Réduire les dommages, objectif prioritaire des addictologues


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La Fédération française d'addictologie (FFA) a présenté jeudi, en pleine polémique sur une dépénalisation du cannabis, cent propositions "pour réduire les dommages des addictions", réunies dans un "Livre blanc", et réclamé la préparation d'une loi "addiction".

 

La loi de 1970, qui a créé la notion juridique d'"usage illicite de stupéfiants", "reste le socle législatif organisant la répression et les soins des +toxicomanes+. Elle est pourtant dépassée dans ses conceptions et de plus en plus inadaptée aux consommations actuelles", souligne la FFA.

 

Le "Livre blanc de l'addictologie" dresse le bilan du plan national addictions 2007-2011 et rassemble une palette de propositions dont "l'objectif principal est de réduire, avec des méthodes qui ont fait la preuve de leur efficacité, les dommages liés aux addictions", a dit à l'AFP le Pr Michel Reynaud, vice-président de la FFA.

 

Interrogé sur une dépénalisation du cannabis, réclamée par plusieurs élus mais rejetée par plusieurs ministres, le Pr Reynaud s'est prononcé "pour un débat dépassionné, après la présidentielle, et un débat scientifique".

 

"L'abord légal-illégal est dépassé, parce que on ne peut pas limiter la toxicité d'un produit au fait qu'il est illégal", a-t-il estimé, soulignant que "les pires des toxiques sont les toxiques légaux", l'alcool et le tabac.

 

"Donc il doit y avoir un abord un peu plus intelligent et des mesures un petit peu plus pragmatiques", a déclaré le psychiatre, responsable de l'Albatros (Centre d'enseignement, de recherche et de traitement des addictions, hôpital Paul Brousse, AP-HP), réclamant que "la consommation privée ne soit plus criminalisée".

 

Quant aux "salles de consommation à moindre risque", autre sujet hautement polémique, le Pr Reynaud a estimé que "le débat s'est mal engagé". "Il aurait mieux valu l'engager sur les salles d'héroïne médicalisée, qui sont, sans aucun doute possible, efficaces".

 

Pour la FFA, il est "illusoire, voire dangereux, de vouloir faire disparaître" les consommations de drogues et les pratiques liées à la recherche de plaisir, "intrinsèques à l'existence humaine".

 

Pour les addictologues, il faut aussi tenir compte du fait que "nous vivons désormais dans une société +addictogène+ incitant à toutes les consommations et/ou la recherche du plaisir individuel".

 

"On n'est plus en 70 à lutter contre l'alcoolisme et la toxicomanie, fléaux sociaux, on est en 2011 à essayer de modifier les comportements addictifs, à essayer de les réguler et de les prévenir", a dit le Pr Reynaud.

 

La FFA souhaite d'abord "finir le plan addiction 2007-2011, qui est en bout de course, parce qu'il n'y a plus de soutien présidentiel", et dont elle dresse un bilan mitigé.

 

Le plan a permis "de débuter la réorgarnisation" de la prise en charge des addictions à l'hôpital, mais seule la moitié des structures pour les soins complexes qui étaient pévues ont été développées, selon ce bilan.

 

Il a permis "l'officialisation des Centres de soins, d?accompagnement et de prévention en addictologie, et de l'addictologie médico-sociale, mais avec peu de moyens".

 

Enfin, "l'échec est patent pour la politique d'enseignement et de recherche".

 

"Il reste beaucoup de questions à traiter", a estimé le Pr Reynaud, citant le repérage précoce, "qui va avec la prise en charge des adolescents et constitue un enjeu majeur", l'amélioration de la prise en charge des troubles alimentaires et des nouvelles addictions, et notamment du jeu.

 

Autre "vrai chantier", selon le psychiatre, les rapports entre psychiatrie et addictologie, "entre troubles psychiatriques et addictions".

 

[source AFP]

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