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Le breeding selon Robert Connell Clarke ( Labotanique de la Marijuana Chp.3) Prt 1/ La génétique - La Polyploïdie - L’hybridation - L’acclimatation


manuel valls

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                                                                              La Botanique de la Marijuana
                                                                                        Par Rob Clarke

                                                      Une étude avancée : La reproduction et l’hybridation
                                                                        d’espèces distinctes de Cannabis.

 

    Traduction réalisée pour l'enrichissement et le bien de la communauté cannabique francophone… (merci monsieur "X" :plus: )


Chapitre 3 - La génétique et multiplication du cannabis 
Partie 1 / (Partie 2 ICI / Partie 3 ICI )

-La génétique
-La Polyploïdie
-L’hybridation
-L’acclimatation




                            "Le plus grand service qui peut être rendu à n'importe quel pays est d’ajouter une plante utile à sa culture."
                             - Thomas Jefferson -


La génétique

     Bien qu'il soit possible d’hybrider le cannabis avec un succès limité sans une connaissance des lois de la transmission, le plein potentiel d’une hybridation maîtrisée, et la ligne de conduite la plus à même à mener au succès, n’est obtenu que par les sélectionneurs qui maîtrisent une connaissance fonctionnelle de la génétique.
    Comme nous savons déjà, toute l'information communiquée de la génération à la génération doit être contenue dans le pollen du parent mâle et dans l'ovule du parent femelle. La fécondation unit ces deux ensembles d'informations génétiques, forme une graine, et donne naissance à une nouvelle génération. Le pollen et les ovules sont appelées gamètes, et les informations transmises qui déterminent l'expression d'un caractère sont les gènes. Chaque plante possède deux lots identiques de gènes dans chaque cellule, excepté dans les gamètes, qui par la division réductionnelle de méiose ont seulement un ensemble de gènes. Lors de la fertilisation les lots individuels de chaque gamète combinent pour former une graine (qui possède donc 2 lots).
    Dans le cannabis, à l’état haploïde (gamètes) les cellules possèdent (n=10) 10 chromosomes et à l’état diploïde chaque cellule contient 20 chromosomes (2n=20). Chaque chromosome contient des centaines de gènes, qui influencent chacune des phases de la croissance et du développement de la plante.
     Si la pollinisation croisée de deux plantes avec un caractère génétique commun (ou l’autopollinisation d'un hermaphrodite) donne une progéniture homogène pour ce même caractère, et si les générations (auto-croisées) suivantes le sont aussi, alors on dit que cette variété (c.-à-d. la lignée issue des ancêtres communs) est stable ou homogène pour ce caractère. Une variété avec un ou plusieurs caractères stables, peut varier pour d'autres caractères. Par exemple, le caractère « arôme doux » et « maturation précoce » peuvent être stables, alors que la progéniture diffère de par la taille et la forme. Pour qu'une variété soit stable pour un certain caractère, les deux gamètes, dont la réunion forme la progéniture, doivent avoir les mêmes gènes qui influencent l'expression de ce caractère. Par exemple, dans une variété qui est stable pour le caractère « feuilles larges », n'importe quel gamète de n'importe quel parent de cette population contiendra de fait les gènes pour « feuilles larges », que nous noterons avec la lettre w (webbed leaves). Puisque chaque gamète porte la moitié (1n) de l’information génétique, la fertilisation de deux gamètes provenant de cette population donnera une progéniture (2n) qui auront tous les deux les expressions w du caractère « forme des feuilles ». La progéniture, comme les deux parents, sont ww. Alternativement, la progéniture est aussi stable pour « feuilles larges » parce qu'elles ont seulement des gènes de w à transmettre dans leurs gamètes.
    D'autre part, quand un croisement produit la progéniture qui n’est pas homogène (c.-à-d., toute la progéniture ne ressemble pas à leurs parents) on dit que les parents ont des gènes hybrides. Exactement comme une variété peut être stable pour un ou plusieurs caractères, elle peut également être hybride pour un ou plusieurs autres caractères ; ceci est souvent observé. Par exemple, considérez un croisement où une partie de la progéniture a des feuilles larges et les autres ont des feuilles fines (pinnate-compound leaves). (En utilisant notre système de notation, nous nous référerons au gène exprimant le caractère « feuilles fines » par W. Puisque ces gènes influencent tous les deux la forme des feuilles, nous supposons qu’ils en influence l’expression, c’est pourquoi on utilise le w pour « feuilles larges » et le W pour « feuilles fines » au lieu de W pour « feuilles larges » et P pour « feuilles fines »). Puisque les gamètes d'une variété stable doivent avoir chacun les mêmes gènes pour le caractère donné, il semble logique que les gamètes qui produisent deux types de progéniture doivent avoir des parents génétiquement différents.
    L'observation de beaucoup de populations dans lesquelles la progéniture a différé de leurs parents par leur aspect a mené Mendel à sa théorie de la génétique. Si un caractère ne s’exprime que parfois quelles sont les règles qui régissent les résultats de ces croisements ? Pouvons-nous employer ces règles pour prévoir les résultats de futurs croisements ?
    Supposez que nous séparions deux populations stables de cannabis pour « forme des feuilles », une avec des feuilles larges et l’autre avec des feuilles fines. Nous savons que tous les gamètes produits par les parents aux feuilles larges contiendront les gènes pour la « forme des feuilles » w et tous les gamètes produites par les parents à feuilles fines auront les gènes W pour « forme des feuilles ». (La progéniture peut bien sûr différer pour d'autres caractères). Si nous faisons un croisement entre un parent de chacune des variétés stables, nous constaterons que 100% de la descendance ont le phénotype feuilles fines pour la « forme des feuilles ». (L’expression d'un caractère, chez une plante ou une variété, est appelée le phénotype). Qu'est-il arrivé au gène pour feuilles larges contenu dans le gamète provenant du parent à feuilles larges ? Puisque nous savons qu'il y avait autant de gènes W que de gènes w réunis dans la progéniture, le gène W doit masquer l'expression du gène w. Nous dirons que le gène W est le gène dominant et que le caractère « feuilles fines » est dominant par rapport au caractère récessif « feuilles larges ». Cela semble logique puisque le phénotype normal du cannabis est « feuilles fines ». Il faut se rappeler, cependant, que beaucoup de caractères souhaitables sont récessifs. La stabilité de l'état dominant ou récessif, du WW ou du ww, se nomme l'état homozygote ; le wW ou le Ww état hybride se dit hétérozygote. Quand nous croisons deux individus de la progéniture F1(première génération filiale) résultant du croisement initial des P1 (génération parentale) nous observons deux types de progéniture. La génération F2 montre un ratio d’approximativement 3:1, trois individus de type « feuilles fines » pour un de type « feuilles larges ». Il faut se souvenir que les ratios entre les phénotypes sont théoriques. Les résultats observés peuvent changer des ratios prévus, particulièrement dans des petits échantillons.
     Dans ce cas-ci, « feuilles fines » est dominant sur « feuilles larges », ainsi toutes les fois que les gènes W et w sont combinés, le caractère dominant W sera exprimé dans le phénotype. Dans la génération F2 seulement 25% de la progéniture sont homozygotes pour w donc seulement 25% sont stables pour w. Le caractère w n’est exprimé en génération F2 que quand deux gènes w sont combinés pour former un double-récessif, ce qui fixe le caractère récessif dans 25% de la progéniture. Si W n’était que partiellement dominant sur w, les génotypes dans cet exemple resteraient les mêmes, mais les phénotypes de la génération F1 seraient tous intermédiaires ressemblant aux parents et le ratio dans les phénotypes F2 serait 1 W, 2 intermédiaires, 1 w.
    L'explication des ratios prévisibles dans la progéniture est simple et nous amène à la première loi de Mendel, la première des règles de base de l'hérédité :

           I. Les gènes de chacune des paires présentes dans les chromosomes se séparent l'un de l'autre pendant la formation des gamètes.
          Une technique communément utilisée pour déduire le génotype des parents est le croisement en retour. Ceci est fait en croisant un individu de la F1 à un de ses parents P1 (stable). Si le rapport résultant des phénotypes est 1:1 (un hétérozygote pour un homozygote) les parents étaient en effet WW homozygote dominant et ww homozygote-récessif.
         Le rapport 1:1 a été observé pour les croisements F1 à P1 et le ratio de 1:2:1 observé dans les croisements F1 x F1. Ce sont les deux ratios de base de Mendel quant à la transmission d'un caractère contrôlé par une paire de gènes. Le sélectionneur astucieux utilise ces rapports pour déterminer le génotype des plantes parents et la pertinence du génotype pour pousser plus avant les hybridations.
       Cet exemple simple peut être prolongé pour inclure la transmission de deux ou plusieurs paires de gènes non liés à la fois. Par exemple nous pourrions considérer la transmission simultanée des paires de gène T (haute)/t (courte) et M (maturation précoce)/m (maturation tardive). Il s’agit alors d’une polyhybridation au lieu d’un mono-hybridisme. La deuxième loi de Mendel nous permet de prévoir les résultats de croisements poly-hybrides :

       II. Les paires de gènes non liés sont transmises indépendamment les unes des autres.
       S’il n’y a pas de codominance pour les deux paires de gènes, alors il y aura 16 combinaisons possibles du génotype en F2. Se formeront 4 phénotypes F2 avec un ratio de 9:3:3:1, le plus fréquent de tous étant l'état double-dominant de TT/MM. Une codominance pour les deux paires de gène aurait donné 9 phénotypes F2 avec un ratio de 1:2:1:2:4:2:1:2:1, reflétant directement le rapport entre les génotypes. Un état mélangé de dominance donnerait 6 phénotypes F2 dans un rapport de 6:3:3:2:1:1. Ainsi, nous voyons qu'un croisement impliquant deux paires de gènes non liés a comme conséquence un ratio mendélien de phénotype de 9:3:3:1 seulement si la dominance est totale. Ce ratio peut varier, selon les conditions de dominance dans les paires originales de gènes. En outre, deux nouveaux phénotypes, T/m et t/M, ont été créés dans la génération F2; ces phénotypes diffèrent des parents et des grandsparents. Ce phénomène s’appelle la recombinaison et explique l'adage tel père tel fils, mais pas exactement pareil.
      Un croisement en retour poly-hybride avec deux paires de gènes non liés donne un ratio de 1:1 dans les phénotypes comme dans le cas d’un croisement mono-hybride. Il convient de noter qu'en dépit de l'influence de la dominance, un F1 croisé en retour avec un P1 homozygote-récessif donnera le phénotype homozygote-récessif t/m 25% du temps, et par la même logique, un croisement en retour avec le parent homozygote-dominant donnera le phénotype homozygote dominant T/M 25% du temps. Une fois encore, le croisement en retour est d’une valeur inestimable dans la détermination des génotypes F1 et P1. Puisque chacun des quatre phénotypes de la progéniture issue du croisement en retour contient au moins un chacun des deux gènes récessifs ou un chacun des deux gènes dominants, le phénotype du croisement en retour est une représentation directe des quatre gamètes possibles produits par l'hybride F1.
      Jusqu'ici nous avons discuté de la transmission des caractères contrôlés par des paires discrètes de gènes non liés. L'interaction entre les gènes est le contrôle d'un caractère par deux paires ou plus de gènes. Dans ce cas-ci les ratios entre génotypes demeureront les mêmes mais les ratios entre phénotypes peuvent être changés. Considérez un exemple hypothétique où 2 paires de gènes dominantes pp et cc commandent la pigmentation d'anthocyanine de fin de saison (couleur pourpre) dans le cannabis. Si P est seul, les feuilles seulement de la plante (sous le stimulus environnemental approprié) exhiberont la pigmentation due à l’accumulation d'anthocyanine et auront une couleur pourpre. Si C est seul, la plante restera verte pendant tout son cycle de vie quelles que soient les conditions environnementales. Si tous les deux sont présents, cependant, les calices de la plante montreront également l'anthocyanine accumulée et vireront au pourpre, tout comme les feuilles. Supposons maintenant que ceci peut être un caractère désirable pour les fleurs de cannabis. Quelles sont les techniques de croisement pouvant être employées pour produire ce caractère ?
      D'abord, deux P1 stables et homozygotes sont croisés et le ratio entre les phénotypes de la progéniture F1 est retrouvé.
      Les phénotypes de la progéniture F2 ont un ratio légèrement différent de 9:3:4 au lieu du 9:3:3:1 attendu pour des caractères non liés. Si P et C doivent tous les deux être présents pour que la pigmentation d'anthocyanine touche les feuilles et les calices, alors le ratio entre les phénotypes sera bien plus loin encore des résultats attendus et pourra être de 9:7. Deux paires de gène peuvent agir l'un sur l'autre de manières variables et produire des ratios entre les phénotypes variables. Soudainement, les lois simples de la transmission sont devenues plus complexes, mais les données peuvent encore être interprétées.

Sommaire des points essentiels sur l’hybridation :

  • 1 - Les génotypes des plantes sont contrôlés par les gènes qui sont transmis sans changements d’une génération à l’autre.
  • 2 - Les gènes vont par paire, un gène provient du gamète du parent mâle et l’autre du parent femelle.
  • 3 - Quand les gènes d'une paire diffèrent dans leurs effets sur le phénotype, la plante est dite hybride ou hétérozygote.
  • 4 - Quand les gènes d'une paire ont les mêmes effets sur le phénotype, alors ils sont stables ou homozygotes.
  • 5 - Les paires de gènes contrôlant différents caractères phénotypiques sont (habituellement) héritées indépendamment.
  • 6 - Les relations de dominance et les interactions entre les gènes peuvent changer les ratios phénotypiques de la F1, de la F2, et des générations suivantes…


La Polyploïdie

La polyploïdie est l'état d’une cellule contenant de multiples lots de chromosomes. Le cannabis a 20 chromosomes à l'état diploïde (2n) végétatif. Les individus triploïdes (3n) et tétraploïdes (4n) ont trois ou quatre lots de chromosomes et sont dits polyploïdes. On croit que l'état haploïde de 10 chromosomes a été probablement obtenu par réduction d'un nombre de lots ancestralement plus élevé (polyploïdes) (Lewis, W. H. 1980). La polyploïdie ne se produit pas naturellement dans le cannabis ; cependant, il peut être induit artificiellement avec des traitements à la colchicine. La colchicine est un composé toxique extrait à partir des racines de certaines espèces de Colchiques ; elle empêche la ségrégation des chromosomes chez les cellules-filles et la formation des membranes cellulaires. Le résultat donne des cellules-filles plus grandes que la moyenne possédant de multiples lots de chromosomes. Les études de H. E. Warmke et autres (1942-1944) semblent indiquer que la colchicine augmente le taux de drogue dans le cannabis. Il est malheureux que Warmke ait été ignorant des composants psychoactifs réels du cannabis et qu’il n’ait donc pas pu extraire de THC. L'acétone brut utilisée et ses techniques archaïques d'essai biologique en utilisant le « killifish » et des petits crustacés d'eau douce sont loin d’être concluant. Il était, cependant, capable produire à la fois des variétés triploïdes et tétraploïdes de cannabis jusqu'à deux fois plus puissante que des variétés classiques (dans leur capacité à tuer les petits organismes aquatiques). Le but de sa recherche était de « produire une variété de chanvre avec des effets atténués par rapport à la marijuana » et ses résultats ont montré que la polyploïdie avait augmenté la puissance du cannabis sans augmentation apparente de la qualité ou du rendement en fibres.
      Le travail de Warmke sur les polyploïdes a jeté la lumière sur la nature de la détermination sexuelle du cannabis. Il a également illustré que la puissance est génétiquement déterminée en créant une variété de chanvre de puissance inférieure par des croisements sélectifs de parents peu puissants.
      Une recherche plus récente par A. I. Zhatov (1979) sur le chanvre à fibres a prouvé que certains caractères économiquement estimables tels que la quantité de fibres produites peuvent être améliorés par polyploïdie. Les polyploïdes demandent plus d'eau et sont habituellement plus sensible aux changements de l'environnement. Le cycle végétatif de croissance est prolongé jusqu'à 30-40%. Une période végétative prolongée peut retarder la floraison des variétés polyploïdes psychoactives et interférer avec la formation des fleurs. Il serait difficile de déterminer si le taux de cannabinoïdes a été augmenté par polyploïdie si les plantes polyploïdes n’étaient pas capables de mûrir entièrement pendant la partie favorable de la saison, quand la production de cannabinoïdes est favorisée par une lumière abondante et des températures chaudes. Des serres chaudes et de l'éclairage artificiel peuvent être utilisés pour prolonger la saison et pour tester des variétés polyploïdes.
      La taille du cannabis tétraploïde (4n) dans ces expériences a souvent excédé la taille des plantes diploïdes originales de 25-30%. Les Tétraploïdes ont une coloration intense, avec des feuilles et des tiges vert foncé et un phénotype global bien développé. La taille accrue et la croissance vigoureuse, en règle générale, disparaissent chez les générations suivantes. Les plantes tétraploïdes retournent souvent de nouveau à l'état diploïde, ce qui rend difficile de maintenir des populations tétraploïdes. Des tests fréquents sont réalisés pour déterminer si la ploïdie change.
      Des variétés triploïdes (3n) ont été créées avec difficulté en croisant les tétraploïdes (4n) artificiellement créés avec des plants classiques (2n). Les triploïdes se sont avérées inférieures aux diploïdes et aux tétraploïdes dans beaucoup de cas.
      De Pasquale et d'autres (1979) a mené des expériences sur du cannabis traité avec des solutions à 0,25% et à 0,50% de colchicine, appliquées sur le méristème principal sept jours après germination. Les plantes traitées étaient légèrement plus hautes et avec des feuilles légèrement plus grandes que les plantes témoins. Des anomalies dans la croissance des feuilles ont été observées dans respectivement 20% et 39% des plantes ayant survécu au traitement. Dans le premier groupe (0,25%) les taux de cannabinoïdes étaient plus élevés dans les plantes sans anomalie, et dans le deuxième groupe (0,50%) les taux de cannabinoïdes étaient les plus élevés dans les plantes avec anomalies. De façon générale, les plantes traitées ont montré une augmentation de 166-250% du taux de THC par rapport aux témoins et une diminution du CBD (30-33%) et du CBN (39-65%). Le CBD (cannabidiole) et le CBN (cannabinol) sont des cannabinoïdes impliqués dans la biosynthèse et la dégradation du THC. Le taux de THC dans les plantes témoins était très bas (moins de 1%). Il est donc probable que la colchicine ou la polyploïdie engendrée interfère avec la biogenèse des cannabinoïdes pour favoriser le THC. Chez les plantes traitées ayant les laminas des feuilles déformées, 90% des cellules sont tétraploïdes (4n=40) et 10% diploïdes (2n=20). Chez les plantes traitées n’ayant pas les laminas déformés, quelques cellules sont tétraploïdes et le reste est triploïde ou diploïde.
      La transformation des plantes diploïdes en tétraploïdes a inévitablement généré la formation de quelques plantes avec des lots non équilibrés de chromosomes (2n + 1, 2n - 1, etc.…). Ces plantes s'appellent les aneuploïdes. Les aneuploïdes sont inférieures pour tous les aspects économiques aux polyploïdes. Le cannabis d'aneuploïdes est caractérisé par des graines extrêmement petites. Le poids de 1 000 graines va de 7 à 9 grammes (1/4 à 1/3 once). Dans des conditions normales les plantes diploïdes n'ont pas de graines aussi petites et pèsent en moyenne de 14 à 19 grammes (1/2 2/3 once) pour 1 000 (Zhatov 1979).
     De nouveau, peu d'accent a été mis sur le rapport entre la production de fleurs ou de résine et la polyploïdie. Davantage de recherches pour déterminer l'effet de la polyploïdie sur ces derniers et d'autres caractères économiquement valables pour le cannabis sont nécessaires. La colchicine est vendue par des fournisseurs de laboratoires, et les sélectionneurs l'ont employée pour induire la polyploïdie dans le cannabis. Cependant, la colchicine est toxique, ainsi un soin particulier doit être pris par le sélectionneur dans toutes ses utilisations. Beaucoup de cultivateurs clandestins ont commencé des variétés polyploïdes avec de la colchicine. Si ce n’est des changements dans la forme des feuilles et dans la phyllotaxie, aucun caractère exceptionnel ne s'est développé dans ces variétés et la puissance semble inchangée. Cependant, aucune de ces variétés n'a été analysée pour déterminer si elles étaient réellement polyploïdes ou si elles avaient simplement été traitées avec la colchicine sans aucun effet. Le traitement des graines est la manière la plus efficace et la plus sûre d'appliquer la colchicine. ("La manière la plus sûre" doit être relativisée : la colchicine a suscité l'attention de médias récemment en tant que poison dangereux et bien que ces remarques soient probablement un peu trop pessimistes, les vrais dangers de l'exposition à la colchicine n'ont pas été entièrement recherchés. La possibilité de dommages corporels existe et est multipliée quand des sélectionneurs inexpérimentés manipulent des toxines comme la colchicine. Le traitement des graines pourrait être plus sûr que la pulvérisation d’une plante développée, mais de toutes les méthodes, la plus sûre est de ne pas employer de colchicine du tout). De cette façon, la plante entière issue d'une graine traitée à la colchicine pourrait être polyploïde et s’il reste de la colchicine à la fin de la saison de croissance, la quantité serait infinitésimale. La colchicine est presque toujours mortelle pour les graines de cannabis, et dans le traitement, la limite entre la polyploïdie et la mort est très étroite. En d'autres termes, si 100 graines viables sont traitées à la colchicine et 40 d'entre elles germent il est peu probable que le traitement ait induit la polyploïdie chez n’importe lequel de ces survivants. D'autre part, si 1.000 graines viables traitées donnent naissance à 3 jeunes plantes, il est probable qu'elles soient polyploïdes puisque le traitement a tué toutes les graines sauf ces trois. Il est néanmoins encore nécessaire de déterminer si la progéniture est réellement polyploïde par l'examen au microscope.
      Le travail de Menzel (1964) nous présente le caryotype brut des chromosomes du cannabis, les chromosomes 2, 6 et 9 se distinguent par la longueur de chaque bras. Le chromosome 1 se distingue par un grand bouton sur une extrémité et un centromère foncé à 1 micron du bouton. Le chromosome 7 est extrêmement court et dense, et on suppose que le chromosome 8 est le chromosome sexuel. À l'avenir, la chromatographie nous permettra de connaître la localisation des gènes influençant le phénotype du cannabis. Ceci permettra à des généticiens de déterminer et de manœuvrer les caractères importants contenus dans le patrimoine génétique. Pour chaque caractère le nombre de gènes ayant un contrôle, les chromosomes qui les portent, et où ils sont situés le long de ces chromosomes sera connu.

L’hybridation

      Aujourd'hui, tout le cannabis développé en Amérique du Nord provient d’imports. La diligence de nos ancêtres dans la collecte et le semis des graines des meilleures plantes, ainsi que la sélection naturelle, ont œuvré pour créer des variétés locales, avec une résistance aux parasites, aux maladies, et aux conditions atmosphériques adaptées aux conditions locales. En d'autres termes, ils se sont adaptés aux conditions locales de l'écosystème. Cette diversité génétique est la manière de la nature pour protéger une espèce. Le cannabis est une des plantes les plus flexibles. Alors que le climat, les maladies, et les parasites changent, la variété évolue et choisit de nouvelles défenses, transmises génétiquement à chaque génération de graines. Par l'importation récente de cannabis, un vaste pool de matériel génétique est apparu en Amérique du Nord. Les variétés originales productrices de fibre se sont échappées et se sont acclimatées (adaptées à l'environnement), alors que les variétés locales productrices de drogue (des graines importées) se sont malheureusement hybridées et se sont acclimatées aléatoirement, jusqu'à ce que plusieurs des combinaisons génétiques appréciables du cannabis importé aient été perdues. Les modifications des techniques agricoles, apparues par pression technologique, par avarice, et par des programmes complets d'éradication, ont modifié les critères de sélection influençant la génétique de cannabis. Des expéditions massives de cannabis de qualité inférieure, contenant des graines mal choisies, apparaissent en Amérique du Nord et ailleurs, résultat des tentatives des cultivateurs et des contrebandiers d'approvisionner un marché toujours croissant pour la marijuana. Des variétés plus anciennes de cannabis, associées à des techniques de culture ancestrales, peuvent contenir des gènes non trouvés dans les variétés commerciales plus récentes. En effet, à mesure que ces variétés plus anciennes et leurs modes de cultures disparaissent, l’information génétique correspondante pourrait être perdue pour toujours. La popularité croissante du cannabis et les impératifs de l’agriculture technologique tendra à créer des races hybrides uniformes qui sont susceptibles de déplacer les populations originales dans le monde entier.
      Des croisements sélectifs en vu d’une uniformisation amèneront à coups surs une limitation de la diversité génétique. Si le cannabis était sujet d’attaques de maladies ou d’insectes jusqu’alors inconnus, cette uniformité génétique pourrait se révéler désastreuse du fait de la disparition de la population cannabique de génotypes divers, potentiellement résistants. Si cette information génétique de résistance ne peut pas être retrouvée dans le matériel parental original, la résistance ne pourra pas être réintroduite dans la population ravagée. Il se peut également que des caractères favorables inconnus soient irréparablement supprimés du patrimoine héréditaire du cannabis. L'Homme peut créer de nouveaux phénotypes par des choix et des recombinaisons de la variété génétique existante, mais seule la nature peut créer une variété dans le patrimoine héréditaire lui-même, par le processus lent de la mutation aléatoire. Cela ne signifie pas que l'importation de graines et l'hybridation sélective sont toujours nuisibles. En effet, ces principes sont souvent la clef de l'amélioration des récoltes, mais seulement quand appliqués en connaissance de cause et avec précaution. La recherche hâtive des améliorations ne doit pas compromettre le patrimoine génétique original sur lequel repose l’adaptabilité de la plante. Actuellement, le futur du cannabis repose sur le gouvernement et sur les collections clandestines. Ces collections sont souvent insatisfaisantes, mal choisies et mal maintenues. En effet, la collection de cannabis des Nations Unies utilisée comme source primaire de graines pour la recherche gouvernementale mondiale est épuisée et corrompue.
     Plusieurs mesures doivent être immédiatement prises pour préserver nos ressources génétiques de la disparition :

  • - Des graines et du pollen devraient être directement obtenues des sources fiables et bien informées. Les saisies de gouvernement et les expéditions en contrebande sont rarement des sources fiables de graines. Les caractéristiques des deux parents doivent être connues ; par conséquent, les échantillons de marijuana diverses pollinisées aléatoirement ne sont pas des sources appropriées de graine, même si l'origine exacte de l'échantillon est sûre. Le fermier-sélectionneur responsable de perpétuer les traditions de multiplication qui ont produit l'échantillon doit être contacté directement. Des notes précises de chaque paramètre de croissance doivent être conservées avec des graines en trois exemplaires soigneusement stockées.
  • - Puisque les graines de cannabis ne restent pas viables éternellement, même dans les meilleures conditions de stockage, des échantillons complets de graine doivent être mis à jour tous les trois ans. On devrait planter ces collections dans des conditions aussi proches que possible que celles du lieu de provenance et leur permettre de se reproduire librement pour réduire au minimum la sélection naturelle et artificielle des gènes et pour ainsi assurer la conservation du patrimoine héréditaire entier. La moitié des graines de la collection originale devrait être conservée jusqu'à ce que la viabilité des générations ultérieures soit confirmée, et fournir du matériel parental pour assurer un moyen de comparaison et pouvoir pratiquer des croisements en retour. Les données phénotypiques des générations suivantes devraient être soigneusement enregistrées pour faciliter la compréhension des génotypes contenus dans la collection. Les caractères favorables de chaque variété devraient être caractérisés et catalogués.
  • - Il est possible qu'à l'avenir, la culture de cannabis en vu de la revente, ou même pour l'utilisation personnelle puisse être légale mais seulement pour des variétés approuvées et brevetées. Si les brevets sur des variétés de cannabis devaient devenir une réalité, il faudrait faire particulièrement attention à conserver la variabilité du patrimoine génétique.
  • -Des caractères favorables doivent être soigneusement intégrés à des variétés existantes.


      La tâche décrite ci-dessus n'est pas facile à mettre en place, étant donné les contraintes légales souvent associées à la réalisation de collections de graines de cannabis. Néanmoins le cultivateur consciencieux contribue à préserver et à améliorer la génétique de cette plante si intéressante.
      Même si un cultivateur n'a aucun désir d'améliorer sa récolte, des variétés réussies doivent être protégées pour qu’elles ne dégénèrent pas et qu’elles puissent être reproduites si elles sont perdues. Abandonnées aux pressions sélectives d'un environnement artificiel, la plupart des variétés productrices de drogue dégénéreront et perdront leur puissance alors qu’ils acclimatent à leurs nouvelles conditions environnementales. Laissez-moi citer l’exemple d'un cultivateur typique ayant de bonnes intentions.

      Un cultivateur dans des latitudes nordiques a choisi un endroit idéal pour cultiver une récolte et a bien préparé le sol. Des graines ont été choisies des meilleures têtes de plusieurs variétés disponibles ces dernières années, tant importées qu’acclimatées. Presque toutes les plantes mâles ont été enlevées avant qu'elles ne mûrissent et il en résulte une récolte presque dépourvue de graines provenant des plus belles plantes. Après une sélection soigneuse, les quelques graines issues de la pollinisation accidentelle des meilleures fleurs ont été gardées pour la saison suivante. Ces graines ont produit des plantes encore plus grandes et meilleures que l'année précédente et la collecte de graine a été exécutée comme auparavant. La troisième saison, la plupart des plantes n'étaient plus aussi grandes ou souhaitables que lors de la deuxième saison, mais il y avait encore beaucoup de bons individus. Les graines semées et cultivées la quatrième saison ont donné des plantes inférieures, même à celles de la première récolte, et cette tendance a continué année après année. Qu'est-ce qui a mal tourné ? Le cultivateur a pourtant prélevé les graines des meilleures plantes tous les ans et les a cultivées dans les mêmes conditions. La récolte a été améliorée la première année. Pourquoi la variété a-t-elle dégénérée ?
       Cet exemple illustre une sélection inconsciente de caractères indésirables. Le cultivateur hypothétique a bien commencé en choisissant les meilleures graines disponibles et en les cultivant correctement. Les graines choisies la deuxième saison étaient issues de pollinisations hybrides aléatoires, par des plantes mâles à maturation précoce ou oubliées ou encore par des plantes hermaphrodites. Plusieurs de ces parents producteurs de pollen peuvent être indésirables pour l’hybridation puisqu'elles peuvent transmettre des tendances de maturation précoce, de maturation tardive, ou d’hermaphrodisme. Cependant, les graines hybrides obtenues produisent, en moyenne, une progéniture plus grande et plus souhaitable que la première saison. Cette propriété s'appelle « la vigueur des hybrides » et résulte du croisement de deux patrimoines héréditaires distincts. Cette tendance se transmet à la progéniture F1 pour plusieurs des caractères dominants des deux parents, les plantes résultantes sont alors particulièrement grandes et vigoureuses. Cette vigueur accrue due à la recombinaison des gènes dominants élève souvent le taux des cannabinoïdes de la progéniture F1, mais l'hybridation offre également la possibilité à des gènes indésirables (habituellement récessifs) de former des paires homologues et exprimer leurs caractéristiques chez la progéniture F2. La vigueur de l’hybride peut également masquer la qualité inférieure de la plante du fait d’une croissance anormalement rapide. Pendant la deuxième saison, les pollinisations aléatoires ont encore engendré quelques graines et celles-ci ont été récoltées. Cette sélection porte sur un patrimoine héréditaire énorme et en F2, les combinaisons possibles sont énormes. A la troisième saison, le patrimoine héréditaire tend vers des plantes à maturation précoce qui sont acclimatées à leurs nouvelles conditions au lieu de plantes productrices de drogue dans leur environnement original. Ces individus de la troisième récolte, acclimatés, ont des chances plus élevée de produire des graines viables que les types parentaux, et les pollinisations aléatoires augmenteront encore le nombre d'individus acclimatés, et augmenteront de ce fait les chances que les caractéristiques indésirables liées à l'acclimatation soient communiquées à la prochaine génération. Cet effet est transmis de génération en génération, et finalement, produit une variété entièrement acclimatée de mauvaise herbe, pauvre en drogue.
      Avec suffisamment de soin, le sélectionneur peut éviter ces dangers inhérents à la sélection inconsciente. Il est essentiel de définir des objectifs précis lors de l’hybridation du cannabis. Quelles qualités sont désirées dans une variété qu'elle n'exhibe pas déjà ? Quels caractères d’une variété sont défavorables et devraient être éliminés ? Les réponses à ces questions suggèrent des buts pour l’hybridation. En plus d'une connaissance de base de la botanique, de la reproduction, et de la génétique du cannabis, le sélectionneur successif devient sensible à la plupart des plus petites différences et similitudes dans le phénotype. Un lien étroit s’établit entre sélectionneur et plantes et, dans le même temps, des directives strictes doivent être suivies. L’explication simplifiée des principes avérés de l’hybridation des plantes montre comment cela fonctionne dans la pratique.
      La sélection est la première et plus importante étape dans l’hybridation de n'importe quelle plante. Le travail du grand sélectionneur et magicien de la botanique Luther Burbank sert de référence aux sélectionneurs de variétés exotiques. Son succès, améliorant des centaines de fleurs, fruits, et récoltes végétales, résultait de sa sélection méticuleuse des parents de centaines de milliers de jeunes plantes et d'adultes à travers le monde.

      « Considérez que dans la production de n'importe quelle nouvelle plante, la sélection joue le rôle le plus important. D'abord, on doit garder clairement à l'esprit le genre plante qu'on veut, puis la croiser et sélectionner en fonction de ce que l’on recherche, en choisissant toujours sur plusieurs années les plantes qui s’approchent le plus de son idéal, et en rejetant toutes les autres. »
- Luther Burbank (James, 1964)

      Le choix approprié des parents éventuels n’est possible que si le sélectionneur connaît les caractéristiques variables du cannabis qui peuvent être génétiquement contrôlées, sait mesurer exactement ces variations, et a établi les caractéristiques à améliorer par l’hybridation sélective. Une liste détaillée des caractères variables du cannabis, incluant les critères de variation de chaque caractère et les commentaires permettant l’hybridation sélective en faveur ou en défaveur de l’un d’eux, se trouve à la fin de ce chapitre. Par une sélection éliminant les caractères défavorables tout en favorisant les favorables, l’hybridation inconsciente de variétés faibles est évitée.

      La partie la plus importante du message de Burbank sur la sélection suggère aux sélectionneurs de choisir les plantes "qui s’approchent le plus de son idéal, et ELIMINER TOUTES LES AUTRES »! Les pollinisations aléatoires ne permettent pas le contrôle requis pour rejeter les parents indésirables. N'importe quelle plante mâle qui survit à la détection et au déplacement de la population, ou n'importe quelle branche mâle parasite sur un hermaphrodite femelle peut devenir un fournisseur de pollen pour la prochaine génération. La pollinisation doit être contrôlée de sorte que seulement le pollen et les parents porteurs de graines aient été soigneusement choisis pour des caractères favorables génèrent la prochaine génération.
      La sélection est considérablement améliorée si on a un grand échantillon à partir duquel choisir ! La meilleure plante sélectionnée d'un groupe de 10 a de moins bonnes chances d'être sensiblement différente de ses confrères que la meilleure plante choisie parmi un échantillon de 100 000. Burbank a souvent fait ses choix initiaux des parents à partir d’échantillons allant jusqu'à 500 000 jeunes plantes. Les difficultés surgissent pour beaucoup de sélectionneurs parce qu'ils manquent d'espace pour garder assez d'exemplaires de chaque variété pour permettre un choix significatif. Les buts d'un sélectionneur de cannabis sont limités par la place disponible. La formulation d'un but bien défini abaisse le nombre d'individus requis pour exécuter des croisements efficaces. Une autre technique employée par des sélectionneurs depuis la période de Burbank est de faire la sélection tôt. Les jeunes plantes prennent beaucoup moins d'espace que des adultes. Des milliers de graines peuvent être mises à germer dans un plateau. Cent pousses de 10 cm (4-inch) ou seize jeunes plantes de 30 cm (12-inch) ou un plant juvénile de 60 cm (24-inch) occupent le même espace. Une plante adulte peut facilement prendre autant d'espace que cent plateaux. Un calcul simple montre que jusqu’à 10 000 pousses peuvent être casées dans l'espace exigé par une plante mûre, si assez de graines sont disponibles. Les graines de variétés rares sont chères et introuvables ; cependant, la sélection rigoureuse appliquée à des milliers d'individus, même de variétés aussi courantes que les Colombiennes ou Mexicaines, peuvent produire une meilleure progéniture que de plantes d’une variété rare pour laquelle il n’y a que peu de choix après germination. Cela ne signifie pas que les variétés rares n’ont pas de valeur, mais une sélection rigoureuse est bien plus importante pour une hybridation réussie. Les pollinisations aléatoires qui produisent les graines de la plupart des marijuanas importées assurent un état hybride qui entraîne une grande diversité chez les jeunes pousses. Des plantes distinctes ne sont pas dures à découvrir si l'échantillon de jeunes plantes est suffisamment étendu.
      Les caractères considérés comme souhaitable pour l’hybridation du cannabis impliquent souvent le rendement et la qualité du produit final, mais ces caractères ne peuvent être exactement mesurés qu’après que la plante a été récoltée et donc longtemps après qu'il soit possible de la choisir ou de la croiser. La sélection effectuée tôt sur les jeunes plantes, ne fonctionne donc que pour les caractères les plus fondamentaux. Celles-ci sont d'abord sélectionnées, et les sélections ultérieures se focalisent sur les caractères les plus souhaitables présentés par les plantes juvéniles ou adultes. Les caractères précoces donnent souvent des indications sur l'expression phénotypique de la plante mûre, et il est facile d’établir des critères pour une sélection précoce efficace à partir des jeunes plantes. Par exemple, les jeunes plantes particulièrement grandes et minces pourraient s'avérer être de bons parents pour la production de pulpe ou de fibre, alors que les jeunes plantes de distance inter nodale courte et avec de nombreuses branches latérales pourraient être plus appropriées à la production de fleurs. Cependant, beaucoup de caractères importants à sélectionner, notamment pour les têtes, ne peuvent être jugés que longtemps après que les parents soient morts, ainsi beaucoup de croisements soient faits tôt et le choix des graines est fait à une date ultérieure.
      L'hybridation est le processus par lequel des patrimoines héréditaires différents sont mixés pour produire une progéniture d’une grande variabilité génétique à partir de laquelle des individus distincts peuvent être choisis. Le vent effectue l'hybridation aléatoire dans la nature. En culture, les sélectionneurs prennent la main pour produire des hybrides spécifiques et contrôlés. Ce processus est également connu comme croisement-pollinisation, croisement-fertilisation, ou simplement croisement. Si des graines sont produites, elles donneront naissance à une progéniture hybride exhibant certains caractères provenant de chaque parent.
      De grandes quantités de graines hybrides sont produites facilement en plantant deux variétés côte à côte, en enlevant les plantes mâles de la variété productrice de graine, et en permettant à la nature de suivre son cours. Des variétés avec du pollen ou des graines stériles pourraient être développées pour la production de grandes quantités de graines hybrides sans ce travail de tri ; cependant, les gènes pour la stérilité sont rares. Il faut se rappeler que tant les forces que les faiblesses parentales sont communiquées à la progéniture. Pour cette raison, les plantes les plus vigoureuses et les plus saines sont toujours utilisées pour le croisement d’hybrides.

      En outre, les « sports » (des plantes ou des parties de plantes portant et exprimant des mutations spontanées) communiquent plus facilement les gènes mutants à leur progéniture s'ils sont utilisés comme parent pollinisateur. Si les parents représentent des patrimoines héréditaires divers, la vigueur de l’hybride résulte du fait que, même si les gènes dominants tendent à transmettre des caractères désirables, les gènes différents dominants hérités de l’un des parents masquent les caractères récessifs hérités de l'autre. Ceci donne naissance à des individus particulièrement grands et en bonne santé. Pour augmenter la vigueur de l’hybride dans la progéniture, il faudra choisir des parents de différentes origines géographiques, puisqu'ils représenteront probablement des patrimoines héréditaires plus différents.

     La progéniture hybride sera de temps en temps inférieure aux deux parents, mais la première génération peut contenir les gènes récessifs pour un caractère favorable trouvé dans un parent si le parent était homozygote pour ce caractère. Les hybrides de la première génération (F1) sont donc croisés pour permettre aux gènes récessifs de recombiner et d’exprimer le caractère parental désiré. Beaucoup de sélectionneurs s'arrêtent avec le premier croisement et ne réalisent jamais le potentiel génétique de leur variété. Ils ne produisent pas de génération F2 en croisant ou auto-pollinisant la progéniture F1. Puisque la plupart des variétés locales de cannabis sont des hybrides F1 pour beaucoup de caractères, on peut obtenir une grande diversité de recombinaisons récessives en croisant des variétés locales. De cette façon le croisement des F1 est déjà fait, et on gagne 1 an en faisant directement des hybrides F2. Ces hybrides F2 sont à même d’exprimer les caractères parentaux récessifs. À partir de la génération F2, des hybrides peuvent être choisis pour faire les parents qui seront employés pour commencer de nouvelles variétés stables. En effet, les hybrides F2 pourraient exprimer des caractères plus exacerbés que l'un ou l'autre des parents. (Par exemple, P1 avec un fort taux de THC X P1 avec un bas taux de THC donne des hybrides F1 avec un taux intermédiaire de THC. Croiser 2 F1 donne des hybrides F2, exprimant les deux phénotypes des P1 [ haut et bas taux de THC], des phénotypes F1 intermédiaires, et des phénotypes avec des taux très élevés de THC aussi bien que phénotypes avec des taux très bas).
      En outre, en raison de la recombinaison des gènes, les hybrides F1 ne sont pas stables et doivent être reproduits à partir des variétés parentales originales. Quand les sélectionneurs créent des hybrides ils essayent de produire assez de graines pour plusieurs années de culture successives. Après les premières récoltes, les graines hybrides indésirables sont détruites et des graines hybrides souhaitables sont stockées pour un usage ultérieur. Si les hybrides devaient être reproduits, un clone devra être sauvé de chaque plante parentale pour préserver les gènes parentaux originaux.
      Le croisement en retour est une autre technique utilisée pour produire une progéniture avec des caractères parentaux renforcés. Dans ce cas, un croisement est fait entre un des individus de génération F1 ou ultérieure et l'un ou l'autre des parents exprimant le caractère désiré. Une fois encore on a une possibilité de recombinaison et d'expression possible du caractère parental choisi. Le croisement en retour est une manière valable de produire de nouvelles variétés, mais il est souvent ardu parce que le cannabis est une plante annuelle, il faut donc prendre particulièrement soin de garder les spécimens parentaux pour le croisement en retour de l'année suivante. On peut utiliser les lampes d’intérieur ou les serres pour protéger le fruit des croisements pendant la saison d’hiver. Dans les régions tropicales les plantes peuvent vivre dehors toute l'année. En plus de conserver des parents particuliers, un sélectionneur plein de succès conserve toujours beaucoup de graines du groupe P1 original qui a produit le caractère voulu de sorte qu’une autre plante P1 exprimant également ce caractère puisse être cultivé et choisi pour un croisement en retour ultérieur.

Plusieurs différents types de croisements sont :
 

  • 1 - Croiser deux variétés ayant des qualités exceptionnelles (hybridation).
  • 2 – Croiser deux individus F1 ensemble pour trouver toutes les possibilités du croisement original (différenciation).
  • 3 - Croisement en retour pour établir les types parentaux originaux.
  • 4 - Croiser deux variétés (homozygotes) stables semblables pour préserver un caractère mutuel et pour reconstituer la vigueur.


       Il convient de noter qu'une plante hybride n'est pas habituellement hybride pour tous les caractères, ni une variété stable ne l’est pour tous les caractères. En discutant des croisements, nous parlons de la transmission d'un ou de quelques caractères seulement. La variété peut être stable pour seulement quelques caractères, et hybride pour le reste. Les croisements mono-hybride impliquent un caractère, les croisements di-hybrides impliquent deux caractères, et ainsi de suite. Les plantes ont certaines limites dans leur croissance, et l’hybridation ne peut que produire une plante, expression d'un certain gène qui est déjà dans le patrimoine héréditaire. Rien n'est créé réellement par l’hybridation ; c'est simplement la recombinaison des gènes existants pour donner de nouveaux génotypes. Mais les possibilités de recombinaison sont presque sans limites.
      L'utilisation la plus commune de l'hybridation est de croiser deux variétés exceptionnelles. Des hybrides peuvent être produits, en croisant des individus choisis de différentes variétés de forte puissance de différentes origines, telles que la Thaï et la Mexicaine. Ces deux parents peuvent partager seulement le caractère de forte psycho-activité et être différents à presque tous les autres égards. De ce grand échange de gènes, beaucoup de phénotypes peuvent apparaître dans la génération F2. Le sélectionneur choisit de cette progéniture les individus qui expriment les meilleurs caractères des parents. Par exemple, considérez une partie de la progéniture du croisement des P1 (parents) : Mexicaine X Thaï. Dans ce cas, des gènes pour le contenu élevé de drogue sont choisis chez les deux parents tandis que d'autres caractères souhaitables peuvent être choisis chez l'un ou l'autre. Des gènes pour la grande taille et la maturation précoce sont choisis chez le parent mexicain (femelle), et des gènes pour des calices de grande taille et la douceur de l'arôme floral sont choisis chez le parent thaï (mâle). Beaucoup d’individus de la F1 exhibent plusieurs des caractères désirés. Pour favoriser encore plus la ségrégation des gènes, les plantes les plus proches de l'idéal sont croisées entre elles. La génération F2 est une grande source de variation et d’expression récessive. Dans la génération F2 peu d’individus ont les cinq des caractères choisis. Maintenant le processus de stabilisation commence, en utilisant les parents F2 recherchés.
       Si possible, deux ou plus de lignées séparées sont commencées, en ne leur permettant jamais de s'entrecroiser. Dans ce cas-ci une plante mâle acceptable est choisie avec deux plantes femelles (ou vice versa). Le croisement entre le parent mâle et les deux parents femelles donnent deux lignées génétiques légèrement différentes, mais chacune exprime les caractères désirés. Chaque génération produira de nouvelles combinaisons encore plus favorables.
      Si deux variétés croisées en retour sont croisées, les hybrides F1 seront moins variables que si deux variétés hybrides sont croisées. Ceci revient à limiter la diversité des patrimoines héréditaires dans les deux variétés à hybrider par le croisement en retour précédent. Davantage de sélections indépendantes et de croisements en retour entre les meilleures plantes sur plusieurs générations établiront deux variétés stables pour tous les caractères choisis à l'origine. Cela signifie que toute la progéniture d’un quelconque parent de cette variété engendrera de jeunes plantes qui ont tous les caractères choisis. Les croisements en retour successifs peuvent entraîner alors le déclin régulier de la vigueur de la variété.
      Quand le manque de vigueur intervient, il faut choisir des phénotypes pour leur taille et leur robustesse, les deux lignées peuvent alors être entrecroisées pour combiner les gènes et restaurer la vigueur. Cela n'interférera probablement pas pour les caractères choisis à moins que les deux différents systèmes de gènes contrôlent le même caractère dans les deux lignées séparées, mais c'est fortement peu probable. Maintenant le sélectionneur a produit une variété hybride qui est stable pour la grande taille, la maturation précoce, les grands calices à l'odeur agréable, et un taux élevé de THC. Le but a été atteint !
      Une pollinisation aérienne et l’état dioïque de la sexualité du cannabis favorisent un patrimoine héréditaire hétérozygote. Par la stabilisation, les hybrides passent d'un patrimoine héréditaire hétérozygote à un patrimoine héréditaire homozygote, fournissant la stabilité génétique requise pour créer des variétés stables. L'établissement de variétés pures permet au sélectionneur de faire des croisements hybrides avec une meilleure prédictibilité quant aux résultats. On peut créer des hybrides qui ne sont pas reproductibles lors de la génération F2. On pourrait développer des variétés commerciales de graines qui devraient être achetées tous les ans, parce que les hybrides F1 de deux lignées pures ne sont pas stables. Ainsi, un producteur de graines pourrait protéger son investissement dans les résultats de l’hybridation, puisqu'il serait presque impossible de reproduire les parents à partir des graines de F2. Actuellement il semble peu probable qu'un brevet sur les plantes soit attribué pour une variété stable de cannabis producteur de drogue. À l'avenir, cependant, avec la légalisation de la culture, c'est une certitude que les sociétés avec suffisamment de temps, d'espace, et d'argent pour produire des variétés pures et hybrides de cannabis déposeront des brevets. Il pourrait être légal de ne cultiver que certaines variétés brevetées, produites par de grandes compagnies de grainetiers. Est-ce que ce sera le moyen pour le gouvernement et l'industrie de combiner pour contrôler la qualité et la quantité du cannabis producteur de "drogue" ?

L’acclimatation

Une grande partie des efforts de croisements réalisés par les cultivateurs nord-américains concerne l’acclimatation de variétés à hauts taux de THC d'origine équatoriale, au climat de leur région tout en préservant leur puissance. Des variétés à maturation tardive, avec une croissance lente et irrégulière pendant la floraison comme les thaïlandaises mûrissent difficilement dans beaucoup de régions d'Amérique du Nord. Même en serre chaude, il peut ne pas être possible de faire mûrir des plantes à leur pleine puissance originale.
      Pour développer des variétés à maturation précoce et floraison rapide, un sélectionneur peut hybrider comme dans l'exemple précédent. Cependant, s'il est important de préserver la génétique unique importée, l'hybridation peut être imprudente. Alternativement, un croisement pur est fait entre deux ou plusieurs plantes thaïs qui s’approchent le plus possible de l'idéal en fleurissant tôt. A ce stade le sélectionneur peut ignorer beaucoup d'autres caractères et viser à multiplier une variété thaï pure à maturation précoce. Cette variété peut néanmoins mûrir considérablement plus tard que l’idéal pour l'endroit particulier à moins qu’une pression sélective ne soit exercée. Si d'autres croisements sont faits avec plusieurs individus qui satisfont d'autres critères tels que un taux élevé de THC, ceux-ci peuvent être utilisés pour développer une autre variété thaïe pure à taux élevé de THC. Après que ces lignées aient été stabilisées, un croisement pur di-hybride peut être fait afin d'essayer de produire une variété à partir de la génération F1, contenant la maturation précoce, le haut taux de THC et une génétique thaïe pure, en d'autres termes, une variété acclimatée de drogue.
      Les croisements faits sans but clair à l'esprit mènent aux variétés qui s’acclimatent tout en perdant beaucoup de caractères favorables. Un sélectionneur successif fait attention à ne pas négliger un caractère qui peut s'avérer utile. Il est impératif que la génétique importée originale soit préservée intacte pour protéger l'espèce contre la perte de variété génétique par l'hybridation excessive. Un gène actuellement non reconnu peut être responsable du contrôle de la résistance à un parasite ou à une maladie, et il peut ne pas être possible de transmettre ce gène qu’en croisant en retour des variétés existantes aux patrimoines génétiques parentaux originaux.
      Une fois que des lignées pures ont été établies, les horticulteurs classifient et analysent statistiquement la progéniture pour déterminer les modèles de transmission pour ce caractère. C'est le système employé par Gregor Mendel pour formuler les lois fondamentales de la transmission et pour faciliter le sélectionneur moderne en prévoyant les résultats des croisements,
 

  • 1 - deux lignées pures de cannabis qui diffèrent dans un caractère particulier sont sélectionnées.
  • 2 - Ces deux lignées stabilisées sont croisées pour produire une génération F1.
  • 3 - La génération F1 est croisée en retour.
  • 4 - La progéniture des générations F1 et F2 est classifiée pour le caractère étudié.
  • 5 - Les résultats sont analysés statistiquement.
  • 6 - Les résultats sont comparés aux modèles connus de la transmission ainsi la nature des gènes choisis peut être caractérisée.



    Partie 2 ICI  : 

    Fixer des caractères
    Ratios de génotypes et de phénotypes
    Liste des caractères favorables du cannabis pour lesquels des variations se produisent

    1 - Caractères Généraux
    2 - Les caractères des jeunes plantes.
    3 - Les caractères du feuillage
    4 - Les caractères des fibres
    5 - Les caractères des fleurs
    6. Phénotypes bruts des variétés de cannabis


    Partie 3 ICI :

    Phénotypes et caractères des variétés importées

    1. Phénotypes généraux des variétés de fibres
    2. Phénotypes généraux des variétés de drogue


    a) Colombie
    b )Congo
    c) Hindu-Kush
    e) Jamaïque
    f) Kenya
    g) Liban
    h) Malawi
    i) Mexique
    j) Maroc
    k) Népal
    I) Russie
    m) Afrique du Sud
    n) Asie du Sud-Est


    3. Phénotypes hybrides

    a) phénotype « creeper »
    b ) Phénotype « énorme et tout droit »

 

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