La légalisation du cannabis marque-t-elle le pas aux États-Unis ?

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La légalisation du cannabis marque-t-elle le pas aux États-Unis ?



L'État-clé de l'Ohio s'est opposé mardi, au cours d'un référendum local, à une proposition visant à légaliser la marijuana. Six autres États devraient à leur tour se prononcer sur le sujet en 2016.

L'Ohio aurait pu devenir le cinquième État du pays à légaliser l'usage récréatif du cannabis.
Seulement, les électeurs en ont décidé autrement. Mardi, près des deux tiers d'entre eux se sont opposés à la «proposition 3» du référendum local, qui prévoyait d'autoriser les usages médical et récréatif de la marijuana pour les personnes âgées de plus de 21 ans. Le résultat est sans appel en faveur du non: aucun comté de l'État ne s'est prononcé en faveur de la légalisation, ni dans les zones urbaines ni là où la part d'étudiants est importante. L'issue de ce scrutin a été saluée sur Twitter par le gouverneur de l'État et candidat républicain à la présidentielle, John Kasich:

 

«Fier de voir les habitants de l'Ohio voter non à la “proposition 3” et choisir un chemin qui aidera à renforcer nos familles et nos communautés.»

À un an de l'échéance présidentielle, ce référendum, bien que local, était observé de près dans tout le pays. Car l'État est une étape cruciale dans la course à la Maison-Blanche.
 

«L'Ohio est considéré comme un baromètre politique, le candidat qui remporte cet État gagne habituellement la présidentielle, explique à Reuters Gary Daniels de l'American Civil Liberties Union. Une victoire du oui aurait pu influer sur le débat national autour de la légalisation.»

 
À ce jour, seuls l'Alaska, le Colorado, Washington, l'Oregon et le District de Columbia, autorisent la marijuana à usage récréatif. Une victoire du oui dans l'Ohio aurait été d'autant plus symbolique pour les partisans de la légalisation que celui-ci est beaucoup plus peuplé que les précédents. L'usage médical du cannabis est, lui, autorisé dans vingt-trois États.
 

«Je ne vois pas la défaite de la “proposition 3”

ralentir l'élan pour mettre fin à la prohibition du cannabis.»

 

Ethan Nadelmann, directeur exécutif de la Drug Policy Alliance.

L'issue du scrutin est toutefois à relativiser, selon les partisans de la légalisation. À leurs yeux, l'épineuse «proposition 3» était de toute façon biaisée. Elle prévoyait d'amender la constitution locale afin de créer un oligopole sur la marijuana, celle-ci devant être confiée à seulement dix producteurs. «Je ne vois pas la défaite de la “proposition 3” ralentir l'élan pour mettre fin à la prohibition du cannabis, assure dans un communiqué Ethan Nadelmann, directeur général de la Drug Policy Alliance qui s'était ainsi gardé de soutenir l'initiative. Les électeurs, y compris ceux qui voulaient voir la marijuana régulée et taxée, étaient clairement rebutés par la clause oligopolistique.»
 
Et, quand bien même les électeurs s'étaient prononcés en faveur du oui, une proposition contre les monopoles d'État, qui a réuni 54 % des suffrages, aurait tout simplement permis d'annuler la victoire du oui.
 
Le vent ne semble pas pour autant avoir tourné dans l'opinion américaine. D'après un sondage Gallup de fin octobre, pour la troisième année consécutive, une majorité d'Américains restent acquis à la cause du cannabis à usage récréatif. Près de 60 % des personnes interrogées y sont favorables, le chiffre a doublé au cours des quinze dernières années. Les jeunes générations, l'électorat démocrate et indépendant sont les franges de la population chez qui le soutien est le plus marqué. Ici, réside peut-être l'un des explications du référendum dans l'Ohio. Ainsi, explique le Washington Post, «la tenue d'un scrutin en dehors d'une année électorale se traduit par un électorat typiquement plus âgés et conservateurs qu'au moment de la présidentielle.» Or l'année 2016 s'annonce cruciale: cinq voire six États, dont la Californie, l'Arizona et le Nevada, pourraient à leur tour se prononcer sur la question.
 
Source: lefigaro.fr