Sur le cannabis, l'éducation nationale "bricole un peu"


Invité cheezo

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On le sait : les "années collège" sont souvent celles de la découverte du cannabis. Pas sûr, pourtant, que les actions de prévention dans les établissements correspondent toujours aux besoins des élèves. Le ''couac'' du ministre de l'éducation nationale Vincent Peillon, qui avait estimé, le 14 octobre, que l'"interrogation" sur la dépénalisation du cannabis "méritait d'être menée", avant de faire marche arrière le lendemain, a agacé sur le terrain.

 

En classe, les professeurs jouent leur rôle de "vigie"... comme ils le peuvent. Certains confient "faire un peu l'autruche". Benjamin, qui enseigne en Seine-Saint-Denis, n'hésite pas, lui, à retenir l'élève qui lui semble "avoir les yeux rougis" après que la cloche a sonné. "Je lui parle de "consommation raisonnée". Je ne peux pas sermonner alors que tout le monde fume autour de lui", dit-il. Yannick, qui enseigne lui aussi dans le "9-3", affirme ne "pas connaître de politique précise de prévention contre le cannabis" dans son collège. "On n'a pas eu d'infirmier scolaire pendant deux ans..."

.Le rôle des infirmiers scolaires est central en matière de prévention des conduites addictives - alors même qu'ils sont, hors grandes villes, souvent à cheval sur deux ou trois établissements. "On fait de notre mieux, témoigne Brigitte Accart, infirmière à mi-temps dans un petit collège du Val-d'Oise, et secrétaire générale du SNIES-UNSA. Les élèves viennent assez spontanément nous parler. Ils savent qu'on est tenus par le secret professionnel. Mais le cannabis au collège, c'est plutôt un secret de polichinelle !"

 

"Ils nous confient leurs problèmes de sommeil, de concentration, ajoute Béatrice Gaultier, du SNICS-FSU. A nous de saisir la perche et d'élargir le propos aux drogues, sans être dans une posture moralisante ni se laisser enfermer dans le débat sur la dépénalisation, dont ils sont tous très friands."

La prévention en collège-lycée est une "démarche collective", rappelle-t-on au ministère de l'éducation, "impliquant les enseignants, notamment ceux de biologie, de sport ou de physique-chimie, mais aussi le chef d'établissement, le conseiller principal d'éducation, l'infirmière scolaire, l'assistante sociale... pratiquement tous les personnels, en somme".

DÈS LE PRIMAIRE

Le code de l'éducation dispose qu'une information sur les drogues, notamment le cannabis, soit délivrée dans le second degré au moins une fois par an et par niveau. Plus de 9 établissements sur 10 le font, en 4e mais surtout en 3e, assure la Rue de Grenelle. Un guide d'intervention pour les élèves du second degré a été diffusé, et un autre à destination des enseignants du primaire sera "bientôt disponible", pointe le ministère.

C'est au sein du Comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté, présent dans chaque établissement, qu'est défini un "programme d'éducation à la santé". "C'est là où le bât blesse", explique Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, le principal syndicat des chefs d'établissement : "Les besoins des élèves sont variés, et leur évaluation n'échappe pas à des effets de mode." Ces dernières années, les lycées mais aussi les collèges ont plutôt misé sur l'éducation à la sexualité et les dangers de l'alcool que sur le cannabis, estime M. Tournier. "Il n'y a pas de budget fléché, dit-il. C'est à l'établissement de décider de la somme qu'il souhaite, dans son budget propre, allouer à cela."

"On bricole un peu, lâche Christian Chevalier, du syndicat d'enseignants SE-UNSA. On peut vouloir faire une politique de prévention avec de hautes ambitions, des associations qui viennent parler des risques du cannabis, des policiers pour expliquer la loi, des avocats pour parler du droit, si cela ne correspond pas aux besoins des élèves, ça ne fonctionne pas."

En dépit des efforts, l'éducation nationale fait fausse route, estime le professeur Daniel Bailly, pédopsychiatre. "L'idée qui prévaut, c'est que si l'on informe les jeunes des dangers, ils vont pouvoir développer un état de défense par rapport aux substances. C'est oublier qu'ils en savent souvent plus que les adultes sur le sujet ! Toutes les enquêtes ont montré que ce n'est pas la connaissance intellectuelle des choses qui modifie les comportements." Sa solution ? Intervenir plus tôt - dès l'entrée en primaire, comme cela peut se faire dans les pays anglo-saxons ou scandinaves -, agir sur l'estime de soi et sur la gestion du stress, impliquer les parents, améliorer formation et pratiques des enseignants... Vaste chantier.

 

 

Source: https://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2012/11/15/sur-le-cannabis-l-education-nationale-bricole-un-peu_1791271_1473688.html

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bonjour,

ça fait un moment que l'Education galère avec les infos sur les drogues. Comme je n'ai rien d'autres a faire et que ça peut amuser quelques uns, j'ai une anecdote rigolote: Il y a 20 ans, j'étais prof en lycée. (on a le droit de faire des erreurs!). Alors que je passe a coté de la "zone fumeur" qui a sociabilisé des générations de lycéens avant les interdictions, (vous vous rendez compte que j'ai connu une période où on fumait dans les salles de classes?!), je perçois une odeur caractéristique. J'étais jeune prof, bouffi de ma mission éducative, et plutot que faire semblant de rien voir, j'interviens. J'en vois un qui cache sa main dans son dos, je fais mes gros yeux, et il me tend une savonette ce con là! (100gr je crois?). J'ai eu un moment de vertige, car si j'assumais mon intervention, il était viré. J'ai donc décidé de jeter le morceau dans ce qu'ils croyaient tous être les égouts (mais je savais bien que c'était un soupirail accédant à une cave dont moi seul avait les clés!). En concertation avec le directeur, j'ai fait intervenir de gentils gendarmes sur les drogues. Bla-bla pendant 2 heures, avec échantillons. Peu après, le gendarme m'a avoué qu'ils s'étaient fait piquer les échantillons de shit et beuh.

Je lui ai proposé de revenir quand il veut!

Entre la bac qui deale et les gendarmes qui font des distributions gratos, moi je dis: vive la prohibition!

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