Légalisation du cannabis : oui à une réglementation encadrée, non au monopole d'État


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Ce projet de loi représente une grande avancée. Alors que l’on a toujours parlé de "dépénaliser" le cannabis, Esther Benbassa veut le légaliser. Elle a relancé le débat et a promis de nous écouter, on ne peut donc que se réjouir de ça.

 

Quelques points nous posent toutefois problème car ils sont totalement en dehors des réalités.

 

Le cannabis ne doit pas devenir un produit commercial

 

Le projet de loi prévoit tout d’abord de limiter la teneur en tétrahydrocannabinol (THC) contenue dans le cannabis. On évoque un taux de 5%, ce qui est une observation purement technocrate : je n’ai trouvé cette teneur dans aucune des variétés qui existent – peut-être ont-ils prévus de faire appel à Monsanto ? Le taux de THC est en général toujours supérieur à 7%.

 

Et quand bien même nous aurions une variété contenant 7% de THC, si celle-ci ne contient pas de cannabidiol (CBD), ses effets psychotropes seront supérieurs à ceux d’une variété qui contiendrait 20% de THC, mais 2% de CBD. Le cannabidiol réduit les effets psychotropes du THC. Cette mesure, qui sert à rassurer les gens, n’a donc aucun sens si l’on ne contrôle pas également la teneur en CBD.

 

Le projet de loi prévoit par ailleurs de confier la culture, la vente et la distribution à l’État, mettant ainsi totalement de côté l’autoproduction. Or, on ne peut l’oublier si nous voulons une réglementation encadrée.

 

Nous ne pouvons pas laisser le monopole à l’État et en faire un produit commercial. Nous avons vu ce que cela a donné avec le tabac, il ne faut pas que le cannabis prenne ce chemin-là.

 

Les spécialistes sont les consommateurs, pas les députés

 

Quitte à légaliser, faisons le bien et intelligemment, avec une vraie traçabilité et en créant des emplois.

 

Les gens qui cultivent doivent devenir des producteurs légaux. Si c’est pour de la consommation personnelle, il n’y a pas de vente donc pas de problème. Dans le cas inverse, il est nécessaire d’avoir des producteurs compétents pour veiller à ce qu’aucun produit chimique ne soit utilisé.

Or, les spécialistes du cannabis sont chez les consommateurs et les producteurs, pas à l’Assemblée.

 

De la bouture au sachet que l’on donne aux membres du Cannabis social club, on sait d’où le produit vient et où il va. Je ne suis pas sûr que l’on puisse en dire aujourd’hui autant de l’alcool ou du tabac.

 

Bien sûr, une éducation est nécessaire autour de la consommation du cannabis. Si nous légalisons, il faut mettre en place de vrais tests sur la route démontrant une éventuelle ivresse cannabique. S’ils sont positifs, il faut alors sanctionner.

 

Ne laissons pas les mafias s'implanter en France

 

Le débat mené par Esther Benbassa reste bien trop timide. Nous avons tellement de retard en la matière qu’il est nécessaire de réagir vite.

Oui c’est une drogue, non ce n’est pas bon, mais on compte tout de même en France 1,2% de consommateurs réguliers. Laisser les choses ainsi est d’une totale irresponsabilité.

 

Peu à peu, les mafias s’organisent sur le territoire. On assiste à des règlements de compte à Marseille, Saint-Denis, et même à Tour, où j’habite, j’en vois aussi. Si on laisse ainsi les mafias s’implanter, on n’arrivera plus jamais à s’en débarrasser.

 

Puisque rien n’a marché, il serait temps d’essayer autre chose, on est à la limite de la perte de contrôle par les responsables politiques, qui brillent plutôt par leur irresponsabilité.

 

Nous défendons une régulation responsable et encadrée de la production et de la consommation de cannabis, mais il faut réfléchir avec les acteurs de terrain à la manière dont on peut encadrer la vente.

 

Nous sommes auprès des usagers depuis des décennies. Esther Benbassa est consciente du danger, elle a promis de nous écouter, avec l'Asud, le Circ et l'association Principes actifs. Le projet est sur la table, nous espérons pouvoir participer aux discussions pour mettre en place une réelle traçabilité.

 

 

Source: https://leplus.nouvelobs.com/contribution/1142697-legalisation-du-cannabis-oui-a-une-reglementation-encadree-non-au-monopole-d-etat.html

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