Les parlementaires italiens, tous dopés?


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L'Observatoire européen sur les drogues a publié il y a peu son rapport annuel, déroulant chiffres et statistiques sur la consommation de stupéfiants en 2008 dans les différents pays européens. Les journaux transalpins se sont faits immédiatement l'écho de la place occupée par l'Italie dans le "palmarès" européen: parmi les 15-64 ans, elle se retrouve au premier rang pour la consommation de cannabis (la France est au 4ème) et en troisième place pour celle de cocaïne, juste derrière l'Espagne et le Royaume Uni.

 

J'avais lu récemment dans un quotidien que les forces de police, qui ciblent régulièrement les centaines d'hectares de cannabis que l'on trouve en Sicile et dans le Sud de l'Italie, gérées par la "criminalité organisée" (prise record il y a deux ans en Sicile de 1.200.000 plants en une seule fois!), pratiquent aussi de plus en plus de saisies "domiciliaires". Apparemment de nombreux jardins et balcons italiens, traditionnellement couverts d’une végétation magnifique et très luxuriante, sont souvent mis à contribution par les jardiniers "en herbe", pour y faire pousser leur propre production de marie-jeanne entre basilic, geraniums ou rosiers. Mais ils risquent gros...

 

Depuis début 2009, les policiers sont intervenus près de 2000 fois dans les habitations et ont saisi plus de 87.000 plantes. Un père de famille de la région de Turin a accueilli les policiers en sauveurs ("ah ben, il était temps!") en leur racontant qu’il en avait marre que ses fils abiment son potager avec leurs plantes géantes. Depuis 2006, la loi italienne ne fait plus la distinction entre drogues dures et légères et assimile désormais la possession de drogue à du trafic, au-delà d'une certaine quantité déterminée par décret. Pour le cannabis, le seuil pour "l'usage personnel" est de 500 mg et la possession de cette quantité est punie de sanctions administratives comme la suspension du permis de conduire et/ou des travaux d'intérêt général.

 

Au-dessus du seuil, pour le "dealer" présumé, la peine prévue est de 6 à 20 ans de prison et 26.000 à 260.000 € d'amende et une seule plante peut suffire pour caractériser le délit, selon un récent arrêt de la Cour de Cassation de 2008, quel que soit l'usage qui en soit fait.

 

Quant à la cocaïne, elle apparaît comme une substance très "prisée", toutes classes sociales et tous métiers confondus. La Lombardie et Milan sont en tête du classement transalpin et les addiction centers (en italien dans le texte) réservés aux cocaïnomanes commencent à y pousser comme des champignons…

 

Mais à leur décharge, les consommateurs italiens ont un bel exemple: leurs parlementaires.

En 2008, l’austère et très catholique Monsieur anti-drogue, sous-secrétaire à la Présidence du Conseil des Ministres, Carlo Giovanardi, à l’occasion de la présentation du rapport sur les toxicomanies en 2007, reconnaissait l’air un peu peiné, qu’au Parlement italien, "il y a de la cocaïne, ne pas le dire serait nier la réalité…". En effet, en 2006, une célèbre et irrévérencieuse émission émission de télé, "Le Iene", avait effectué un test (échantillons de sueur) sur 50 députés et 16 sénateurs pris au hasard; un tiers s'est révélé positif à la cocaïne (4) et au cannabis (12). Mais le reportage avait été censuré et les auteurs de l’émission ont été condamnés pour "nuisance à l’image publique de l’institution parlementaire". Mais comme nul n’est prophète en son pays, en fait, les Iene avaient juste un peu d’avance…

 

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En effet, depuis peu, sur l'initiative du ministre de la Défense, Ignazio La Russa, avec le soutien actif de Carlo Giovanardi, un "narcotest" est désormais proposé aux parlementaires italiens! Ce test "anti-doping" reste cependant facultatif, vu que seuls les parlementaires se portant volontaires s'y soumettront. Le test décèlera la présence de ccaïne, cannabis, amphétamines et héroïne. Les échantillons restent anonymes et le test s’effectue en présence de témoins "oculaires" (la confiance règne!), pour éviter toute substitution d'échantillons. Le tout pour démontrer que le Parlement n’est pas "une fumerie d’opium" (toujours selon Giovanardi) mais aucun nom de "coupable" ne sera bien entendu révélé en cas d’analyse positive. Pour l'instant, les clients abondent et se font photographier et filmer à tout va.

 

Gianni Alemanno, le maire de Rome, n'est pas en reste et a proposé un test similaire pour les conseillers municipaux, , expliquant que ceux qui ont des mandats publics se doivent d’être "lucides" et en "pleine possession de leurs moyens"…

 

Il est vrai que depuis quelques années, les Italiens découvrent que la cocaïne semble être très appréciée de bon nombre de leurs hommes politiques. En 2003, à l'occasion de l'opération policière "Cleopatra" (tout un programme), on apprenait qu'un sénateur (né en 1920!), ex démocrate chrétien et ancien ex président du conseil, Emilio Colombo, envoyait son chauffeur en voiture de fonction pour aller acheter ses doses de cocaine, consommées "dans un but purement thérapeutique" (!) selon lui.

 

Un député du parti catholique de centre droit, l’UDC, Cosimo Mele, ardent défenseur des valeurs familiales, s’est ensuite fait pincer en 2007 dans un hotel, avec prostituées et rails de cocaine à la clé. Et le mois dernier, le scandale provoqué par la "mésaventure" du gouverneur du Lazio (de gauche) Piero Marrazzo, qui a annoncé fissa sa démission après avoir été filmé par des carabinieri ripoux en galante compagnie transsexuelle et en présence d’une embarrassante poudre blanche, a rappelé encore une fois la présence récurrente de la cocaïne dans tout bon scandale politique qui se respecte.

 

Certains ont déjà dénoncé les tests anti-drogue comme de la pure démagogie, un simple coup de pub et une énième "atteinte à la vie privée" des hommes politiques, émettant des doutes quant à la véritable efficacité d’un test anonyme et facultatif sur l'amélioration des moeurs des représentants du peuple. Les Italiens n'ont en effet peut-être pas tort de constater un certain décalage envers le comportement de leurs représentants, leurs discours officiels et les lois qu'ils votent....

 

PS: l'extradition de Cesare Battisti a été autorisée hier par la Cour Suprême brésilienne (mais il manque encore la signature de Lula sur le décret d'extradition)...J'ai "résumé" son parcours judiciaire dans un post précédent.

 

 

Source: https://andiamo.blogs.liberation.fr/mongin/2009/11/d.html

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Salut CSY,

 

Certains ont déjà dénoncé les tests anti-drogue comme de la pure démagogie, un simple coup de pub et une énième "atteinte à la vie privée" des hommes politiques, émettant des doutes quant à la véritable efficacité d’un test anonyme et facultatif sur l'amélioration des moeurs des représentants du peuple.

 

c'est marrant quand même de constater que pour les élus italiens les tests anti-drogues sont une atteinte à la vie privé, tandis que chez nous Sarko les a autorisés pour le peuple français. A quand des contrôles pour nos élus?

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Salut CSY' date='

 

Certains ont déjà dénoncé les tests anti-drogue comme de la pure démagogie, un simple coup de pub et une énième "atteinte à la vie privée" des hommes politiques, émettant des doutes quant à la véritable efficacité d’un test anonyme et facultatif sur l'amélioration des moeurs des représentants du peuple.

 

c'est marrant quand même de constater que pour les élus italiens les tests anti-drogues sont une atteinte à la vie privé, tandis que chez nous Sarko les a autorisés pour le peuple français. A quand des contrôles pour nos élus?

 

 

+ 4000 ^^

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