Cannabis : pour une "clean attitude", par jean-claude gabilan


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Dans le dossier qu'il publie dans Le Monde du 2 avril 2010, concernant le trafic de drogues dans les cités, Luc Bronner conclut au mauvais bilan du tout-répressif et fait état de la position du maire de Sevran, Stéphane Gattignon, qui se dit favorable à la dépénalisation du cannabis pour réduire les trafics. Dans le livre La Loi du ghetto, qu'il vient de publier, chapitre "Le bizness", page 76, Luc Bronner mentionne par ailleurs que le poids du marché du cannabis en France est estimé entre 746 et 832 millions d'euros par an. Ces millions d'euros sont – inégalement – distribués à la population des cités qui assurent la vente des différentes marchandises illicites. Une importante part de cette population ne peut que subsister avec les diverses aides sociales qu'elle reçoit et tente de vivre en recourant à l'économie parallèle.

 

[source=https://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/04/20/cannabis-pour-une-clean-attitude-par-jean-claude-gabilan_1340106_3232.html]le monde[/source]

 

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En France, le poids du cannabis est estimé entre 746 et 832 millions d'euros.

 

 

 

Ce marché parallèle est essentiellement alimenté par la vente des drogues, et surtout du cannabis. Nombre d'élus, de journalistes, de policiers estiment que les quartiers s'effondreraient s'il n'existait pas d'économie parallèle. Une réflexion pragmatique à partir de ces données montre la difficulté, et même l'impossibilité, de lutter contre cette économie parallèle, au risque d'une mise à feu et à sang des quartiers dans un réflexe désespéré de survie. En particulier, si l'on compare la manne que représente le cannabis ( 800 millions environ d'euros par an ) aux 500 millions d'euros alloués à Fadala Amara sur plusieurs années pour sa politique de la ville, dont on comprend mieux l'échec.

 

D'où la proposition du maire de Sevran, Stéphane Gattignon, de décriminaliser le marché du cannabis en en dépénalisant l'usage pour, en particulier, lutter contre la guerre entre les trafiquants à l'origine de morts violentes chaque année dans sa ville, que Luc Bronner répertorie par ailleurs, dans son livre. Stéphane Gatignon conclut : il faut que l'on ose aborder le sujet parce que l'on est aujourd'hui dans l'hypocrisie complète.

 

Ce problème est effectivement actuellement tabou, depuis de nombreuses années , depuis que la commission Henrion, nommée en mars 1994 par Simone Veil, ministre des affaires sociales, pour l'actualisation de la loi du 31 décembre 1970 sur les stupéfiants, a remis ses conclusions : le cannabis et ses dérivés sont classés parmi les drogues les moins dangereuses ; à une voix près (9 sur 17) s'est dégagée une majorité favorable à la dépénalisation de son usage et de sa possession en petite quantité. Les neuf proposaient l'interdiction de fumer avant l'âge de 16 ans en raison de la démotivation et de la désocialisation que cela peut provoquer, l'interdiction de fumer dans les lieux publics, l'interdiction du cannabis également dans les métiers dits de sécurité, avec, par ailleurs, la création d'un délit de conduite sous l'emprise du cannabis. S'il n'existait aucune aggravation dans un délai de deux ans après la dépénalisation, une véritable réglementation du commerce avec contrôle strict de l'Etat pourrait être envisagée .

 

Les conclusions de la commission Henrion ont été écartées au prétexte qu'elles n'avaient eu qu'une seule voix de majorité. La crainte d'un assouplissement de la réglementation concernant le cannabis était à l'époque alimentée par l'affirmation de l'augmentation de la consommation du cannabis qu'elle entraînerait certainement. Or plusieurs études publiées récemment dans des revues scientifiques ont montré depuis "qu'il n'existe pas un lien systématique entre la politique en matière de drogues et le taux de prévalence en ce qui concerne le cannabis".

 

Par ailleurs, parmi les nations présentant les politiques les plus répressives en matière d'usage de stupéfiants, le niveau de consommation du cannabis apparaît particulièrement élevé en France (usage au cours du mois pour les 15- 24 ans : 19,8 % ) alors qu'à l'opposé les Pays-Bas occupent une place médiane (12,2 %). Rappelons qu'aux Pays-Bas la vente du cannabis est licite et règlementée… La lecture des statistique permet de dégager l'idée force que, plus que la législation ce sont les réseaux de relations nouées entre les jeunes qui déterminent le choix de consommation du cannabis dans la mesure où les pratiques d'un adolescent s'avèrent très proches de ses pairs.

 

C'est sur cette représentation de l'usage du cannabis qu'il apparaît surtout utile de jouer. Une proposition en ce sens pourrait être la promotion d'une "clean attitude" , d'un comportement non pollué, à l'égard de l'alcool, du tabac et du cannabis, dont des groupes de jeunes pourraient certainement être promoteurs ( jeunes sportifs et leur encadrement, scolaire, associatif ; jeunes engagés dans le scoutisme, dans le service civique, dans des actions sociales, humanitaires, syndicales, politiques…). Un relais dans la promotion de cette éthique devrait être pris par les médias, dont l'influence n'est plus à démontrer !

 

Quant à une éventuelle décision de "véritable réglementation du commerce du cannabis avec contrôle strict de l'Etat", il apparaît qu'elle rencontrerait de nombreux obstacles :

 

- psychologiques au niveau de la société française, qui n'a pas été amenée à une réflexion pragmatique à ce sujet, entre autres par les médias ;

 

- pratiques dans les modalités de la réglementation et de la vente, particulièrement complexes, dans l'expérience hollandaise par exemple…

 

Mais est-ce une justification de la "politique" de fuite en avant actuelle ? Ne serait-il pas utile qu'un dossier faisant état de ces informations, et menant la réflexion pragmatique sur le sujet qui s'impose, soit publié dans Le Monde, un dossier équilibré et argumenté du type "Contre-Enquête" ?

 

Jean-Claude Gabilan est professeur émérite de pédiatrie.

 

 

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Bonjour !

 

 

Merci pour l'info CSY , ça bouge quand même pas mal en ce moment et les articles se multiplient c'est déjà un bon point de dépasser le tabou ;-)

 

 

Ce qui m'interpelle dans tout ces articles c'est l'absence de propos sur la culture pour consommation perso car à vrai dire c'est surtout cela qui nous intéresse :-)

 

 

Enfin bon , je ne pense pas que le changement soit pour demain mais si là haut ils commencent à y penser et en parler c'est déjà ça !

 

Bonne soirée

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Yop,

 

Je suis pas vraiment d'accord avec ce point :

 

Ce marché parallèle est essentiellement alimenté par la vente des drogues, et surtout du cannabis. Nombre d'élus, de journalistes, de policiers estiment que les quartiers s'effondreraient s'il n'existait pas d'économie parallèle.

 

Si le cannais est légalisé d'une part les dealeurs arriverait encore à tirer leur épingle du jeu avec le canna mais surtout ils passerait à des substances plus fortes

 

Il suffit simplement de voir l'exemple de la Hollande

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Bonjour a tous

 

C'est surprenant comme quoi il y a des gens au gouvernement qui sont prêt a faire ce changement et a quel point on les met sur le banc de touche limite pour hérésie

 

Sinon , c'est vrai qu'en ce moment les articles se multiplient et les saisies records aussi :roll:

 

Enfin ; ne rêvons pas , c'est pas pour demain tout ça

 

Bye

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Ouais enfin si tant de dealers vendent tout genre de substances c'est parce que la demande suit (à cause des mœurs, mais aussi du narco-tourisme engendré par la prohibition quasi universelle de notre très chère substance...). Je vois pas de relations entre l'interdiction du cannabis et sa consommation plus ou moins élevée, tout comme je ne vois pas de relations entre cette consommation et celle qui pourrait survenir d'autres stupéfiants, moins "doux".

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Si le cannais est légalisé d'une part les dealeurs arriverait encore à tirer leur épingle du jeu avec le canna mais surtout ils passerait à des substances plus fortes

malheureusement c'est possible...

a ce propos je regarde "les infiltrés" sur les drogues, on se rend compte que finalement le cannabis ne suffit plus aux jeunes, ils passent assez souvent à du plus "fort"... bref

 

C'est quand même très compliqué de dépénaliser au légaliser le cannabis, c'est un peu le chien qui se mord la queue...il faudrait que l'état contrôle une vente de qualité, mais à ce moment, ca ne changera pas le fait que certaines personnes pourront faire des cultures et vendre leur cam qui sera d'aussi bonne qualité (sans les taxes donc moins cher...)

 

Bref c'est très compliqué mais de toute manière je pense qu'on ne pourra pas faire pire qu'actuellement au niveau des drogues en france (alcool compris).

(alors les politiciens ne tentent pas le risque d'une politique qui leur fera perdre une grande partie de leur électorat pour 2012)

 

Ce qu'on voudrait tous ici, c'est un assouplissement pour celui qui fait sa petite culture, afin de ne plus le prendre pour un criminel ou un futur poids pour la Sécu ! (car le cannabis , même si il présente des risques surtout avec le tabac, est loin d'être la substance la plus dangereuse , alcool compris )

 

Je pense tout de même que la "merde" qu'on peut trouver dans le shit est le plus grand danger, pour éviter cela, une vente contrôlée pourrait être plus judicieuse pour la santé du nombre important de consommateurs !

 

au passage, merci CSY pour l'info ;-)

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Salut,

 

 

Si le cannais est légalisé d'une part les dealeurs arriverait encore à tirer leur épingle du jeu avec le canna mais surtout ils passerait à des substances plus fortes

 

Il suffit simplement de voir l'exemple de la Hollande

 

Seulement l'exemple de la Hollande il n'est pas aussi simple qu'on le croit, ils n'ont fait que dépénaliser, la production est toujours illégale, et ils sont entourés de pays qui les alimentent en narco-touristes.

 

Par ailleurs le fait de légaliser le cannabis permettrai de focaliser les moyens répressifs sur le traffic des drogues dures, plutôt que de voir la police traquer le moindre pétard.

 

 

++

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C'est vrai que je me suis peut-être avancé un peut trop vite, enfaite ce que j'essayais de mettre en avant comme idée c'était le fait que en Hollande du fait que l'on peut se procurer du cannabis très facilement les dealeurs sont passé à des produits plus forts mais je ne connais pas suffisamment l'histoire du pays pour savoir si les drogues "dures" ont toujours été aussi présente dans le passé que maintenant

a ce propos je regarde "les infiltrés" sur les drogues, on se rend compte que finalement le cannabis ne suffit plus aux jeunes, ils passent assez souvent à du plus "fort"... bref

 

Je peut te dire que là ou je suis (en france hein) la coke & l'ecsta se sont popularisé à vitesse grand V et ceux même dans les lycées (le collège pas encore mais je suis sur qu'un jour si sa ne change pas on y arrivera...), le problème c'est que c'est devenu un problème de santé publique car la demande est de plus en plus forte et les dealeurs hésite pas à couper à n'importe quoi leurs produits... sans parler des soucis d'addiction à la coke >.<

 

C'est pour sa VOTER et parler en autour de vous !

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