La recherche sur le cannabis à des fins thérapeutiques est en pleine effervescence. Nombre de scientifiques font valoir sa présence dans des médicaments pour traiter le cancer, l'obésité et autres maladies. Mais les autorités restent méfiantes.
Cancer, obésité, asthme, arthrite, épilepsie, glaucome, traumatismes crâniens, douleurs neuropathiques... le cannabis pourrait intervenir dans toute une multitude de traitements différents, à en croire le professeur Raphaël Mechoulam, l'un des auteurs du livre Cannabis Médical*. Ce spécialiste prédit en effet "l'explosion des nouveaux médicaments liés aux cannabis."
Le chanvre est l'un des plus anciens médicaments connus (les premières traces de son utilisation remontent à -2900 av JC). Pourtant, la recherche sur le cannabis médical est restée taboue ces dernières décennies. Aujourd'hui, les chercheurs du monde entier redécouvrent les propriétés de cette plante et se montrent surpris par ses perspectives thérapeutiques. Dans les pays anglo-saxons, de nombreux patients témoignent déjà de l'aide apportée par le cannabis face à certaines pathologies, et militent pour faire évoluer la législation.
Aujourd'hui, on ne dénombre encore qu'une poignée de médicaments issus du cannabis sur le marché. Certains comme le Sativex, disponible au Canada pour les patients atteints de pathologies neurologiques graves, sont de simples extraits de la plante. Mais la plupart sont des cannabinoïdes purs, obtenus par synthèse chimique. C'est le cas de la nabilone (Cesamet) et du dronabinol (Marinol), distribués au Canada et aux Etats-Unis pour prévenir et traiter les nausées causées par les traitements anticancéreux ou favoriser l'appétit chez les malades du Sida.
Engouement des scientifiques
En France, ces médicaments se sont vus refuser une autorisation de mise sur le marché par l'Afssaps (agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), et ne peuvent être prescrits que via une demande d'autorisation temporaire d'utilisation délivrée à titre individuel. Une formalité administrative lourde et dissuasive. Le rimonabant (Acomplia), développé pour lutter contre l'obésité, est le seul cannabinoïde commercialisé dans l'Hexagone. Selon le docteur Bertrand Lebeau, addictologue dans différents hôpitaux, si la France demeure un des pays les plus fermés à l'utilisation du cannabis médical c'est, en partie, car celui-ci peut être perçu comme "le cheval de Troie de la légalisation du cannabis récréatif".
Par ailleurs, l'engouement des scientifiques se traduit par un grand nombre de molécules à base de "cannabis de synthèse", en cours d'expérimentation. Elles visent des pathologies aussi variées que la maladie de Parkinson, la maladie Gilles de la Tourette, la sclérose en plaque, le stress post-traumatique, l'arthrite rhumatoïde ou encore la maladie d'Alzheimer. Le laboratoire français Sanofi-Synthélabo, lui, s'apprête à mettre sur le marché américain un produit contre l'obésité qu'il espère vendre en très grandes quantités. Selon le professeur Mechoulam, presque tous les gros groupes pharmaceutiques américains, anglais, allemands, espagnols et italiens, travaillent aujourd'hui très sérieusement sur les cannabinoïdes.
Source : L'express