La justice visite «Shitland», ex-supermarché du cannabis en Ile-de-France (Maj 05/04/13)


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La justice visite «Shitland», ex-supermarché du cannabis en Ile-de-France

 

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De la résine de cannabis (Photo Philippe Huguen. AFP)

 

 

Par AFP

 

Pendant des années, ce fut l’un des supermarchés du cannabis en banlieue parisienne: le premier procès consacré à «Shitland», la cité des Boullereaux à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), s’est ouvert mardi à Créteil.

 

Du guetteur à la tête de réseau en passant par les «nourrices» chargées de stocker la drogue, 21 personnes sont renvoyées jusqu’au 5 avril devant le tribunal correctionnel de Créteil pour leur implication présumée dans ce réseau de trafic d’herbe et de résine de cannabis. Ce premier procès sera suivi la semaine prochaine d’un second acte, correspondant à un deuxième coup de filet policier.

 

En tout, ce sont près d’une quarantaine de personnes, interpellées en 2010 et 2011, qui sont poursuivies. Parmi elles, les membres d’une même famille soupçonnés d’être au coeur du trafic. Sur les 21 prévenus cités à comparaître, six manquaient mardi à l’appel, notamment deux de ses organisateurs présumés.

 

«Il n’y a pas de réseau et de grande organisation (...). C’est une construction intellectuelle», a protesté Me Matthieu Conquy, l’un des avocats de la défense.

 

Sur la même ligne, l’un des prévenus a minimisé à la barre l’importance du trafic: «C’était un point de vente comme un autre». «On n’est pas à Marseille», a-t-il ajouté.

 

Parties communes dégradées, appartements squattés, peur des représailles, contrôles permanents des allers et venues: les habitants de la cité ont pourtant vécu sous le joug des trafiquants à la tête d’un juteux commerce, drainant 7 jours sur 7 une centaine de clients en moyenne pour un chiffre d’affaires pouvant grimper jusqu’à 30.000 euros par jour.

 

Il faut dire que les Boullereaux bénéficiaient d’une «flatteuse» réputation quant à la qualité du produit fourni, mais aussi au niveau de la sécurité. Les acheteurs étaient pris en charge à la sortie du RER ou de l’autoroute pour être conduits directement jusqu’au «four», la cage d’escalier où s’organisait le deal.

 

De l’est de la région parisienne aux Pays-Bas en passant par l’Espagne, du petit fumeur de joint aux «nourrices» et jusqu’à la tête de réseau, des go-fast le long de l’autoroute A1 aux cages d’escaliers défoncées des tours de cité: c’est toute l’organisation du trafic de drogue, son ingénieuse logistique et ses conséquences pour les habitants des quartiers qui doivent être exposées lors des deux procès.

 

Les premières heures de débats se sont toutefois heurtées au mutisme poli et aux trous de mémoire des mis en cause. Et si guetteurs et vendeurs ont bien volontiers reconnu leurs rôles, ils l’ont fait a minima.

 

«J’étais vendeur mais au bout de trois jours, j’ai arrêté parce que j’ai réalisé que c’était dangereux», dit l’un d’eux, dont les empreintes ont pourtant été retrouvées sur de nombreuses fiches de comptabilité.

 

Payées de 50 à 150 euros par jour, deux des quatre «nourrices» présentes à l’audience, et qui ont participé au trafic autant par appât du gain que sous la contrainte, n’ont pas souhaité épiloguer sur le climat dans la cité.

 

«Ils faisaient un peu de bruit (...), mais je n’ai jamais eu à me plaindre», a affirmé l’une d’elles, blême.

 

Contrarié par la remise en liberté, début mars, de dix suspects placés en détention provisoire, à la faveur d’une erreur de procédure, le parquet a d’ores et déjà promis des réquisitions «lourdes» assorties de mandats de dépôt et de mandats d’arrêt pour les absents.

 

Plus de 61 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en France en 2011, dont 55,6 tonnes de résine (provenant du Maroc, pour l’essentiel) et 5,4 tonnes d’herbe. Le prix d’un gramme de résine s’établissait en 2010 à 5 euros, celui d’un gramme d’herbe à 7 euros. Le trafic de résine de cannabis génère en France un chiffre d’affaires estimé à 1,5 milliard d’euros.

 

Source: Libération

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Jusqu'à sept ans de prison dans le procès du "supermarché de la drogue"

 

 

Six hommes en fuite ont été condamnés à de la prison ferme et 14 autres prévenus laissés en liberté par le tribunal correctionnel de Créteil, qui jugeait jeudi 4 avril le premier volet du dossier dit "shitland", ex-"supermarché" du cannabis en Ile-de-France.

 

La 10e chambre du tribunal a prononcé des peines allant de douze mois avec sursis à sept ans ferme. Les peines les plus lourdes, assorties de mandat d'arrêt, visent principalement quatre membres d'une même famille suspectée d'être au cœur du trafic.

 

Les autres condamnés ont bénéficié de relaxe partielle pour les faits qui leur étaient reprochés. Six condamnés à de la prison ferme qui avaient fait de la détention provisoire verront le reliquat de leur peine aménagée ou seront placés sous bracelet électronique. Les "nourrices", chargées de stocker la drogue, ont toutes été condamnées à des peines de prison avec sursis, entre douze et quinze mois. Une personne mise en cause a été relaxée.

 

Les juges n'ont suivi que très partiellement les réquisitions du ministère public qui, la veille, avaient été empreintes de sévérité. Le parquet avait requis des peines de six mois à huit ans ferme à l'encontre des 20 prévenus. La justice n'en a pas pour autant fini avec l'examen du trafic de stupéfiants dans la cité des Boullereaux à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).

 

Lundi prochain et jusqu'au 12 avril, la 10e chambre du tribunal correctionnel va remettre "shitland" sur le métier, avec la comparution de 26 personnes pour leur implication à des degrés divers dans la logistique de ce réseau. Parmi elles, cinq hommes déjà mis en cause lors du premier procès et suspectés d'avoir eu un rôle prépondérant dans l'organisation du trafic, qui avait mis en coupe réglée cette cité populaire du Val-de-Marne.

 

"C'EST PAS MA VIE"

 

Jeudi, durant toute la matinée, les conseils des prévenus s'étaient évertués à dégonfler l'ampleur du trafic de cannabis mis en place dans la cité des Boullereaux et surtout à minimiser le rôle des uns ou des autres, présentés comme des "sbires" dans ce premier procès. "Il faut enterrer un certain nombre de fantasmes", a ainsi demandé MeAhmed Naoui. "Nous sommes dans l'enceinte de la cour d'assises où d'habitude, on juge les faits graves", a dit Me Gérard Zbili, évoquant l'un de ses clients "pétri de peur" après des "réquisitions extrêmement lourdes".

 

Evoquant la remise en liberté de 10 suspects début mars à la faveur d'une erreur de procédure et l'absence des principaux mis en cause, MeDavid Olivier Kaminski avait souhaité que les présents ne soient pas "cartonnés" pour les absents. Appelés à la barre, les jeunes hommes mis en cause avaient fait profil bas. "Je suis étonné du rôle qu'on m'a attribué (...). Je voudrais tirer un trait sur cette affaire. C'est pas ma vie", a dit l'un. "Je tiens à m'excuser auprès des résidents des Boullereaux même s'ils ne sont pas là", a déclaré un autre. Une ligne de défense qui avait passablement énervé le ministère public. "Si j'écoute les prévenus à la barre, on est sur une affaire Outreau du stupéfiant. Personne n'a rien fait", avait ironisé mercredi le procureur.

 

Appuyé sur une logistique ingénieuse, le trafic drainait jusqu'à 200 clients par jour, pris en charge depuis la sortie du RER ou de l'autoroute pour acheter de la marchandise réputée pour sa qualité. Mais si les Boullereaux étaient un "paradis" pour les acheteurs, les personnes mises en cause ont "littéralement pourri la vie des habitants de ce quartier pendant des années", avait rappelé le représentant du parquet.

 

Source Le monde

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