La Botanie du Cannabis - Chap 1 - Le cycle de vie - Robert Connell Clarke
Chapître I – Le cycle de vie sinsemilla du cannabis
Le cannabis est une herbe de haute taille, droite et annuelle. Dans un environnement ensoleillé, avec un sol composté, assaini et bien irrigué, la plante peut atteindre une taille de 6 mètres en 4 à 6 mois. Les rives bien exposées des cours d'eau, les près et les terres agricoles sont de parfaits habitats pour le cannabis puisqu'ils reçoivent la lumière et la chaleur solaire en abondance.
Dans l'exemple qui suit on est parti d'une graine originaire de Thaïlande, cultivée sans être taillée, elle a donnée une grande plante femelle. Un croisement avec une bouture d'un plant mâle d'origine mexicaine a produit une graine hybride qu'on a conservée pour la planter ultérieurement. C'est un bon exemple de culture de cannabis en extérieur en climat tempéré.
Les graines sont plantées au printemps et mettent en général de 3 à 7 jours pour germer. Le jeune plantule sort du sol sous la forme d'un hypocotyle (tige embryonnaire). Les cotylédons (feuilles de la graines) sont légèrement inégaux en taille ; étroits à la base, ils sont ronds ou aplatis à son extrémité.
La longueur de l'hypocotyle varie de 1 à 10cm. Les premières vrais feuilles apparaissent à environ 10cm au-dessus des cotylédons : il s'agit d'une paire de folioles uniques, au bout d'un pétiole (tige de feuille), situées à un quart de tour des cotylédons.
Les paires suivantes des feuilles sont opposées et se développent selon la série suivante ; la deuxième paire possède 3 folioles, la troisième en a 5, et ainsi de suite jusqu'à 11 folioles. Il arrive que les premières feuilles appariées et opposées présentent chacune 3 folioles (au lieu d'une seule) ; dans ce cas, les deux suivantes auront chacune 5 folioles.
Si la plante dispos de suffisamment de place, les branches pousseront à partir des bourgeons (situés à l'intersection des pétioles tout au long de la tige principale). Chaque plante dite sinsemilla (littéralement "sans graine" désigne des plantes ne donnant pas ou presque pas de graines, généralement fortement psychoactives) doit disposer de tout l'espace nécessaire pour développer de longues branches axiales, des racines fines et allongées afin d'obtenir une abondante récolte florale. Dans des conditions favorables, le cannabis peut grandir de 7cm par jour pendant les longues journées d'été.
Le cannabis réagit de deux façons au cycle saisonnier de la lumière solaire ; pendant les deux ou trois premiers mois il profite de l'allongement des la période diurne et pousse avec vigueur. Ensuite, il utilise le raccourcissement des jours pour fleurir et achever son cycle de vie.
Le cannabis fleurit lorsque la photopériode (durée du jour) atteint un seuil critique différant selon les variétés. Ce processus ne joue pas pour les variétés (tropicales) qui fleurissent avec une durée de jour constante. Cependant, la plupart des variétés ont absolument besoin de journées courtes ou plutôt de nuits longues pour enclencher la production de fleurs fertiles. Si ce n'est pas le cas, elles ne produiront que des primordiae indifférenciées (des fleurs non formées).
Le temps requis pour former des primordiae varie en fonction de la durée de la photopériode. Une variété donnée qui fleurira en 10 jours avec 10h de lumière par jour, pourra mettre jusqu'à 90 jours pour fleurir avec des journées de 16 heures. Une photopériode de moins de 8 heures par jour ne semble pas accélérer la formation de primordiae. Les cycles nocturnes ne doivent pas être interrompus afin de ne pas compromettre le bon déroulement de la floraison (voir annexe).
Le cannabis est une espèces dioïque, ce qui signifie que les fleurs mâles et femelles se développent séparément sur des plantes mâles ou femelles. On trouve toutefois des individus monoïques (hermaphrodites) qui possèdent les deux sexes sur une seule tige. Le développement des branchent portant des organes de floraison est fort différent chez le mâle et la femelle : les fleurs mâles pendent par grappes sur des branches flexibles et allongées (elles peuvent atteindre 30cm) possédant plusieurs brins, tandis que les fleurs femelles forment des bouquets touffus entourés de petites feuilles.
(Note : Dans la suite du texte, les fleurs et les plantes femelles de cannabis seront appelées pistillées, tandis que les fleurs et les plantes mâles seront dites staminées. Ce choix terminologique est le plus approprié et aidera le lecteur à mieux comprendre les cas de sexualité aberrante et complexe).
Le premier signe de la floraison du cannabis est l'apparition, le long de la tige principale, de primordiae florales indifférenciées aux nodules (intersections) du pétiole, derrière le stipule ("l'éperon"). Lors de la phase pré-florale, les sexes ne se distinguent pas, excepté par certaines vagues différences de formes, souvent douteuses.
Lorsque surgissent les primordiae, elles sont sexuellement indifférenciées. Mais on parvient bientôt à repérer les mâles grâce à leur forme de griffe recourbée puis à l'apparition de bourgeons ronds, pointus et bien différenciés. On reconnaît les femelles à l'élargissement d'un calice tubulaire symétrique (gaine florale). Elles sont plus faciles à distinguer dès leur plus jeune âge que les primordiae mâles. Les premiers calices femelles n'ont généralement pas de paire de pistils* (organes récepteurs de pollen) bien que les premières fleurs mâles mûrissent souvent et libèrent du pollen. Chez certains individus, notamment des hybrides, de petites branches sans fleurs se forment sur les nodules : on les confond souvent avec les primordiae mâles. Les cultivateurs attendent donc que les fleurs soient bien formées pour déterminer le sexe de la plante. Les plantes femelles ont tendance à être plus petites que les mâles et à avoir plus de branches. Elles sont touffues au sommet et leurs fleurs sont entourées de nombreuses feuilles, tandis que les plantes mâles ont moins de feuilles près du sommet et sur leurs longues branches fleuries.
* Dans le cas du cannabis, le terme de pistil a acquis un sens particulier, qui diffère légèrement de la définition botanique habituelle. La raison de ce glissement de sens tient à l'usage de bon nombre de planteurs qui vouent un intérêt passionné à la reproduction du cannabis mais dont les connaissances en anatomie végétales sont empiriques. La définition scientifique du pistil se réfère à la combinaison d'un ovaire, d'un style et d'un stigmate. C'est cette convention qui a été adoptée dans le présent ouvrage puisqu'elle est utilisée par la plupart des planteurs de cannabis.
Les fleurs femelles se présentent au départ sous la forme de deux longs pistils blancs, jaunes ou roses qui émergent de la fente d'un calice. Le calice est couvert de trichomes (poils) glandulaires qui sécrètent de la résine. Les fleurs femelles surgissent par paires sur les nœuds : on aperçoit une fleur de chaque côté du pétiole, derrière le stipule des bractées (petites feuilles). Le calice mesure de 2 à 6 mm de long ; il contient l'ovaire.
Chez les fleurs mâles, cinq pétales (d'une longueur d'environ 5 mm) forment le calice. Elles peuvent être jaunes, blanches ou vertes. De ces fleurs, qui pendent, émergent cinq étamines (d'environ 5mm), formées de fines anthères (sacs de pollen), qui s'ouvrent au sommet et son suspendues à de minces filaments. La surface extérieure du calice mâle est couverte de poils non glandulaires. Les grains de pollen sont quasi sphériques, jaunâtres, et mesurent de 25 à 30 microns de diamètre. Leur surface lisse présente de 2 à 4 pores.
Avant le début de la floraison, la phyllotaxie (disposition des feuilles) s'inverse et le nombre de folioles par feuilles diminue jusqu'à ce qu'une foliole unique apparaisse sous chaque paire de calices. La phyllotaxie, qui était décussée (opposée), devient alternée (décalée) et demeure en général alternée à travers tous les stades de la floraison – quel que soit le genre sexuel.
Les différences dans les processus de floraison des plantes mâles et femelles ont nombreuses. Peu après la déhiscence (libération du pollen), la plante staminée meurt, alors que la plante pistillée peut mûrir pendant cinq mois après la formation de fleurs viables si la fertilisation est réduite ou nulle. Les plantes mâles poussent plus vite que les femelles. Les plantes staminées fleurissent en moyenne un mois avant les pistillées ; ces dernières, toutefois,donnent des primordiae différenciées une à deux semaines avant les plantes staminées.
De nombreux facteurs contribuent à déterminer le genre sexuel d'un plant de cannabis en fleur. Dans les conditions ordinaires avec une photopériode critique normale le cannabis donnera un nombre sensiblement égal de plantes purement mâles et de femelles et quelques hermaphrodites 'ayant les 2 sexes sur la même plantes). On a constaté que dans des conditions de stress extrême (excès ou déficience en substance nutritives, mutilations, cycles lumineux perturbés), les populations de cannabis ont tendance à ne plus respecter cet équilibre : l'un ou l'autre genre domine alors nettement.
Peu avant la déhiscence, le noyau du pollen se divise et donne une petite cellule végétative ; celles-ci sont toutes deux contenues dans le grain de pollen mûr. La germination a lieu quinze à vingt minutes après le contact avec un pistil. Tandis que le tube pollinique grandit, la cellule végétative demeure dans le grain de pollen ; la cellule génératrice pénètre dans le tube et migre vers l'ovule. La cellule génératrice se divise en deux gamètes (cellules sexuelles) en parcourant le tube pollinique.
La pollinisation de la fleur femelle provoque la perte de sa paire de pistils ; l'ovule grossit à l'intérieur du calice tubulaire, qui enfle. Les fleurs staminées meurent après avoir relâché leur pollen. Au bout de 14 à 35 jours, la graine est mûre et tombe à terre, laissant le calice desséché attaché à la tige.
Ainsi s'achève le cycle de vie normal de la plante. Sa durée normale est de 4 à 6 mois, mais il peut varier de 2 à 10 mois. Les graines fraîches ont une viabilité proche de 100%, mais ce taux décroît avec l'âge.
La graine mûre est dure. Elle est entourée par le calice et présente des configurations variées de couleur grise, marron, ou noire. Allongée et légèrement comprimée, elle mesure de 2 à 6 mm de longueur. Son diamètre varie de 2 à 4 mm.
En procédant à une pollinisation soigneusement étanche de quelques branches sélectionnées, on obtient des centaines de graines dont la parenté est connue. Elles sont récoltées à maturité quand elles commencent à tomber des calices. Les autres grappes de fleurs restent sinsemilla ou sans graines et continuent à mûrir sur la plante. Au fur et à mesure que les calices non fertilisés gonflent, les poils glandulaires à la surface se développent et sécrètent lees résines odorantes et chargées de THC.
Les têtes florales et poisseuses sont récoltées, séchées et triées. L'étude du cycle du cannabis sinsemilla montre donc comment on peut produire des graines viables sans compromettre la production de fleurs sans graines.
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