mrpolo 7 743 Posté(e) octobre 4, 2015 Partager Posté(e) octobre 4, 2015 La vidéo se lance. Des lettres dorées font irruption sur un fond étoilé. Des cuivres résonnent en chœur, une supernova de synthèse explose, le titre du podcast apparaît : « getting Doug with high », un jeu de mot sur « se défoncer avec Doug ». Le présentateur apparaît avec de grosses lunettes noires sur le bout du nez. Doug Benson, comique de stand-up connu pour son amour du cannabis et sa cinéphilie, explique pourquoi il a annulé ses dernières émissions. Il n’est pas au mieux de sa forme depuis quelques jours. De bonnes grosses quintes de toux lui ont fait peur et il ne désirait pas donner une image négative de la consommation de marijuana « et de toutes les bonnes choses qu’elle apporte ». Pas d’invité cette fois-ci, lui qui accueille d’ordinaire des comiques, des acteurs ou des producteurs. On a pu y voir par le passé Aubrey Plaza (Parks and Rec, Scott Pilgrim), Cheech and Chong (figures cultes des films sur la drogue), l’acteur comique Jack Black ou encore les deux interprètes de la série télé Broad City. Des gens qui ont souvent pour habitude de fumer. Après avoir présenté ses invités aux spectateurs, fait rapidement le tour de leur actualité et quelques blagues, une sonnerie retentit. C’est le « tea time » des fumeurs de cannabis : chacun des invités s’empare d’un des ustensiles pour consommer du cannabis posé sur la table devant eux. De temps en temps, le présentateur propose à ses invités d’essayer le produit qu’une marque « amie », productrice d’herbe ou de matériel pour fumer, leur a prêté. Doug Benson est aussi le réalisateur de Super High Me, documentaire de 2007 qui reprenait, en l’inversant, le principe lancé par Morgan Spurlock dans Super Size Me. On y voyait le comédien fumer régulièrement du cannabis et procéder à des tests médicaux afin de tenter de prouver l’innocuité des produits qu’il consommait. Il a aussi organisé une série de spectacles en 2010 en faveur de nouvelles régulations en Californie qui auraient pu élargir le cadre légal de consommation de la substance. Aux États-Unis, à ce jour, la question du cadre légal de la consommation de cannabis n’est pas tranchée au niveau fédéral et chaque Etat dispose de sa propre juridiction. Plusieurs États ont d’ailleurs récemment légalisé la consommation de cette drogue. Des comptes de plus en plus populairesLa chaîne de Benson comptabilise plus de 350 000 abonnés et ses vidéos ont été vues près de 30 millions de fois. Pas grand-chose, quand on les compare aux 38 millions d’abonnés de PewDiePie, le roi des YouTubeurs spécialisé dans le jeu vidéo. Mais de plus en plus d’utilisateurs de YouTube mettent en ligne des vidéos dans lesquelles ils parlent du cannabis – ou en fument. Aux côtés de productions très professionnelles comme le show de Doug Benson, on retrouve beaucoup d’autres productions plus intimistes et moins formelles. La demande est forte : les recherches sur Google pour des vidéos liées à la marijuana ont régulièrement augmenté ces dernières années. Afficher le rapport complet Larry Jones est l’un de ces YouTubeurs. Âgé de 19 ans, ce résident de la Caroline du Nord est le créateur de la chaîne THCTemple. « C’est le nom de notre église » explique-t-il, « et j’en suis le pasteur ». Une « église » qui prêche notamment la tolérance, comme il l’explique dans ses vidéos, et qui vise à « changer le monde et à l’améliorer, de telle sorte que les gens qui me regardent aient envie de faire la même chose ». Larry a avant tout été spectateur de ces vidéos avant d’en produire lui-même. Après s’être renseigné sur Internet et avoir lu un bon nombre d’articles et d’études, il a décidé de voir à quoi ressemblaient les fumeurs moyens. « Bien entendu, il y avait le cas typique du gars qui ne fait pas grand-chose et qui fume dans sa cave », raconte-t-il, « mais la plupart du temps j’ai vu des gens intelligents qui fumaient et me faisaient voir la vie d’une manière différente ». Lui-même aimerait faire changer la perception que les gens ont des fumeurs de cannabis. Les titres de ses vidéos sont tous très explicites et annoncent les thèmes qui seront abordés. Larry n’a jamais eu d’ennuis avec la police. « Non, je n’ai jamais été poursuivi. Pourquoi le serais-je ? On ne fait rien d’illégal ici ». Il est vrai que la Caroline du Nord n’est pas l’état américain le plus sévère pour ce qui est de la consommation de cannabis. Seul l’Etat est autorisé à cultiver des plans, il est illégal d’en transporter et la vente constitue un délit. Mais la possession de moins de 45 grammes y est considérée comme un délit mineur. Dans les informations à propos de sa chaîne, on trouve cependant l’étrange avertissement suivant : « Cette chaîne existe à des fins de divertissement uniquement. Les personnes dans les vidéos publiées ici sont des acteurs rémunérés. Il s’agit d’une émission purement fictive et d’événements écrits à l’avance. Il n’y a jamais eu et n’y aura jamais d’activités illégales montrées sur cette chaîne. » Testeurs, amateurs, businessmen… Lancée il y a moins d’un an, THCTemple comptabilise près de 50 000 abonnés et ses vidéos ont été vues presque 2,7 millions de fois. Ces vidéos ne rapportent pas beaucoup d’argent à leur auteur. Larry a mis un bouton de donation sur son profil : « Je touche de l’argent des publicités mais ça ne représente que 4 à 10 dollars par vidéo. Depuis que j’ai mis le bouton pour les dons, en revanche, j’ai gagné près de 300 dollars. » Ils sont nombreux à se lancer dans l’aventure, aussi bien des garçons que des filles, des « spécialistes » pointus ou juste de simples adeptes. Certains, comme d’Arcy, un Canadien de 21 ans, à l’origine de la chaîne METLAKush420, promeuvent des produits qui leur sont envoyés et qu’ils apprécient. On trouve même des entreprises qui sautent sur l’occasion pour parler directement de leur produit, comme 420 Science, qui vend de nombreux ustensiles liés à la conservation du cannabis et à sa consommation. Flou juridique Quelle est la position de YouTube vis-à-vis de ces contenus dans lesquels des individus parlent de drogue et en consomment ? Les règles internes de YouTube, les mêmes pour le monde entier, interdisent la diffusion de vidéos qui incitent à « la consommation de drogues dures » – quasi inexistantes sur la plateforme. Le site peut faire exception pour les vidéos dont « l’objectif premier […] est éducatif, documentaire, scientifique ou artistique (EDSA), et dont les images permettent d’illustrer le contenu ». Mais chez YouTube, on précise ne faire aucune différence entre les différentes drogues : les vidéos qui font l’apologie de la substance ou montrent des utilisateurs en consommer seront systématiquement supprimées en cas de signalement par un internaute. Tous les YouTubeurs spécialisés dans le cannabis poursuivent donc leurs activités sous la menace permanente d’une suppression. En France, la situation est plus simple qu’aux États-Unis : l’apologie de la consommation de drogues est interdite. YouTube n’a pourtant pas l’obligation de surveiller préventivement les contenus qu’il héberge. « Selon la loi du 21 juin 2004 statuant entre autres sur la responsabilité de l’hébergeur sur Internet, YouTube n’est pas responsable des vidéos qui sont mises sur la plateforme », rappelle Alex Litzler, qui enseigne le droit à la faculté de Nanterre. Pour que l’hébergeur soit incriminé, il faut qu’il ait connaissance du contenu, qu’il en ait donc été notifié via un signalement, que la vidéo soit clairement illicite, et qu’enfin la plateforme ne retire pas la vidéo dans un délai raisonnable. Le fait que les vidéos liées à l’héroïne ou à la cocaïne soient très peu présentes sur YouTube n’indique pas nécessairement que la plateforme est plus souple concernant les vidéos sur le cannabis, estime Alex Litzler : « Les utilisateurs de YouTube signalent probablement moins les contenus liés au cannabis parce qu’ils sont moins choqués par ce type d’usage. Moins de signalements, cela se traduit par moins de retraits. » Pour les citoyens français qui décideraient de mettre en ligne de telles vidéos, les peines peuvent être très sévères. « On tombe sous le coup d’une infraction à l’article L 3421-1 du code de santé public, qui interdit tout ce qui est provocation à l’utilisation de stupéfiants. Les peines encourues sont de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende », explique Alex Litzler. Aucun utilisateur français de YouTube ne semble d’ailleurs s’être lancé dans la diffusion de vidéos sur le cannabis, mais Larry, de THCTemple, assure avoir des spectateurs depuis l’Hexagone. « Le plus gros de mon public vient des États-Unis ou du Royaume-Uni et du Canada, mais je sais qu’il y a quelques Français qui me regardent et qui aiment ce que je fais ». Par Xavier Eutrope Source: lemonde.fr Visitez Cannaweed TV This post has been promoted to an article 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites
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