Douze réponses au Livre noir du cannabis


Messages recommandés

L’étude EROPP 2012 de l’OFDT marque un tournant majeur, une majorité de Français (60%) seraient en faveur de l’autorisation du cannabis sous conditions.

Un groupe d’experts de l’université de Gand vient de publier un « Plaidoyer pour une évaluation critique de la politique belge en matière de cannabis » recommandant que le gouvernement belge « expérimente les modèles de réglementation légale du cannabis ».

Les médias diffusent de nombreux reportages sur l’ouverture le 1er janvier prochain des pot shops au Colorado. L’analyse et la position du psychiatre Alain Rigaud, président de la FFA dans notre livre-débat « Faut-il dépénaliser le cannabis ? » sont très progressistes pour un représentant officiel de l’addictologie, surtout comparées à la frilosité habituelle des élites sur cette problématique.

Panique chez les prohibitionnistes

 

Je ne reviendrai pas sur la contribution délirante du Professeur Costentin à notre ouvrage, Jean-Pierre Couteron l’a fort bien analysée dans sa critique sur Rue89. Par contre, je veux m’opposer aux diatribes assassines et la prose incendiaire de Serge Lebigot, président de Parents contre la drogue, dans son Livre noir du cannabis et ses longues tribunes sur Atlantico.

J’ai envoyé la réponse ci-dessous à ce site soi-disant libéral mais pas vraiment ouvert au débat puisque je n’ai pas eu de retour. J’appuie cette démonstration sur ma contribution dans notre livre (résumée sur le site participatif Hyperdébat), elle est principalement fondée sur une adaptation du modèle d’Agence du cannabis.

Intro de S. Lebigot : « Certains veulent légaliser le cannabis uniquement pour des raisons médicales, certains veulent le légaliser uniquement pour les adultes, d’autres veulent le légaliser pour tout le monde. <…> Heureusement, le commun des mortels entend souvent ces messages mais n’est pas dupe. <…> »

Faux. Ce discours confondant l’usage médical et le récréatif est insupportable pour les milliers de malades qui soulagent leurs symptômes et les effets secondaires sévères de traitements lourds. Cela vise à discréditer la recherche et l’utilisation du cannabis en médecine alors que des centaines de chercheurs et de médecins mènent des études et que des centaines de milliers de patients, peut-être des millions, peuvent déjà témoigner des bienfaits de cette thérapie, malgré une pratique encore peu codifiée et mal coordonnée dans de nombreux pays. Le cannabis thérapeutique serait bien plus simple à gérer dans le cadre d’un marché régulé réservé aux majeurs. Le débat, tant médical que sur la consommation des jeunes, serait alors dépassionné et moins biaisé par des considérations idéologiques.

1. Ils disent qu’ils veulent légaliser le cannabis et le réglementer comme l’alcool et le tabac.

Faux. Je veux bien mieux le règlementer que l’alcool et le tabac. En évitant les grandes entreprises (même étatiques) grâce à ces cannabistrots strictement indépendants, je limite considérablement la puissance marketing de la filière et son intérêt collectif à développer son marché sans limites. En interdisant strictement la publicité conventionnelle et en encadrant les méthodes de distribution et les lieux de consommation, nous n’aurons pas les décennies de communication à outrance et de marketing intensif comme c’est encore le cas avec l’alcool et dans une moindre mesure le tabac.

Il n’y aura pas de cannabis gratuit dans la ration quotidienne de nos soldats comme il y eut longtemps du Kiravi (vin) et des Troupes (clopes). Pas plus que des centaines d’agents commerciaux sillonnant les fêtes publiques et privées pour rincer la clientèle en faisant des animations bidons pour pousser à la consommation abusive de leurs produits.

2. Ils disent que cela permettra de prélever de nouveaux impôts et qu’ils emploieront tout l’argent de ces impôts pour la prévention et le soin.

Faux. Il n’est pas question de créer un nouvel impôt sur le cannabis mais de lui appliquer la TVA sur les produits de luxe et une contribution à la Sécurité sociale comme pour l’alcool ainsi que de prélever des impôts et des cotisations patronales et salariales.

D’après ma simulation, cela ferait rentrer 2,73 milliards dans les caisses de l’État. Je préconise pour les cannabistrots sous licence une cotisation annuelle à l’Agence du Cannabis de 1 à 2% de leur chiffre d’affaires afin de permettre le contrôle de qualité, de sécurité et de respect de la législation mais aussi de mener des campagnes annuelles de prévention, de réduction des risques, d’orientation et de soins des usagers problématiques.

3. Ils disent qu’ils contrôleront la pureté du cannabis vendu dans des magasins légaux.

Vrai. Un système national, économique et sûr, sera mis en place pour permettre un test rapide de toutes les préparations à base de cannabis vendues dans les cannabistrots. Il sera envoyé en retour une analyse qui devra être reproduite sur l’emballage du produit, soit en intégralité soit en extrait avec l’adresse Internet pour consulter la fiche complète.

4. Ils disent que la légalisation permettra de se débarrasser des dealers.

Faux. Nous n’avons jamais affirmé que tous les dealers de cannabis doivent disparaîre après la régulation. Il existe un marché noir de tous les produits et services du marché officiel. Son ampleur n’est jamais comparable à celui du cannabis, y compris pour des produits très taxés comme l’alcool et le tabac. Mes cannabistrots recruteront des centaines de milliers d’employés, les trois-quarts peu qualifiés mais à bon salaire pour dissuader les vols et le commerce parallèle.

Avec les congés payés, le comité d’entreprise, la mutuelle, la complémentaire retraite, le rabais sur les produits vendus par le cannabistrot, la possibilité réelle de négocier une participation aux bénéfices lors des AG de la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC, forme légale que je propose pour les Cannabistrots), c’est un bien meilleur plan de carrière que de risquer la taule et/ou une balle d’un concurrent pour 150 €/jour au noir.

5. Ils affirment que la légalisation éliminerait la production illégale de cannabis.

Faux. Toutefois, elle endiguerait considérablement le phénomène sur le territoire national. Comme au Colorado ou en Uruguay, il faudra encadrer strictement la production non commerciale individuelle ou collective (Cannabis Social Club).

Des cultivateurs illégaux sans passé criminel chercheront à se faire embaucher dans les cannabistrots ou à acheter des licences. Il restera toujours des producteurs clandestins comme il reste des distillateurs illégaux d’absinthe au Jura Suisse après la nouvelle légalisation.

6. Ils disent que moins de jeunes en consommeraient s’il était légal.

Faux. C’est un argument hypocrite utilisé par certains militants de la politique des petits pas pour tenter de rassurer l’opinion. La loi n’a que très peu d’influence sur les consommations.

Il existe des pays très sévères pénalement avec des taux d’usages très élevés comme les USA et la France, d’autres plus tolérants avec des taux aussi élevés comme l’Espagne et la République Tchèque ou avec des taux deux fois plus faibles comme le Portugal ou les Pays-Bas. Le premier rapport de la Global Commission avait parfaitement démontré l’absence de corrélation entre répression et niveau de consommation.

7. Ils disent que la légalisation créerait des emplois.

Vrai. Je propose un système de cannabistrots totalement autonomes en circuit fermé, sous licence avec numerus clausus. Il est conçu pour multiplier les postes de travail à faible qualification, quitte à affronter une concurrence plus forte du marché noir à cause d’un prix de vente assez élevé. Il est essentiel de prévoir le recyclage légal des centaines de milliers d’emplois illégaux du business actuel, il convient aussi de couper autant que possible le recrutement facile pour les gangs et d’occuper légalement les fanatiques de la culture du cannabis.

Je prévois la création de 260 000 emplois directs et une multitude d’autres chez les sous-traitants. Le secteur du tourisme serait durablement boosté par l’ouverture des cannabistrots, surtout si nous étions dans les premiers à nous lancer dans la régulation de ce marché.

8. Ils disent que l’alcool et le tabac sont légaux, pourquoi pas le cannabis.

Vrai. À un certain niveau de consommation courante, il devient contre-productif en matière de prévention, de soin, de sécurité sanitaire, de rentrée fiscale, de philosophie du droit, d’impact socio-économique, de risque démocratique et enfin de morale de maintenir le cannabis dans un marché clandestin.

La propagande ridicule et éhontée pour sa prohibition réduit considérablement la crédibilité des messages de prévention, des conseils de gestion de la consommation et de réduction des risques. Comment inculquer une culture de l’usage raisonnable lorsqu’il est interdit ? Je n’ai pas pour objectif de faire baisser le nombre d’usagers de cannabis mais de faire baisser la consommation abusive, problématique ou addictive.

9. Ils disent que les lois sont plus dangereuses que l’utilisation du cannabis.

Vrai. Une loi violée en toute bonne conscience des millions de fois par jour affaiblit considérablement le principe même de la loi et de l’autorité. Une loi appliquée à la tête du client renforce la discrimination. Une loi instrumentalisée pour le contrôle social de certaines populations favorise le sentiment d’exclusion et le racisme.

La guerre à la drogue a déjà coûté plus de mille milliards de dollars, fait des dizaines de milliers de morts chaque année. L’emprisonnement massif de consommateurs, de paysans, de mules, de petits dealers n’a pas diminué l’offre et la demande ou le niveau de consommation mais il a ruiné la vie de millions de familles. De nombreux États sont encore corrompus par les cartels, des régions entières sous la coupe de mafias, des villes ou des quartiers sous le contrôle de gangs, et les plus grandes banques sont impliquées dans des opérations de blanchiment en milliards de dollars.

Conclusion 1 : « Demandez-leur de vous expliquer comment ils comptent s’y prendre pour faire en sorte que les jeunes arrêtent de boire de l’alcool et/ou de fumer du tabac. »

Extrait du site Parents contre la drogue à propos de l’alcool : « L’alcool, consommé avec modération, est un lubrifiant social parfaitement utile. Mais comme chacun le sait, l’abus et dangereux pour l’individu et la société au sens large. »

Pour une part toujours plus importante de la société française, il suffit de remplacer alcool par cannabis et cette philosophie de gestion du produit est parfaitement acceptable. Cette pondération dans le traitement de l’alcool ne se retrouve pour aucune autre substance sur ce site.

L’éducation à un usage modéré et à moindre risque constitue la base commune d’une politique de gestion des conduites addictives enfin efficace. L’abstinence totale n’est pas une solution globale mais une option individuelle.

Conclusion 2 : « Aux États-Unis, un neuropsychiatre réputé pour enfants et adolescents s’attaque à ce problème par la formulation suivante : “ <…> Chimiquement, le cannabis est une drogue bien plus dangereuse que ce que la plupart des journalistes, ignorants en matière de science, et les consommateurs croient.” »

Pas de source pour ce fameux scientifique ? Étrange… Dans notre livre, le Docteur Alain Rigaud, président de le Fédération française d’addictologie, ne partage pas cette opinion, comme tant d’autres scientifiques sérieux. Il faut toujours analyser le rapport risque/bénéfice avec tous les facteurs et les intervenants, pas avec la seule science dure.

Une science qui ne peut être expliquée aux représentants du peuple, à l’élite technocratique, aux journalistes, aux avocats, aux juges, voire à d’autres médecins, est une science dangereuse ou bidon.

 

Source : https://blogs.rue89.c...cannabis-231749

 

Bonus : critique je Jean Pierre Couteron : https://www.rue89.com/2013/11/01/faut-depenaliser-cannabis-limprecateur-soigneur-new-dealer-247121

Modifié par naywak
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Salut ,

 

" ... Il n’y aura pas de cannabis gratuit dans la ration quotidienne de nos soldats comme il y eut longtemps du Kiravi (vin) et des Troupes (clopes). Pas plus que des centaines d’agents commerciaux sillonnant les fêtes publiques et privées pour rincer la clientèle en faisant des animations bidons pour pousser à la consommation abusive de leurs produits. "

 

Bien dit !

 

 

:yepah:

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Invité FantomaX

" Le premier rapport de la Global Commission avait parfaitement démontré l’absence de corrélation entre répression et niveau de consommation."

 

Hello,

moi je pense quand même le contraire, comme pour la prohibition de l'alcool aux USA l'illicite incite et permet en plus aux mafia de s'étendre, et elles ne font pas que dans la fumette mais tout ce qui rapporte, la fumette c'est vraiment pas grand chose, s'il n'y avait que cela ^^

 

@+

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Hop,

 

Edifiant quand même l'article....

 

Je suis 100% ok pour l'ouverture de cannabistrots INDEPENDANTS, hors de toute chaine nationale.....et on servirait une autre qualité que ce qu'on trouve aux pays bas...

 

Suis prêt.... quoi de mieux que de pouvoir vivre de sa passion...

 

Bonne soirée

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