Narcotiques: drogues synthétiques contre cannabis «bio»


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Narcotiques: drogues synthétiques contre cannabis «bio»

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Pulvérisée sur des feuilles quelconques puis fumée,

la Salvia est l’une des drogues synthétiques les plus populaires à Maurice.
 

Black Mamba, Blueberry, Salvia, Dragon, Wasabi… Depuis deux ans, le marché du cannabis est concurrencé par l’arrivée en masse des drogues synthétiques, qui sont vendues à des prix défiant toute concurrence. Conséquence directe : les vendeurs de cannabis ont été contraints de revoir leurs prix à la baisse.
 
Ces derniers mettent en garde les consommateurs contre cette mafia de contrebande organisée qui sévit actuellement sur l’île. Clamant que ces nouvelles drogues chimiques, connues sous le sobriquet de «synthé», représentent d’énormes risques pour la santé, ils affirment que leurs produits sont au contraire complètement naturels.
 
Couleurs «flashy»
 
Parmi ces nouvelles drogues, les plus courantes sont la Dragon, la Salvia et le Black Mamba. Pour produire de la Salvia, il suffit d’appliquer un spray sur des feuilles quelconques, qui sont ensuite fumées comme du gandia. Elle se décline ainsi en plusieurs coloris : marron, rouge, mauve ou autres couleurs flashy. Les autorités ont également remarqué l’arrivée en force de la petite dernière de ces drogues de synthèse : le Wasabi, une poudre jaunâtre.
 
Certaines de ces drogues ont subi un relooking au fil du temps. La Black Mamba, auparavant une substance noirâtre et gluante, se présente maintenant sous forme de poudre, et la Salvia se fait toujours remarquer par ses nouvelles couleurs, qui apparaissent sans s’annoncer.
 
«Contrairementaux bonbons, la couleur vive n’est pas une bonne chose, nous dit un spécialiste. Dans ces sprays, on retrouve des produits chimiques qui vous hérisseront le poil, par exemple, des insecticides ou encore du poison lézard. La Black Mamba, quant à elle, est préparée à partir d’huile usée de moteur.»
 
Effets méconnus
 
Au vu de leurs composants, nul doute ne subsiste sur la dangerosité de ces produits. Mais le problème est plus profond, selon notre spécialiste. «Les synthés sont apparus et ont inondé le marché sans crier gare. Du jour au lendemain, le mode de consommation a changé. Les consommateurs se sont rués vers ces nouveaux produits sans réfléchir, principalement à cause du prix.» Il rappelle que ce phénomène date de deux ans et que, de ce fait, les effets sur la santé à long terme sont encore méconnus.
 
Alors que les variétés les plus prisées de cannabis se vendaient à Rs 1 200 le gramme, le prix est tombé à Rs 900. «Le nombre de joints que quelqu’un peut avoir dans un gramme de cannabis est, au minimum, similaire au nombre qu’il peut avoir dans un gramme de drogue synthétique, qui se vend entre Rs 600 et Rs 700», confie un autre spécialiste.
 
«Pa gagn mem kalité nissa»
 
Si la quantité de «synthé» est plus importante, il n’en est pas de même sur la qualité d’intoxication, selon notre spécialiste. «Avec les drogues chimiques, pa gagn mem kalité nissa. Cela vient d’un coup, trop vite et trop rude. On est en proie à une paranoïa inexplicable. Ce n’est pas une intoxication où l’on se sent à l’aise», soutient-il.
 
Les consommateurs de ces drogues deviennent antisociaux et ont tendance à se renfermer, affirme le toxicologue. Alors que c’est plus rarement le cas avec du cannabis pur, ajoute-t-il. L’herbe procure un «nissa» qui permet au consommateur de continuer à vaquer à ses occupations, et lors duquel il reste conscient de ses actes. «Évidemment, on est un peu plus lent», lâche notre interlocuteur.
 
La descente est différente aussi. Pour les drogues chimiques, la chute est aussi rapide que la montée, et les effets s’effacent complètement. Avec le cannabis naturel, la chute est bien plus lente, et le consommateur se sent en général plus à l’aise après. Il faut aussi préciser que dans le cas des drogues chimiques, l’addiction se développe très facilement, surtout si l’on consomme du Wasabi. Alors que le consommateur de cannabis prend plus de temps pour développer une addiction.

Argument pour la légalisation du cannabis

Déjà, certains, sur les réseaux sociaux, clament que la propagation rapide de ces drogues dangereuses n’aurait jamais eu lieu si le gouvernement s’était montré plus tolérant envers le cannabis. C’est la guerre sans merci de l’Etat contre cette «drogue douce», considérée comme équivalente à l’héroïne dans la loi, qui a fait que le gramme de cannabis se vent à prix d'or. Et qui aurait, par ricochet, favorisé l’émergence de ces produits synthétiques vendus au rabais.
 
Les partisans de la légalisation du gandia en ont fait un argument en faveur de leur cause. Selon eux, la vente d’herbe contrôlée par l’Etat est le seul moyen pour combattre efficacement les drogues dures et dangereuses tels que ces produits synthétiques. De plus, ajoutent-ils, une telle législation interdirait concrètement l’accès à cette drogue aux mineurs. Ce serait aussi un moyen de mettre au pas les réseaux de trafiquants, non pas à travers la répression, mais en l’étouffant économiquement.
 
Le gouvernement, cependant, ne semble pas du même avis. SAJ a en effet déclaré récemment une «guerre totale» aux drogues, lors d’un discours au Parlement.
 
Source: lexpress.mu

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