Quelque 120 médecins, chercheurs, avocats ou juristes sont attendus vendredi à Strasbourg pour débattre des utilisations médicales du cannabis ou de ses dérivés, et prôner un assouplissement de la législation en la matière.
Cette rencontre, dans une salle du Parlement européen, survient quelques jours après une nouvelle polémique sur la dépénalisation du "pétard", mais les organisateurs assurent que les deux débats n'ont rien à voir.
"Nous voulons évoquer le cannabis en tant que médicament, et pas le cannabis récréatif", a expliqué à l'AFP le Dr Patrick Spiess, médecin généraliste à Strasbourg et membre de Action Sida Ville, une association d'aide aux malades du sida.
Les cannabinoïdes peuvent être utilisés en médecine comme antalgique, pour soulager les nausées ou certains symptômes de la sclérose en plaque, voire pour traiter l'anorexie ou l'obésité, énumère-t-il.
"Dans le cas des opiacés, la morphine est utilisée couramment comme antidouleur, alors que l'héroïne, de la même famille, est illicite. Pourquoi ne pourrait-il pas en être de même pour le cannabis et ses produits dérivés thérapeutiques?" demande le médecin.
Aux Pays-Bas, mais également en Allemagne, Espagne, Italie, Suisse ou au Royaume-Uni, l'usage des médicaments à base de cannabis, sous forme de comprimés ou de sirops, est beaucoup plus souple, rappelle le Dr Spiess, qui reconnaît défendre des positions très minoritaires en France.
Parmi les intervenants attendus au colloque - co-organisé par l'Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM) -, plusieurs médecins ou chercheurs présenteront les effets bénéfiques du cannabis pour le traitement de la douleur, des maladies inflammatoires de l'intestin, ou de la sclérose en plaque.
Les organisateurs ont également prévu de donner la parole à des patients. Parmi eux, Jean-Jacques Simon, 53 ans, séropositif et traité par trithérapie depuis 19 ans, qui affirme utiliser cette plante pour "améliorer (son) moral et (lui) ouvrir l'appétit". Jugé à Bourges pour contrebande et transport de près d'un demi-kilo de cannabis, il a été relaxé en avril.
Le traitement au cannabis lui avait été recommandé par son médecin, dans le cadre de la procédure complexe dite de l'ATU (autorisation temporaire d'utilisation). Une procédure dont les partisans du cannabis sur ordonnance demandent la simplification.
Source: AFP via Le parisien