Les Contes Chanvrés
L’oiseau de Saint-Martin
Les paysans d’autrefois avaient recours à des pratiques magico-religieuses pour protéger leurs cultures. Les producteurs de chanvre n’échappaient pas à la règle, c’est ce que nous apprend Arnold van Gennep dans son “Manuel du folklore français contemporain” (tome I, édition Picard, Paris 1982, pp 2728 et suiv.).
Ainsi, pour obtenir des plants d’une certaine hauteur, ils s’adonnaient à des danses (partiellement sautées) pendant la période du Carnaval. L’agriculteur plantait dans ses chènevières de petites croix (surtout de noisetier) afin d’attirer la bénédiction du ciel. Pour accroître leur pouvoir, il les passait dans la fumée du bûcher de la Saint-Jean. En Normandie, le cultivateur de chanvre laissait dans son champ une touffe destinée à l’oiseau de Saint-Martin. C’était un don, une offrande pour se concilier les Puissances Célestes…
Le Registre du Consistoire - calviniste - de Genève, à la date du 11 août 1614, atteste “qu’au temps présent qu’on tille les chenèves” (chanvre : d’où vient le nom de Genève ?), des jeunes gens se rassemblent autour de feux et “chantent des chansons profanes”, mêlées (comble de l’horreur !) de psaumes ! S’agissant “d’insolences” (sic) “qui se commettent contre l’ordre” (sic) les “très honorés Seigneurs” sont invités à y mettre un terme.
Il y a plus de trois cents ans, les jeunes, la fête et le chanvre faisaient déjà bon ménage… en attendant la police !
Texte de Michel Castel d’Auzat - Source : Les échos du chanvre
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