancien chef de police à la tête de cette initiative [visant à légaliser le cannabis] va certainement rassurer les gens. C’est une bonne chose que ce soit lui, il va agir avec prudence », estime Serge Brochu, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Il étudie la toxicomanie et les politiques de répression contre les drogues.

 

Le système encombré

 

Le criminologue croit que le processus de légalisation lancé par Justin Trudeau est une « excellente chose ». Comme le premier ministre, Serge Brochu est convaincu que les accusations pour possession simple de cannabis encombrent inutilement le système de justice.

 

La marijuana accapare 54 % de toutes les infractions impliquant des drogues au pays, a découvert le professeur en scrutant les statistiques officielles. En 2013, pas moins de 58965 condamnations pour possession de cannabis ont été prononcées au Canada. « Ces condamnations entraînent la création d’un casier judiciaire, une interdiction de voyager aux États-Unis et la perte du droit d’exercer certaines professions. Ce sont des conséquences importantes », dit Serge Brochu.

 

Malgré l’ampleur de ces chiffres, le criminologue croit que le pot est presque décriminalisé au pays. Dans les faits, à peine 2 % des utilisateurs de marijuana se font accuser de possession simple, selon Serge Brochu. Il est arrivé à cette conclusion après avoir étudié un groupe de personnes qui fumaient en moyenne deux joints par jour.

 

« À peu près personne ne s’est fait arrêter par la police. Pourquoi ? Parce que ces gens consomment chez eux ou chez des amis », explique-t-il.

 

La légalisation risque tout de même d’augmenter l’usage de la marijuana, estime Serge Brochu. Pour cette raison, il croit que le gouvernement Trudeau et les provinces doivent mettre sur pied une vaste politique de santé publique pour prévenir les abus.

 

Limiter l’accès

 

« Je suis d’accord avec Justin Trudeau quand il dit que la légaliser vise à mieux contrôler l’accès au cannabis, surtout chez les jeunes », dit-il.

 

C’est ce que propose le programme libéral : « Nous élaborerons de nouvelles lois plus strictes. Celles-ci puniront sévèrement quiconque fournit cette drogue à un mineur, conduit un véhicule après en avoir consommé ou en fait la vente à l’extérieur du nouveau cadre législatif. Nous créerons un groupe de travail fédéral-provincial qui, en collaboration avec des spécialistes en santé publique, en toxicomanie et en application de la loi, mettra en place un réseau strict de vente et de distribution de marijuana qui sera soumis aux taxes d’accise provinciales et fédérale. »

 

Marco Fortier

Source: ledevoir.com

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