Cannabis, le cri d'alarme des psys


Invité cheezo

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Une drogue "récréative" ou un fléau? La France est l'un des pays d'Europe où l'on fume le plus. Chez les jeunes, en particulier. Alors que le débat sur la législation est relancé, des psychiatres et spécialistes des addictions réclament, dans L'Express, une véritable politique de santé publique.

 

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CANNABIS - En France, la part des adolescents de 15-16 ans qui ont déjà fumé une fois dans leur vie a beaucoup augmenté, passant de 23%, en 1997, à 39% en 2011.

 

Ce seul mot évoque les hippies aux longs tifs, des volutes doucereuses gentiment baba cool et des combats épiques entre "pro" et "anti". Le cannabis dépasse pourtant largement ce cliché daté. Car la fumette est bien devenue un fléau insidieux, auquel ni les adultes ni la société n'ont vraiment prêté attention, ces deux dernières décennies, alors qu'il s'ancrait dans les habitudes des jeunes et dans le paysage des drogues dites "récréatives". Bonne nouvelle: le ton commence à changer. Ces derniers mois, le cannabis a plus fait causer de lui à gauche que la réduction des niches fiscales. François Rebsamen, Cécile Duflot, puis Vincent Peillon ont évoqué l'idée d'un changement de la loi de 1970 qui pénalise son usage et sa consommation. "Pas question", a répliqué l'Elysée, craignant trop de se brûler les ailes sur ce dossier incandescent. Mais le sujet, lui, est enfin sorti du non-dit.

> Lire aussil'interview du pédopsychiatre Marcel Rufo

1 joint sur 10 proviendrait de la culture domestique

 

Comme souvent, la réalité s'est imposée. Depuis les années 1990, le deal a métastasé les cités, et le pétard s'est banalisé. On ne fume plus seulement en soirée, mais aussi dans les transports, sur son canapé - 1 joint sur 10 proviendrait de la culture domestique, d'après la police -, au volant. En novembre dernier, un jeune de 20 ans a tué un bébé après s'être endormi en conduisant, avec deux joints, de l'ecstasy et une nuit trop courte au compteur. Ce ne sont pas les adultes, assez grands pour se discipliner, qui inquiètent les spécialistes, mais les jeunes, sur lesquels les ravages d'une consommation excessive sont irréversibles sur le cerveau, comme l'a récemment montré la plus vaste étude jamais menée sur le sujet. Au bahut, dans les soirées, les ados s'y mettent de plus en plus tôt - dès 12 ans, parfois, le joint remplaçant désormais la clope dans les rites d'initiation entre copains. La cigarette facilite d'ailleurs le passage au cannabis. En 2011, 39% des 15-16 ans - dont une majorité de garçons - disaient avoir déjà fumé de l'herbe ou du "shit", au lieu de 17% pour le reste de l'Europe, d'après une enquête Espad réalisée en 2001. En 1995, ils n'étaient que 12%. Il y a des premières places qu'on céderait bien au voisin. Certes, la tendance est plutôt à une légère baisse depuis le début des années 2000, si l'on considère la tranche d'âge des 15-24 ans. Mais les chiffres, eux aussi, embrument le débat. Car, dans une autre enquête, l'étude Escapad, menée par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), la proportion de jeunes de 17 ans qui déclarent fumer au moins 10 fois par mois a baissé de 12% en 2002 à 6% en 2011. Pour quelle raison? Les experts n'ont pas la réponse.

En revanche, ils s'expliquent un peu mieux l'exception de la jeunesse française. L'Hexagone étant proche géographiquement et historiquement du Maghreb, et notamment du Maroc, premier producteur, elle constitue un terrain d'acheminement et de vente privilégié. Avec l'explosion du trafic, les jeunes n'ont plus d'efforts à fournir pour contacter les dealeurs: ils sont à leur porte. Autres pistes d'éclairage : la tolérance bien française envers les autres substances addictives - tabac et alcool - ainsi qu'une certaine allergie chez nos compatriotes "à tout ce qui peut s'apparenter à un contrôle social des comportements", note Christophe Palle, coordinateur scientifique pour l'OFDT. Les professionnels de la santé, eux, s'alarment du retard dans la prise en charge des addictions. "L'addictologie est une science balbutiante en France, déplore le Pr William Lowenstein. Le premier plan national de prise en charge et de prévention des addictions date de 2006 et nous n'avons même pas d'agence nationale de recherche en ce domaine."

Le cannabis est, d'abord, un sujet de santé publique

 

L'heure n'est plus aux joutes idéologiques. Avant de s'afficher comme objet de polémique, le cannabis est, d'abord, un sujet de santé publique. Ses ravages chez les jeunes exigent une véritable politique nationale de prévention et de soins, à lancer sans plus attendre. Voilà pourquoi six grands noms de la psychiatrie et de la médecine poussent un cri d'alarme dans les colonnes de L'Express: Marcel Rufo, Marie Rose Moro, Michel Lejoyeux, William Lowenstein, Marie Choquet et Philippe Jeammet. Tous espèrent que leur appel sera entendu.

 

Source: https://www.lexpress.fr/actualite/societe/cannabis-le-cri-d-alarme-des-psys_1195259.html

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