Invité cheezo Posté(e) novembre 18, 2012 Partager Posté(e) novembre 18, 2012 Le collectif Tahiti Herb Culture puis le Tavini ont relancé le débat autour de la dépénalisation du cannabis. Mais si la vente et l’usage de cette plante sont interdits au Fenua, elle est omniprésente dans les quartiers de Tahiti et dans les îles. Il paraît qu’en Polynésie française, la vente et la consommation de « pakalolo » (cannabis, Ndlr) sont interdites. C’est en tout cas ce qu’indiquent les textes de loi. Mais la réalité semble toute autre. À Papeete, à Faa’a et ailleurs, les spots sont connus. Suffit de jeter un œil vers ces jeunes pour les entendre lancer « boîte, boîte ! » ou « stick, mille ». Lorsque les forces de l’ordre font une descente du côté de la stèle de Faa’a ou à Vaitavatava, « l’opération est rarement négative », raconte un responsable de la gendarmerie. Mais ces vendeurs sont là quasiment en permanence. « Le trafic existe depuis des années et des années. La lutte contre le trafic existe aussi depuis des années et des années. » Comme une histoire sans fin dans un pays tropical où le paka pousse comme de la mauvaise herbe. Omniprésence. Si cette plante est officiellement interdite, elle est omniprésente. Sur cette plage de sable blanc, déserte en pleine semaine, à Huahine, ce sont deux jeunes qui proposent le plus naturellement du monde du « bonbon » à des vacanciers. Sourire aux lèvres, ils n’ont pas l’air de réaliser l’interdit qui pèse sur leur action. C’est aussi ce guide touristique, sur l’île voisine de Raiatea, qui s’inquiète de ce « fléau » qui séduit les jeunes par son aspect festif et par l’argent rapidement gagné mais qui les éloigne d’un travail salarié régulier qui rapportera beaucoup moins. Crise. En 2011, le représentant Hiro Tefaarere avait estimé le trafic des stupéfiants à « au minimum 40 milliards de francs ». D’autres affirment que le paka serait la deuxième ressource de la Polynésie, après les dotations de l’État et avant le tourisme. Par définition, il est pratiquement impossible de déterminer combien rapporte ce marché de l’économie parallèle. Toujours est-il que ce marché très florissant rapporte beaucoup et fonctionne un peu comme d’autres secteurs, avec ses propres combines pour faire grimper les prix artificiellement. « On estime à 20 000 le nombre de personnes qui en vivent », explique Karl Tahiti, à la tête du collectif Tahiti Herb Culture (THC), sur le mode du « papa qui plante avec son fils et qui nourrit toute la famille ». La crise économique aidant, viennent s’ajouter ceux qui voient là une « roue de secours » et qui plantent « pour s’en sortir ». Ensuite, comme dans tout secteur économique, il y a le producteur, le grossiste et les détaillants. Ici, le schéma est le même : un planteur, un gros revendeur et ses « petits revendeurs » au bord des routes. Et c’est un trafic qui rapporte gros. Pour un gros revendeur, « c’est plus que le million par mois », calcule un connaisseur. Experts. Sur cette somme, il faut retrancher la part des « détaillants ». « La boîte, on la rachète à 3 000 francs », raconte l’un d’entre eux, avant de la revendre 5 000 francs minimum. « Hier, j’avais 200 sticks », confie-t-il encore. « Avant 13 heures, c’était tout parti. » Résultat, un bénéfice de 100 000 francs en une demi-journée et un week-end prolongé : « J’arrête de travailler aujourd’hui, je reprends la semaine prochaine. » On croirait entendre des spécialistes du commerce légal : ils parlent « d’adapter le produit » en temps de crise et d’un marché local « qui répond à la demande ». Ils racontent que l’année se découpe entre saison courte et saison longue. Les planteurs préfèrent planter en mars « pour que ça pousse plus vite ». Mais en réalité, « c’est une plante qui n’a pas de période. Elle produit tout au long de l’année. » Au fond, ils se voient comme un agriculteur comme un autre, avec les « bébêtes » à traiter et les voleurs à surveiller. Et comme dans tout autre secteur économique en Polynésie, ils reconnaissent que « c’est hyper cher ». Le prix de la boîte peut grimper en fonction de l’offre et de la pénurie. « Il n’y a jamais de pénurie, reconnaît ce revendeur. Mais des fois il y a la pénurie provoquée. » Explications : « Tout le stock, tu le jettes. Tu le jettes pour provoquer la pénurie. Et tu as un autre gros stock, plus gros que ce que tu jettes, et là tu le revends dix fois plus cher. » Comment lutter contre les dealers de paka ? Faut-il dépénaliser ou même légaliser la consommation et la vente de cannabis ? Le sujet agite la société polynésienne depuis que le Tavini a remis la question sur la table. Mais au-delà de la polémique politicienne, la législation sur les stupéfiants relève uniquement de la compétence de l’État. Et pour l’heure, ce débat a surtout la qualité pour le gouvernement de mettre un rideau de fumée sur des dossiers d’actualité comme l’élaboration du budget. Source: https://www.lnc.nc/article/pacifique/le-juteux-business-du-cannabis Lien à poster Partager sur d’autres sites
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