[politique] PS : le cannabis de la discorde


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CANNABIS. La question de la dépénalisation est-elle un facteur de division supplémentaire au PS ? Même pas : les candidats à la primaire sont tous d'accord pour s'opposer à sa dépénalisation ! Tous, sauf un...

 

Les socialistes, paraphrasant Jean-Paul Sartre sur le communisme, auraient pu déclarer, d'une seule et même voix : "Le cannabis est l'horizon indépassable de notre temps", tant il agite depuis des mois les débats internes au Parti socialiste. Tout ça à cause de qui ? D'un certain Pierre Kopp, économiste de formation, qui a récemment déclaré, lors d'une interview au Monde, que légaliser le cannabis rapporterait à l'État la rondelette somme d'un milliard d'euros. De quoi redonner du baume au cœur à toute la classe politique, dans un contexte de crise qui n'arrange personne.

 

Il n'en fallait donc pas moins pour que la sphère politique s'agite, faisant feu de tout bois, tentant de récupérer le sujet et d'affirmer des opinions qui sont pour le moins divergentes. De la légalisation totale chère aux Verts, à la "légalisation contrôlée" de Daniel Vaillant, en passant par les refus nets de Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal de dépénaliser la substance préférée de Baudelaire et Théophile Gautier (et Cocteau, et Picasso, et Apollinaire...), il semblerait bien que le débat dure longtemps, longtemps... jusqu'en 2012, où tous nos candidats vont en faire, on pourrait le croire, l'un de leurs principaux thèmes de campagne.

 

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Mais intéressons-nous de manière plus ciblée à ce bal des déclarations de candidats aux primaires.

 

En premier lieu, nous retrouvons Manuel Valls et Arnaud Montebourg, ces têtes brûlées des instances du parti, refusant catégoriquement une éventuelle dépénalisation. Même avis pour Martine Aubry, mais aussi pour Ségolène Royal qui se déclarait pourtant "ouverte au débat" il y a quelques mois.

 

Et puis, François Hollande, qui, selon certains observateurs, incarnerait beaucoup plus cette fameuse "stature" de présidentiable. Ancien gouvernant d'un parti de socialistes "ingouvernables" (Mitterrand), élu d'une terre corrézienne où il a beaucoup œuvré pour faire oublier bon nombre d'années de Chiraquie, François Hollande, donc, a un avis plus nuancé, plus distancié, plus "présidentiel" sur le sujet, force est de le constater.

 

En effet, François Hollande souhaite une "réflexion européenne sur le sujet", avant de poursuivre sur France Soir, déclarant désirer "réunir une commission à l'échelle de l'Europe, comme celle qui vient d'avoir lieu aux États-Unis. Le Portugal est dans la dépénalisation, mais pas tout à fait dans la légalisation. Ça mérite qu'on regarde ce qui se passe au Portugal. Ça mérite qu'on fasse une proposition pour l'Europe entière."

 

Certains ont choisi le discours radical, le refus clair, sans équivoque. Loin de vouloir la négociation ou de regarder les choses de manière distanciées, ils ont pris le parti de l'opinion. Refus de la légalisation. Une position facile, confortable, rassurante, que beaucoup de candidats ont pris, certes, mais qui aura au moins le mérite d'être franche.

 

Petit rappel de l'histoire. Dans l'émission "Cartes sur Table" d'Antenne 2 (l'ancêtre de France 2) en 1981, interrogé par Elkabbach et Duhamel sur sa position quant à l'abolition de la peine de mort en France, François Mitterrand, avec toute la stature presque monarchique qu'il convient d'avoir dans de telles prises de position, et malgré une opinion défavorable à cette cause, prenant le risque de jouer son élection, se prononce clairement contre la peine de mort, convoquant quelques raisons divines et sociales dont lui seul a le secret.

 

Sur ce coup, François Hollande sent l'Élysée à plein nez. En ce sens, il s'est prononcé de manière plus nuancée : le jeu de la solitude face à des éléphants tous d'accord sur le sujet. François Hollande fait désormais cavalier seul, les yeux embués, certain de tout faire pour réveiller le grand monarque de gauche qui, il y a des décennies, était lui aussi seul contre tous.

Il lui reste désormais à rester éloigné des odeurs nauséabondes du scandale – celui de son audience dans l'affaire Tristane Banon, qui lentement s'enfonce dans les sables mouvants de l'actualité.

 

Source: Le Nouvel Obs

 

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