Suisse: Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les stupéfiants l’an prochain, l’usage médical du cannabis deviendra possible. Selon quelles modalités? C’est tout l’enjeu des ordonnances d’application, actuellement à l’étude à l’Office fédéral de la santé publique«Je suis polytraumatisé et j’ai des douleurs chroniques. Lorsque j’ai quitté l’hôpital après mon accident, on m’a donné de la morphine pendant cinq mois et j’ai plongé dans la dépression. Après, on m’a mis sous Ponstan; au bout de deux ans, j’ai développé un ulcère. Aujourd’hui, ça fait cinq ans que je me soigne avec du cannabis et ça va bien.»
Antoine* vit en zone grise: l’association Alternative Verte, dont il est l’un des animateurs, réunit à Genève quelque 70 personnes qui utilisent du chanvre pour lutter contre divers symptômes: douleurs, crampes, nausées, angoisses… Elle distribue à ses membres des plantons et des conseils pour les faire prospérer et les transformer en préparations: beurre, gâteaux, etc. Lui-même fume son chanvre mais estime que c’est une pratique qu’il ne peut recommander à personne.
Beaucoup de ces usagers agissent avec l’accord plus ou moins enthousiaste de leur médecin traitant, auquel ils demandent un «certificat» attestant du fait qu’ils utilisent le chanvre pour combattre un symptôme rebelle. Dénué de valeur légale, ce document a toutefois permis à quelques membres d’échapper en tout ou en partie aux foudres de la loi, assure Antoine. Ce que Patrick Puhl, porte-parole de la police genevoise, ne confirme pas: «Nous n’avons jamais vu de tels certificats», assure-t-il. Zone grise…
La situation pourrait se clarifier prochainement. La nouvelle loi fédérale sur les stupéfiants, qui devrait entrer en vigueur l’an prochain, entrouvre la porte à une utilisation médicale du cannabis. Les ordonnances d’application devraient être mises en circulation cet automne. Elles détermineront lesquels des usagers de cannabis médical auront la chance de se retrouver du bon côté de la loi et lesquels resteront dans une semi-clandestinité.
Le projet, élaboré par un groupe d’experts, prévoit, selon Mona Neidhart, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la possibilité de faire homologuer des traitements à base de cannabis, synthétique ou naturel, auprès de Swissmedic. Ce qui implique, pour les demandeurs, de démontrer que le médicament proposé est efficace et qu’il apporte une plus-value par rapport aux traitements existants.
Par Sylvie Arsever
Source : Le Temps