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Cultivateurs en herbe

Publié le dimanche 14 octobre 2012 à 15H27

DROGUE. Les fumeurs de cannabis sont nombreux à faire pousser leur propre herbe chez eux. En attendant un éventuel assouplissement de la loi.

 

 

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Michel, atteint d'une hépatite, cultive des plants de cannabis chez lui et fume pour soulager les douleurs consécutives à son traitement

 

Ils seraient près de 200 000 en France. 200 000 fumeurs qui ont choisi de cultiver leur propre cannabis chez eux. « Je fume et je ne veux pas avoir affaire aux dealers », explique Jules, un Rouennais qui bichonne ses quelques plants dans son appartement. « Je suis sûr d'avoir toujours ce qu'il me faut, je ne galère pas pour en trouver, je n'ai pas affaire à des voyous et ça me coûte moins cher ». Jules n'a rien de l'ado rebelle qui prend autant de plaisir à braver l'interdit qu'à fumer un pétard. Quinquagénaire, cet intermittent du spectacle, bien installé dans la vie, a arrêté quand ses enfants ont grandi. « Pour éviter les questions gênantes ». Depuis qu'ils sont partis, il s'est relancé dans le jardinage. « J'ai acheté une lampe et une boîte spéciale, de la taille d'une penderie en plastique (l'intérieur est en mylar, une matière réfléchissante) sur un site, des graines sur un autre site, le tout en Hollande ». L'investissement, environ 1.000 euros, est amorti dès la première récolte. « J'en fais une tous les trois mois, qui me fournit une centaine de grammes d'herbe sèche. Cela me suffit largement, je suis un petit fumeur, un joint par jour en moyenne. Et l'herbe que je produis se deale 10 euros le gramme à Rouen, certainement 15 à Paris ». Et si les graines coûtent cher, 120 à 140 € les 10, il contourne la difficulté en bouturant. En cultivant lui-même, Jules est certain de la qualité de son herbe. Sur ce point, il rejoint le commissaire Christophe Bellini : « La résine qu'on achète dans la rue est souvent agglomérée avec des choses pas très saines », explique le policier. « Ce qui ne veut pas dire que le produit d'origine est sain », s'empresse-t-il d'ajouter.

 

 

 

 

Police et gendarmerie découvrent régulièrement des plantations, devenues plus accessibles depuis qu'on trouve matériel et graines sur des sites internet spécialisés. « Cela va de quelques plants pour la consommation personnelle, à des champs plus importants ». Fin septembre, la police du Havre a détruit plus de 200 plants qui poussaient sur un terrain en friche près Etretat. Onze personnes ont été placées en garde à vue. Début octobre, les gendarmes d'Ecos (Eure) sont tombés sur des plants dans le cadre d'une opération de démantèlement d'un trafic. Ces cultivateurs en font le commerce. « Mais il est fréquent que ceux qui cultivent pour leur consommation personnelle dépannent aussi les copains », fait remarquer le commissaire. Et la cession est beaucoup plus mal vue par les tribunaux... Au-delà de toutes ces considérations, Jules assure qu'il éprouve aussi « de la satisfaction de voir pousser ses plants. Je cultivais des orchidées avant, j'étais content de les voir fleurir ». Et si le mythe de l'escalade reste du « bidon » conclut-il, « il ne faut pas croire que l'herbe est inoffensive. Mais elle nécessite un apprentissage, comme l'alcool. Plus tôt elle sera accessible à tout le monde, mieux ça vaudra ». Ça se discute. En tout cas, pas sûr que la dépénalisation du cannabis figure parmi les priorités du gouvernement...

 

 

« Fumer pour soulager la douleur »

 

 

 

Utiliser le cannabis pour soulager la douleur ? Dans la banlieue rouennaise, Michel, la cinquantaine, n'a pas attendu une éventuelle avancée de la législation (*) pour se soigner.

« Je souffre d'une hépatite, explique-t-il, et les traitements, lourds, ont des effets secondaires, comme des maux de tête, contre lesquels l'aspirine ou le paracétamol ne peuvent rien ». Depuis quelques années, il cultive ses propres plants de cannabis. « J'avais commencé à en acheter, mais je ne savais jamais sur quoi je tombais ». Il fume tous les jours, plutôt le soir, plus quand il est sous traitement, et cela le soulage. « Je ne fais bien entendu pas de trafic, mais j'ai le sentiment de prendre autant de risque que celui qui en vend ».

Aujourd'hui, Michel aurait du mal à s'en passer, « à moins qu'on invente un médicament plus fort », et avoue quelques pertes de mémoire instantanée.

 

 

(*) Vendredi prochain, le Parlement européen accueille un colloque sur les utilisations thérapeutiques des cannabinoïdes. Plusieurs états (Canada, Grande-Bretagne, Pays-Bas, certains états des Etats-Unis) se sont laissés convaincre par l'utilisation du cannabis thérapeutique. De son côté, le député PS Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur, s'apprête à intervenir au congrès de son parti, du 26 au 28 octobre à Toulouse, pour défendre la légalisation du cannabis à usage thérapeutique.

 

 

Pour mieux comprendre

1,2 million

Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, c'est le nombre de consommateurs réguliers (au moins dix consommations de cannabis dans l'année). Ce chiffre est resté stable entre 2005 et 2010.

 

- 2 %

 

En 2010, les interpellations pour usage de cannabis étaient en baisse par rapport à 2009, mais elles représentent toujours 90 % des interpellations pour usage de stupéfiants.

 

Associations

 

Il existe 150 Cannabis social club (CSC) en France. Ce sont des associations autogérées de consommateurs qui ont décidé de se regrouper pour planter et partager une récolte.

 

Le 1er décembre

 

sera organisée une assemblée générale de tous les CSC de France. Les adhérents réfléchiront à la possibilité de se déclarer comme consommateurs en préfecture pour voir quelle sera la réponse des pouvoirs publics...

 

222-35

 

C'est l'article du Code péna qui stipule que la production illicite de cannabis est punie de vingt de prison et 750.000 euros d'amende. Gilles Lamy

 

 

sources:journal paris normandie

Modifié par freeman54
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