Quelque 120 médecins, chercheurs, avocats ou juristes sont attendus vendredi à Strasbourg pour débattre des utilisations médicales du cannabis ou de ses dérivés, et prôner un assouplissement de la législation en la matière.
Cette rencontre, dans une salle du Parlement européen, survient quelques jours après une nouvelle polémique sur la dépénalisation du "pétard", mais les organisateurs assurent que les deux débats n'ont rien à voir.
"Nous voulons évoquer le cannabis en tant que médicament, et pas le cannabis récréatif", a expliqué à l'AFP le Dr Patrick Spiess, médecin généraliste à Strasbourg et membre de Action Sida Ville, une association d'aide aux malades du sida.
Les cannabinoïdes peuvent être utilisés en médecine comme antalgique, pour soulager les nausées ou certains symptômes de la sclérose en plaque, voire pour traiter l'anorexie ou l'obésité, énumère-t-il.
"Dans le cas des opiacés, la morphine est utilisée couramment comme antidouleur, alors que l'héroïne, de la même famille, est illicite. Pourquoi ne pourrait-il pas en être de même pour le cannabis et ses produits dérivés thérapeutiques?" demande le médecin.
Aux Pays-Bas, mais également en Allemagne, Espagne, Italie, Suisse ou au Royaume-Uni, l'usage des médicaments à base de cannabis, sous forme de comprimés ou de sirops, est beaucoup plus souple, rappelle le Dr Spiess, qui reconnaît défendre des positions très minoritaires en France.
Parmi les intervenants attendus au colloque - co-organisé par l'Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM) -, plusieurs médecins ou chercheurs présenteront les effets bénéfiques du cannabis pour le traitement de la douleur, des maladies inflammatoires de l'intestin, ou de la sclérose en plaque.
Les organisateurs ont également prévu de donner la parole à des patients. Parmi eux, Jean-Jacques Simon, 53 ans, séropositif et traité par trithérapie depuis 19 ans, qui affirme utiliser cette plante pour "améliorer (son) moral et (lui) ouvrir l'appétit". Jugé à Bourges pour contrebande et transport de près d'un demi-kilo de cannabis, il a été relaxé en avril.
Le traitement au cannabis lui avait été recommandé par son médecin, dans le cadre de la procédure complexe dite de l'ATU (autorisation temporaire d'utilisation). Une procédure dont les partisans du cannabis sur ordonnance demandent la simplification.
Des extraits de cannabis permettent d'atténuer la raideur musculaire chez des patients atteints de sclérose en plaques, selon les résultats d'une étude rendus publics,
Près de 90 % des malades atteints de sclérose en plaques souffrent de raideur musculaire à un moment donné de leur maladie, ce qui réduit leur mobilité et leur qualité de vie. Selon la revue médicaleJournal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, une étude de phase 3 – la dernière étape d'un processus visant à approuver un nouveau médicament ou une nouvelle thérapie – a été réalisée sur 279 patients britanniques pendant 12 semaines.
EFFETS SECONDAIRES
Les patients étaient divisés en deux groupes, les uns recevant des cachets de tetrahydrocannabinol, un extrait de cannabis, et les autres un placebo. Les doses ont été régulièrement augmentées de 2,5 mg à une dose maximum de 25 mg au bout de 15 jours, une dose maintenue pendant le reste du test. A la fin de l'étude, 29,4 % des patients inclus dans le groupe cannabis ont fait état d'une atténuation de leur raideur musculaire contre 15,7 % dans le groupe témoin.
Le changement était perceptible dès la 4e semaine et s'étendait également à la douleur et à la qualité du sommeil. L'amélioration était la plus significative chez les patients qui ne prenaient pas de traitement antispasmodique, avec un taux de réponses positives atteignant 40 % chez les patients prenant des extraits de cannabis. Les effets secondaires étaient en revanche supérieurs dans le groupe cannabis et concernaient principalement des problèmes intestinaux et des troubles du système nerveux.
La sclérose en plaques est une maladie neurologique auto-immune qui affecte le cerveau, le nerf optique et la moelle épinière. Elle altère la transmission des influx nerveux et se manifeste par poussées, aboutissant au bout de quelques années à une pathologie très invalidante. "Nos résultats confirment les résultats de deux autres études qui avaient déjà montré une réduction significative de la spasticité [augmentation exagérée du tonus musculaire] chez des patients traités par un extrait de cannabis", relèvent les auteurs de l'étude dirigée par John Peter Zajicek, du groupe de recherche britannique sur la neurologie clinique.
SANTE - Plusieurs Etats américains autorisent le recours à la marijuana pour permettre aux patients atteints de maladie incurables d'atténuer leur douleur, mais l'utilisation de la marijuana dans un but thérapeutique pourrait désormais aller beaucoup plus loin. C'est ce qu'ont découvert deux chercheurs californiens ayant identifié une molécule capable de lutter contre le développement de tumeurs cancéreuses. Une découverte qui, à terme, pourrait sauver des vies.
"Cela nous a pris 20 ans pour en arriver, maintenant on veut passer à des tests cliniques le plus rapidement possible", a décaré au Huffington Post le chercheur Pierre Desprez du California Pacific Medical Center Research Institute. Aux Etats-Unis, le Daily Beast s'était fait l'écho de ces recherches testées en laboratoires mais aussi sur des animaux.
Dites cannabidiol
Qu'on se rassure, il ne s'agit pas de faire fumer des joints de marijuana aux patients atteints de maladie incurable. La molécule identifiée par Pierre Desprez et son équipe est le cannabidiol (CBD), une substance non toxique et non psychoactive qui se trouve dans le cannabis.
L'équipe du docteur Desprez s'est rendue compte que le CBD agit sur le gène ID-1, qui provoque le développement de cancer. Deprez travaillait depuis longtemps sur le fonctionnement de ce gène tandis que Sean McAllister travaillait sur les propriétés du cannabidiol, une molécule qui intéresse particulièrement la communauté scientifique aujourd'hui.
Des effets sur plusieurs types de cancer
"Ce qu'on a remarqué, c'est que la cannabidiol éteint le gène ID-1", a expliqué Desprez au Huffington Post. Sous l'effet du CBD, les cellules cancéreuses ont cessé de se développer. Desprez et McAllister avaient publié une première étude sur le sujet en 2007. Depuis, ils ont pu tester la molécule en laboratoire et sur les animaux, et ce qu'ils ont découvert a dépassé leurs espérances.
"On a commencé à s'intéresser au cancer du sein", raconte Pierre Desprez, "Mais maintenant on sait que le cannabidiol fonctionne sur les cancers du cerveau, de la prostate, bref, tous les cancers où le gène ID-1 joue un rôle actif"
"Nous n'avons pas trouvé de trace de toxicité parmi les animaux testés en laboratoire et le cannabidiol est d'ores et déjà utilisé chez l'humain dans de nombreuses autres maladies." Le CBD est en effet utilisé pour calmer l'angoisse et la nausée, et puisque la molécule n'est pas psychoactive, les patients ne souffrent (ou ne bénéficient, cela dépend d'eux) d'aucune "défonce".
A terme, et si les tests cliniques étaient concluants, le cannabidiol ne serait pas distribué sous formes de cigarettes mais synthétisé en laboratoire et prescrit sous forme d'injections ou de pilules. On déplore déjà de nombreux déçus.
La plante polyvalente de cannabis peut avoir un nouvel usage : elle pourrait être utilisée pour contrôler les crises épileptiques avec moins d’effets secondaires que les anticonvulsivants actuels.
Ben Whalley, de l’Université de Reading au Royaume-Uni, et ses collègues ont travaillé avec GW Pharmaceuticals, situé dans le Wiltshire, pour étudier les propriétés anticonvulsives du cannabidivarin (CBDV), un produit chimique peu connu trouvé dans le cannabis et quelques autres plantes. « Il y a des ‘évidences nombreuses, historiques et anecdotiques’ que les cannabinoïdes peuvent être utilisés pour contrôler les convulsions chez l’homme », a exprimé Whalley, « mais le ‘bagage d’effets secondaires’ signifie qu’il y a eu relativement peu d’études de son effet pharmaceutique ».
L’équipe a étudié l’efficacité du CBDV – l’un des quelques 100 cannabinoïdes non-psychoactifs du cannabis – comme anticonvulsivant. Ils ont provoqué des convulsions chez des rats et des souris vivantes après leur avoir soumis le médicament. Ces animaux ont connu des crises moins graves et une diminution significative de la mortalité, par rapport aux autres ayant reçu un placebo. Le médicament a également eu moins d’effets secondaires et a été mieux toléré que trois des anticonvulsivants les plus largement prescrits.
Les crises d’épilepsie touchent environ 1% de la population. Si incontrôlées, elles peuvent conduire à la dépression, au déclin cognitif et à la mort. « Si vous les contrôlez », a expliqué Whalley, « le taux de mortalité disparaît complètement ». La décision sur l’opportunité de tester le médicament sur les humains sera déterminée l’année prochaine.
« C’est un résultat très positif », a souligné Ley Sander, spécialiste de l’épilepsie à l’University College London, qui n’a pas participé à l’étude. « Nous avons besoin de nouveaux médicaments », a-t-il dit. « Pour 20 à 30% des personnes atteintes d’épilepsie, rien ne semble fonctionner ». Mais il appelle à la prudence. « L’épilepsie a été provoquée dans l’étude sur les animaux », a-t-il prévenu, ce qui n’est pas la façon dont l’épilepsie est acquise chez l’homme. Il ajoute que ce que vous voyez dans les tests animaliers ne se traduit pas toujours directement en pratique chez les êtres humains.
« La plupart des composés prometteurs dans des études précliniques peuvent ne jamais atteindre le marché », prévient Mark Richardson, du Groupe de Recherche sur l’Épilepsie au Kings College de Londres. « Mais, je suis d’accord que ces résultats justifient un besoin de progression dans le développement de médicaments ».
Cette étude a été publiée dans la revue British Journal of Pharmacology, sous la référence DOI: 10.1111/j.1476-5381.2012.02207.x
Des chercheurs ont découvert deux cannabinoïdes qui peuvent augmenter la quantité d’énergie consommée par l’organisme.
Bien que le cannabis soit mieux connu pour provoquer une sensation de faim, une « fringale », chez ceux qui en fument, des scientifiques ont découvert qu’il peut aussi avoir un effet coupe-faim, après en avoir examiné deux composés appelés tétrahydrocannabivarine (THCV) et cannabidiol (CBD).
« Les résultats sur des modèles animaux ont été très encourageants. Nous nous intéressons à la façon dont ces composants influencent la diffusion et l’utilisation des graisses dans l’organisme pour traiter les maladies métaboliques », explique le docteur Steph Wright, directeur du pôle recherche et développement de GW pharmaceuticals.
Des tests sur des souris ont montré que les composés stimulent le métabolisme des animaux, entraînant une baisse des taux de graisse dans leur foie et réduisant leur cholestérol sanguin. On a aussi constaté que le THCV augmentait la réceptivité des animaux à l’insuline tout en protégeant aussi les cellules qui produisent de l’insuline, leur permettant de fonctionner mieux et plus longtemps. Cela a fait naître l’espoir d’être en mesure de développer ces composés pour mettre au point des traitements contre les maladies en rapport avec l’obésité et le diabète de type 2.
GW Pharmaceuticals va maintenant lancer la phase de test IIa et étudie déjà divers médicaments à base de marijuana pour le traitement de la sclérose en plaques, de l’épilepsie, des douleurs liées au cancer et d’autres affections.
Selon le professeur Mike Cawthorne, directeur de la recherche sur le métabolisme à l’Université de Buckingham, qui a mené ces études sur les animaux : « Globalement, il semble que ces molécules augmentent la dépense en énergie au sein des cellules de l’organisme en augmentant le métabolisme. »
Le Royaume Uni est le second pays au monde qui compte le plus grand nombre d’obèses après les États-Unis, où 35,7 % des adultes sont qualifiés d’obèses ; un pourcentage significatif d’enfants a été également diagnostiqué comme étant obèses. Avec la prédominance des grands groupes de fast-food, l’obésité devient également une question de plus en plus problématique dans les pays en développement.
« Ces découvertes sont extrêmement importantes, particulièrement quand il s’agit de comparer la marijuana et l’alcool », indique Rob Kampia, directeur exécutif du Marijuana Policy Project (Projet pour une politique de la marijuana) à Washington, D.C. en réaction à ces constatations. « La marijuana est évidemment plus sûre que l’alcool, mais je comprends maintenant pourquoi j’ai pris plus de 10 kilos quand j’ai arrêté de consommer de la marijuana mais continué à boire de l’alcool, en plus du fait que l’alcool contient des calories alors que la marijuana n’en contient pas.
C’est fantastique de découvrir que la structure moléculaire de la marijuana peut réellement combattre l’obésité et les maladies qui s’y rapportent, mais il y a aussi de quoi se mettre en colère quand on pense aux attaques permanentes de l’administration Obama contre la marijuana médicinale. Si la Première Dame se soucie vraiment de l’obésité en Amérique, elle devrait dire à son mari d’arrêter de se mêler des lois des états et de la recherche sur la marijuana médicinale. Après tout, les maladies cardiaques, les attaques et le diabète tuent chaque année des centaines de milliers de gens dans ce pays. La marijuana n’en cause pas un seul. »
Par Richard Gray
Source: SensiSeeds Blog
Article original: The Telegraph
Programme pour la première conférence française sur le cannabis thérapeutique, Strasbourg, 2012.
Le 19 octobre 2012 au Parlement Européen à Strasbourg
Action Sida Ville (association qui fédère des acteurs du soins et des addictions en Alsace), I Care (auto support et accès aux soins des usagers du système de soins) et UFCM (Union Francophone pour les Cannabinoides en Médecine) vous invite en octobre 2012, à la première conférence scientifique sur les propriétés médicinales des Cannabinoïdes ainsi que leur utilisations thérapeutiques.
Avancées pharmacologiques et utilisations thérapeutiques des Cannabinoïdes en médecine.
(19 octobre 2012 au Parlement Européen à Strasbourg, France.)
PROGRAMME DE LA CONFERENCE
9h : Ouverture et Accueil, Discours de bienvenue de la part des présidents des associations organisatrices
09h15 : Dr Marko Van de Velde , Bureau du Cannabis Médical, Ministère de la santé des Pays-Bas : « La politique du cannabis thérapeutique néerlandais, plus de 10 ans d’expériences ».
10h15 : Bernard Buchet, Laboratoire de pharmacologie, CNRS/Université de Strasbourg :
2Le système nerveux humain et les Cannabinoïdes et leurs actions sur la douleur. »
11h15 : Dr Millet, Institut de chimie pharmaceutique, Albert Lespagnol, Université de Lille. « Les propriétés anti-inflammatoires des Cannabinoïdes dans les maladies inflammatoires de
l'intestin. »
Coordination Administrative: 12, rue Kuhn – 67000 Strasbourg
Tel : 03-88-39-49-09 mail : actionsidaville@gmail.com Site web : www.action-sida-ville.com
N° SIRET : 41410956100020
12h30 : Repas
14h30 : Dr Claude Vaney, spécialiste de la sclérose en plaques, Clinique Bernoise Montana en Suisse: « L’utilisation du cannabis dans le traitement des maladies neurologiques en particulier celles de la sclérose en plaques ». 1 heure.
15h30 : Tjalling Erkelens, horticulteur sous licence du ministère de la santé néerlandaise, directeur de Bedrocan B.V: « La production standardisée de cannabis médical avec quatres variétés de cannabis distribuées dans les pharmacies néerlandaises et européennes (Bedrocan Flos, Bedrobinol, Bediol et Bedica) ». 45 mn
Demonstration: Storz&Bickel, Volcano, Allemagne : « Présentation du premier appareil de soins pour l’administration des Cannabinoides, certifié d’un agrément médical pour l’usage thérapeutique du cannabis médical ». 45mn
Témoignages : Expériences de patients, personnes ayant étaient dispensés de peines pour leur usage thérapeutique de cannabis.
17h30 Clôture
MERCI DE VOTRE SOUTIENT, NOUS VOUS ATTENDONS NOMBREUX A CETTE PREMIERE CONFERENCE UNIQUE EN FRANCE.
Pour tout informations contacter : rambaud.b@wanadoo.fr
MONTRÉAL – Environ 10% des personnes souffrant de fibromyalgie, une maladie caractérisée par une douleur musculaire persistante, se procurent du cannabis illégalement pour se soulager, selon une étude réalisée par une rhumatologiste du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
Les résultats de l'étude indiquent que 13% des patients interrogés font usage de cannabinoïdes, dérivés des produits chimiques qui se trouvent dans la marijuana et qui dispersent les effets de la drogue à travers le corps, pour aider à soulager la douleur, la fatigue et l'insomnie dues à la fibromyalgie. Aussi, 10% d'entre eux ont affirmé qu'ils achetaient du cannabis illégalement pour ces mêmes raisons.
«La fibromyalgie affecte jusqu'à 3% de la population et est plus fréquente chez les femmes, a expliqué la Dre Mary-Ann Fitzcharles, qui est aussi professeure de médecine à l'Université McGill. Malheureusement, les traitements pharmacologiques contre la douleur causée par la fibromyalgie présentent des résultats modestes, ce qui incite certains patients à s'automédicamenter.»
Selon l'étude, les patients qui font usage de cannabinoïdes et de cannabis sont plus susceptibles de souffrir de troubles mentaux et consomment souvent d'autres médicaments, ce qui pourrait provoquer des interactions néfastes pour leur santé.
L'étude a été menée auprès de 457 patients du CUSM souffrant de fibromyalgie et a été publiée dans le journal Arthritis Care & Research.
En Floride, une association cherche à convaincre les personnes âgées des bienfaits du cannabis employé à des fins thérapeuthiques. Avec un certain succès, constate The Wall Street Journal.
De LAKE WORTH, Floride
Pendant longtemps, Selma Yeshion, une retraitée de 83 ans, a considéré le cannabis comme une drogue dangereuse. "Je pensais qu'il rendait dépendant" et que sa consommation "conduisait à prendre des drogues plus dures". En avril dernier, elle a assisté à une conférence organisée à la synagogue locale L'Dor Va-Dor par Silver Tour [Tournée d'argent]. Cette association tente de persuader nos aînés aux cheveux grisonnants de soutenir l'utilisation thérapeutique de la marijuana en Floride. Toute une série d'intervenants, y compris un médecin, un patient et plusieurs avocats du haschich, ont expliqué au public que c'était précisément ce dont les seniors avaient besoin pour traiter des problèmes comme les douleurs chroniques et l'insomnie.
Selma Yeshion, elle, est séduite. "Je veux du cannabis, déclare-t-elle après la conférence, le sourire jusqu'aux oreilles. Ce serait bien pour mon mal de dos. Au diable, je veux essayer une fois dans ma vie."
Et voilà une convertie de plus pour Silver Tour, qui est allé faire son boniment sur le cannabis dans des maisons de retraite et des lieux de culte de toute la Floride. Silver Tour a été fondé en 2010 par un militant improbable : Robert Platshorn, qui a passé près de trente ans dans une prison fédérale pour son rôle dans ce que les autorités considèrent comme l'un des plus grands réseaux de trafic de marijuana des années 1970.
Sensibiliser les seniors
A sa libération, en 2008, la carrière de chantre du chanvre ne faisait pas partie de celles dont rêvait Platshorn. Mais il a rencontré une kyrielle de patients âgés, dont les problèmes de santé auraient pu être atténués par le cannabis, mais qui n'y avaient pas accès, et il a eu envie de plaider leur cause. Aussi a-t-il décidé de se consacrer à ses camarades seniors, que l'idée de la marijuana médicale ne fait pas exactement planer ; de fait, en 2010, les plus de 65 ans ont fait capoter un projet de légalisation en Californie. Selon des sondages effectués à la sortie des urnes, ils se sont exprimés à 66 % contre, plus que tout autre groupe d'âge.
"Dans le mouvement en faveur de la marijuana, personne ne s'adresse aux seniors", regrette Platshorn. Or, selon le think tank Pew Research Center, les plus de 65 ans représentent 24 % de l'électorat en Floride, contre 18 % à l'échelle nationale.
Dix-sept Etats ainsi que le district de Columbia ont déjà adopté des lois qui légalisent la marijuana médicale, rappelle Allen St. Pierre, directeur exécutif de la National Organization for the Reform of Marijuana Laws (NORML), une organisation qui milite en faveur du cannabis. Cette année, six autres Etats ont examiné des propositions de loi de légalisation lors de sessions législatives, poursuit-il. Selon une étude réalisée en 1999 par l'Institute of Medicine et commandée par le White House Office of National Drug Control Policy, le cannabis peut, entre autres, aider à soulager la douleur, à réduire les nausées et à stimuler l'appétit. L'étude souligne également ses effets indésirables : diminution des capacités motrices et dysphorie, sensations désagréables, etc.
Silver Tour, qui est financé par de petits donateurs, doit faire face à de forts vents contraires en Floride, où les républicains, qui contrôlent la législature, s'opposent à toute mesure de légalisation. Jeff Clemens, député démocrate à la Chambre des représentants de l'Etat, a présenté une proposition de loi sur la marijuana thérapeutique lors des deux dernières sessions législatives, la dernière s'étant achevée en mars. Mais la tentative a fait long feu.
Le chanvre et la "compassion"
Aujourd'hui candidat au sénat de Floride, Jeff Clemens déclare que, s'il est élu, il présentera à nouveau la proposition de loi en 2013. Pour avoir rencontré de nombreuses personnes au stade final d'une maladie, qui pensent que le cannabis les aiderait, il se sent en devoir de promouvoir le cannabis médical, explique-t-il. Cet habitué des conférences de Silver Tour ignore les taquineries occasionnelles de ses camarades législateurs. "Lorsqu'il est bientôt 4 h 20, ils me disent : 'C'est à toi, Jeff !'" (Les amateurs de joints utilisent le code "420" pour désigner le cannabis.)
Les réactions des seniors qui assistent aux conférences sont massivement positives, assure Silver Tour. Le tout, c'est de les faire entrer et s'asseoir dans la salle. Et, pour cela, Platshorn a deux mots magiques : "Buffet gratuit". Une quarantaine de seniors sont venus à la présentation de Silver Tour, ici, en avril. Barry Silver, le rabbin blagueur de la congrégation, explique au public que les membres du conseil étaient un peu nerveux à l'idée de laisser un groupe promouvoir la marijuana à la synagogue. Il leur a répondu : "Ne vous en faites pas. Pourquoi croyez-vous que le jour le plus sacré de l'année s'appelle le High Holy Day ?" ["Holy day" signifiant "jour sacré", et "high" correspondant à "haut" et à "défoncé" dans le langage familier.]
Parmi les intervenants figure ce jour-là Irvin Rosenfeld, un courtier de Fort Lauderdale qui fume légalement 10 à 12 joints par jour depuis trente ans pour traiter une maladie osseuse. Il est l'un des rares participants restants d'un programme fédéral qui fournit par "compassion" du chanvre cultivé par le gouvernement. Le programme, supervisé par la Food and Drug Administration, a été supprimé en 1992, mais M. Rosenfeld et une poignée d'autres participants continuent à bénéficier des droits qu'ils avaient acquis. Tout ce cannabis n'a en rien entamé sa capacité à analyser le marché et à traiter les chiffres. "Au contraire, la marijuana améliore mon travail. Je suis plus calme."
Les membres du public réagissent favorablement après les interventions, tandis qu'ils s'enfilent un buffet de houmous, de fromage et de brownies – normaux, sans haschich. Roberta Feinman, 76 ans, reconnaît que la présentation a dissipé certaines de ses craintes. "Je pensais que la marijuana, c'était seulement pour les jeunes qui sont, vous savez... des fumeurs de joints." Et de poursuivre : "Si c'était légal, j'envisagerais de prendre du cannabis pour m'endormir."
Evy Shareff, 85 ans, se dit prête à s'embarquer dans l'aventure de Silver Tour. "En entendant ça ce soir, j'ai senti que je devais leur apporter beaucoup plus de soutien." "C'est injuste d'en priver des personnes à qui ça ferait du bien, qui ne commettent pas de crime, ne tuent pas et ne font de mal à personne." Mais tout le monde n'est pas convaincu. Pour Lita Paritsky, 76 ans, la consommation de marijuana peut conduire à prendre des substances beaucoup plus dangereuses. Elle aimerait examiner la législation sur l'utilisation médicale de la marijuana.
D'après Platshorn, les seniors intéressés par le cannabis sont souvent rebutés par l'idée de le fumer. Aussi leur explique-t-il qu'il existe un tas d'autres façons de le consommer : "Vaporisateurs, sucettes, petits gâteaux, solutions huileuses, comprimés, boissons au cannabis – c'est sans fin !"
Le rabbin Barry Silver se déclare tout à fait favorable au cannabis médical. Il a même écrit une chanson inspirée de Silver Tour, un riff sur un classique de Johnny Nash. "J'y vois clair maintenant, mon glaucome a disparu." "Au revoir les douleurs de la chimiothérapie. Au revoir les symptômes qui me mettaient à plat. Ce sera une belle, belle journée grâce au THC [tétrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis]."
Source:Courrier International
https://www.youtube.com/watch?v=sxj4aL0OCSw&hd=1
On en parle sur le forum....
Ce matin, j’ouvre mon courrier électronique et je découvre "Cannabis : l’Académie de médecine contre la dépénalisation en raison des effets sur la santé" (Cf. la brève au bas de l’article). Il faut réagir face à cette ignoble propagande et dénoncer ces procédés totalitaires.
Bien entendu, il faudra m’expliquer en quoi des médecins, des pharmaciens, des thérapeutes en tous genres sont légitimes pour donner un point de vue sur la nature du Droit commun ? Autant sur la santé humaine, ils se doivent d’être à la pointe de la réflexion, mais leur avis sur la question pénale, celle de la nature de la loi est totalement inutile. Parce que cela échoit en responsabilité au législateur... qui légifère pour des questions de santé publique.
Normalement, le législateur définit la loi au nom du peuple et dans son intérêt souverain, et bien entendu en rejetant tout dogmatisme ou obscurantisme, mais avec l’avis éclairé prenant en compte aussi bien les contingences budgétaires de l’Etat, que la situation politique, économique et sociale, voire parfois pour mieux adapter le droit aux évolutions sociétales.
Est-ce que l’Académie Nationale de Médecine pourrait par exemple donner un avis interdisant la circulation automobile, notamment lors des pics de pollution ?
Pourtant la pollution atmosphérique est bien plus dangereuse pour la santé des gens que le cannabis, toutes les études le démontrent ! La pollution tue, le cannabis ne tue pas.
Et même si la loi française interdit toujours de "présenter sous un jour favorable" les stupéfiants comme le cannabis, et qu’on attend impatiemment le jour où l’Académie Nationale de Médecine osera reconnaître publiquement que le cannabis est un remède pour de nombreux patients atteints de maladies graves, il devient urgent de dénoncer la propagande prohibitionniste de ce ramassis de "dangereux criminels" !
Quid de Jérôme atteint de myopathie et qui recours quotidiennement au cannabis pour se soulager tandis que la morphine ne lui offre pas le même confort avec ses effets secondaires ? Quid de Justin atteint de la maladie de Crohn et qui survit mieux des poussées grâce au cannabis ?
Quid d’Olivier qui réclame son "médicament" pour supporter la sclérose en plaque qu’il a contracter en prison à la suite d’une vaccination contre l’Hépatite B ? Quid de Jean Paul, exerçant un métier à haut-risque tout en éloignant ses crises d’asthme grâce à la consommation régulière de cannabis ? Quid de Floriant jeune tétraplégique de 19 ans qui vit plus détendu avec le cannabis ?
L’Académie Nationale de Médecine a-t-elle procéder à l’audition de tels personnes pour valider sa thèse prohibitionniste ? Quand compte-t-elle le faire ?
On pourrait multiplier par 1000 par 100 000, par millions le nombre de cas où la vie quotidienne des individus n’est pas mise en danger par le cannabis, mais au contraire améliorée, facilitée, embellie par cette plante aux milles vertus... Tout en redoutant toujours et partout les effets délétères des lois en vigueur.
Mais bien pire encore que les inepties de l’Académie Nationale de Médecine, le procédé journalistique par lequel une information non-vérifiée devient un instrument de propagande, pour que le mensonge continue de proliférer.
Tordons le cou à ce qui a fait l’origine de la prohibition du cannabis, avec son classement comme "stupéfiants" au beau milieu des années 30 : le potentiel d’abus du cannabis est bien moindre que celui de l’alcool, tandis que les bénéfices thérapeutiques du cannabis sont bien supérieurs à ceux de l’alcool dont on peut dire qu’au contraire il est un facteur néfaste. Cependant le cannabis est illicite tandis que l’alcool est légal, cherchez l’erreur ! Personne à l’Académie Nationale de Médecine ne demande l’interdiction du cognac ou du Ricard... dont la dose létale est réelle, alors que celle du cannabis demeure inconnue puisqu’il faudrait fumer 800 cigarettes 100% cannabiques, sans dormir ni manger et mourir des conséquences des goudrons de la combustion.
Plus encore, on affirme que l’Académie Nationale de Médecine se base sur deux études, sans en donner les références, ni même les auteurs... C’est un procédé propagandiste qui ne devrait flouer personne mais qui dans le monde immonde de l’immédiat média, l’effet boule-neige aidant, les mensonges prohibitionnistes continuent de se propager.
Alors l’Académie Nationale de Médecine aura-t-elle le courage d’affronter les travaux scientifiques outre-manche, et les journalistes l’envie de faire leur travail de collecte et de recoupage des informations scientifiquement validées, comme ceux de ce rapport du Dr Donald I. ABRAMS, publié fin 2010 à propos du "cannabis pour le traitement de la douleur et le soin palliatif" : https://www.beckleyfo...LD_211690_1.pdf
A quand une plainte pour divulgation de fausses nouvelles avec l’intention de nuire à autrui ?
Par Farid Ghehiouèche, le 30 mars 2012
Source: CSF
Jean Costentin, professeur de pharmacologie à l'université de Rouen, membre de l'Académie de Médecine et de l'Académie de Pharmacie
Président du Centre National de prévention, d'études et de recherches en toxicomanie
Cannabis : l’Académie de médecine contre la dépénalisation en raison des effets sur la santé
Alors que la dépénalisation du cannabis fait l’objet d’un débat récurrent en France, l’Académie nationale de médecine réaffirme son opposition sur le sujet, mettant en avant "les effets délétères de cette drogue". S’appuyant sur deux études récentes, l’institution française rappelle que le cannabis accroît les risques cardiovasculaires et neurovasculaires.
Les deux enquêtes mises en avant par l’Académie de médecine, dont l’une a été conduite par le CHU de Strasbourg, dénoncent les effets du cannabis sur la santé, notamment sa responsabilité dans les infarctus cérébraux et dans l’augmentation du risque d’infarctus du myocarde. Face à ce constat, l’Académie renouvelle ses mises en garde contre la dépénalisation du cannabis, mettant l’accent sur les "graves conséquences" de la drogue sur la santé des usagers.
Jusqu'à aujourd’hui, l'usage de drogues illicites était jugé comme peu courant chez les personnes âgées ou d’âge mûr, mais, en Angleterre, cet usage aurait a été multiplié par 10 depuis 1993. Il pourrait même devenir plus fréquent que l’utilisation de certains médicaments. Cette nouvelle recherche publiée le 5 avril dans la revue Age and Ageing constate l’augmentation considérable de la consommation de cannabis mais aussi des amphétamines, de la cocaïne et du LSD des 50-64 ans. Un phénomène qui devrait s’accentuer sur les 2 prochaines décennies.
L'étude a analysé des données sur la consommation de drogues illicites à partir d’enquêtes auprès de ménages britanniques dont une enquête nationale, la plus récente, portant sur 2.009 personnes âgées de 65 ans et 1.827 personnes âgées de 55 à 65 ans.
Le cannabis est la drogue la plus fréquemment utilisée.
- L'usage du cannabis à vie est rapporté par 1,7% 65 ans et plus et 11,4% des 50-64 ans.
- En milieu urbain, ici au centre de Londres, ces taux atteignent 9,4% et 42,8% respectivement.
- La consommation récente de cannabis (dans les 12 derniers mois) est rapportée par 0,4% des 65 ans et plus et 1,8% des 50-64 ans.
- Ces habitudes de consommation de cannabis à l'âge mûr marquent une augmentation rapide chez les 50-64 ans,
- quant à l'usage à vie, il est multiplié par 10 environ et passe de 1,0% en 1993 à 11,4% en 2007.
- Idem pour l'usage récent, multiplié par 10, de 0,2% en 1993 à 2,0% en 2007.
L’usage des autres drogues illicites reste sensiblement moins fréquent mais on note une augmentation considérable des amphétamines avec un usage récent encore rare.
Une nouvelle « tendance » pour les 2 prochaines décennies : L’auteur principal de l'étude, le professeur Robert Stewart, du King 's College London, commente: «Ce document confirme un phénomène longtemps soupçonné, mais jamais étudié, à savoir l'usage de plus en plus fréquent de drogues illicites par les générations plus âgées au cours des 2 prochaines décennies. Il y a également extrêmement peu de données sur les effets sur la santé de drogues comme le cannabis chez les personnes âgées ».
Est-il dommageable ou bénéfique pour l'enfant qui vient de naître?
La consommation de cannabis est la plus importante dans la tranche d'âge de 18 à 25 ans - qui est également le groupe démographique le plus susceptible de se reproduire. Aux Etats Unis, autour de 15% de la population sont des consommateurs habituels et parmi eux, 3% sont des femmes enceintes. Alors que le cannabis médicinal s'utilise largement dans le cas de nombreux problèmes chroniques, le thème de la sécurité pour les femmes enceintes exige toute l'attention.
Il est facile de s'imaginer le pire sur l'usage de cannabis pendant la grossesse comme ça se passe pour tous les médicaments peu connus. Cependant, même si de nombreuses femmes - consciemment ou non - prennent le risque d'exposer continuellement leur enfant à naître à des substances probablement nocives, on ne peut pas affirmer que ce soit habituel parmi les consommatrices d'herbe. La plupart des femmes ne peuvent pas poursuivre tranquillement leur médication pendant leur grossesse pour ne prendre aucun risque. Pour beaucoup d'entre elles, c'est une décision difficile à prendre.
Les études existantes peuvent être faussées à la base car elles ne portent que sur l'usage par la fumée. Alors que les recherches ont conclu que les effets de la fumée du cannabis et du tabac sont dissemblables (des informations récentes ont suggéré que fumer du cannabis peut exercer une action protectrice sur les poumons), il est irresponsable de suggérer que fumer n'importe quelle substance puisse être complètement bénéfique pour la santé. Les études devraient faire la distinction entre les effets pendant la grossesse du cannabis fumé et les autres manières de le consommer comme la vaporisation et l'ingestion orale.
Les arguments contre la consommation de cannabis pendant la grossesse reprennent les résultats d'une recherche menée l'année passée à l'Université Erasme de Rotterdam qui a établi que les bébés de mères consommatrices de cannabis ont une circonférence crânienne inférieure à la moyenne et un poids réduit à la naissance. On a découvert que le cannabis, utilisé uniquement au début de la grossesse, ralenti la croissance fœtale d'environ 11 grammes par semaine.
Si la consommation se poursuit pendant toute la grossesse, cette diminution atteint jusqu'à 14 grammes par semaine. Le tabac, en comparaison, ralentit la croissance d'environ 4 grammes par semaine. La réduction d'oxygène dans le cerveau du fœtus en développement est considérée comme un facteur important dans la baisse du poids du bébé à naître et cette différence s'explique facilement: les fumeurs de cannabis inhalent plus profondément et pendant plus longtemps, et soustraient ainsi plus longtemps l'oxygène du cerveau du fœtus que les fumeurs de tabac. Les taux de carboxyhémoglobines (qui se forment quand le monoxyde de carbone réagit avec l'hémoglobine du sang) sont cinq fois plus élevés après avoir fumé du cannabis qu'après avoir fumé du tabac.
Cette étude conclut que les effets de la fumée de marijuana sont préjudiciables au développement du fœtus mais certaines questions concernant plus spécifiquement les cannabinoïdes restent sans réponse. D'autres facteurs devraient également être pris en considération, comme le statut socioéconomique de la mère, son état de santé général et son niveau de stress, ainsi que les activités culturelles prévalentes en relation au cannabis dans la localité étudiée.
Dans un pays où le cannabis est illégal ou réprimé, les usagers ont un statut social plus bas et sont sujet à des stress liés aux désavantages économiques. Le cannabis disponible peut être de mauvaise qualité ou cultivé avec des produits chimiques potentiellement dangereux. Y compris en Hollande où la vente est tolérée mais pas la distribution ni la culture à grande échelle, ces facteurs devraient être pris en compte.
Dans une localité où l'usage du cannabis est la tradition, les usagers peuvent être de tout statut social et les désavantages économiques auront moins d'effet sur les sujets et donc les résultats. Ce sont les arguments avancés par le Dr. Mélanie Dreher qui a travaillé en Jamaïque dans les années 1990 pour une étude sur les mères consommatrices de cannabis et leurs enfants. Ces études ont été menées sur le long terme sur le développement d'enfants exposés au cannabis dans l'utérus et n'ont démontré aucune infériorité évidente en comparaison avec des enfants non exposés (en fait, le premier groupe montre moins de signes d'anxiété face au stress et de meilleures capacités organisationnelles).
De manière significative, ses recherches n'ont pas été menées seulement sur des fumeuses mais également sur des consommatrices de "thé" de cannabis. Elles ont également souligné l'importance du cannabis pour les futures mamans comme remède contre les nausées et d'autres applications que l'ont retrouvent dans la littérature médicale. Les futures mères manifestent une augmentation de l'appétit et une stabilité émotionnelle. On considère également que le cannabis peut servir de traitement à la dépression postnatale. Le fait que le cannabis puisse aussi améliorer la capacité de la mère à prendre soin de son enfant suggère un effet globalement positif sur la santé à long terme de son enfant.
Apparemment, il n'existe aucune étude consacrée à l'usage du cannabis pendant la grossesse qui prend en considération les différentes méthodes de le fumer, elles seraient pourtant nécessaires. Il y a une pénurie choquante dans les recherches de ces dernières années. L'augmentation du cannabis prescrit médicalement vue comme une panacée pour tout type de maux ne peut pas continuer sans confirmer sa sécurité. D'un point de vue éthique, les procédures cliniques incomplètes sur n'importe quel médicament nouveau engage l'entière responsabilité de l'établissement médical si un scandale du type Thalidomide survenait. Même si des études ultérieures prouvent sa fiabilité, le cannabis nécessite des investigations plus profondes.
Actuellement, il y a encore peu de conclusions définitives: sachant que fumer le cannabis est la forme la moins sûre de le consommer et que, même s'il peut y avoir des bénéfices pour la mère, les dommages qui peuvent être causés au fœtus pourraient les dépasser. Pour les patientes pour lesquelles c'est un médicament nécessaire, il n'y a aucune manière de savoir s'il vaut mieux poursuivre avec le cannabis pendant la grossesse ou passer à une alternative pharmaceutique.
Pour beaucoup, c'est le cliché de départ qui va l'emporter: le cannabis est une drogue non invalidante avec beaucoup moins d'effets secondaires que beaucoup d'autres. Pour ces femmes là, le mieux qu'on puisse leur conseiller est d'en consommer le moins possible (idéalement, en vaporisateur ou sous forme de thé) afin d'éviter les effets négatifs potentiels...
Il n'y a pas eu beaucoup de bruit du côté des activistes du cannabis et on n'a pu lire aucune protestation dans les journaux réac' quand on a commencé pour la première fois à prescrire légalement du cannabis. Il y a encore quelques années, pouvoir prescrire du cannabis aux personnes atteintes de sclérose en plaque se trouvait tout en haut de la liste des revendications des activistes et aujourd'hui, dans certains pays, nous devrions être contents. Ou quelque chose comme ça…
Le fait est qu'au Royaume Uni par exemple, en permettant enfin à ce tiers de personnes malades de sclérose en plaque qui utilisent actuellement du cannabis illégalement de ne plus être poursuivies, le gouvernement a sous traité la distribution du cannabis médical à l'industrie pharmaceutique, plus précisément à GW Pharmaceuticals.
Contrairement à ce qui se passe en Californie ou dans d'autres états progressistes d'Amérique, le gouvernement britannique ne reconnaît actuellement l'efficacité des traitements médicaux à base de cannabis que pour la spasticité musculaire liée à la sclérose en plaque et non dans le cas d'une grande quantité de traitements possibles allant du cancer à l'insomnie pour lesquels les médecins américains peuvent les prescrire. Là-bas, la prescription du médecin permet d'acheter une quantité énorme de têtes brutes dans des dispensaires spécialisés où des "experts" peuvent donner des conseils sur les variétés les mieux adaptées au traitement préconisé.
Au Royaume Uni, par contre, la seule manière de se procurer du cannabis autorisé par le gouvernement avec une prescription médicale est sous la forme d'un spray qu'on appelle Sativex. Il pourrait sembler positif que le gouvernement reconnaisse enfin certaines valeurs médicales du cannabis. A leur manière typiquement britannique, ils ont fini par admettre que c'est un traitement adéquat et efficace.
Une chose intéressante à cette nouveauté est que GW Pharmaceuticals a, avec toutes ses installations, laboratoires, équipements et surtout, leur argent, développé certaines recherches assez intéressantes et largement documentées sur le cannabis et la manière dont il nous affecte réellement. De leur point de vue, de nombreuses autres maladies pourraient être traitées avec cette substance, ce qui ferait aussi plus d'argent pour eux. Ils deviennent ainsi les alliers de la communauté cannabique.
En démontrant certains des effets positifs de l'usage du cannabis, on a l'espoir de voir son image s'améliorer aux yeux de la population en général, surtout après l'avalanche de critiques de la substance de la part des médecins comme dans cet article du Lancet Journal en 2007:
"L'usage du cannabis et les conséquences psychotiques et affectives pour la santé mentale: une étude systématique". Ils y révèlent une relation supposée entre le cannabis et la psychose. Ironiquement, dans la liste actuelle des maladies qui pourraient être soignées par le cannabis de GW, la psychose se trouve précisément tout en haut.
C'est en 1988 que les scientifiques ont pour la première fois découvert le système endocannabinoïde du corps humain. Il s'agit de récepteurs naturels de cannabinoïdes (CB1 et CB2) qui se trouvent dans tous les cerveaux humains. Quelques années après, ils découvrent le ligand correspondant appelé Anandamide, ce qui veut dire béatitude.
La découverte de ces connexions entre le cerveau humain et le cannabis à travers les récepteurs et les "endocannabinoïdes" a ouvert la voie de la recherche sur les applications médicales du cannabis. Cela a démontré à la communauté scientifique les diverses manières de fonctionner de notre corps et notre cerveau, et notamment de la perception de la douleur, de l'état d'esprit, du contrôle musculaire, du sommeil, de l'anxiété, de la psychose, etc…
Ces recherches ont à ce jour identifié deux types principaux de cannabinoïdes qui affectent le système endocannabinoïde humain: le D9-THC (Delta-9 Tetrahidrocannabinol) et le CBD (Cannabidiol). Tous deux composent le Sativex. Selon leurs propres termes : "Le THC possède des propriétés analgésiques, antispasmodiques, anticonvulsives, antiinflammatoires, antiémétiques et stimule l'appétit; tandis que le CBD a des effets anticonvulsifs, antipsychotiques, antioxydants, neuroprotecteurs et immunomodulateurs."
D'autres études ont démontré les effets du cannabis sur le sommeil et découvert que "15 milligrammes de THC sont apaisants alors que 15 milligrammes de CBD stimulent la vigilance, augmentent les réveils durant le sommeil et compensent l'activité apaisante résiduelle des 15 mg de THC."
Il est clair que ces deux cannabinoïdes interagissent d'une manière très intéressante que nous commençons à peine à comprendre. Ils sont tous deux présents dans la grande majorité des plantes de cannabis mais à des proportions différentes en fonction de la plante ellemême. Les développements récents de variétés de cannabis ont eu pour but délibéré d'augmenter les niveaux de THC et de réduire ceux de CBD pour obtenir un effet plus puissant et euphorisant sans le contre-effet du CBD. C'est la même logique que celle qui a finalement abouti à la production d'un cannabis médicalement adéquat.
Consommé en même temps, le CBD module les effets du THC. Pour cette raison, GW les a parfaitement équilibrés dans le Sativex et a ainsi totalement éradiqué l'effet enivrant. Ce qui fut l'obstacle le plus important pour GW, c'est de créer un produit qui ne défonce d'aucune manière. Les paradis sont interdits! En outre, les recherches ont également découvert qu'administrés séparément, avec en premier le CBD et ensuite le THC (une expérience menée sur des humains volontaires), le premier inhibe la décomposition du THC dans le foie et son niveau augmente dans le cerveau plus longtemps. Globalement, le CBD avant le THC défonce plus.
Dès lors, comment produit-on exactement cette préparation cannabique?
Le Sativex est un spray qui est absorbé à travers les muqueuses de la bouche. Sur l'étiquette on peut lire que: "Chaque pulvérisation de 100 microlitres contient 2,7 mg de Delta 9-trétrahydrocannabibol et 2,5 mg de cannabidiol provenant du Cannabis Sativa L." Pour le produire, GW cultive ses propres plantes de cannabis dans un lieu tenu secret dans le sud de l'Angleterre. Ils utilisent principalement une variété contenant un taux élevé de THC sans CBD et une variété au taux élevé de CBD sans THC.
La variété au CBD est cultivée chimiquement en extérieur. Il s'agit d'une fibre de chanvre sans THC ou d'une variété ruderalis, alors que la variété avec THC est cultivée en intérieur ou en serre durant l'été. Ils ont perdu beaucoup de temps à essayer de cultiver en serre durant l'hiver avant que GW ne comprenne que l'intensité de la lumière joue un rôle crucial dans la production du THC (quelqu'un ici ne le savait pas encore?).
Après, ils ont fait du hasch (qu'ils ont appelé "préparation de trichomes enrichis" ou ETP) ou plus exactement, du Bubble hasch, à partir des têtes séchées. Ils auraient pu s'épargner de nombreux efforts s'ils avaient consulté un cultivateur expérimenté. Quoiqu'il en soit, il n'est pas désagréable de voir des hommes en blouse blanche faire la promotion de la confection du hasch.
Dans leur cas, ils n'utilisent que 6 ou 7 processus d'extraction avec des tamis ou des filets (comme le système de sacs à 75 et 25 microns) afin de séparer les glandes utiles. Leurs recherches ont démontré que la majeure partie des cannabinoïdes de la plante se trouvent dans les glandes verticales des têtes (à nouveau, on aurait pu leur expliquer!) qui ont une taille moyenne de 75-100 microns et ne peuvent être collectés que dans des mailles de 75 microns. Le hasch de THC (ETP) et le hasch de CBD sont mélangés dans une suspension d'éthanol.
Et voici le Sativex!
Ça n'a rien d'original d'observer ce que la plante de cannabis a de surprenant mais plus on en apprendra des recherches scientifiques rigoureuses, mieux on pourra convaincre la population de l'absurdité de la prohibition. Le fait que le cannabis puisse avoir tant d'applications médicales pour nous soigner alors que d'autres produits sont inefficaces ou provoquent de nombreux effets secondaires et que lui n'est pas du tout toxique et ne produit pas d'effets secondaires désagréables, se devait d'être un rêve pour les compagnies pharmaceutiques.
Que les êtres humains possèdent dans leur corps leurs propres cannabinoïdes naturels (anandamide) ainsi que les récepteurs cérébraux correspondants, et que le cannabis est le seul autre endroit à l'extérieur de notre corps où on trouve ces composants, suppose qu'il existe une longue histoire de l'évolution entre nous et la plante de cannabis. De fait, il existe de nombreux documents évoquant des hommes mangeant les semences ou utilisant ses fibres, et une récente fouille dans le désert de Gobi en Chine, a fait la découverte d'une tombe d'un homme aux yeux bleus enterré avec 789 grammes d'herbe qui s'est conservée et contenait toujours du THC actif après 2700 ans.
L'homme a évolué parallèlement au cannabis, l'a cultivé et sélectionné à toutes les époques.
C'est une bonne nouvelle de savoir que les malades de sclérose en plaque peuvent être libérés des symptômes de la maladie grâce au Sativex. Il faut très longtemps avant de pouvoir lancer sur le marché un nouveau médicament et c'est très pénible pour ceux qui l'attendent.
Aujourd'hui, GW attend d'obtenir l'autorisation pour l'usage du Sativex pour de nombreuses autres maladies sans devoir faire d'autres recherches et études. Le Sativex a tiré un trait entre le cannabis médicinal et le cannabis récréatif. C'est la différence la plus importante entre le Royaume Uni et la Californie ou la Hollande où l'on admet que le cannabis est bénéfique et où le malade est autorisé à décider lui-même comment l'administrer et comment l'acheter. La question de savoir si c'est positif ou non peut être débattue.
Les cannabiculteurs, comme les obtenteurs et les experts en cannabis, réagissent déjà à ces nouvelles études et en particulier aux effets bénéfiques du CBD. Jorge Cervantes, Howard Marks et Shantibaba se sont inscrits dans "l'équipe CBD", alors que Jaime de Resin Seeds en Espagne vient d'analyser une plante qui contient des taux équilibrés de THC et de CBD. Ce dernier a lancé un programme pour le développement de graines qui auront toujours ce profil chimique et qui démontre clairement que la communauté cannabique prend à son compte les nouvelles découvertes. Le problème, c'est que pour connaître le profil chimique d'une plante, il fauta l'analyser en laboratoire.
La plupart des sélections de plantes se font avec comme critère la taille, l'arôme, le rendement et les effets, et non en fonction du profil des cannabinoïdes. Ce qui signifie que nous avons d'une part des experts et des producteurs de cannabis qui ont des ressources limitées mais de nombreuses connaissances et une grande expérience et de l'autre, la firme pharmaceutique GW et tout son argent, ses ressources et savoirs scientifiques, qui se consacrent à la même chose. Et au fond, avec le même objectif: produire une médecine à base de cannabis qui est efficace. Mais tous deux sont lésés par le manque de ce dont dispose l'autre. On verra à quoi tout cela va mener…
Les médicaments ont pris beaucoup de temps pour sortir sur le marché, mais plus on recommandera le cannabis pour un plus grand nombre de maladies et plus il sera difficile pour le lobby anticannabique de la présenter comme une "herbe diabolique" de la propagande des années 1930. La communauté médicale a commencé à réellement considérer le cannabis comme une panacée possible.
L'opinion publique nord-américaine est à 70% en faveur de la législation fédérale sur le cannabis. La Suisse a commencé à considérer l'usage personnel de cannabis comme un délit non punissable. Le Portugal a décriminalisé toutes les drogues et partout en Europe, les lois sur l'usage personnel de cannabis deviennent progressivement plus tolérantes, excepté en Grande Bretagne. Ce qui est sûr, c'est que le sujet ne va pas partir en fumée, surtout maintenant que l'appétit des firmes pharmaceutiques s'est ouvert…
Israël a mis en place un programme national unique pour le cannabis médicinal concernant 7500 patients autorisés à acheter 30 grammes de cannabis de type médicinal ( MGC Medical Grade Cannabis) par mois à 8 fournisseurs conventionnés. Le gouvernement a annoncé la création d’une agence spéciale de régulation de la production, de la distribution et du commerce de la plante médicinale dans le courant de l’année 2012.
L’évolution du programme depuis le "-Quoi ? De la marijuana pour des malades ? Vous êtes fous ! " à la position actuelle du "Regarde comme la vie des patients est en train de se transformer" a été et continue d’être un combat d’activiste sur le fil du rasoir qui se transforme désormais en un grand programme national. Boaz Wachtel nous relate les années d’activisme pour la reconnaissance de l’usage thérapeutique du cannabis en Israël :
Sur ce chemin nous avons dû éduquer les acteurs impliqués, formuler un "modus operandi" en constante évolution et protéger ce programme fragile d’attaques constantes de malveillants. L’histoire moderne du Cannabis Médicinal en Israël commence il y a 16 ans, mais ses racines sont implantées dans des cultures et pharmacopées locales et internationales anciennes.
En 1995 j’ai participé (avec Shlomi Sandak), en tant que représentant civil au "Comité d’examen du statut légal du cannabis". Le comité fut nommé par le Directeur du Comité des Drogues du Parlement, Raphaël Eitan, réputé pour sa dureté et sa rigidité. À mon avis, le résultat était prédéterminé et le comité ne fut rien de plus qu’une manoeuvre pour calmer la pression croissante que nous avions générée au travers de manifestations et de présence dans les médias.
Le comité fit deux recommandations :
1) Ne pas changer le statut légal du cannabis et continuer la criminalisation des consommateurs de cannabis.
2) Permettre et réguler l’accès au Cannabis Médicinal pour des patients gravement atteints.
La seconde recommandation a été très importante et extrêmement positive. Elle a permis l’apparition sur le marché d’une pilule approuvée par la FDA (Marinol ou Dronabinol) dont l’étude très large aux États-Unis a montré que le THC est bénéfique pour deux indications majeures : - la réduction des nausées et des vomissements dus à la chimiothérapie d’une part et l’augmentation de l’appétit d’autre part. Par la suite il s’est avéré nécessaire de fournir aux patients un accès aux fleurs de cannabis et non aux pilules qu’ils n’appréciaient pas à cause de leur coût, de l’effet retardé et de leur niveau de psycho-activité.
Le 1er novembre 1999 le Ministère de la Santé a mis en place un comité dont la tâche serait " d’établir des normes pour la consommation médicinale de cannabis".
Initialement le ministère avait autorisé les malades à cultiver 5-6 plantes mais on a vu rapidement que beaucoup de malades étaient trop atteints pour cultiver et s’occuper des plantes.
Le temps s’écoulait lentement au Ministère de la Santé (MDS). Les patients qui souhaitaient mettre en application ce projet devaient présenter une recommandation de spécialiste le concernant et beaucoup de médecins ont refusé de faire ces recommandations. Plus les patients se rapprochaient du ministère plus nombreux étaient les refus et le programme fut presque arrêté. La décision finale d’approbation des demandes était entre les mains d’un seul homme, le vice-directeur du MDS.
La Convention Unique de 1961 stipule que pour la consommation de drogues illicites comme le cannabis pour des raisons médicales, le pays signataire doit mettre en place une agence spéciale ayant le monopole de la régulation de tous les aspects de la consommation médicinale d’une drogue illégale, soit la production, la distribution, l’importation et exportation etc… C’est seulement en 2003 que le gouvernement hollandais qui a mis en place légalement "l’Agence" et la sélection de cultivateurs l’a rendue possible.
Ce n’est pas avant 2007 que le MDS a accordé (pour un cultivateur en bonne santé et sans antécédents judiciaires) une licence pour cultiver 50 plantes à condition d’approvisionner des patients en Cannabis Médicinal sans être payé. Le cultivateur a commencé la culture du CM sur la propriété de ses parents en Galilée et sa mère, professeur de biologie, était la gardienne du jardin.
Au début il distribuait le cannabis dans son appartement au rez-de-chaussée d’un immeuble de Tel Aviv. Le MDS a ensuite dispensé des licences à 17 autres cultivateurs. Certains n’ont jamais pu fonctionner à cause de l’investissement demandé, et aujourd’hui seulement 8 cultivateurs sérieux continuent. La libre distribution a été possible sur un temps assez court mais le modèle de "distribution gratuite" n’a pas pu continuer compte tenu que la production de Cannabis Médicinal biologique et standardisé coûte très cher. Des dons pour maintenir ces cultures ont été nécessaires.
Après 18 mois de "Cannabis gratuit pour les patients" le MDS a autorisé les cultivateurs a recevoir 100 dollars pour environ 40 grammes par mois. Cette quantité a ensuite été réduite à 30 grammes à cause de l’inquiétude de voir ce cannabis médicinal dériver vers le marché noir. Petit à petit le nombre de patients a augmenté, les expériences personnelles et les rapports dans les médias ont diffusé le message sur les multiples bénéfices du CM.
En 2009 le MDS nous a autorisé à ouvrir un centre de distribution. Un groupe de volontaires a commencé a distribuer le cannabis dans une salle de 16 mètres carrés. Alors que le cannabis et la formation étaient gratuits, les clients achetaient du papier, des machines à rouler et des vaporisateurs. Dans leur majorité, consommer du cannabis fut une expérience complètement nouvelle. Nous leur avons appris à rouler des joints, inhaler et exhaler, comment ne pas se brûler la gorge et quels sont les effets collatéraux.
Nous leur avons fait connaître différentes variétés pour qu’ils trouvent celles qui correspondent le mieux à leurs symptômes. On distribuait aussi des biscuits et de l’huile pour usage sublingual pour ceux qui ne peuvent pas fumer. Beaucoup de patients ont été très reconnaissants pour le changement occasionné dans leur vie par le cannabis.
L’État pour sa part essaie d’avancer sur la régulation du programme depuis son expansion très rapide. L’autorité de contrôle des drogues a reçu un mandat du MDS pour lancer un appel d’offre et mettre en place des directives pour la sélection de cultivateurs, de qualité et de prix. Ce mouvement a été bloqué par les cultivateurs qui ont lancé une procédure argumentant qu’en accord avec les Conventions de l’ONU, la seule institution qui a autorité pour réguler la consommation médicinale de drogues interdites c’est une "agence spéciale" qui n’avait pas encore été mise en place par le gouvernement à ce moment.
Il y a quelques mois, le gouvernement israélien a pris une décision historique pour former et financer officiellement cette "agence super-ministérielle spéciale" constituée de représentants du MDS, de la police, du Ministère de l’Agriculture, de l’Autorité de Contrôle des Drogues et du Ministère de l’Intérieur. Cette agenda du gouvernement a le monopole pour réguler tous les aspects du programme du Cannabis Médicinal y compris de publier des appels d’offres concernant les cultivateurs, la distribution, l’importation et l’exportation. On suppose que cela commencera dans le courant de l’année 2012.
Par Boaz Wachtel Membre fondateur de "Israeli foundation for drug law reform” (1994)
Des agonistes du récepteur cannabinoïde 2 (CB2R) seraient intéressants à double titre en adjuvant aux antirétroviraux au stade sida avancé.
Le cannabis médical existe déjà dans l’infection VIH. Autorisé sous forme de THC (Marinol) dans certains cas en France, il était utilisé jusque-là pour ses propriétés orexigènes, antiémétisantes et sédatives. Son action pourrait aller bien au-delà. Selon des chercheurs de la Mount Sinai School of Medicine sous la direction du Dr Benjamin Chen, le cannabis ralentit la progression du VIH par l’intermédiaire sélectif des récepteurs cannabinoïdes 2 (CB2R).
L’équipe américaine vient de montrer que ces récepteurs cannabinoïdes à la surface des cellules CD4 exercent une régulation sur des corécepteurs VIH1, les CXCR4.
« Nous voulions tester les récepteurs cannabinoïdes comme cible pharmaceutique, permettant à la fois de traiter les symptômes du sida avancé et de prévenir la progression de la maladie sans les effets indésirables de marijuana médicale », explique le Dr Cristina Costantino, premier auteur de l’étude.
Il se trouve que les récepteurs cannabinoïdes (CB1R et CB2R) utilisent la même voie de signalisation que les corécepteurs du VIH, CCR5 et CXCR4, ceux-là même qui permettent l’entrée du virus dans la cellule. Comme tous sont des récepteurs couplés à la protéine G alpha, les chercheurs ont voulu tester l’hypothèse d’une modulation chémokine.
Dans des cultures de cellules infectées, il est ainsi apparu que l’activation des CB2R à la surface des CD4 inhibait l’infection virale de façon sélective et dose dépendante. Cette inhibition virale était plus prononcée dans les cellules dormantes qui avaient été activées après l’infection.
Mais ce n’est pas tout, les chercheurs ont également observé que les agonistes des CB2R modifiaient le réarrangement du cytosquelette permettant au VIH de se répliquer.
C’est vrai, les effets des agonistes CB2R sur l’infection VIH restent modérés, mais, selon les auteurs, il est vraisemblable qu’une action cumulée chez des patients traités tous les jours explique la diminution de la charge virale au fil du temps. Reste qu’un argument emporte l’adhésion : les agonistes CB2R soulagent les symptômes graves du stade sida, cachexie, anorexie et douleurs neuropathiques, sans avoir les effets secondaires comportementaux et neurologiques liés aux CB1R.
François Hollande, candidat PS à la Présidence de la république 2012, présente sa stratégie en matière lutte contre le sida et de réduction des risques liés à l’usage de drogues sur le site internet Seronet.
Il annonce une relance de la politique de réduction des risques, particulièrement malmenée ces dernières années : « Il faut d’abord redonner toute leurs places aux politiques de prévention et de limitation des risques liés à la consommation de drogue, qui ont notamment pour buts d’éviter les contaminations par le VIH et les hépatites ainsi que les overdoses, et d’accompagner vers le sevrage. L’approche exclusivement répressive de la majorité actuelle a conduit à des reculs dans ce domaine. »
Sur le plan des dispositifs à mettre en place, il se dit « favorable à ce qu’on expérimente des actions nouvelles » et laissera à Paris et Marseille « la possibilité de mener des expérimentations (de salles de consommation) pour améliorer la santé des usagers de drogue et réduire les nuisances dans nos quartiers ». Il initiera également un « plan spécifique pour la santé des personnes incarcérées et le sujet de la toxicomanie y sera traité. »
Nous ne pouvons que saluer ces déclarations qui évitent démagogie et électoralisme sur un sujet qui s’y prête facilement.
Nous demandons depuis des années la possibilité d’expérimenter des actions nouvelles, comme les salles de consommation ou les programmes d’échange de seringue en prison. L’expérimentation est la seule façon de faire évoluer la politique de réduction des risques, de la rendre plus efficace, pour protéger la santé des consommateurs de drogues, et améliorer le bien être de la communauté.
Mais depuis 2007, nous nous somme heurtés à la même absurdité idéologique qui confond la réduction des risques avec une banalisation et une incitation à l’usage, hors de toutes les considérations scientifiques qui prouvent, depuis les années 90, que cela est faux.
Quand est-il des autres candidats à l’élection présidentielle ? Jean-Luc Mélanchon et Eva Joly se sont déjà exprimés sur Seronet : leurs positions sur la réduction des risques rejoignent pour beaucoup celle de François Hollande. François Bayrou, ne s’est pas clairement exprimé sur l’expérimentation des salles de consommation ou des programme d’échange de seringue en prison, même si il a indiqué que « de manière générale, notre pays améliorera les problèmes de santé publique liés à la drogue en préférant une approche médicalisée plutôt que purement répressive ».
Quant à Nicolas Sarkosy, persistera-t-il dans la voie sans issue qu’est la répression aveugle des consommateurs, totalement inefficace ? Nous n’avons aucune réponse à ce jour.
Communiqué de presse du 19 mars 2012
Source: Le Blog du Réseau Français de Réduction des Risques
Ce n’est pas un encouragement à en fumer, précisent d'emblée les auteurs de l’Université de Los Angeles. Leur étude vient, en effet, de confirmer une prévalence moindre du diabète de type 2 chez les usagers de cannabis.
En cause, un ou plusieurs cannabinoïdes et leurs effets immunomodulateurs et anti-inflammatoires. Ces résultats qui appellent à approfondir les effets possibles des composés du cannabis sur le diabète viennent d’être publiés dans l’édition du 28 février du BMJ Open.
L’étude a porté sur des données sur 10.896 participants adultes à l’étude National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES III, 1988–1994), conduite par les CDC américains. Les participants ont été répartis en 4 groupes, les non-utilisateurs de cannabis : 61,0%, les utilisateurs de cannabis récents : 30,7%, modérés (1 à 4 fois/ mois) : 5,0% et « intensifs » (+ de 5 fois/ mois) : 3,3%.
Les données relatives à l’IMC, consommation de tabac, d'alcool, niveau sérique de cholestérol, LDL, triglycérides, taux sérique de vitamine D, HbA1C, glycémie à jeun et concentrations sériques de C-réactive ont été relevées. L’analyse a été limitée aux adultes âgés de 20-59 ans. Les sujets ayant des données manquantes pour certaines variables ont été exclus, et le nombre final de sujets était de 8.127 adultes.
- Les consommateurs de cannabis montrent une prévalence moindre du diabète vs les non-consommateurs : OR : 0,42, IC : 95% de 0,33 à 0,55.
- La prévalence de la protéine C-réactive élevée (> 0,5 mg / dl) est significativement plus élevée chez les non-consommateurs de cannabis (18,9%) ou anciens consommateurs (12,7%) ou consommateurs modérés (15,8%) vs consommation intensive : 9,2%.
- Après ajustement pour l’ensemble des facteurs socio-démographiques, de santé et mesures de laboratoire, la diminution du risque de diabète chez les usagers de cannabis est significative (OR ajusté : 0,36, IC : 95% de 0,24 à 0,55).
Alors que la prévalence du diabète de type 2 est croissante, la réduction de tout facteur impliqué ou associé, comme l’inflammation systémique, est essentielle. Les composants bioactifs du cannabis, les cannabinoïdes -dont le principe actif est le THC (delta 9-tétrahydrocannabinol)-et les endocannabinoïdes, un groupe de lipides neuro-modulateurs ont des effets immunomodulateurs et des propriétés anti-inflammatoires qui méritent d’être mieux étudiés.
Si d'autres études sont nécessaires pour montrer leur effet direct sur le risque de diabète, encore une fois ces résultats, précisent les auteurs, ne sont pas un encouragement à consommer du cannabis.
On connaît bien les effets psychotropes du cannabis, mais son mode d'action cérébral est encore mal connu. Les mythes d'un produit considéré comme néfaste pour la société et la santé de ses adeptes ont cependant la vie dure.
Les fidèles lecteurs du célèbre Lancet , journal faisant autorité dans le monde de la recherche médicale, ont été pour le moins surpris par l'éditorial du 11 novembre dernier. « Deglamorising cannabis » - c'est son titre - commence par une phrase affirmative : « L'usage du cannabis, même sur une longue période, n'est pas dangereux pour la santé » , et se poursuit par une sérieuse mise en cause de l'inertie des politiques sur ce sujet chaud. Il est vrai qu'en Grande-Bretagne, en France comme ailleurs, le refus délibéré d'envisager froidement la question de la décriminalisation de l'usage du cannabis a montré une remarquable inefficacité, sinon à remplir les tribunaux.
Ce que l'on sait aujourd'hui de l'action du cannabis, ou chanvre indien*, tient en trois dates clés.
1964, tout d'abord, avec la découverte du principe actif, le delta- 9-tétrahydrocannabinol* ou THC(1) ;
1990 ensuite, date de la mise en évidence de récepteurs du THC dans le système nerveux central(2) ;
1992 enfin : avec les travaux de l'équipe de A.C. Howlett, de l'université de Saint Louis (Missouri), montrant que des produits endogènes libérés par des neurones du cerveau se lient aux récepteurs du THC(3) ; et avec ceux de l'équipe israélienne de Raphaël Mechoulam et du groupe américain de William Devane prouvant qu'une molécule très hydrophobe, baptisée ananda mide (de ananda, félicité en sanskrit), est fabriquée par le cerveau et se lie aux récepteurs cérébraux du THC(4).
Il est tentant de faire un parallèle entre l'anandamide et les enképhalines, neuropeptides qui se lient aux mêmes sites que la morphine. A l'époque de la découverte des enképhalines dans des extraits de cerveau, en 1975, les neuropeptides étaient encore peu connus en tant que messagers chimiques du système nerveux central. Ils sont aujourd'hui au moins une vingtaine, sans compter les hormones. L'anandamide est vraisemblablement elle aussi la première d'une nouvelle classe de neuromédiateurs : des lipides qui, comme l'a montré en 1994 une équipe franco-italienne(5), seraient stockés par les neurones sous forme de grosses molécules phospholipidiques scindées au moment de leur libération par les neurones.
Comme tous les produits hédoniques, le cannabis suscite la sécrétion de dopamine dans certaines structures du cerveau, mais de façon beaucoup moins nette que les autres stupéfiants. Si l'on connaît ses effets - augmentation de l'acuité visuelle et auditive, modification de la perception du temps, etc. -, on ne sait pas grand-chose de son mode d'action. Les récepteurs du THC, qui semblent très abondants chez l'embryon, décroissent en nombre à la naissance pour augmenter ensuite, jusqu'à atteindre les taux des récepteurs des neuromédiateurs habituels. La distribution des récepteurs du THC est bien connue depuis 1990 et inclut, outre le cervelet et l'hippocampe, la substance noire, particulièrement riche en neurones producteurs de dopamine. Il est probable que le THC agisse sur les récepteurs de ces neurones, et qu'il modifie leur activité.
L'état des lieux est tout compte fait assez expéditif : on connaît deux récepteurs du THC (CB1 pour le cerveau et CB2, découvert en 1993 dans le système périphérique), et sans doute un récepteur stimulé par l'anandamide mais insensible au THC(6). Si l'on a quelques indications sur l'action de l'anandamide sur deux « seconds messagers » qui transmettent les signaux extérieurs au sein des cellules, l'AMP cyclique et le calcium, on est en revanche réduit aux hypothèses au plan fonctionnel. Les connaissances sur le plan neurochimique devraient s'améliorer rapidement, mais il est peu probable qu'elles profitent beaucoup aux études sur la toxicomanie et la dépendance : le cannabis ne déclenchant aucune réaction d'auto- injection chez l'animal (sauf s'il est privé de nourriture), les spécialistes préfèrent travailler sur la morphine, la cocaïne ou les amphétamines. Le fait que le cannabis n'entraîne aucune dépendance physique - ce qui n'exclut pas une éventuelle dépendance psychique - donne à ce produit un statut très particulier : les autres sont bons ou mauvais ; celui-là a des effets indécelables, sauf à des doses absolument irréalistes.
Telle est sans doute la source des multiples mythes cannabiniques qui contribuent puissamment à embrouiller les esprits et à envenimer le débat. La plupart proviennent des promoteurs des multiples campagnes anticannabis qui, en quête d'arguments chocs dans un domaine où la prudence scientifique devrait être de rigueur, n'hésitent pas à recourir à de surprenantes simplifications.
Le quart d'heure pendant lequel les effets du THC sont relativement incapacitants* devient facilement vingt-quatre heures sous une plume non avertie, tandis que les résultats - négatifs pour qui sait lire des statistiques - d'une étude américaine évaluant ses effets chez les pilotes de ligne sont présentés comme positifs. Tel minis-tre de la Santé, sacrifiant l'objectivité scientifique sur l'autel de la lutte anti-drogue, n'a pas hésité à prétendre que quatre heures après la consommation de cannabis un pilote se pose à cinq mètres de l'axe de la piste, à vingt mètres au bout de douze heures et à quarante mètres au bout de seize heures(7)... alors que l'enquête montrait que la consommation de cannabis par un pilote jeune ramenait, au pire, ses performances à celles d'un pilote un peu plus âgé(8).
L'argumentation anticannabinique s'articule ordinairement en trois phases. Tout d'abord, le cannabis est dangereux pour la société. Il est ensuite mauvais pour la santé. Enfin, il mène aux drogues dures.
Le fait que le THC soit décelable dans les urines jusqu'à un mois après la consommation de cannabis, contrairement à la plupart des autres stupéfiants, suffit à fausser toute estimation statistique sur le premier point. Une étude sur deux mille accidents de la circulation réalisée aux Etats-Unis par la National Highway Traffic Safety Administration a par exem-ple trouvé 6,7 % de tests positifs, mais plus des deux tiers des conducteurs en question avaient aussi absorbé de l'alcool. Les admissions d'urgence à l'hôpital mentionnent 6,2 % de cas impliquant le cannabis. Un chiffre à tempérer car le produit est, dans 40 % des cas, consommé avec de l'alcool, et dans 20 % des cas avec de la cocaïne. L'usage avéré de cannabis seul représente, aux Etats-Unis, 1 % des urgences médicales. Quant à l'effet apathique - voire « asocial » - du cannabis, il repose une question éternelle, car sans solution : consomme-t-on un tel produit pour résoudre un malaise psychique, ou certains troubles psychiques sont-ils dus à sa consommation ? Les statistiques, là encore, ne permettent pas de conclure à la nocivité du cannabis.
Parmi les arguments sanitaires sérieux, sont souvent évoqués les troubles du système reproducteur et les répercussions sur le foetus de la consommation de cannabis par les femmes enceintes.
Toutefois, aucune des études épidémiologiques menées à ce jour n'a décelé le moindre effet du cannabis sur la fertilité ; l'une d'entre elles a seulement trouvé une légère diminution de concentration spermatique... chez un individu astreint à fumer vingt cigarettes de marijuana par jour pendant un mois ! La forte concentration de récepteurs du THC avant la naissance et le caractère lipophile de ce produit, qui s'oriente préférentiellement vers le cerveau et les gonades, confère cependant quelque plausibilité à cette thèse.
En 1995, des chercheurs de l'université du Kansas ont ainsi mis en évidence in vitro un effet du THC sur l'embryon de souris(9), effet qui reste néanmoins imperceptible dans les études épidémiologiques. Une éventuelle action néfaste du produit, qui reste à prouver, serait en tout cas à mettre en balance avec ses emplois thérapeutiques reconnus(10) : antinauséeux et antivomitif utilisé par les cancéreux traités par chimiothérapie, le cannabis est très illégalement apprécié des glaucomateux (il abaisse la pression intra-oculaire), et des personnes atteintes du sida, dont il stimule l'appétit(11).
Le cannabis serait-il alors le premier rouage menant aux drogues dures* ?
La France, selon un sondage de la SOFRES datant de 1992, compterait près de cinq millions de fumeurs ayant consommé au moins une fois du chanvre indien dans les trois dernières décennies, alors que, selon les diverses données disponibles, il y aurait entre cinquante et deux cent mille toxicomanes dépendants de la cocaïne ou de l'héroïne.
Aux Etats-Unis, en 1993, 16 % des étudiants fumeurs de cannabis avouaient avoir essayé la cocaïne, mais ce chiffre n'était que de 1,8 % aux Pays-Bas. Sans doute faut-il y voir un effet de la légalisation contrôlée, qui permet aux jeunes Hollandais de se procurer du cannabis sans se voir simultanément proposer de la cocaïne ou de l'héroïne. Il est néanmoins évident que beaucoup de toxicomanes ont commencé par le cannabis, ce qui pose le problème de l'inégalité devant la dépendance. Le cannabis ne déclenche aucune dépendance physique, mais le risque n'est pas nul qu'il mène une petite minorité d'individus à une dépendance plus sévère. Ce risque n'est en tout cas pas supérieur à celui encouru par les consommateurs de drogues dures : sur mille patients traités à la morphine pour raisons médicales, quatre seulement deviennent dépendants.
Malgré les multiples obstacles auxquels elle se heurte, l'élucidation du mode d'action du cannabis reste une urgence scientifique. Elle seule peut dépassionner le débat et ramener à la raison les fantasmes qui l'animent aujourd'hui, et qui ont récemment gagné les vestiaires des stades de football (voir l'encadré). A cet égard, l'éditorial du Lancet cité plus haut était décidément prémonitoire : « Le cannabis est devenu l'enjeu d'une partie de football politique, concluait-il, une partie que les gouvernements ne cessent d'ajourner. Comme les ballons de football, cependant, il ne cessera de rebondir. Tôt ou tard les politiciens devront cesser de se voiler la face et se rendre à l'évidence : le cannabis en lui-même n'est pas un danger pour la société, mais persister à le diaboliser peut en être un. »
Jean-Pol Tassin, Nicolas Witkowski
(1) Y. Gaoni et R. Mechoulam, J. Am. Chem. Soc., 86 , 1646, 1964.
(2) M. Herkenham et al., Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 87 , 1932, 1990.
(3) D.M. Evans et al., J. Neurochem., 58 , 780, 1992.
(4) W.A. Devane et al., Science, 258 , 1946, 1992.
(5) V. Di Marzo et al., Nature, 372 , 686, 1994.
(6) L. Venance et al., Nature, 376 , 590, 1995.
(7) Le Q uotidien du médecin , 3 septembre 1993.
(8) V.O. Leirer et al. , « Les drogues illicites », Colloque scientifique international, Ed. Académie de médecine, avril 1992 ; J.A. Yesavage et al., Am. J. Psychiatry, 142 , 1325, 1985.
(9) B.C. Paria et al., Proc. Natl. Acad. Sci USA, 92 , 9460, 1995.
(10) L.E. Hollister, Pharmac. Rev., 38 , 1, 1986.
(11) T.F. Plasse et al., Pharmacol. Biochem. Behav., 40 , 695, 1991.
Peut-on se doper au cannabis ?
« Le cannabis fait partie des produits interdits sur la liste du CNOSF [Comité national olympique et sportif français], et nous, nous luttons contre le dopage » affirmait fin janvier le président de ce comité, Henri Sérandour(1).
« Le cannabis est au contraire un produit qui ne présente que des désavantages pour la réalisation d'une performance sportive. C'est un véritable facteur de désorganisation de la coordination chez l'être humain » , expliquait le docteur Peter Jan Geerlings, membre d'un centre de désintoxication à Amsterdam(1). Alors, dopant ou pas ?
Comme le souligne un médecin, Patrick Laure, dans un récent ouvrage(2), « en 1995, la définition du dopage reste floue ..., des barrières se forment entre les versions officielle, administrative et légale » , la loi du 28 juin 1989 n'arrangeant rien.
Reste une question : pourquoi des sportifs de haut niveau (83 contrôlés positifs en 1995) utiliseraient-ils le cannabis, même en consommation courante, s'il diminue réellement la performance ?
Pour Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport et spécialiste du dopage, la chose est entendue : « le cannabis est pris sciemment par certains sportifs pour pouvoir affronter l'adversaire, lutter contre le stress et la trouille que provoquent les confrontations directes, où le sportif est proche du public. Sa fonction calmante répond bien à la définition du dopage : faire fonctionner le corps au-delà de ses aptitudes. La preuve en est que ce sont uniquement dans ces sports-là, comme le football, le handball, le basket-ball ou le tennis, que l'on détecte des cas positifs . »
Un sentiment partagé par Jean-Paul Escande, président de la Commission nationale de lutte contre le dopage : les sportifs « ont une énorme pression sur les épaules. Ils peuvent être tentés par quelque chose qui les calme. » (3) .
Certes, précise Sylvie Wieviorka, psychiatre au Centre Pierre-Nicole, à Paris, « mais les techniques de contrôle ne permettent pas de différencier le THC pris juste avant une compétition, de ce qui est pris la veille ou pris une, deux ou trois semaines auparavant. A cela s'ajoute le fait que, selon sa provenance, le cannabis varie fortement en THC, et il reste bien des incertitudes à lever concernant les faux positifs . ». De quoi alimenter quelques années de recherche. J.-J.P.
(1) Libération, 24 janvier 1996.
(2) P. Laure, Le D opage , PUF, 1995.
(3) Le Monde , 1er février 1996.
Source: La Recherche via Cannactus
Jean-Pol Tassin est Directeur de recherches INSERM, neurobiologiste, directeur de recherches au Collège de France, Génétique moléculaire, neurophysiologie et comportement.
Nicolas Witkowski est professeur de physique dans un lycée, éditeur au Seuil, Intervenant à l'Université du temps libre
Le corps a besoin d'acide gras, et on entend souvent à la télé, Oméga 3...Oméga 6...Ce que l'on ne vous dit pas c'est qu'il faut un équilibre entre ses acides gras avec un rapport de 1/3 (pour l'humain). Si on mange un certain poisson,on en aura plus d'une sorte que d'une autre, alors il faudra manger un autre produit pour compenser, bref, un cercle vicieux auquel s'attache particulièrement notre gouvernement. Bien que l'on commence vraiment à entendre parler de vraie diététique.
Et bien l'huile de chanvre est l'huile dont le rapport oméga 3 et 6 est le plus respecté, à savoir 1/3. Donc, l'apport IDEAL pour l'être humain. C'est aussi grâce à cela que des peuples à l'époque, ont traversés des périodes de famine, en ne mangeant QUE des graines de chanvre (avec capsule).
L'huile de chanvre contient, 10 % d'acides gras saturés, 13 % d'acides gras mono-insaturés (AGMI), 77 % d'acides gras poly-insaturés (AGPI) dont 59.5 % d'oméga 6 (acide linoléique) et 17.5 % d'oméga 3 (acide gamma linolénique en majorité, acide stéaridonique)
L'huile issue de chènevis contient en outre 8 % de graisses saturées, 55 % d'acide linoléique et 25 % d'acide α-linolénique. On y trouve des vitamines du groupe B (hydrophiles) et de la vitamine E (lipophile). Seule l'huile de lin contient une plus grosse proportion d'acide α-linolénique, mais l'huile de chènevis contient plus d'acide gras essentiels (80 % du volume total de l'huile)
Certes les prix sont assez excessif, mais pour l'avoir testée, manger, se nourrir n'a plus du tout la même valeur (une salade, un peu de pain complet et le tour est joué). Votre vision de la nourriture va changer.
Etats-Unis: l’Arizona appliquera la loi sur l’usage médical du cannabis approuvée en 2010
En bref
Un coup d'œil sur le passé
Etats-Unis: l’Arizona appliquera la loi sur l’usage médical du cannabis approuvée en 2010
Le 13 janvier, le gouverneur de l’Arizona, Jan Brewer, a demandé à l’administration de l’Etat d’appliquer une loi votée à l’initiative de la population. Cette loi permet la production et la distribution contrôlées de cannabis à usage thérapeutique. La loi supprime les inculpations pour usage ou possession de cannabis jusqu’à 70 grammes, pour les patients enregistrés auprès du Department of Health de l’Etat. La loi mandate aussi l’Etat d’établir les règlements en vue de l’établissement de 125 dispensaires de cannabis, qui produiraient et distribueraient du cannabis aux patients disposant d’une autorisation.
Le 4 janvier, le juge fédéral avait rejeté la demande de Jan Brewer et du procureur général de l’Etat, Tom Horne, sur la loi relative au cannabis médicinal approuvée par les citoyens. Cette demande, enregistrée en mai 2011, visait à déterminer si le personnel gérant le cannabis médicinal pouvait être poursuivi par la législation fédérale. La juge Susan R. Bolton a rejeté la demande sans préjudice, en statuant que les actions des agents fédéraux ne représentaient pas une menace réelle pour les employés de l’Etat appliquant la loi. Bolton a statué « que les plaintifs n’ont pas indiqué l’imminence ou bien même l’intention d’une action à l’encontre des employés de l’Etat. De plus, la requête ne montre pas qu’un membre du personnel d’un Etat ait jamais été poursuivi pour participation à une activité relative au cannabis médicinal quand celle-ci est légalement établie. »
Pour plus d’information:
www.huffingtonpost.com/2012/01/05/-jan-brewer-medical-marijuana_n_1186781.html(Sources: Huffington Post du 5 janvier 2012, NORML du 19 janvier 2012)
En bref
Canada: deux tiers de la population favorable à la légalisation du cannabis
Selon un sondage, les deux tiers de la population adulte du Canada est favorable à la légalisation du cannabis. Le Forum Research a posé la question par téléphone à 1160 personnes qui ont répondu majoritairement été favorables à l’idée d’un contrôle par l’Etat du cannabis similaire à celui qui existe pour le tabac et l’alcool. (Source: UPI du 18 janvier 2012)
Etats-Unis: les lois sur le cannabis médicinal du Montana n’empêchent pas les poursuites
Un juge a statué que les lois sur le cannabis médicinal du Montana ne protègent pas les fournisseurs de cannabis de la poursuite fédérale. Le 20 janvier, le juge de district Donald Molloy a rejeté une requête au civil introduite par 14 personnes et entreprises qui faisaient partie des quelques les 25 fournisseurs de cannabis poursuivis par les agents fédéraux dans le Montana. (Source: Associated Press du 23 janvier 2012)
Etats-Unis: des poursuites fédérales contre des dispensaires de cannabis au Colorado
Le 12 janvier, dans le Colorado, les procureurs fédéraux s’en sont pris à deux douzaines de dispensaires médicaux de cannabis situés à moins de 300 mètres d’une école. Ils ont donné aux propriétaires 45 jours pour cesser leur activité ou faire face à des pénalités criminelles. (Source: Reuters du 12 janvier 2012)
Science: l’anxiété est source de consommation de cannabis
Selon une étude de la Louisiana State University, à Bâton Rouge, l’anxiété sociale et la consommation de cannabis sont associées. Les chercheurs ont constaté que l’anxiété précède la consommation de cannabis, dans la majorité des cas. Ils ont réalisé un sondage sur 2957 adultes qui présentaient un trouble de consommation du cannabis et pas d’anxiété, et sur 1643 adultes sujets à l’anxiété mais qui ne présentaient pas de trouble lié à la consommation de cannabis, et 340 personnes présentant les 2 troubles. (Source: Buckner JD, et coll. Drug Alcohol Depend. 20 janvier 2012. [in press])
Science: dans une étude sur le modèle animal, le CBD a réduit l’inflammation d’une lésion pulmonaire
Les chercheurs de l’Université de Sao Paolo, Brésil, ont démontré que le cannabidiol (CBD) non psychotrope a réduit l’inflammation d’une lésion aigue du poumon chez la souris. Ils ont noté que cet effet pouvait être transmis par le récepteur adénosine A(2A). (Source: Ribeiro A, et coll. EUR J Pharmacol. 12 janvier 2012. [in press])
Science: les endocannabinoïdes sont efficaces sur le modèle animal du trouble obsessionnel compulsif (TOC)
Selon une étude menée à Rashtrasant Tukadoji Maharaj Nagpur University, à Nagpur, Inde, l’endocannabinoïde anandamide empêche la souris d’enterrer des billes. Ce comportement est constitutif de l’évaluation du TOC. Cet effet a été transmis par les récepteurs vanilloïdes. (Source: Umathe SN, et coll. Neuropharmacology. 11 janvier 2012. [in press])
Science: dans une étude sur le modèle animal, l’administration prolongée de cannabinoïdes a amélioré la cognition
Selon une étude menée au Cajal Institute de Madrid, Espagne, l’administration des cannabinoïdes synthétiques WIN 55,212-2 et JWH-133 pendant 4 mois, sur la souris, a empêché l’encéphalite, en diminuant les niveaux de béta-amyloïde, et a amélioré la cognition. La béta-amylioïde est une substance que l’on trouve en grandes quantités dans les cellules nerveuses des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Elle est nocive pour les cellules nerveuses. (Source: Martin Moreno AM, et coll. J Neuroinflammation 2012;9(1):8.)
Science: la FAAH n’est pas inhibée par le propofol
Dans une étude de la Medical School d’ Hanovre, Allemagne, meneée sur 56 sujets soumis à une anesthésie générale avec du propofol ou du thiopental/sévoflurane, il n’a été relevé aucune différence des niveaux de l’endocannabinoïde anandamide dans le sang. Les chercheurs n’ont pas trouvé que le FAAH (acide gras amide hydrolase), l’enzyme responsable pour la dégradation de l’anandamide, était inhibé par le propofol, comme cela avait été noté lors d’une étude précédente. (Source: Jarzimski C, etcoll. Br J Clin Pharmacol. 13 janvier 2012. [in press])
Un coup d'œil sur le passé
Il y a un an
Israël: descente de police dans un centre de distribution de cannabis médicinal de Tel-Aviv
Il y a deux ans
Science: le nabilone améliore le sommeil chez des patients souffrant de fibromyalgie
Etats-Unis: au Colorado, les patients qui ont le droit de consommer du cannabis à des fins médicales ont aussi le droit d’acheter le médicament
Source:IACM
La République tchèque a fait un pas de plus vers la légalisation du cannabis thérapeutique : jeudi, des députés ont présenté à leurs collègues de la Chambre basse du Parlement un projet d’amendement dont l’application autoriserait l’usage du cannabis en République tchèque à des fins médicales. Soutenu par tous les partis politiques représentés au Parlement, le texte a de fortes chances d’être adopté.
Le projet d’amendement en question a été élaboré, en 2011, par une commission composée de médecins, de pharmaciens, de représentants des ministères de la Santé et de la Justice, ainsi que de membres de la police et de spécialistes des drogues. Le président de cette commission et doyen de la Première faculté de médecine de l’Université Charles, Tomáš Zima, explique quels sont les avantages de l’utilisation thérapeutique du cannabis : « Le cannabis est surtout prescrit pour soigner des maladies et douleurs chroniques, la spasticité, les maladies oncologiques, le sida, l’inappétence… Ces médicaments sont également utilisés en dermatologie et en ophtalmologie. »
Les médicaments à base de cannabis permettent également de soulager la douleur chez les patients atteints de la maladie de Parkinson ou de la sclérose en plaques. Si la République tchèque a autorisé, en avril 2011, la commercialisation d’un premier médicament à base de chanvre, du spray Sativex, elle reste pourtant l’un des rares pays à proscrire la culture du chanvre à des fins thérapeutiques. La situation pourrait alors changer avec l’adoption, fort probable, du projet d’amendement par le gouvernement et le Parlement.
Si le texte était bien adopté, des producteurs et cultivateurs licenciés pourraient ainsi fournir les pharmacies. Le cannabis ne serait ensuite délivré que sur ordonnance médicale et les autorités prévoient d’élaborer un registre électronique d’utilisateurs de ces médicaments.
Selon le coordinateur national anti-drogue, Jindřich Vobořil, le nombre de producteurs autorisés sera limité à une dizaine :
« Le projet en question ne prévoit pas la mise en place d’une nouvelle institution de contrôle dans ce domaine. Ce sera l’Institut d’Etat pour le contrôle des médicaments qui délivrera aux entreprises privées des licences pour la culture du cannabis ou éventuellement pour son importation. »
L’ancien maire de Prague, Pavel Bém, membre du groupe de députés qui a présenté le projet d’amendement, a précisé qu’il ne s’agissait en aucun cas de légaliser l’usage et la consommation libre de cannabis. Selon les derniers sondages, près de 80 % de la population tchèque est favorable à la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques et de recherche médicale. Les premiers médicaments à base de chanvre pourraient être vendus dans les pharmacies tchèques dès l’automne prochain. Ils devraient être remboursés par l’assurance maladie.
12L’étude la plus complète jamais réalisée sur la consommation de cannabis, dont les résultats ont été publiés mardi 10 janvier, montre que la consommation de joints, même sur une longue période, n’aurait pas de conséquence sur la capacité pulmonaire et pourrait même avoir des effets bénéfiques.
Lancée en 1985, et financée par le gouvernement fédéral, cette étude a suivi durant vingt ans 5.115 hommes et femmes âgés de 18 à 30 ans dans quatre grandes villes américaines, dont plus de la moitié avait en moyenne 25 ans. Il s’agit de la plus large étude jamais menée sur le sujet et permettant de constater les effets du cannabis sur une longue période.
37% de consommateurs
Sur cet échantillon, 37% fumaient du cannabis une fois par semaine, pour une consommation moyenne de 2-3 joints par mois. La plupart consommait en moyenne 9 cigarettes par jour. Enfin, 17% fumaient uniquement du cannabis. Il est à noter que ceux fumant à la fois des cigarettes et des joints avaient tendance à avoir une consommation une peu plus importante de ces deux produits que le reste de l’échantillon.
Durant tout la période étude, les participants ont régulièrement été interrogés sur leur consommation de cannabis et de tabac tout en subissant des examens pulmonaires évaluant les conséquences des deux produits.
Et, sans surprise, au fil des années les fumeurs de cigarettes subissent une perte de capacités pulmonaires, contrairement au fumeur de cannabis pour qui la consommation de joint n’aurait que très peu d’effets négatifs, voir des effets positifs. En effet, les participants fumant du cannabis rarement ou de manière modérée, ont affiché une amélioration de leurs capacités pulmonaires à deux tests.
Cette amélioration disparaît pour les participants fumant plus de 20 joints par mois, ces derniers présentant des résultats identiques à ceux de non-fumeurs. Ainsi, pour ceux qui ont fumé un joint par jour pendant sept ans ou un par semaine durant vingt ans, les tests n'ont révélé aucune détérioration de la fonction des poumons. Une dégradation n’a été constatée que pour les personnes ayant une consommation régulière importante et sur une longue période.
Appel à "la modération"
Les auteurs précisent cependant qu’ils ne disposent que de très peu de données sur les très gros fumeurs et appellent donc à "la modération". De plus, la plupart des participants n’ayant pas atteint un âge suffisant pour juger des risques de cancer des poumons, l’étude insiste sur le fait que ce danger ne peut être écarté.
L’étude conclut : "La marijuana peut avoir des effets bénéfiques sur le contrôle de la douleur, l’appétit, l’humeur, et la gestion d’autres symptômes chroniques. Nos résultats suggèrent qu’un usage occasionnel de la marijuana dans ces buts, ou pour d’autres, peut ne pas être associé à des conséquences défavorables sur les fonctions pulmonaires. Il est plus difficile d’estimer les effets potentiels d’un usage lourd et régulier, car ce type d’utilisation est relativement rare dans notre échantillon d’étude. Quoiqu’il en soit, nos résultats suggèrent bien un déclin rapide des fonctions pulmonaires en cas d’usage lourd et la marijuana implique une besoin de précaution et de modération."
Des chercheurs de l'Université de New South Wales, en Australie, testent un vaporisateur qui permettrait aux consommateurs de cannabis d'abandonner leur mauvaise habitude.
Ce vaporisateur buccal pourrait aider à diminuer les symptômes de sevrage reliés à l'arrêt du cannabis. «Il n'existe actuellement aucun médicament qui permet de réduire la sensation de manque en période de sevrage de cannabis, a expliqué l'auteur principal de cette étude, Jan Copeland. Les consommateurs de tabac ont accès à toutes sortes de thérapies de remplacement de la nicotine pour les aider, et les consommateurs de drogues opiacées [héroïne] peuvent avoir recours à la méthadone.»
Lorsqu'ils veulent cesser de consommer du cannabis, les individus ressentent divers symptômes reliés au sevrage, comme des troubles du sommeil et de l'irritabilité. «Bien que ces symptômes ne mettent pas la vie en danger, ils sont suffisamment invalidants pour générer un sentiment dépressif et inciter les gens à recommencer à consommer du cannabis», a expliqué Jan Copeland.
Le vaporisateur nommé Sativex, disponible au Canada, au Royaume-Uni et en Espagne, est déjà utilisé pour soulager les douleurs névralgiques ressenties par les patients souffrant de scléroses en plaques. Il contient des extraits de cannabis, mais ne crée pas d'intoxication.
«Nos tests permettront de savoir si cette préparation médicamenteuse a le potentiel d'aider les consommateurs de marijuana à abandonner leur mauvaise habitude, un peu comme les timbres à la nicotine aident les fumeurs à cesser de fumer , a indiqué Jan Copeland.
Cuisiner avec de la marijuana ne se limite pas au célèbre space cake qu’on mange souvent moins pour le goût que pour ses vertus planantes. Il existe en effet des plats raffinés proposés par certains restaurants, et même des alcools comme la bière ou le vin, qui sont préparés avec les arômes des feuilles de cannabis selon le site Gourmet.com. Aux Etats Unis, la consommation de cannabis à des fins thérapeutiques est autorisée dans 16 Etats. Aujourd’hui le développement de ce secteur est tel qu’à Denver, par exemple, «il y a désormais plus de dispensaires à marijuana que de starbucks», comme nous l’écrivions en juillet dernier. Le succès de cette tendance pousse même certains journaux, comme le Denver Westword, l’hebdo local, à embaucher des journalistes «pour critiquer les diverses variétés de bongs, de pipes, et d’inhalateurs».
Or ces dispensaires ne vendent pas que de l’herbe à fumer, puisqu’on peut aussi y découvrir des plats aux noms évocateurs, «LaGanga» (des lasagnes), ou la «Tarte à l’œil rouge», tous conçus pour que la dose de THC prise n’ait pas ce goût fort et amer traditionnellement associé à l’herbe.
Le Gourmet.com affirme même que l’utilisation du cannabis en gastronomie est de plus en plus la règle que l’exception, même si pour l’instant les critiques culinaires de nourriture à base de cannabis ne sont pas légion. Venant à l’origine d’Asie du sud-est, la pratique qui consiste à parfumer certains plats à l’aide des puissants arômes de la plante de cannabis, s’est aussi répandue aux Etats-Unis.
Jeremiah Tower, l’un des pionniers de la nouvelle cuisine américaine, et chef Chez Panisse puis chez Stars, des restaurants renommés de la côte est, a été l’un des premiers à utiliser les parfums de la plante de cannabis. Il avait même conçu en 1969 un plat, baptisé le «Consommé d’herbe», ou le Plat Californien, qui faisait partie d’un menu «volontairement décadent» selon ses mots, qui proposait pas moins de 11 plats à la suite. Jeremiah se souvient que le Plat Californien «provoquait une autre sorte de stimulation. Pas de la défonce. La mixture mettait 45 minutes à atteindre le cerveau, et à ce moment, comme c’était prévu dans le menu, le dessert arrivait, des framboises à la crème comme vous n’en aviez jamais goûté avant».
Plantation de marijuana au Swaziland, en 2005. REUTERS/Mike Hutchings
Selon le site Gourmet.com c’est pourtant la bière qui a le plus d’affinités avec le cannabis, puisque d’un point de vue botanique ils sont cousins. Dans des boutiques en Europe, ainsi que dans certains bars, notamment en Californie, on vend de la bière au chanvre ou on infuse des feuilles de cannabis, ce qui donne à la bière un léger goût de noisette.
En Californie, la vinification, étape essentielle pour transformer le raisin en vin, se fait aussi parfois à base de feuilles de cannabis. Un chef cuisinier qui a voulu rester anonyme d’après Gourmet.com explique que certains viticulteurs s’en servent pour rendre les vins plus forts:
«Je connais un viticulteur qui choisit deux tonneaux de vin par an, met dedans une grande quantité d’herbe et laisse le mélange tremper, le vin est alors ultra-puissant.»
Mais la plupart des viticulteurs qui utilisent de l’herbe pour la vinification le font surtout avec des petites quantités pour créer de nouvelles saveurs plus subtiles explique Gourmet.com. Le propriétaire d’un vignoble sur la côte californienne, qui considère les vins fait avec de la marijuana comme des apéritifs, «comme un fernet», une référence à l’alcool italien le Fernet-Branca, produit par exemple un Riesling qu’il mélange avec quelques grammes de marijuana très sèche.
« Jako » est séropositif depuis 1985, et ne supporte les effets secondaires de sa quadrithérapie qu'avec le cannabis. Son médecin l'autorise à prendre ce « traitement » et le juge l'a relaxé. Maintenant, il veut faire changer la loi.
Jean-Jacques Simon de son vrai nom est un cas : ce grand gaillard abîmé par la vie pète la forme pour ses 52 ans, dont une moitié avec le sida. Il interpelle tous ceux qui posent un regard sur lui et commence à débiter son incroyable parcours : premier joint fumé en CM2, l'héroïne à la vingtaine, six années en prison, l'AZT et dix autres traitements depuis, le sevrage et puis la lente renaissance...
Depuis qu'il a rompu avec la came, il s'est mis à raconter son histoire, dans un livre, à la télé, auprès des jeunes. Maintenant, il a quelque chose à dire aux politiques.
« Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation »
Le 10 janvier dernier, au péage de Vierzon, la douane volante arrête la voiture où il se trouve avec un ami qui l'aide à remonter sa plantation d'herbe. La quantité de cannabis contenue dans sa trousse de toilette est conséquente : 415 grammes, soit environ six mois de consommation personnelle.
Jako vit dans le logement d'une association près de Versailles et n'a pas de jardin. Il fait donc pousser son cannabis dans le jardin de ses nombreux amis disséminés à travers la France.
Il a bien connu les commissariats mais n'a plus l'habitude :
« Normalement, avec cette quantité, tu risques vingt ans. Quand la fliquette me signifie ma garde à vue, je lui signifie que j'arrête tous mes traitements. Ils m'envoient à l'hôpital avec les menottes. Le médecin voit bien que mon état est incompatible avec la garde à vue, et ils me relâchent... mais le pire c'est qu'ils gardent mes 400 grammes ! »
Jako demande alors à son médecin, Dr Jacques Doll, chef de service d'hépato-gastroentérologie, qui suit Jako depuis 22 ans, un certificat. Sans difficulté, Le médecin reconnaît noir sur blanc les « vertus thérapeutiques » connues du cannabis thérapeutique, et ajoute :
« Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation dans la mesure où elle est efficace, bien tolérée et améliorant sa qualité de vie. Une ATU (autorisation temporaire d'utilisation) individuelle serait souhaitable afin de l'autoriser légalement à poursuivre ce traitement. »
Relaxé par le tribunal au nom de sa « contrainte »
Le 13 avril, le tribunal correctionnel de Bourges prononce sa relaxe. Une « révolution » pour les avocats. Que dit le jugement ?
« M. Simon a agi sous l'empire d'une contrainte à laquelle il n'a pu résister. De ce fait, sa responsabilité pénale doit être écartée. »
Depuis, Jako s'est fait faire un T-shirt avec cet article 122-2 du code pénal qui stipule qu'il n'est « pas responsable », donc innocent.
Fort de cette relaxe, dont il espère qu'elle fera jurisprudence, et devenu sage après ses années de délinquance, il justifie son droit à consommer du cannabis :
« Je ne veux pas être un délinquant pour me soigner. C'est la double peine. Je ne suis un risque pour personne à consommer mon cannabis, je n'ai même pas le permis ! Mais je me retrouve à troubler l'ordre public pour atteindre mon traitement, car je dois fréquenter des dealers, fumer une herbe où plein de trucs chimiques ont été ajoutés, et ça me coûte beaucoup plus cher que si je cultive moi-même. »
Ce jugement lui a fait réaliser qu'il y a « quelque chose de pas logique dans la loi » : étrange de le relaxer alors qu'il a commis un acte puni par la loi.
Est-ce un premier pas vers un changement de la loi ? Le problème est qu'en France, les partisans de la légalisation du cannabis demandent la légalisation pour tous et pas spécifiquement pour les malades. Jako ne veut pas attendre que la France soit mûre pour ce débat : avec l'élection présidentielle qui approche, il considère qu'il faut séparer les deux sujets car la légalisation du cannabis thérapeutique est, elle, « urgente ».
Pas une consommation récréative
Il ne faut pas compter sur les médecins pour se mouiller sur ce sujet. Même si certains, comme le médecin de Jako, certifient que le cannabis fait du bien à leurs patients, même si d'autres font des ordonnances pour que leurs patients aillent se fournir dans les pharmacies hollandaises. C'est le cas de Bertrand, également malade du sida :
« J'habite à Strasbourg et je dois faire 900 km aller-retour pour chercher mon traitement. Il y a un problème d'accès au soin. On m'autorise à le consommer mais dans l'illégalité ! »
Ce malade, comme d'autres atteints de sclérose en plaque ou de cancer, de fibromyalgie, de la maladie de Crohn ou d'Alzheimer, ne fume pas parce que c'est « rigolo » mais parce que dans le cannabis, il y a des cannabinoïdes, qui agissent entre autres sur la douleur. Comme Nicolas, dispensé de peine pour sa consommation de cannabis et dont Libération a fait le portrait cette semaine.
D'ailleurs Bertrand ne fume pas, il inhale avec un Volcano, un vaporisateur à utilisation thérapeutique. Le cannabis ne le fait pas planer, mais agit sur son sommeil, ses nausées, son appétit...
Depuis dix ans qu'il se bat sur ce sujet, Bertrand pense aujourd'hui que les mentalités sont mûres pour une légalisation. Mais il pronostique :
« Ça ne bougera pas par les médecins, ni par les associations, mais par les tribunaux, les médias, et le mouvement citoyen. »
Photo: Jako à la rédaction de Rue89, en octobre 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)
Pour l'Académie nationale de pharmacie, une drogue est tout produit ayant quelque propriété médicamenteuse, employé à l'état brut, tel qu'il existe dans la nature, ou après des opérations matérielles qui n'exigent aucune connaissance pharmaceutique. Le cannabis est utilisé dans différentes indications : douleur, nausées et vomissements, stimulation de l'appétit, mais aussi comme bronchodilatateur (dans l'asthme), comme antispasmodique (dans la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques) ou comme vasodilatateur (dans le glaucome).
Le principal composé du cannabis, le delta-9 tétrahydrocannabinol, et des cannabinoïdes de synthèse sont capable des faire régresser des tumeurs cérébrales chez des modèles animaux. Les recherches menées par une équipe madrilène, et publiées dans l'édition de mars du mensuel Nature Medicine, pourraient ouvrir une nouvelle voie thérapeutique contre les tumeurs gliales chez l'homme, qui sont les tumeurs cérébrales primitives les plus fréquentes.
Les cannabinoïdes permettent de contrôler la spasticité et le tremblement dans un modèle animal de la sclérose en plaques. Ce travail expérimental, mené par David Baker (University College, Londres) et une équipe anglo-américaine, a été publié le 2 mars dans l'hebdomadaire Nature. Plusieurs agonistes des récepteurs cannabinoïdes CB1 et CB2 ont permis d'améliorer les signes cliniques chez un type particulier de souris, tandis que des substances antagonistes les exacerbaient. Ce qui laisse à penser que le système cannabinoïde endogène jouerait un rôle tonique actif dans le contrôle du tremblement et de la spasticité.