Expérimentation des salles de shoot : ce qu’il faut savoir


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Expérimentation des salles de shoot : ce qu’il faut savoir

L’Assemblée nationale vient d’adopter le principe de l’expérimentation de « salles de consommation de drogue à moindre risque » (SCMR), communément appelées «salles de shoot». L’essentiel en trois points.

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Les salles de shoot sont destinées à des « toxicomanes majeurs précarisés ».

Une « salle de shoot », c’est quoi ?
 
Comme son nom long format (« salles de consommation de drogue à moindre risque ») l’indique, la salle de shoot vise la réduction des risques sanitaires liés aux injections (VIH, hépatite C...). Elle peut être vue comme une « alternative à la guerre à la drogue ». Ses objectifs parallèles : l’amélioration de l’accès aux soins pour les usagers de drogues les plus marginalisés et la diminution des nuisances dans l’espace public. À long terme, il s’agit aussi de recréer du lien entre toxicomanes marginalisés et collectivité.
 
Ces lieux d’injection accompagnée sont destinées aux toxicomanes majeurs qui se droguent dans des conditions d’hygiène précaires, souvent dans la rue ou des halls d’immeuble. « Des gens qui ont disparu des radars de notre société » et échappent à tous les dispositifs existants, selon la présidente PS de la commission des Affaires sociales Catherine Lemorton, pharmacienne de profession. On les retrouve, en revanche, dans les statistiques : d’après la ministre de la Santé, on compte en France 100 morts par overdose chaque année, sur 80 000 usagers de drogue par voie intraveineuse.
 
En existe-t-il déjà ?
 
En France, pas pour l’instant. Il y a bien eu une expérimentation éphémère, à Montpellier en 1994-95, mais
elle n’a pas duré. Suite à l’adoption par l’Assemblée nationale du principe d’expérimentation, il est prévu d’installer au moins une salle de shoot à Paris, pour 6 ans maximum. D’autres grandes villes, comme Marseille et Bordeaux, sont candidates pour devenir villes-test depuis plusieurs années.
 
Une centaine de salles de shoot existent déjà dans le monde, au sein d’une dizaine de pays (Pays-bas, Allemagne, Espagne, Canada...), majoritairement européens.
 
La plus ancienne se trouve en Suisse, à Berne, où elle a été ouverte il y a trente ans. On y constate des résultats spectaculaires. Décès par overdose divisés par deux ; recul de 80 % de la mortalité due au SIDA chez les toxicomanes, le tout en à peine 20 ans (de 91 à 2009). Le dispositif reste toutefois violemment critiqué, à cause du trafic susceptible d'être organisé aux alentours des salles.
 
Comment ça marche ?
 
Les professionnels des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogue (CARRUD) gèrent les locaux et l’encadrement. L’accès aux salles est anonyme. La drogue n’y est pas fournie, le deal y est interdit.
 
La consommation des substances illicites se fait avec du matériel stérilisé, sous la supervision d’une équipe de professionnels de la santé. Les toxicomanes détenant pour leur seul usage et consommant des stupéfiants dans ces salles ne peuvent être poursuivis pour usage et détention illicite. De même, les professionnels des salles de shoot ne seront pas poursuivis pour complicité d’usage illicite de stupéfiants, tant qu’ils agissent conformément à leur mission de supervision.
 
Le coût de l’opération ? Environ 800 000 euros par an, si on se base sur le projet d’expérimentation parisien. Face aux critiques de la droite, la ministre de la Santé Marisol Touraine a souligné que le gouvernement consacre par ailleurs 388 millions d’euros par an à la prévention et à la lutte contre les addictions.

Pour ou contre les salles de shoot

Ils sont contre

L’UMP prône sevrage et abstinence. Il dénonce les salles de shoot comme inefficaces à diminuer le nombre de toxicomanes ou à les sortir de leur addiction. Bernard Debré, médecin de profession, fait partie des sceptiques.
 
En 2013, il pose d’ailleurs cette question : « Si quelqu’un fait une overdose dans une salle de shoot, est-ce que l’État est responsable ? » Le groupe politique voit en majorité les salles de consommation comme un feu vert à des « paradis artificiels officiels » et « une première marche vers la dépénalisation » de la drogue. « Aidez les toxicomanes à guérir plutôt qu’à s’autodétruire », a lancé le député UMP de Paris Philippe Goujon, son collègue Yannick Moreau déclarant que « si on osait, on pourrait même appeler antichambres de la mort les « salles de shoot ». Les orateurs reprochent aussi à la majorité de vouloir se donner « bonne conscience » et de faire preuve de contradiction, après avoir « stigmatisé l’alcool et le tabac » par de précédentes mesures du même projet de loi, débattues la semaine dernière.
 
Certaines associations de lutte contre la drogue dénoncent un manque d’ accompagnement avant l’acte et après l’acte.
 
La députée FN Marion Maréchal-Le Pen a quant à elle critiqué un « signal catastrophique envoyé à la population française puisque l’État va organiser une violation de la loi ».

Ils sont pour

« Arrêtez de vouloir faire peur : il ne s’agit nullement d’ouvrir des salles partout en France pour toujours, mais de répondre à des réalités », a lancé la députée Seybah Dagoma (PS).
 
L’écologiste Jean-Louis Roumégas, qui dit avoir récemment vu à Montpellier deux personnes se droguer derrière une voiture, défend une mesure « pragmatique ».
 
Source: lavoixdunord.fr

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