Toulouse, Soirée débat Cannabis : la société hypocrite ?


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Les invités du débat:

 

Ce soir, à 19 h 30, à la Maison de quartier de Bagatelle à Toulouse (métro Bagatelle), quatre intervenants sont invités à débattre sur le thème «Sortir de l'hypocrisie, débat sur la légalisation du cannabis» : Catherine Lemorton, députée, Martine Lacoste, directrice de Clémence-Isaure, Martine Audras, économiste et Nicolas Tissot, adjoint au maire.

 

Alors que l'usage du cannabis est largement répandu dans la société, la loi qui le sanctionne est-elle encore adaptée ? C'est le débat ouvert ce soir à la Maison de quartier de Bagatelle.

Plus de 13 millions de Français de 11 à 75 ans ont fumé, au moins une fois dans leur vie, du cannabis. Le phénomène touche un jeune sur deux âgé de moins de 17 ans. Ces deux estimations, qui émanent de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, rappellent, si besoin était, combien le hashish s'est banalisé dans notre société.

 

À tel point qu'aujourd'hui, bien des jeunes ignorent même que son usage est interdit, comme l'observe Martine Lacoste, directrice de l'association toulousaine Clémence-Isaure qui, chaque année, reçoit 1 600 personnes dans ces centres de soins et d'accompagnement. Qui n'a pas croisé dans les rues de Toulouse un fumeur de joint qui ne prend plus la peine de se cacher ?

Et pourtant, la peine encourue pour ce geste est sévère. La loi du 31 décembre 1970, qui réprime la consommation de cannabis, prévoit jusqu'à un an de prison…

 

Autant dire que, dans les faits, elle n'est jamais appliquée. Depuis la loi de prévention de la délinquance de 2007, la justice s'est même adaptée en proposant aux consommateurs, outre une injection thérapeutique, une peine alternative aux poursuites qui prend la forme d'un stage de sensibilisation aux dangers des stupéfiants.

 

Entre un usage banalisé et une loi répressive, la plus dure d'Europe, comme le fait remarquer la députée Catherine Lemorton, la France connaît une situation paradoxale qui nourrit le débat sur la dépénalisation du cannabis. La proposition a notamment été mise sur la table lors de la campagne des primaires à gauche pour la présidentielle de 2011 par le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet. Depuis, elle resurgit régulièrement.

 

Ce soir, à 19 h 30, à la maison de quartier de Bagatelle, Hafid El Alaoui, le président de l'association, convie ainsi plusieurs intervenants «pour poser la question», affirme-t-il sans prendre partie. C'est aux trafics que les quartiers sensibles doivent leur mauvaise image, rappelle-t-il, tout en soulignant qu'une dépénalisation doit, pour lui, s'accompagner «de garde-fous».

J.-N. G.

Catherine Lemorton, députée, présidente de la Commission des affaires sociales à l'Assemblée

«C'est interdit mais on en trouve partout»

 

«Franchement, en l' état actuel du débat dont la société tout entière devrait d'ailleurs se saisir, je suis incapable d'affirmer s'il faut ou non dépénaliser le cannabis», déclare la députée de Haute-Garonne qui participe à la soirée organisée à la Maison de quartier de Bagatelle.

 

La parlementaire qui est aussi présidente de la commission des affaires sociales à l'Assemblée, souligne ce paradoxe : «De tous les pays d'Europe, la France est sans doute celui qui possède l'arsenal judiciaire et répressif le plus sévère s'agissant de la consommation et bien entendu du commerce du cannabis. Or c'est aussi l'un des pays où l'on consomme le plus : 5 millions de Français ont déjà expérimenté la substance psycho-active, un million d'entre eux sont des usagers réguliers.

 

Il y a quelque chose d'assez schyzophrénique au sujet du cannabis chez nous : c'est interdit, dès le premier joint, le consommateur prend théoriquement le risque de faire un séjour en prison, et pourtant, c'est un produit que l'on trouve partout. Comment voulez-vous expliquer, aux jeunes en particulier, que le cannabis est illégal et dangereux quand les dealers vendent à la sortie des lycées ?», s'interroge Catherine Lemorton.

L.L.

Martine Lacoste, directrice de Clémence-Isaure, centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie

 

«Mon point de vue lors du débat de ce soir sera celui d'un intervenant de terrain depuis de nombreuses années. Aujourd'hui, la consommation de cannabis s'est profondément banalisée, c'est une évidence. Elle s'est banalisée au point que les jeunes ne savent même plus que c'est interdit. Et quand on le leur rappelle, cela n'a pas de sens pour eux.

 

Pour que l'interdit ait du sens, il faut qu'il soit crédible. La loi de 1970 (qui réprime la consommation, NDLR) ne représente rien. En tout cas, cet interdit n'est pas préventif. De plus, les bornes entre produits licites et illicites sont de plus en plus floues, l'usage de l'alcool ressemblant à celui d'une drogue. Dans ce contexte, il appartient à la communauté des adultes de s'interroger. Les jeunes transgressent une loi à la barbe de tous.

 

Or, eux aussi ont besoin de la loi et de limites, mais de limites qui ont du sens. Je partage la position de la Fédération Addiction en faveur de la dépénalisation de l'usage du cannabis. Mais il faut construire cette dépénalisation. Il ne s'agit pas de retirer l'interdit sans avoir préparé la suite. Il faut œuvrer dans le sens de la prévention et de la promotion de la santé.»

 

Association Clémence-Isaure, 42, rue des Champs-Elysées, Toulouse, tél. 05 61 61 65 50.

Martine Audras, contrôleur de gestion à la retraite, habitante de Bagatelle

 

Pour le débat de ce soir à la Maison de quartier de Bagatelle, Martine Andras, diplômée d'économie, contrôleuse de gestion à la retraite et habitante du quartier, interviendra selon un angle économique. «Le problème de la prohibition est largement supérieur à celui de la consommation car le cannabis est une des drogues qui a le moins d'effet sur la santé. Selon les chiffres de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, les coûts de la répression et de la santé sont de 15 € par habitant pour le cannabis, de 600 € pour l'alcool et de 773 € pour le tabac. Par ailleurs, l'interdiction favorise les truands.

 

Pour eux, c'est une bonne aubaine économique. Plus il y a de prohibition, plus le marché est fructueux. Enfin, les réseaux fonctionnent comme des entreprises capitalistes. Il y a des patrons qui gagnent beaucoup d'argent. Ils ne sont pas très nombreux et, eux, on ne les voit pas dans les quartiers. Et il y a plein de petits intermédiaires qui touchent de 5 à 10 000 € par an. La guerre contre le cannabis est perdue. Certains États ont dépénalisé la consommation comme médicament et l'usage. Moi, je suis pour la légalisation qui permettrait de réguler la vente comme avec les cigarettes.»

J.-N. G. et L.L

Source:la dépêche

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Invité Tabac.Haschich.Coca

Salut à tous, Salut Mr Polo,

 

Venant d' une association pour la prevention et l' accompagnementdes toxicamies je suis quelque peu choqué de lire ceci:

 

l'usage de l'alcool ressemblant à celui d'une drogue.

Bah oui, l'alcool est une drogue mais :sec:

 

Je crois deviner que l' on parle ici de comportement à tendance addicitive qui se multiplient qu'il s' agisse de toxiques ou d'autres choses (vie virtuelle, bouffe) mais la formulation est vraiment symptomatique d' une malinformation de la societe sur les effets des drogues et des comportements addictifs( legaux, illegaux, non-toxiques).

 

Sur le fond, c' est interessant meme s'il aurait été encore plus interessant d'avoir le point de vue des elus locaux car je ne pense pas que ceux-ci défende les points de vues de 2 autres intervenant.

 

A+

 

T.H.C.

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