Les consommateurs de marijuana thérapeutique en Ontario peuvent désormais utiliser en toute légalité des vaporisateurs à peu près partout dans la province.
Le gouvernement libéral de la province a discrètement exempté ces usagers cette semaine d'une loi interdisant l'usage de cigarettes électroniques partout où les cigarettes régulières sont interdites.
Vaporisateur pour marijuana thérapeutique. Photo : ICI Radio-Canada
Cela signifie que les usagers de marijuana thérapeutique pourront utiliser un vaporisateur dans les restaurants, au travail et sur les terrains de jeu.
La ministre associée de la Santé et des Soins de longue durée, Dipika Damerla, a indiqué que malgré l'exemption pour les usagers de marijuana thérapeutique, les propriétaires de restaurants et les employeurs pourront tout de même leur interdire de fumer dans leurs établissements.
La ministre a affirmé que la mesure voulait faire en sorte que les gens malades ou en grande souffrance puissent prendre leurs médicaments prescrits lorsqu'ils en ont besoin.
Jonathan Zaid, le fondateur d'un groupe pour l'accès équitable à la marijuana thérapeutique au Canada, a dit croire que la réglementation ne changeait pas grand-chose étant donné que les usagers de marijuana médicale pouvaient déjà fumer « à peu près » partout avant que la loi sur les cigarettes électroniques ne soit adoptée en mai dernier.
Depuis qu'elle a commencé un traitement à base de cannabis, il y a un mois, Grace parvient à dormir la nuit sans être réveillée par une de ses nombreuses crises d'épilepsies.
Cette petite fille de 8 ans est devenue la première personne autorisée au Mexique, le 20 octobre dernier, à suivre un traitement à base de cannabis.
CARLOS RAMIREZ - AFP
"Ses crises d'épilepsie nocturnes ont quasiment disparu et elle dort très bien. C'est le changement le plus notable que nous ayons constaté", indique son père, Raul Elizalde, dans leur maison située dans la riche ville industrielle de Monterrey, au nord du Mexique.
Grace souffre du syndrome de Lennox-Gastaut, une variante de l'épilepsie très difficile à soigner qui lui occasionnait 400 crises d'épilepsie quotidiennes. Tous les traitements pour soulager ses douleurs avaient jusqu'alors échoué.
Ses parents sont parvenus à remporter en août une bataille juridique difficile, qui a obligé les autorités sanitaires à autoriser cette famille à importer du cannabidiol (CDB), une huile thérapeutique à base de cannabis.
Grace est devenue un symbole pour ceux qui se battent contre la légalisation de la marijuana, relançant ainsi le débat national autour de ce sujet dans un pays déchiré par les luttes entre les cartels de drogue.
Dans la foulée, la Cour Suprême a délivré le 4 novembre un jugement historique ouvrant la voie à la légalisation de cette substance en autorisant quatre personnes à cultiver de la marijuana et à l'utiliser à des fins personnelles et récréatives.
Quelques jours plus tard, la sénatrice Cristina Diaz, membre du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) - le parti au pouvoir -, déposait un projet de loi visant à autoriser l'importation et la consommation de marijuana à usage médical, qui pourrait bénéficier à 5000 Mexicains selon elle.
Si le Président Enrique Pena Nieto a réaffirmé son opposition à cette légalisation, il a toutefois laissé entendre que son gouvernement pourrait se ranger à l'avis d'un groupe d'experts qui devrait débattre du sujet dans les prochains mois.
D'autres pays de la région, tels que l'Uruguay, ont déjà adopté une législation légalisant le cannabis. Aux Etats-Unis, plus de 20 Etats ont autorisé l'usage médical de cette substance et la Colombie a annoncé la semaine dernière qu'elle ferait de même.
Au Chili, le congrès débat actuellement de cette question.
Un récent sondage a montré qu'une majorité de Mexicains était opposée à la légalisation du cannabis, mais une autre enquête d'opinion publiée dans le quotidien El Universal fait apparaître que 79% des Mexicains sont cependant favorables à son usage médical.
Ce débat national a soulevé de l'espoir parmi les familles qui pensent qu'un traitement à base de marijuana pourrait améliorer la qualité de vie d'un proche malade.
- Goût du chocolat -
Le cannabidiol ne permet pas de soigner la maladie mais de réduire le nombre et l'intensité des crises dont souffre Grace. "Les crises sont moins fréquentes et moins intenses", indique sa mère, Mayela, tandis qu'elle nourrit sa fille, assise dans une chaise pour bébé, près de sa petite soeur Valentina.
Du fait de sa maladie, Grace se déplace en chaise roulante et ne peut se nourrir seule.
"Nous avions essayé d'autres médicaments qui avaient un goût affreux. La bonne chose avec le CBD c'est qu'il a bon goût", un mélange de chocolat et de menthe, indique-t-elle.
Durant son repas, Grace se met à trembler, ferme les yeux et sert la main de sa mère pendant quelques minutes. Son corps finalement se détend et sa mère lui essuie la bouche.
Selon les médecins, il faudra deux mois de ce traitement pour que l'état de santé de Grace s'améliore réellement.
Le cannabiol coûte 250 dollars pour 100 millilitres, une petite fortune pour la grande majorité des Mexicains.
De son côté, la sénatrice Diaz espère que la loi sera votée avant la fin de l'année. Des sénateurs d'autres partis politiques la soutiennent.
"Il s'agit seulement d'autoriser l'importation de médicament, pas de supprimer l'interdiction (du cannabis) sur tout le territoire. Mais c'est une première étape", explique-t-elle à l'AFP.
"Pour des enfants comme Grace et beaucoup d'autres personnes, améliorer la qualité de vie est urgent."
IACM-Bulletin du 18 Novembre 2015
Allemagne: Le gouvernement prévoit le remboursement, par les assurances de santé, de certaines médications à base de cannabis prescrites dans des cas précis, ainsi que la création d’une agence d’Etat du cannabis
Colombie: Le gouvernement veut régulariser la vente commerciale du cannabis à des fins médicales
Mexique: La Cour suprême indique que les citoyens devraient avoir le droit de cultiver du cannabis pour leur usage personnel
En bref
Un coup d'œil sur le passé
Allemagne: Le gouvernement prévoit le remboursement, par les assurances de santé, de certaines médications à base de cannabis prescrites dans des cas précis, ainsi que la création d’une agence d’Etat du cannabis
Un projet de loi prévoit la création d’une agence d’Etat du cannabis afin de réguler la culture du cannabis et sa distribution en pharmacie. Les détails ne sont pour l’instant pas définis. La volonté du ministère de la Santé est d’accroitre le nombre de patients pourvus d’accès prescrit au cannabis et que les assurances de santé prennent en charge le coût. Il y a actuellement environ 500 patients qui souffrent d’au moins une soixantaine de maladies, dont des douleurs chroniques, des maladies inflammatoires, des conditions psychiatriques, des maladies neurologiques, la perte d’appétit, et des nausées. Ils ont été autorisés à se procurer du cannabis car aucun autre traitement n’est aussi efficace pour les soulager. Le projet inclut la détermination de la part du prix que les assurances de santé prendraient en charge.
Cette situation est le résultat d’une bataille longue de quinze ans auprès des tribunaux. Le 14 décembre 1999, huit patients avaient introduit une plainte devant la Cour fédérale constitutionnelle qui avait décidé que les patients pouvaient demander un certificat d’exemption pour l’usage de fleurs de cannabis auprès du Federal Institute for Drugs and Medical Devices, qui fait partie du ministère de la Santé. Cependant, ce dernier a rejeté toutes les demandes, en indiquant la possibilité de prendre du dronabinol, qui peut être prescrit. Le 9 mai 2005, la Cour fédérale administrative a statué «que le gouvernement ne peut se référer à un médicament dont l’accès et le prix le rendent indisponible pour la très grande majorité des citoyens. »
Les premières exemptions ont été accordées en 2007. Mais de nombreux citoyens sont financièrement dans l’impossibilité d’acheter du cannabis et ont demandé à la Federal Institute for Drugs and Medical Devices une approbation pour leur propre culture du cannabis. Le 22 juillet 2014, la Cour administrative de Cologne a statué qu’il fallait accorder aux patients cette permission. Le gouvernement a fait appel. Mais il est probable que le gouvernement finalement perde le procès devant la Cour fédérale administrative. Pour éviter que les patients cultivent leur cannabis, le gouvernement est forcé de permettre un accès à un traitement adéquat, notamment en remboursant les fleurs de cannabis. Etant donné l’augmentation du nombre de patients prenant du cannabis, il est attendu que le gouvernement, à moyen terme, permette la culture du cannabis.
Daily Telegraph du 1 novembre 2015
Colombie: Le gouvernement veut régulariser la vente commerciale du cannabis à des fins médicales
Le 12 novembre, le gouvernement de la Colombie a indiqué son intention de légaliser la culture et la vente du cannabis destiné à des fins médicales et scientifiques. Le Président, Juan Manuel Santos, devrait bientôt signer la loi. Celle-ci réglemente tout ce qui concerne le cannabis, : de l’autorisation pour les cultivateurs à l’exportation éventuelle des produits issus de cette culture, a indiqué le ministre de la Justice, Yesid Reyes.
Avec ce nouveau dispositif législatif, la Colombie rejoint les pays tels que l’Uruguay et le Chili qui font l’expérience de la décriminalisation ou de la légalisation. Ceci est une nouvelle attitude vis-à-vis du cannabis, sa réglementation et la politique jusque là en usage en Amérique Latine. A l’inverse de ses voisins, la Colombie a soutenu pendant longtemps la prohibition afin de prévenir la production de drogues.
Associated Press du 12 novembre 2015
Mexique: La Cour suprême indique que les citoyens devraient avoir le droit de cultiver du cannabis pour leur usage personnel
Le 5 novembre, la Cour suprême a ouvert une porte à la légalisation du cannabis, en adressant un défi pointu aux strictes lois nationales sur les drogues. Le vote de la chambre de la cour criminelle a déclaré que les citoyens devraient avoir le droit de cultiver et de distribuer le cannabis destiné à un usage personnel. Les défenseurs de la légalisation indiquent que si la décision ne frappe pas un coup mortel aux lois sur les drogues, elle établit le fondement d’une vague d’actions légales, qui au final, aboutiraient à une nouvelle législation.
La décision montre une nouvelle dynamique au Mexique, qui jusqu’à présent avait coopéré avec la campagne anti-drogues des Etats-Unis, qui a créé de nombreux troubles et peu de victoires. Aujourd’hui la circulation des drogues vers les Etats-Unis se poursuit avec son flux de corruption. Le pays est découragé par des campagnes sans fin contre les trafiquants et submergé par la violence. « Voilà une situation dramatique, quelque soient nos efforts, » a indiqué Juan Francisco Torres Landa, un avocat notamment chargé de l’un des plaignants auprès de la Cour Suprême.
The New York Times du 5 novembre 2015
En bref
Hollande: Sondage sur l’usage médical du cannabis
Le Stichting IOCOB conduit un sondage sur l’usage médical du cannabis aux Pays-Bas. Les patients qui veulent participer peuvent s’adresser à here.
Etats-Unis: Hillary Clinton serait favorable à un changement de la loi sur les narcotiques afin de faciliter la recherche sur les bienfaits médicinaux du cannabis
Lors d’un évènement dans le cadre de la campagne présidentielle, la candidate démocrate a indiqué que le changement de législation sur les drogues reconnaitrait leur potentiel pour les usages médicaux et y donnerait accès pour la recherche.
Reuters du 8 novembre 2015
Science/Cellules: Comment le cannabidiol peut-il être bénéfique à la maladie de Parkinson ?
Des chercheurs se sont intéressés aux effets neuro-protecteurs du CBD (cannabidiol) opposé au MPP (1-methyl-4-phenylpyridinium), et ont trouvé que les protéines neuronales et les récepteurs NGF sont impliqués. Ils ont indiqué que « ces mécanismes pourraient contribuer à la neuro-protection contre MPP(+), une neuro-toxine significatrice de la maladie de Parkinson. »
School of Pharmaceutical Sciences of Ribeirão Preto, University of São Paulo, Brésil.
Santos NA, et al. Toxicol In Vitro. 7 novembre 2015. [sous presse]
Science/Homme: Le chocolat augmente les niveaux d’endocannabinoïdes
Sur 10 personnes obèses et rassasiés avant la consommation de chocolat, il a été noté que la consommation de chocolat faisait augmenter les niveaux sanguins des endocannabinoïdes anandamide (AEA) et de 2-AG (2-arachidonoyl-glycerol). Les auteurs ont conclu que « la motivation de manger est générée par « une activation périphérique de signaux chimiques endogènes de récompense. »
Department of Clinical Sciences and Community Health, University of Milan, Italie.
Rigamonti AE, et al. Food Nutr Res 2015;59:29678.
Science/Animal: Le CBD en application topique a réduit l’inflammation et la douleur dues à l’arthrite
Des gels à base de CBD ont été appliqués à des rats souffrant d’arthrite, ce qui a entrainé une diminution des gonflements articulaires, de la douleur, de l’infiltration de cellules immunitaires et de médiateurs pro-inflammatoires, incluant la cytokine TNF-alpha, facteur de nécrose des tumeurs alpha.
Department of Pharmaceutical Sciences, University of Kentucky College of Pharmacy, Lexington, Etats-Unis.
Science/Animal: L’extinction de la peur dûe à l’anti-dépresseur fluoxetine implique les endocannabinoïdes
Une étude menée sur des souris a révélé qu’un traitement chronique avec l’anti-dépresseur fluoxetine induisait des augmentations de l’endocannabinoïde anandamide dans l’amygdale, une région du cerveau. De plus, le blocage des récepteurs CB1 a prévenu l’extinction de la peur par la fluoxétine.
National Institute on Alcoholism and Alcohol Abuse, NIH, Bethesda, Etats-Unis.
Gunduz-Cinar O, et al. Neuropsychopharmacology. 30 octobre 2015. [sous presse]
Le cannabis thérapeutique fait débat. Si le président du centre national de prévention, d'études et de recherches sur les toxicomanies, en conférence à Limoges ce mardi 3 novembre, y est opposé, des patients, comme Marie-Claude (*), justifient leur usage de la substance.
- JOUHANNAUD Thomas
Marie-Claude, 62 ans, souffre de fibromyalgie, une maladie caractérisée par des douleurs chroniques. Depuis 2010, elle consomme régulièrement du cannabis, sous forme de tisane. « Le problème de base, c’est qu’on manque de médicaments efficaces contre la douleur. Or j’ai le droit d’être soulagée. Mes neveux m’ont suggéré d’essayer le cannabis et ça m’a aidée. Je n’ai pas d’effet psychotrope », explique cette Haut-Viennoise, qui se dit contrainte d’être hors-la-loi. « En revanche, j’ai décidé d’arrêter de conduire. »
Régulièrement, quand elle souffre de crises, elle utilise un médicament très puissant, 80 fois plus fort que la morphine. « Il y a d’énormes effets secondaires, des nausées et de la somnolence notamment, alors pour éviter ou ralentir cet analgésique opioïde, mais continuer à apaiser la douleur, je prends pendant dix jours des infusions de cannabis, une à deux au quotidien, puis j’arrête. »
La consommation de Marie-Claude est, selon elle, assez limitée : « l’équivalent de deux pieds par an à partir de graines que j’ai commandées sur internet et de plants que je cultive moi-même ».
Elle dénonce une « hypocrisie monstrueuse » autour de l’usage du cannabis thérapeutique. « Des médecins qui connaissent ma démarche et me soutiennent ne diront jamais haut et fort qu’ils sont pour une dépénalisation du cannabis. Et puis, l’industrie pharmaceutique freine des quatre fers… »
Le 16 octobre, la Faculté de médecine de l’Université de Strasbourg accueillait la 4e édition de la conférence sur les avancées pharmacologiques dans le domaine des cannabinoïdes et leurs usages thérapeutiques en médecine.
Organisée par l’UFCM iCare (Union française pour les cannabinoïdes en médecine), la conférence était présidée par Bertrand Rambaud, patient et activiste français.
Prof. Hanuš, Sebastien Beguerie, Dr Patrizia Carrieri, et Bertrand Rambaud President de l’UFCM
« La situation française n’a jamais été aussi pénible »
Alors qu’il faisait état de la situation actuelle en France, Bertrand Rambaub contenait à peine sa frustration face au manque d’accès au médicament Sativex longtemps promis aux patients, mais jamais réellement offert. Mais il était réjoui de prendre la parole pour inaugurer la conférence. Il a remercié les commanditaires sans qui cette conférence n’aurait pu avoir lieu, et a dédié l’événement à Alexandre, un ancien membre de l’UFCM qui malheureusement est décédé des suites de sa maladie.
En dépit du climat politique défavorable qui règne en France, cette 4e édition a su attirer une impressionnante cohorte internationale de professionnels de la santé à laquelle se sont joints le Dr Spiess (Action Sida Ville) et le Dr Alexandre Feltz (médecin et adjoint au maire de Strasbourg). La conférence a de plus bénéficié de la participation de plusieurs conférenciers de haut calibre, dont le réputé chercheur tchèque de l’Université hébraïque de Jérusalem (Israël) le professeur Lumír Hanuš.
La découverte du système endocannabinoïde – Prof Lumír Hanuš
Prof. Lumír Hanuš
Après avoir présenté un bref survol historique de la découverte des cannabinoïdes et du système endocannabinoïde, le professeur Hanuš a discuté de l’éventuelle portée médicale de ces découvertes.
La découverte en 1964 du principal ingrédient actif du cannabis, le THC, est attribuée aux professeurs Yehiel Gaoni et Raphael Mechoulam de l’Université hébraïque de Jérusalem. À ce jour (octobre 2015), un total de 1068 composés ont été identifiés dans le cannabis, dont 141 de types cannabinoïdes.
Cependant, c’est la découverte du système endocannabinoïde et de ses récepteurs appelés CB1 et CB2 qui a permis de comprendre la manière dont le cannabis délivre ses effets sur le système.
Les récepteurs CB1 se retrouvent dans le cortex cérébral, l’hippocampe, les ganglions de la base, le cervelet et dans les systèmes reproducteurs.
Les récepteurs CB2 se retrouvent dans les organes lymphoïdes : la rate, le thymus, les amygdales, la moelle des os, les globules blancs, le pancréas et les macrophages.
Cette découverte a incité les chercheurs à tenter d’identifier ces composés et leurs diverses fonctions régulatrices. Le fait que les cannabinoïdes retrouvés dans le cannabis stimulent également les récepteurs du système endocannabinoïdes signifie qu’ils recèlent un potentiel thérapeutique pour presque toutes les maladies affectant les humains (Pacher et Kunos, 2013).
« Cependant, a continué Lumír Hanuš, bien que le cannabis soit merveilleux, il ne représente pas une panacée ».
Le cannabis n’est pas un remède qui guérit à toutes les fois.
Le cannabis n’est pas un remède qui guérit tout le monde.
Le cannabis n’est pas un remède pour toutes les maladies.
Le cannabis n’est pas un remède efficace pour tous les stades de la maladie.
Afin d’illustrer ses propos, il a présenté le cas d’un patient israélien traité au cannabis médical. Celui-ci a réagi différemment à deux variétés contenant pourtant les mêmes taux de THC et de CBD, fournissant la preuve que ce ne sont pas exclusivement ces deux composés qui entrent en jeu.
Le professeur Hanuš a poursuivi avec une exploration de la détection du quorum (quorum sensing) et les cannabinoïdes. Il a expliqué que la détection du quorum est un ensemble de mécanismes qui contrôlent l’expression de certains gènes selon les fluctuations de densités des populations de cellules. Les bactéries assujetties à la détection du quorum produisent et émettent des signaux moléculaires dits auto-inducteurs qui augmentent en concentration lorsque la densité des populations augmente. Un exemple visible de ce phénomène est offert par les bactéries bioluminescentes à l’origine de la luminescence vaste et continue qui s’échappe parfois de la surface des mers et des océans et qu’on appelle « milky seas ».
Plancton électroluminescent
Lorsqu’on a demandé au professeur Hanuš ce qui ralentissait la recherche dans le domaine du cannabis et de l’usage des cannabinoïdes, sa réponse était claire et nette :
« Les compagnies pharmaceutiques considèrent le cannabis comme un risque. Ce sont eux qui ralentissent le progrès. Par exemple, l’usage médical de l’anandamide est actuellement contrôlé par les pharmaceutiques et non pas par les chercheurs. Celles-ci ne sont cependant pas intéressées par ces composés. Ce qu’elles recherchent avant tout sont les dérivés de ces molécules qui peuvent être brevetés ».
Apprenez-en plus au sujet de Lumír Hanuš ici.
Mettre en pratique les recherches sur le cannabis –
Dr. María Muñoz Caffarel
Dr. María Muñoz Caffarel
Ancienne membre de l’équipe du professeur Manuel Guzman en Espagne, la Dre María Muñoz Caffarel a entrepris d’étudier les effets des cannabinoïdes sur les cellules cancéreuses. La conférencière a affirmé qu’avant d’utiliser les cannabinoïdes pour traiter le cancer, il importait de démontrer l’efficacité et la sécurité de leur usage. Elle a donc axé son discours sur la question suivante : est-ce que les cannabinoïdes remplissent ces deux conditions ?
Vers la fin des années 1990, le professeur Manuel Guzman a noté que le traitement au THC du glioblastome multiforme (tumeur cancéreuse la plus agressive) tuait presque toutes les cellules cancéreuses. Plus tard, en 2000, des essais sur les animaux ont aussi révélé d’importantes réductions des masses cancéreuses. Plus spécifiquement, on a découvert que les cannabinoïdes n’affectaient que les cellules malades, qu’ils stimulaient leur apoptose (mort de la cellule).
La thèse doctorale de la Dre María Muñoz Caffarel porte spécifiquement sur le cancer du sein, une maladie maligne répandue chez les femmes occidentales. Bien que le taux de guérison se soit beaucoup amélioré au cours des dernières années, les femmes continuent d’en mourir et il est important de développer de nouveaux médicaments pour contrer la propagation de cette maladie.
Il a été démontré qu’un traitement au THC chez des souris réduisait le taux de croissance des tumeurs, et des résultats similaires ont ensuite été obtenus sur des cellules humaines. Plus spécifiquement, on a observé une réduction de l’angiogenèse (formation de vaisseaux sanguins) accompagnée d’une augmentation de l’apoptose (mort cellulaire) des cellules malades.
On a aussi découvert que le traitement à base d’un composé synthétique spécialement conçu pour ne bloquer que le récepteur CB2 fournissait des résultats similaires à ceux obtenus lors de traitement au THC. Cette découverte s’avère particulièrement intéressante puisqu’elle pourrait offrir un moyen d’éviter les potentiels effets psychoactifs du THC.
Après cette phase de recherches concluantes sur des sujets animaux, la prochaine étape est de passer aux essais cliniques. Cependant, bien peu ont été jusqu’à présent effectués.
Le tout premier essai clinique a été effectué par le professeur Manuel Guzman sur un groupe de neuf patients en phase avancée qui ne réagissaient pas aux traitements traditionnels. L’objectif de cette étude était de comprendre l’incidence du traitement sur la qualité de vie des patients et sur les marqueurs tumoraux (glioblastome multiforme). Le THC a été injecté dans la tumeur de manière intracraniale. Les résultats obtenus se sont avérés intéressants : dans certains cas, le THC a déclenché une modulation des mêmes mécanismes moléculaires que ceux observés dans les modèles précliniques. Aucun effet psychoactif n’a été rapporté, et la croissance tumorale s’est estompée, augmentant l’espérance de vie du patient. Bien que ces résultats paraissent prometteurs, d’autres essais cliniques sont nécessaires.
« Selon mon point de vue, le travail en laboratoire et les essais cliniques doivent se poursuivre. Nous devons joindre nos efforts à ceux des compagnies pharmaceutiques et les informer de la nécessité de mener des essais cliniques.
La Dre Caffarel a terminé en déclarant qu’elle avait « l’intention de combiner les traitements à base de cannabinoïdes aux traitements traditionnels (polythérapie). Le problème majeur réside dans le manque de financement pour effectuer les essais cliniques ».
Apprenez-en plus au sujet de la Dre María Muñoz Caffarel ici.
Diminution du risque de diabète chez les patients atteints du VIH associée à la consommation de cannabis – Dr Patrizia Carrieri
Dr. Patrizia Carrieri
La Dr Carrieri, chercheuse à l’Inserm de Marseille (France), a un intérêt marqué pour l’étude des personnes souffrant d’addictions, et elle s’est récemment penchée sur le lien entre la consommation de cannabis et l’incidence du diabète chez les patients souffrant du VIH et du VHC.
Il n’existe que très peu de publications au sujet des effets des cannabinoïdes sur le diabète. Les quelques études effectuées ont toutes trouvé une incidence généralement plus basse de cas de diabète chez des souris diabétiques non obèses traitées au CBD (30 %) lorsque comparé à des souris n’ayant pas reçu de traitement (86 %). Les chercheurs ont également remarqué un délai dans l’apparition du diabète chez les souris ayant reçu le traitement, mais n’ont pu établir de relation dose-effet lors de l’administration, ce qui devra faire l’objet d’études supplémentaires.
Les résultats d’une recherche effectuée par le NHANES sur des humains ont indiqué une réduction de la prévalence du diabète chez les consommateurs de marijuana. Ces recherches spécifiques sont très pertinentes dans le cas des patients atteints du VIH puisqu’une importante corrélation existe entre la présence de syndromes métaboliques et le fait d’être affecté par l’hépatite C (4,1 à 44 %) et aussi parce que la prévalence de la consommation de cannabis est élevée dans le groupe à l’étude (plus de 40 %).
Afin de mieux comprendre le phénomène, depuis octobre 2005, 1364 patients fréquentant 24 hôpitaux participent à un programme de 60 mois qui s’attache à faire le suivi étroit de leur consommation de cannabis et de leur résistance à l’insuline.
Résultats :
25 % des patients suivis consomment du cannabis.
Les patients qui ont contracté le VIH des suites de consommation de drogues sont de grands consommateurs de cannabis (statistiquement).
La résistance à l’insuline est sensiblement la même parmi les utilisateurs de cannabis.
Aucune différence réelle observée entre les utilisateurs quotidiens et occasionnels.
Les utilisateurs de cannabis ont 60 % moins de chance de développer une résistance à l’insuline.
Les résultats correspondent à ceux observés dans la population générale.
Aucune relation dose-effet n’a été détectée.
Cette recherche démontre de manière concluante que la consommation de cannabis semble réduire les chances de développer une résistance à l’insuline qui peut aboutir au diabète. Comme la résistance à l’insuline affecte la réponse potentielle du patient au VHC ainsi qu’aux thérapies anti-VIH, la réduction de la résistance à l’insuline est bénéfique.
Apprenez-en plus au sujet de la Dr Patrizia Carrieri ici.
Utilisation du cannabis à des fins médicales pour soulager la douleur
– Dr. Paolo Poli
Dr. Paolo Poli
Le Dr Paolo Poli est membre de la SIRCA (Société italienne de recherches sur le cannabis) et travaille au département du traitement de la douleur de l’Université de Pise (Italie).
Il a suivi trois cents patients qui ont utilisé du cannabis médical pour soulager leur douleur. Au cours de sa présentation, il a exposé les résultats de leur progrès qui s’échelonne sur 18 mois.
Les patients ont été traités à l’aide d’une préparation de cannabis élaborée par Bedrocan, et leur suivi s’est effectué selon la fréquence suivante : après 1, 3, 6 et 12 mois. Les patients devaient quantifier leur douleur sur une échelle de 0 à 10 (10 représentant une douleur atroce).
Après 12 mois de traitement, 64,6 % des patients ayant complété la thérapie ont rapporté une diminution marquée de la douleur comme suit :
Fibromyalgie : 35 % – 9,03 à 5,83 après 12 mois
Maux de tête : 50 % – 8,91 à 4,36 après 12 mois
Maladies neurodégénératives : 43 % – 7 à 3,4 (incluant la sclérose en plaques)
Douleurs liées au cancer : 36 % – 7,03 à 4,5
Hydrocéphalie à pression normale : 29% – 8.43 à 6
Radiculopathie : 55% – diminution de 8,84 à 4
Arthrose : 24 % – 8,76 à 6,67
Dans la conclusion de son étude, le Dr Poli a déclaré que l’usage de cannabis médical est le plus approprié dans les cas de douleurs neuropathiques que dans ceux de douleurs somatiques, et que le cannabis offrait aux patients une variété de bénéfices, notamment, en améliorant le sommeil, en diminuant de manière considérable l’anxiété et la dépression et en augmentant la qualité de vie en général, et que e plus, il était très bien toléré chez les patients plus âgés.
Apprenez-en plus au sujet de Dr Paolo Poli ici.
Convention internationale sur le contrôle des drogues et l’usage du cannabis et des cannabinoïdes en médecine – M. Pavel Pachta
Pavel Pachta
Pavel Pachta, secrétaire adjoint de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) en République tchèque durant 25 ans et maintenant à la retraite, a présenté les conventions qui affectent le statut du cannabis en tant que médicament sur la scène internationale :
La Convention unique sur les stupéfiants de 1961, modifiée par le Protocole de 1972
La Convention sur les substances psychotropes de 1971
La Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988
Ces conventions poursuivent toutes deux principaux objectifs :
Limiter l’utilisation des stupéfiants/substances psychotropes à la recherche médicale ou scientifique et en assurer la disponibilité.
Restreindre l’utilisation médicale et scientifique des substances considérées très dangereuses et dépourvues de vertus thérapeutiques.
Soumis aux mêmes mesures de contrôle que les autres stupéfiants du Tableau I, le cannabis (plante) et les extraits de cannabis peuvent être utilisés à des fins médicales et scientifiques.
Selon le rapport annuel de 2014 de l’OICS, la Convention unique permet l’utilisation du cannabis à des fins médicales dans la mesure où sa culture est contrôlée par un organisme international qui détient le monopole du commerce en gros et des stocks de cannabis. La culture individuelle pour usage médical personnel n’est pas permise selon la Convention unique, et la prescription de cannabis doit reposer sur des connaissances médicales incontestables dérivées de preuves scientifiques.
En guise de conclusion, Pachta a déclaré que le delta-9-THC peut être utilisé à des fins médicales et scientifiques selon les mesures de contrôle sur les stupéfiants du Tableau II de la Convention de 1971. Il est important que les autorités nationales adoptent une approche positive pour favoriser toutes formes de changements, malgré la réalité qu’imposent plusieurs impasses :
Le cannabis médical utilisé par les gens provient du marché noir ou est issu de cultures personnelles illégales.
Aucun pays ne considère la plante de cannabis comme un médicament enregistré.
Le cannabis médical pourrait représenter le « cheval de Troie » qui permettrait incidemment la légalisation d’une utilisation récréative.
Le gouvernement aurait à déterminer ce qui serait permis : la culture personnelle ou la distribution de produits de qualité médicale.
Face à ces impasses, bien des administrations préfèrent maintenir le statu quo !
Mais quelles sont les positions de l’OICS face aux réformes actuellement en cours aux États-Unis, en Uruguay et en Allemagne, réformes qui enfreignent les conventions ?
« Je ne travaille plus pour l’OICS, alors je partage avec vous mon opinion personnelle : l’OICS produira très certainement une publication faisant état de ce manque de consistance. Cependant, pour que des sanctions soient mises en vigueur, il faudrait que ces changements aux lois locales/nationales aient des conséquences sur les pays voisins. Cette phase expérimentale sera probablement tolérée encore quelques années. » – Pavel Pachta
Apprenez-en plus au sujet de Pavel Pachta ici.
Le modèle autrichien de prescription et de remboursement
– Dr Eberhard Pirich, Autriche
Dr. Eberhard Pirich
En 2014, l’Autriche comptait 4500 patients utilisateurs de cannabis médical. La moitié de la quantité disponible de cannabis était utilisée dans les soins primaires, tandis que l’autre moitié était réservée aux hôpitaux. Le plan national de santé rembourse 60 % des coûts liés aux médicaments.
Les substances disponibles aux patients sont classées dans deux catégories : une catégorie inclut les produits finis tels Cesamet®, Sativex® et Marinol®, et l’autre catégorie est réservée aux médicaments magistraux tels Dronabinol et Nabilone (produits par Cesamet®). Les compléments alimentaires et les produits dermatologiques qui contiennent des CBD sont également disponibles sur le marché.
Les CBD font actuellement l’objet d’un vif intérêt dans la communauté médicale, et les recherches sur leurs utilisations bénéficient d’un financement international. Les recherches précliniques sont disponibles, mais les données de celles-ci doivent à présent servir à conduire des recherches cliniques à grande échelle, particulièrement des essais cliniques !
« Les bienfaits du cannabis sur la santé, peu importe la forme d’utilisation, excèdent de loin les dangers qu’il comporte. » – Dr Eberhard Pirich, Autriche.
Apprenez-en plus au sujet de Bionorica ici.
Americans for Safe Access – Steph Sherer
ASA founder, Steph Sherer
En tant que fondatrice de l’association Americans for Safe Access (ASA), Steph Sherer est déterminée à ajuster les lois afin que les patients puissent accéder de manière sécuritaire à du cannabis médical.
À l’heure actuelle, aux États-Unis, le cannabis est considéré illégal par le gouvernement fédéral.
Cependant, plus de 40 États ont déjà adopté des lois permettant l’utilisation médicale du cannabis, et quatre États ont opté pour la légalisation complète.
La situation contraste avec celle des années 80 alors que le programme fédéral IND (Investigative New Drug program) entamait les premiers essais de cannabis médical. Aujourd’hui, les États-Unis comptent plus de deux millions de patients qui utilisent le cannabis médical.
« Nous avons livré une lutte tenace, mais nous sommes parvenus à de grands accomplissements. » – Steph Sherer
Pour atteindre ses objectifs et relever le défi, le ASA a dû coordonner ses efforts et orienter son approche selon les axes suivants :
Système juridique (tribunaux)
Système bureaucratique
Stratégies médiatiques coordonnées
Désobéissance civile
Lobbying direct
Mise en place d’un protocole de sécurité des produits
Concertation avec les professionnels de la santé et les patients légaux Éducation du public
Afin de susciter une réaction de la part des médias, le ASA a eu recours à des actes de guérilla, notamment, en mettant en place un ingénieux réseau d’envois d’alertes SMS au sein de la communauté de patients leur permettant de réagir rapidement et de rapporter des évènements qui passeraient totalement sous silence dans les médias traditionnels.
Toutefois, bien des défis restent à relever. La loi fédérale doit être réajustée et les programmes des États doivent être améliorés. Les politiques d’assurance et les mesures de protection civile/de l’emploi doivent faire l’objet de considérations. Il reste encore un grand travail à faire afin de surmonter les préjugés à l’égard de la plante de cannabis, de sa consommation et de son utilisation médicale. Il faut établir les doses standards auxquelles ont droit les patients, et les politiques concernant les greffes d’organes doivent aussi être revues.
Visitez la plateforme d’Americans for Safe Access platform pour plus d’information.
Conclusions
À l’issue de la conférence, les fondateurs de l’organisation UFCM iCare, Bertrand Rambaud et Sébastien Béguerie, ont pris la parole pour remercier les conférenciers de leur participation. Enfin, ils ont lancé un appel afin que tous participent activement à la mise en place d’un réseau coordonné de professionnels de la santé. Cette concertation est cruciale pour que s’enclenchent des développements dans le domaine de l’utilisation médicale des cannabinoïdes, et surtout, pour permettre aux patients d’avoir accès à du cannabis médicinal.
Sensi Seeds continue d’appuyer les efforts de l’association UFCM iCare. Nous vous encourageons à en apprendre davantage sur les objectifs de l’association en visitant leur site Web.
IACM-Bulletin du 24 Octobre 2015
Croatie: Légalisation et accès limité aux médicaments à base de cannabis
Science/Homme: Le cannabis est parfois utilisé comme substitut à l’alcool, aux drogues illégales et à certains médicaments
Science/Animal: : L’euphorie engendrée par l’exercice d’endurance, ou ivresse du coureur, est substantiellement causée par les endocannabinoïdes
Croatie: Légalisation et accès limité aux médicaments à base de cannabis
Le gouvernement croate a légalisé la consommation de cannabis à usage médical, qui peut être prescrit aux patients qui souffrent de sclérose en plaques, cancer, épilepsie ou sida. La presse de ce pays a indiqué que pour l’instant, le cannabis ne sera pas disponible en pharmacie, mais par l’intermédiaire de huit compagnies pharmaceutiques.
La législation permet aux médecins de prescrire le cannabis sous forme de médicament, de thé, ou de pommade. Chaque patient peut en recevoir une quantité limitée à 750 mg de THC par mois. Le ministre de la Santé a attiré l’attention sur le fait que le cannabis ne guérissait pas les maladies mentionnées, mais servait à soulager des douleurs et des souffrances provoquées par certaines maladies chroniques graves. Le ministre a aussi attiré l’attention sur le fait que la culture de cannabis dans des espaces privés restait illégale.
The Freepress Journal du 15 octobre 2015
Science/Homme: Le cannabis est parfois utilisé comme substitut à l’alcool, aux drogues illégales et à certains médicaments
De nombreux patients, qui consomment du cannabis, utilisent les préparations à base de cannabis, en remplacement d’autres substances comme l’alcool, les drogues illégales, ou certains médicaments. Ce sont les chercheurs du Centre for Addictions Research de la British Columbia University de Victoria et d’autres institutions de recherche qui sont arrivés à ces résultats après avoir consulté 473 adultes. Ce sondage incluant 414 questions était destiné aux Canadiens qui consomment du cannabis. On pouvait y accéder en 2011 et 2012 en ligne, et dans sa version papier.
87% des personnes ayant répondu ont indiqué utiliser le cannabis comme substitut à l’alcool, aux drogues illicites ou à certains médicaments prescrits (80,3% indiquent remplacer des médicaments prescrits, 51.7%l’alcool, 32.6% des substances illicites). Les auteurs ont conclu que l’usage médical du cannabis pourrait jouer un rôle de réduction des nuisances, dans ce contexte d’utilisation de ces substances, et pourrait avoir des implications pour les traitements d’abstinence. »
Lucas P, Walsh Z, Crosby K, Callaway R, Belle-Isle L, Kay R, Capler R, Holtzman S. Substituting cannabis for prescription drugs, alcohol and other substances among medical cannabis patients: The impact of contextual factors. Drug Alcohol Rev. 14 septembre 2015. [sous presse]
Science/Animal: : L’euphorie engendrée par l’exercice d’endurance, ou ivresse du coureur, est substantiellement causée par les endocannabinoïdes
« L’ivresse » dont parlent les coureurs, généralement attribuée aux endorphines, a été attribuée aux endocannabinoïdes. Ce sont des chercheurs allemands qui sont parvenus à ce résultat. Ils suggèrent que cette « ivresse » est comparable à celle que procure le cannabis. Les endorphines, éléments chimiques naturels produits par le corps, présentent des propriétés similaires de soulagement de la douleur à la morphine. Pendant l’exercice intense, l’étirement et la déchirure des muscles forcent le corps à produire de la béta-endorphine et de l’anandamide (un endocannabinoïde). Pour déterminer l’élément responsable de l’ivresse du coureur, les chercheurs de l’Université de Heidelberg ont fait trois expériences sur des souris.
Ils ont démontré, qu’après la course, la réduction de l’anxiété et de la douleur est transmise par les récepteurs cannabinoïdes. « L’ivresse d’un coureur est une notion subjective de bien être dont certaines personnes font l’expérience après un exercice prolongé, » ont écrit les chercheurs dans leur étude. « Pendant des décennies, on a cru que la libération d’endorphines était responsable de l’ivresse du coureur, or les endocannabinoïdes pourraient aussi jouer un rôle. »
Fuss J, Steinle J, Bindila L, Auer MK, Kirchherr H, Lutz B, Gass P. A runner's high depends on cannabinoid receptors in mice. Proc Natl Acad Sci U S A. 5 octobre 2015. [sous presse]
Comment j'ai surmonté mon cancer grâce au cannabis
SANTÉ - "Pourquoi l'usage thérapeutique du cannabis est-il toujours interdit en France ?". Cette question, je me la suis posée après avoir consommé illégalement du cannabis pour apaiser les effets secondaires dévastateurs d'une chimiothérapie anti-cancer. Je l'ai fait en toute connaissance de cause, et je n'ai pas eu à le regretter : les vomissements, l'épuisement et les douleurs ont rapidement reflué, l'appétit et le sommeil sont revenus.
Mon protocole personnel
Au départ, les malaises m'ont servi de boussole pour mettre au point mon "traitement". Je consommais l'herbe en très petite quantité, dès que les troubles m'assaillaient. Ils cessaient immédiatement. Je recommençais dès que je les sentais se réveiller. Cela m'a permis de coller au plus près de mes besoins. Juste après la séance de chimio, le rythme était d'une prise toutes les trois heures environ. Puis elles s'espaçaient progressivement. Au bout d'une huitaine de jours, les symptômes avaient disparu et ma consommation cessait tout naturellement.
Personne ne m'a dissuadé de me lancer dans cette aventure. Ni mes proches, touchés par mes souffrances et heureux de me voir soulagée, ni le personnel soignant hospitalier à qui ne n'ai jamais rien caché. Médecins, infirmières, aides-soignants se sont montrés très compréhensifs et, sans m'inciter pour autant à poursuivre, n'ont jamais tenté de me dissuader. Eux aussi constataient, sans doute, l'amélioration progressive de mon état et de mon moral.
Une efficacité reconnue dans de nombreux pays
Cinq mois plus tard, lorsque mon traitement s'est terminé, la même question a continué de me hanter. C'est avec colère, et même révolte, que je pensais à ces milliers de patients qui, chaque jour, traversent des épreuves du même genre. Ils se voient prescrire de longues listes de molécules plus ou moins actives (anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères, antalgiques puissants, antiémétiques...) qui viennent alourdir encore la pression chimique que leur organisme doit subir avec la chimiothérapie. Alors que nous avons à portée de main une plante médicinale ancestrale, efficace, autorisée à des fins thérapeutiques dans de nombreux pays : Israël, le Canada, de nombreux états américains, la province espagnole de Catalogne, la République tchèque... Dans l'immense majorité de ces pays, l'usage récréatif du cannabis reste prohibé et son utilisation thérapeutique n'a pas fait exploser sa consommation illicite.
La plante y est généralement distribuée dans un cadre médical très surveillé, sur ordonnance, aux patients touchés par des pathologies précises et susceptibles d'être soulagés : cancer, sclérose en plaque, glaucome, douleurs chroniques, maladies inflammatoires... Le 17 octobre dernier, le gouvernement australien a même annoncé qu'il allait très prochainement autoriser la culture de cannabis à des fins thérapeutiques, dans le but de fournir aux patients un produit contrôlé et de faciliter les recherches scientifiques qui pourraient permettre la mise au point de nouveaux médicaments.
Des centaines de recherches
Des centaines de chercheurs, dans le monde entier, ont publié les résultats de leurs travaux sur les effets thérapeutiques du cannabis. Ils commencent à percer les mystères de cette plante complexe, dans laquelle ils ont identifié plus de 70 familles de composants actifs. Les modes d'action de ces cannabinoïdes (dont peu sont psychotropes) sont de mieux en mieux connus, leurs applications possibles de mieux en mieux cernées. La science et la médecine évoluent visiblement beaucoup plus vite que les mentalités, les blocages fantasmatiques et les peurs sournoises.
Alors je repose la question : "Pourquoi ?". A ce jour, je n'ai pas trouvé de réponse satisfaisante. En attendant les malades continuent de souffrir...
Médicannabis, octobre 2015 - Guy Trédaniel Editeur
Jeff, souffre de névralgie. Le seul traitement qui le soulage : le Bedrocan, une variété de cannabis thérapeutique interdite en France. Après s’être fait arrêté par les douanes, Jeff a décidé de partir vivre aux Pays-Bas quelques semaines « comme un clochard » dans sa voiture le temps de se soulager. Prenez le temps de découvrir son histoire et à travers elle, une certaine hypocrisie de la France contre laquelle il se bat pour avoir le droit d’être en bonne santé.
Il était une fois un Homme
Gérald « Jeff » Martinez (43 ans), chauffeur routier de profession et « par passion » souffre de névralgie depuis 2001. Décharges électriques, sensations de coup de pied dans les testicules, crampes musculaires, fourmis, douleurs insupportables ou encore crampes musculaires… 14 ans d’enfer jusqu’à ce qu’il découvre en avril dernier le Bedrocan : une variété de cannabis thérapeutique prescrite par son médecin français, mais interdite à la vente sur le territoire.
Après plus d’une décennie de traitements lourds, invalidants et selon lui inefficaces, cette nouvelle alternative thérapeutique est inespérée. Alors, Jeff utilise les quelques forces qui lui reste pour prendre la route de Maasbracht, un village à 35 kilomètres de Maastricht où une pharmacie pourra lui délivrer du Bedrocan sur ordonnance. Vendu sous forme d’herbe, ce cannabis a la particularité d’être « stabilisé » et non enivrant. Sauf qu’après 5 mois où Jeff a repris goût à la vie et a pu enfin (re)partager des moments forts avec ses enfants, les douanes l’arrêtent lors de son dernier aller-retour en Hollande. Son médicament miracle lui est alors confisqué, mais aucune poursuite à son encontre ne sera engagée. C’était fin août… Depuis, Jeff affirme revivre l’enfer de ses 14 dernières années et se « shoote » au cannabis de la rue, au haschich. 18 joints par jour qui n’ont pas endigué le retour de ses crises, lui donnant la sensation « de se faire tabasser » ou « rouler dessus ».
Effondré et n’ayant plus rien à perdre, Jeff a donc décidé de repartir à Maasbracht ce lundi 12 octobre. Cette fois-ci, il compte y rester quelques semaines en y vivant « comme un clochard », dormant dans sa voiture bourrée de vivres. Une décision extrême et surtout dangereuse étant donné son état de santé, mais cet acte se veut aussi militant. Alors que Jeff compte interpeller l’opinion autour de son cas, il est soutenu dans sa démarche par le CIRC (collectif d’information et de recherches cannabiques) et d’autres associations militantes.
À l’heure où je publie cet article, les seules nouvelles que j’ai pu obtenir de Jeff proviennent de Kshoo, porte parole du CIRC. Et apparemment, « il fait très froid à Maasbracht ». J’espère pouvoir réussir à le joindre les prochains jours et tâcherai de réactualiser l’article.
La question cannabis thérapeutique en France
Suite à une directive européenne, la France a été contrainte de mettre sur son marché pharmaceutique un premier médicament à base de cannabis : le Sativex. Cela remonte à janvier dernier. Or, une crispation sur le prix de vente du médicament entre la France et Almirall (le laboratoire commercialisant le Sativex) a reporté à la Saint Glin-glin l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) du dit médicament. Enfin… ça c’est la raison officielle. Selon les associations, s’ajoute à ce retard le tabou du cannabis en France ainsi que les pressions exercées par les lobbies anti-cannabis qui ont insufflé aux gouvernements successifs leur point de vue : le cannabis thérapeutique c’est la porte ouverte à la légalisation du cannabis récréatif. Un débat (presque) sans fin que nous vous invitons à découvrir à travers nos plusieurs reportages sur LaTéléLibre : ici, là, ou encore par là-bas si ça ou ça ne vous suffirait pas.
Pourtant les mentalités évoluent. En ce qui concerne « l’usage du cannabis sous certaines conditions », autrement dit de façon thérapeutique – puisqu’il ne s’agit pas là de causer isolation de nos maisons avec du chanvre suisse – une majorité de Français s’est prononcée favorable… Du moins d’après le sondage IFOP-EROPP ci-dessous, réalisé entre 1999 et 2013 :
En 2013, 58% des Français sont d’accord ou plutôt d’accord
sur l’autorisation du cannabis sous certaines conditions
Alors que plusieurs pays européens (UK, Pays-Bas, Espagne) et même 23 États des États-Unis (goddamn, les states !) ont autorisé la vente de médicaments à base de cannabis, la France reste muette sur le sujet… Pour ou contre, il s’agirait déjà d’en parler. Aujourd’hui le débat public demeure inexistant. Et Jeff ?
Les mots de Jeff
À l’origine de ce reportage : Kshoo, porte Parole du CIRC. Ayant fait suivre par mail à John Paul le cri de Jeff, nous avons décidé en conférence de rédaction de raconter son histoire afin que sa décision de partir en Hollande sans toit et durant plusieurs semaines ne passe pas inaperçue… À défaut de pouvoir changer le monde, à commencer par la France.
Moi-même peu, voire clairement pas engagé politiquement sur la question du cannabis thérapeutique (ou récréatif), j’ai été touché par les maux de Jeff écrits en septembre dernier. Un poème qui m’a donné envie de le rencontrer et de l’écouter :
Gouvernement tu n’es pas humain,
moi je souffre et tu t’en fous bien.
Oppression. Persécution.
Pour que j’ai le frisson,
même pas peur !
Le plus fort, c’est ma douleur.
14 ans qu’elle m’anéantit,
cette putain de névralgie !
Pour moi « Bedrocan »,
c’est mon médicament.
Il n’est pas enivrant,
mais il est stupéfiant.
Aucune douleur !
Que du bonheur !
J’y ai goûté.
Je suis un miraculé,
mais je n’y ai pas droit
dans ce gouvernement là
Pour un tabou,
qui ne tient pas debout.
Plutôt mourir,
que de souffrir.
C’est vous qui me tuez
chaque instant passé,
vous pouvez me ressusciter.
Mais en avez-vous l’humanité?
Consommer du cannabis à des fins thérapeutiques pour lutter contre la douleur chronique ne cause pas d'effets indésirables graves, selon une étude réalisée par des chercheurs canadiens.
«Nous avons découvert que le cannabis médical semble avoir un profil d'innocuité avantageux lorsqu'il est utilisé par des patients qui sont considérés comme des consommateurs expérimentés et qui participent à un programme thérapeutique de douleur chronique sur une période d'un an», a expliqué l'auteur principal de cette recherche, le Dr Mark Ware, spécialiste de la douleur à l'Hôpital général de Montréal du CUSM et professeur à l'Université McGill.
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Les chercheurs ont suivi 215 patients adultes.Photo Fotolia
Les chercheurs ont suivi 215 patients adultes souffrant de douleur chronique qui prenaient du cannabis médical. Cette cohorte de patients a été comparée à un groupe témoin de 216 personnes également atteintes de douleur chronique qui ne consommaient pas de cannabis.
«Nous n'avons trouvé aucune preuve d'effets indésirables sur les fonctions cognitives et pulmonaires ou dans les analyses sanguines des consommateurs de cannabis», a confirmé la Dre Aline Boulanger, l'un des coauteurs de l'étude et directrice du Centre d'expertise de la douleur chronique au Centre Hospitalier de l'Université de Montréal. «À l'inverse, nous avons remarqué que les consommateurs de cannabis toléraient nettement mieux la douleur, présentaient moins de détresse à l'égard des symptômes et disaient avoir une meilleure humeur et une meilleure qualité de vie par rapport au groupe témoin», a-t-elle ajouté.
Les chercheurs ont toutefois remarqué une augmentation du risque d'effets indésirables sans gravité chez les consommateurs de cannabis médical, comme des maux de tête, des nausées, des étourdissements, de la somnolence et des problèmes respiratoires associés au tabagisme.
Le Dr Ware émet toutefois un bémol par rapport à ces résultats et mentionne qu'ils ne permettent pas de tirer des conclusions sur l'innocuité du cannabis chez les nouveaux utilisateurs, comparativement aux utilisateurs expérimentés.
Les conclusions de ces travaux ont été publiées dans la revue scientifique The Journal of Pain.
Originaire d’Indes et du Sri Lanka, le cannabis pousse désormais sur tous les continents. Il a été un composant de nombreux médicaments jusqu’à son interdiction dans plusieurs pays autour des années 1930. On le dit pourtant pourvu de nombreuses vertus.
La consommation médicale du cannabis se fait sous forme de tisane, vaporisateurs et spray buccal.
(Photo iStock : Zzvet)
En prescription médicale, le cannabis est autorisé dans plusieurs pays, notamment en Espagne, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie, ou encore, dans certains Etats américains.
En France, bien que le débat politique sur la dépénalisation du cannabis reste ouvert (de nombreux Verts y sont favorables), la consommation de cannabis à des fins «récréatives» est illégale et son utilisation thérapeutique demeure très réglementée.
Cette dernière ne doit pas être confondue avec le cannabis fumé, qui augmente le risque de cancer du poumon. En effet, la consommation médicale se fait plutôt sous forme de tisane, vaporisateurs et spray buccal.
Cannabis et santé publique
Selon le Docteur Olivier Bertrand, Président de la coordination Chanvre & Libertés, Membre de la Commission Santé et Prévention, le cannabis (ou marijuana médicale) a un rôle primordial à jouer en matière de santé publique : «Aujourd'hui, certains travaux scientifiques réhabilitent l'usage thérapeutique du cannabis pour de nombreuses pathologies où il n'existe pas de traitements connus, voire pour atténuer les effets secondaires des traitements. Que ce soit pour le diabète, la lutte contre le cancer, l'amélioration de la vie quotidienne de personnes atteintes de troubles psychiatriques (hyperactivité, bipolarité, chocs post-traumatiques...), pour la prise en charge des parkinsoniens, le traitement d'Alzeihmer... la liste est longue de toutes les possibilités offertes par l'utilisation des cannabinoïdes».
Si certaines personnes restent sceptiques devant l’intégration du cannabis dans les soins thérapeutiques, Farid Ghehiouèche, Porte-parole de Cannabis Sans Frontières et Tête de liste pour les élections régionales Cannabis Sans Frontières - Chanvre Ile-de-France, nous explique que les bienfaits de cette plante ont été prouvés à plusieurs reprises.
«Là où l'utilisation du cannabis médical s'est développée, des résultats remarquables attirent l'attention de la communauté scientifique. D'une part, la découverte en 1994 de notre système endocannabinoïde par le Pr Méchoulam a ouvert la voie pour une meilleure compréhension du fonctionnement de notre métabolisme, car les cannabinoïdes agissent directement sur de nombreuses fonctions vitales. D'autre part, l'expérimentation in vivo tirées par des centaines de milliers d'individus qui témoignent ne peut plus être ignorée.»
Et le porte-parole de Cannabis Sans Frontières de poursuivre : «Aux Etats Unis, l'histoire d'une petite fille Charlotte Webb est emblématique de ce mouvement migratoire de centaines de familles vers le Colorado, où elles peuvent utiliser une variété spécialement adaptée pour diminuer la fréquence et l'intensité des crises d'épilepsie (syndrôme de Dravet). Aux Nations Unies, tout en admettant qu'il est nécessaire que les recherches s'intensifient, le coordinateur du programme de recherche et traitements, Gilberto Gerra admettait que nous sommes face à un " trésor vert "».
Une légalisation délicate
Si les fins thérapeutiques du cannabis sont prouvées et soutenues par de nombreux représentants du corps médical, on peut s’interroger sur les raisons qui empêchent et freinent la légalisation, ou du moins, une prescription médicale moins restrictive.
Bien que favorable à la légalisation du cannabis médical, Jean-Pierre Couteron, Président de la Fédération addiction, en distingue les éventuels effets pernicieux. Selon lui, «les dangers de la légalisation d’un cannabis médical résulteraient d’abord de la possible confusion entre la légalisation du cannabis médical et celle du cannabis récréatif». Car «il y a deux cadres différents à penser, et se servir de l’un pour l’autre ne peut que prêter et aboutir à des problèmes de santé. Le cannabis médical concerne des personnes qui en attendent un effet bénéfique, en lien avec une pathologie dont ils souffrent. Ce cannabis, comme tout médicament, nécessite des règles pour en accompagner la prescription. Mais pour certains, le simple fait de légaliser du cannabis pour traiter une maladie serait dangereux car cela ‘banaliserait’ ce produit en lui donnant l’image d’une substance capable de ‘faire du bien’, alors qu’ils insistent sur ses effets négatifs pour dissuader un public jeune d’en faire usage.»
Alors, pourquoi la légalisation peine-t-elle à s'imposer, malgré cette
distinction faite entre les deux usages de la plante ? Selon Farid Ghehiouèche, «l'explication tient en deux mots : le tabou». Une situation dommageable selon lui, puisque «d'un côté, cela a restreint l'investissement dans les recherches scientifiques et de l'autre, les centaines de milliers d'individus sont privés d'accès au cannabis avec un statut de délinquant.»
«Il n'est pas évident pour des responsables politiques d'admettre que les fondements de la prohibition sont racistes et que le système de contrôle international est en échec. Mais il y a un consensus grandissant pour dire qu'il faut réformer en urgence face aux nombreuses menaces. Bref, depuis 20 ans dans le berceau de la prohibition, aux Etats Unis en Californie, la peur a laissé place à l'initiative dédramatisante et compassionnelle, une approche pragmatique qui porte ses fruits aujourd'hui», relativise-t-il toutefois.
En fonction de l’échelle d’observation de cette légalisation, le Docteur Olivier Bertrand note lui une différence intéressante. Il constate les enjeux qui varient entre une approche internationale de cette question, une vision européenne et l’idée qu’en aurait la France : «Les véritables enjeux au niveau international se situent dans les tensions observées entre les obligations de respecter les droits humains fondamentaux tels le respect de l'intégrité physique et morale des individus, plus largement aux questions liées au développement et la stabilité des Etats. Au niveau franco-européen, les enjeux concernent les évolutions de la stratégie globale anti-drogues en prenant en compte la réalité sociétale avec une approche humaniste. Pour la France, l'enjeu véritable est de ne pas perdre de temps en restant arc-boutés sur des positions dépassées, mais plutôt de prendre le leadership de ce qui se décrit dans les médias aux USA comme la "révolution verte»
Une utilisation sous quotas
Pour l'heure, l'utilisation légale du cannabis thérapeutique est réservée à un petit nombre de personnes malades et nécessiteuses en France. L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) délivre les autorisations de prescription et d’utilisation. Ces autorisations (temporaires) sont attribuées au cas par cas par un examen des dossiers médicaux.
Dans le cas de la sclérose en plaques, où le cannabis montre pourtant une grande efficacité, les prescriptions sont délivrées par quotas. Olivier Bertrand s'indigne : «C'est scandaleux ! On observe dans cette logique, la volonté évidente de limiter au minimum l'accès à cette possibilité de prise en charge des patients pour lesquels les traitements conventionnels ne sont pas efficaces. C'est triste de constater que la santé humaine, et que l'urgence humanitaire soient tributaires de négociations entre des agents de l'Etat qui n'ont que pour objectif de limiter les dépenses de la Sécurité sociale et des laboratoires pharmaceutiques qui cherchent à tirer le meilleur profit des traitements qu'ils produisent et mettent sur le marché. Alors qu'il existe une solution très simple et vraiment efficace : il suffit de dépénaliser la culture de plantes, et reconnaitre que l'auto-médicamentation par les phytocannabinoïdes facilite et améliore les conditions de vie pour des millions d'individus.»
Jean-Pierre Couteron, lui, évoque un effet pervers : «Une indication trop restrictive peut participer au mésusage, au sens où les personnes exclues de l’autorisation cherchent quand même à accéder au produit qui les soulage».
La recherche ne cesse de progresser et les mentalités à l'égard du cannabis d'évoluer. Pourtant prescrit en France jusqu'au milieu des années 50, aujourd'hui, l'usage du cannabis médical devrait être amené à se développer et se (re)démocratiser. Si une grande partie de la société y est encore frileuse, le débat, lui, est chaudement ouvert.
Un médicament expérimental à base de cannabis pour traiter la schizophrénie, mis au point par la société britannique GW Pharmaceuticals PLC, a été jugé supérieure à un placebo, à mi-étape de l'essai.
Les actions de la société ont bondi de 12,5% cotées au Royaume-Uni, tandis que les actions cotées américaines étaint en hausse de 10 %.
Le médicament, le cannabidiol, a été testé sur 88 patients atteints de schizophrénie, sur lesquels le traitement anti-psychotique n'est pas efficace.
Dans un communiqué, la compagnie affirme que pendant l'essai, les patients ont continué de prendre leur médicament anti-psychotique et ont reçu des doses de cannabidiol ou d'un placebo.
GW teste ses médicaments à base cannabis pour un certain nombre d'indications, y compris la douleur liée au cancer et l'épilepsie.
La Marijuana, qui est la fleur séchée de la plante de cannabis, est illégale en vertu de la loi fédérale américaine, mais est autorisé à des fins médicales dans environ la moitié des Etats du pays.
L'intérêt pour les effets médicaux de cannabis, a été récemment encouragé par la légalisation de la marijuana ans le Colorado et par le Canada entrain de créer une industrie de la cannabis médicale sous réglementation fédérale.
Source: 420 MAGAZINE - Jacob Redmond
Article complet: Cannabis drug shows promise in treating schizophrenia
Auteur: Reuters
Pour la quatrième année consécutive, l’UFCM-I Care organise la conférence « Avancées Pharmacologiques et Utilisations Thérapeutiques des Cannabinoïdes ».
Cette conférence aura lieu le 16 Octobre 2015 dans le Forum de la Faculté de Médecine de Strasbourg.
Prof Lumir Hanus, Université de Jerusalem, Israel.
La découverte du systèmes endo-cannabinoïdes et son implication dans le future de la médecine.
Dr Maria Caffarel, Biodonostia, Pays-Basques, Espagne.
Les cannabinoides contre le cancer.
Dr Patrizia Carrieri, INSERM, Marseille.
La consommation de cannabis est associée à une baisse du risqué du diabètes pour les patients porteurs du VIH et par une infection par le VHC.
Dr Paolo Poli, Président de la SIRCA (Italian Society Cannabis Research), Departement de la douleur à l’ Université de Pise, Italie.
Rapport de suivis de plus de 300 patients se traitant avec du cannabis dans la gestion de la douleur.
Mr Pavel Pachta, Ancien secrétaire adjoint de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), République Tchèque.
Traité international sur les drogues et l’usage du cannabis médical.
Atelier pour les professionnels de la santé
: Prescription des cannabinoïdes et suivi des patients.
Dr Eberhard Pirich, Directeur général, Trigal Pharma, Le modèle des pharmacies autrichiennes.
Mr Clarck French, Président de l’ association « United Patient Alliance » , la situation au Royaume Uni.
Mme Steph Sherer, Présidente de l’association « American for Safe Access » , la situation aux Etats Unis.
Mr Sébastien Béguerie, Co-Fondateur de l’UFCM I care, présentation de l’ « International Medical Cannabis Patients Coalition« , la situation à l’internationale.
Table ronde les patients en attente, urgence Médical d’un accès aux soins pour des traitements à base de Cannabinoïdes.
Nous tenons à remercier nos partenaires sans qui rien ne serait possible, ceux de la première heure, Sensi seeds, Alpha Cat et ceux qui nous rejoignent cette année, Dinafem, Trigal Pharma Merci à vous :
Suède: Un patient présentant une douleur a été acquitté de l’accusation de cultiver illégalement du cannabis
Pour la première fois, compte tenu du manque d’alternative, il a été accepté qu’un patient souffrant de douleur puisse se soigner avec du cannabis pour être soulagé. Andreas Thörn( 36 ans), qui habite la ville de Västerås, a été acquitté par la cour du district de Västmanland d’avoir illégalement cultivé du cannabis à son domicile. Il a cultivé et consommé le cannabis pour soulager une douleur contractée il y a une vingtaine d’années, lors d’un accident de moto. Depuis cette personne est dans un fauteuil roulant. Le cannabis semble être le seul remède à ses douleurs. Mr. Thörn a essayé toutes les médications légales sans succès.
La sentence implique la récupération des 100 grammes de cannabis qu’il avait cultivés et que la police avait saisis. C’est une surprise pour la Suède qui applique une des lois les plus sévères du monde occidental en matière de drogue. La simple consommation entraine une peine maximum de 6 mois de prison. Les seules médications autorisées à base de cannabis sont le Sativex et le THC (Marinol), mais il est difficile de se les procurer et les patients doivent les payer ; c’est donc une médecine très coûteuse.
www.cannabis.se du 28 août2015
En bref
Science: La génétique du chanvre se rapproche plus de l’Indica que du Sativa
Les scientifiques ont montré que les noms de variété de cannabis ne reflètent pas une identité génétique significative. Ils ont aussi montré que le chanvre est plus proche du cannabis indica que du cannabis sativa.
Faculty of Agriculture, Dalhousie University, Truro, Canada.
Sawler J, et al. PLoS One. 2015;10(8):e0133292
Science/Animal: L’activation des récepteurs CB2 pourrait être bénéfique en cas d’obésité
Un cannabinoïde synthétique(HU308), qui ne se lie qu’aux récepteurs CB2, ont réduit l’inflammation des souris obèses sans incidence sur leur prise de poids. Les auteurs ont conclu que « les agonistes CB2 pourraient fortifier les signaux anti-obésité transmis par les CB2. »
Institute of Clinical Pharmacology, Goethe-University Hospital, Frankfurt, Allemagne.
Schmitz K, et al. Int J Obes (Lond).25 août 2015. [sous presse]
Science/Animal: Les endocannabinoïdes inhibent la nausée
Un inhibiteur de l’hydrolase d’amide d’acide gras (FAAH)a réduit les nausées aigües et anticipées des rats, à travers deux mécanismes : l’activation de PPAR-alpha et des récepteurs CB1. Comme FAAH est responsable de la dégradation de l’endocannabinoïde anandamide, l’inhibition de cet enzyme accroit le niveau de cet endocannabinoÏde.
University of Guelph, Canada.
Rock EM, et al. Psychopharmacology (Berl). 23 août 2015. [sous presse]
Science/Animal: L’activation des récepteurs CB1 est bénéfique en cas d’attaque cérébrale
Chez la souris, un agoniste synthétique (ACEA) des récepteurs CB1 a amélioré la récupération des cellules nerveuses après une attaque. Les chercheurs ont écrit : « nos résultats suggèrent que les récepteurs CB1 pourraient être impliqués dans la survie neuronale et dans la régulation de la neuroprotection pendant l’ischémie cérébrale focale de la souris. »
Facultad de Medicina, Universidad de Buenos Aires, Argentine.
Caltana L, et al. J Neurochem. 22 août 2015. [sous presse]
Science/Animal: L’endocannabinoïde 2-AG détend les vaisseaux sanguins
De nouvelles données suggèrent que l’endocannabinoïde 2-AG peut directement activer les récepteurs vanilloïdes de type 4 (TRPV4) de l’endothélium des vaisseaux sanguins, ce qui contribue partiellement à la réponse relaxante de 2-AG. « Le rôle fonctionnel de TRPV4 est fortement dépendant de la région vasculaire, » ont écrit les chercheurs.
Institute of Cardiovascular and Cell Sciences, St George's University of London, United Kingdom.
Ho WS, et al. Br J Pharmacol. 21 août 2015. [sous presse]
Le National Cancer Institute vient d’annoncer que la consommation de cannabis détruirait les cellules cancéreuses. High five Bro !
Par Edouard Lamort21/08/15
Photo@DR
Dealer avec son médecin, c’est possible aux Etats-Unis. Le gouvernement américain, vient de reconnaître sur le site internet du National Cancer Institute que le cannabis prodiguait des bienfaits thérapeutiques pour les patients atteints d’un cancer.
Appartenant au ministère de la santé US, l’institut établit que l’utilisation d’herbe permettrait de détruire les cellules cancéreuses et ainsi stopper la propagation de la maladie dans l’organisme. Cette déclaration rappelle également que les produits stupéfiants à base de résine de cannabis possèdent des propriétés anti-inflammatoires, redonneraient l’appétit et soulageraient les spasmes musculaires. Une véritable ordonnance naturelle en somme.
Prévoyant, le site précise également les différents moyens d’ingérer la drogue. Classiquement, le joint arrive en première position. Il est suivi par les spaces cake, les infusions et enfin un spray que le malade doit appliquer sous sa langue. Cette annonce renforce la démocratisation de l’usage du cannabis aux Etats-Unis. Utilisé à des fins médicales, l’herbe verte a été légalisée dans vingt-quatre états dont notamment le Colorado, véritable pionnier, qui légalisa pour la première fois la weed, le 1er janvier 2014.
De Marco Torres Wake Up World ,La raison pour laquelle le cannabis est si efficace médicalement est directement liée à sa capacité à interagir avec des récepteurs dans le corps qui inhibent l’inflammation et préviennent la maladie.Le cannabis le fait si bien, que peu de médicaments peuvent rivaliser avec son niveau d’efficacité qui ne provoque aucun effet secondaire. Il s’agit seulement de 5 maladies qui se sont révélées mieux répondre au cannabis qu’aux médicaments, cependant, il existe de nombreuses études menées aujourd’hui qui pourraient en révéler des dizaines d’autres.
De nombreux chercheurs ont noté qu’il y avait des données « insuffisantes » depuis des décennies pour déterminer si fumer du cannabis était sûr ou efficace dans le traitement des symptômes de douleur et pour prévenir les maladies. La principale raison du manque de données était liée au National Institute on Drug Abuse, ou NIDA, qui était la seule source de cannabis pour les recherches et ils bloquaient les études les plus sérieuses en raison des liens étroits avec les laboratoires pharmaceutiques.
Ce point de vue était soutenu par le Dr David Bearman, vice-président exécutif de la Société des cliniciens de cannabis. « Une partie du problème aux États-Unis est que la NIDA a bloqué presque toutes les études sérieuses sur le cannabis», a déclaré Bearman. Bearman soutient que même si les pilules de cannabis synthétique soulagent la douleur, le cannabis est moins cher, a peu d’effets secondaires et peut être plus efficace.
Maintenant des décennies de propagande s’inversent car les scientifiques et le public sont exposés au véritable potentiel du cannabis et à sa capacité à soigner et prévenir les maladies. On retrouve les variétés de cannabis capables de traiter les diverses conditions médicales dans les livres La Toile de Charlotte’s Web, Harlequin,Sour Tsunami etCannatonic.
Pensant que le cannabis a de grands effets secondaires, le juge administratif et titulaire du DEA, Francis L.Young a pris deux longues années avant de reclassifier le cannabis en 1998 :
«Presque tous les médicaments ont des effets toxiques, potentiellement mortels. La marijuana n’est pas n’a pas ces effets. Rien n’indique dans les ouvrages médicaux poussés, qu’il y ait une mortalité causée par le cannabis… En termes médicaux stricts le cannabis est beaucoup plus sûr que de nombreux aliments que nous consommons quotidiennement… Le cannabis, sous sa forme naturelle, est l’une des substances thérapeutiques actives les plus sûres qu’on connaisse.
On a prouvé que 5 maladies répondent mieux au cannabis qu’aux médicaments prescrits
1 Cancer
Les cannabinoïdes, les composants actifs du cannabis, inhibent la croissance des tumeurs et tuent également les cellules cancéreuses. Le tétrahydrocannabinol (THC), le principal composant psychoactif (ou cannabinoïde) de la plante de cannabis, vise les récepteurs de cannabinoïdes qui jouent un rôle très semblable aux endocannabinnoïdes, qui sont les cannabinoïdes produits naturellement dans le corps et activent ces récepteurs.
Les chercheurs ont maintenant trouvé que le cannabidiol a la capacité de «désactiver» le gène responsable de la métastase dans une forme agressive de cancer. Surtout, cette substance ne produit pas les propriétés psychoactives de la plante de cannabis.
Une équipe espagnole, dirigée par le Dr Manuel Guzmon,, voulait voir s’ils pouvaient empêcher une forme de cancer (glioblastome multiforme) de se développer en coupant son approvisionnement en sang. Le globalistome multiforme est l’un des cancers les plus difficiles à traiter : il répond rarement à une intervention médicale, en particulier aux méthodes classiques qui empoisonnent et détruisent principalement les cellules comme la radiothérapie, la chimiothérapie et la chirurgie.
Les gènes associés à la croissance des vaisseaux sanguins dans les tumeurs par la production d’un produit chimique appelé facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGF) réduisent leur activité lorsqu’ils sont exposés à des cannabinoïdes.
Les cannabinoïdes stoppent la production de VEGF en produisant de la céramide.
Le Dr Manuel Guzmon a testé une solution à base de cannabinoïdes sur des patients qui avaient un glioblastome multiforme et n’avaient pas répondu à la chimiothérapie, la radiothérapie ou à la chirurgie. Les scientifiques ont prélevé des échantillons avant et après le traitement à base de cannabinoïdes, celui-ci a été administré directement dans la tumeur.
Étonnamment, les deux patients ont eu une réduction des niveaux de VEGF dans la tumeur à la suite d’un traitement à base de cannabinoïdes.
Une étude publiée dans l’édition de juillet 2002 de la revue médicale Blood, qui a constaté que le THC et d’autres cannabinoïdes avaient produit « une mort cellulaire programmée » dans différentes variétés de leucémie humaine et des lignées cellulaires de lymphome, détruisant ainsi les cellules cancéreuses tout en laissant les cellules saines intactes.
Une étude a publié dans une édition de 1975 du Journal de l’Institut national du cancer, qui a montré que le THC a ralenti la croissance du cancer du poumon, du cancer du sein et la leucémie virale chez les rats.
Intitulée Activité antinéoplasique des cannabinoïdes, cette étude a été financée par l’institut national de la santé des Etats-Unis, et réalisée par des chercheurs de la Medical College of Virginia. Malgré les résultats prometteurs, aucune autre recherche n’a été effectuée, et l’étude a pratiquement disparu des ouvrages scientifiques.
Selon un document d’une étude de 1994, le THC pourrait protéger contre les cancers malins et cela aurait été dissimulé par le gouvernement américain. L’étude de 2 millions de dollars financée par le ministère de la Santé et des Services Sociaux des Etats-Unis, a cherché à démontrer que de fortes doses de THC provoquaient le cancer chez les rats.
Au lieu de cela, les chercheurs ont constaté que de très fortes doses de THC avaient un effet positif, en fait elles ralentissaient la croissance des cancers de l’estomac. Les rats ayant reçu du THC ont vécu plus longtemps que ceux qui n’en ont pas eu.
L’étude n’a pas été publiée et les résultats ont été cachés pendant près de trois ans, jusqu’à ce qu’on les divulgue enfin en 1997. (CC#17, du THC pour les tumeurs)
2 Fibromyalgie
De plus en plus de patients atteints de fibromyalgie trouvent que le cannabis les soulage. Voici les résultats d’un récent sondage en ligne sur plus de 1300 sujets mené parThe National Pain Foundation et NationalPainReport.com. Parmi les personnes interrogées, 379 ont déclaré avoir consommé du cannabis thérapeutique. Soixante-deux pour cent d’entre eux ont évalué que la substance était « très efficace » dans le traitement de leur maladie.
En comparaison, parmi les patients atteints de fibromyalgie qui avaient utilisé de la Duloxétine, seulement huit pour cent ont évalué le médicament comme « très efficace », et soixante pour cent ont déclaré qu’il « ne faisait aucun effet ». Parmi ceux qui avait utilisé de la Prégabaline, dix pour cent ont dit que le médicament était « très efficace », contre soixante-et-un pour cent qui n’ont noté aucun soulagement.
Commentant les résultats de l’enquête , le Dr Mark Ware, professeur agrégé en médecine familiale et en anesthésie à l’Université McGill à Montréal, a déclaré au rapport national de la douleur, « Nous avons désespérément besoin de quelqu’un pour renforcer et explorer ce potentiel pour l’efficacité du cannabis. »
Ware, dont la recherche clinique a démontré l’efficacité par inhalation chez les sujets souffrant de douleurs réfractaires difficiles à traiter, a ajouté : « Les arguments scientifiques sont là. Il y a quelque premiers essais cliniques préliminaires pour prouver l’efficacité du cannabis. Maintenant, votre étude ajoute un poids supplémentaire, les patients rapportent que le cannabis pourrait être plus efficace que les thérapies existantes. Je pense que cela devrait inciter les chercheurs à examiner de près les essais cliniques pour les explorer de manière vraiment plus détaillée. »
Certains chercheurs l’ont déjà fait.
En 2006, des scientifiques allemand ont rapporté que l’administration de THC par voie orale réduisait de manière significative à la fois la douleur chronique et induite expérimentalement chez les patients atteints de fibromyalgie. Les participants à l’essai ont reçu des doses quotidiennes de 2,5 à 15 mg de THC, mais ils n’ont reçu aucun autre médicament pour la douleur au cours de l’étude. Parmi les participants qui ont terminé l’essai, tous ont présenté des réductions significatives de la douleur quotidienne et la douleur induite par voie électronique.
Plus récemment, des chercheurs espagnols ont évalué l’utilisation d’un traitement de cannabis de la fibromyalgie. Un examen rapide des résultats indique pourquoi tant de patients fibromyalgiques préfèrent l’inhalation aux pilules.
Les enquêteurs ont déclaré, « La consommation de cannabis a eu des effets bénéfiques sur certains symptômes de fibromyalgie… Deux heures après l’avoir consommé, les résultats de l’échelle visuelle analogue(EVA) ont montré une réduction statistiquement significative de la douleur et de la raideur, une amélioration de la relaxation, et une augmentation de la somnolence ainsi qu’une sensation de bien-être. »
3 Épilepsie
L’approche la plus commune pour traiter l’épilepsie est de prescrire des médicaments antiépileptiques. Les médicaments couramment prescrits sont le clonazépam, le phénobarbital et le primidone. Il y a certains médicaments relativement nouveaux pour traiter l’épilepsie : l’includetiagabine, la gabapentine, le topiramate, le lévétiracétam, et le felbamate. Beaucoup de médicaments amplifient les effets secondaires comme la fatigue et une perte de fatigue. Les médicaments pour traiter l’épilepsie peuvent aussi prédisposer les gens à la dépression ou aux psychoses.
Plusieurs indices donnent à penser que les cannabinoïdes sont anticonvulsivants et les preuves empiriques chez les enfants établissent des preuves concluantes que la thérapie à base de cannabinoïdes pourrait être le traitement le plus efficace pour les épileptiques.
Dans « le système cannabinoïde endogène régule la fréquence des crises et la durée dans un modèle d’épilepsie du lobe temporal », Robyn Wallace a expliqué que les données ne montrent pas seulement l’activité anticonvulsivante de l’application de cannabinoîdes de façon exogène mais suggèrent que le cannabinoïde endogène augmente la levée de la saisie et de la durée via l’activation du recepteur CB1 .
En démontrant le rôle du système cannabinoïde endogène dans la régulation de l’activité épileptique, ces études définissent le rôle du système cannabinoïde endogène dans la modulation de la neuroexcitation. Le système cannabinoïde endogène assure donc une protection contre l’excitotoxicité aiguë dans les neurones du système nerveux central.
Les médicaments anticonvulsivants ont des effets secondaires potentiellement graves, incluant le ramollissement des os, la réduction de la production de globules rouges, le gonflement des gencives, et des troubles émotionnels. D’autres effets secondaires occasionnels incluent des mouvements rapides incontrôlables des yeux, une perte de la coordination motrice, le coma et même la mort.
En outre, ces médicaments sont loin d’être l’idéal car ils arrêtent complètement les crises chez environ 60% des patients. De nombreux rapports anecdotiques et des études de cas sur des patients indiquent que le cannabis aide à contrôler des crises. On a montré que des produits de synthèse analogues au cannabis prévenaient les crises. Les patients signalent qu’ils parviennent à se sevrer des médicaments sur ordonnance, et ne font plus de crises s’ils ont un approvisionnement de cannabis régulier.
La société britannique , GW Pharmaceuticals qui a poursuivi les essais cliniques avancées pour le géant pharmaceutique mondial, a développé des médicaments à partir de cannabis brut à la place des équivalents synthétiques. En réponse au besoin urgent exprimé par les parents d’enfants atteints d’épilepsie réfractaire, la US Food and Drug Administration permet désormais les études de CBD purifié (cannabidiol) pour les convulsions.
Ben Whalley et ses collègues de l’University of Reading, en utilisant des modèles de souris d’épilepsie, ont établi une sécurité et ont montré que le CBD et un autre cannabinoïde, le CBDV, ont des effets anti-inflammatoires et anti-épileptiques. Cette recherche est parvenue aux familles qui avaient des proches épileptiques.
La British Medical Association a déclaré que le cannabis peut s’avérer utile comme un «traitement d’appoint» pour les patients qui n’arrivent pas à faire cesser complètement les crises avec les médicaments actuels.
Charlotte’s Web est une variété de cannabis sativa qui a gagné en popularité comme une bonne option pour le traitement des crises ainsi que de nombreux autres troubles médicaux. Ce pouvoir médical est dû à sa teneur élevée en CDB, qui a été spécialement cultivé par les Frères Stanley éleveurs au Colorado pour une jeune patiente épileptique nommée Charlotte. Cette variété est efficace avec peu ou pas d’effets psychoactifs, le rendant idéal pour ceux qui ne veulent pas prendre leurs médicaments affecter leurs activités quotidiennes.
4 Sclérose en plaques
La US Food and Drug Administration (FDA) a alerté le public que les patients diagnostiqués avec la sclérose en plaques (MS) ont développé des infections graves du cerveau après la prise du médicament Gilenya (fingolimod).
D’autres médicaments comme le Tysabri sont des traitements par anticorps destinés à bloquer certains globules blancs qui causent la SP quand ils attaquent les nerfs. Le problème, c’est qu’ils rendraient les patients vulnérables aux infections. Biogen et Elan les ont retirés du marché après la confirmation de deux cas de maladie cérébrale chez les patients qui prenaient ce médicament. Un mois plus tard, un troisième cas a été confirmé. La FDA a autorisé la remise sur le marché de ce médicament en 2006 après avoir déclaré que les avantages étaient plus nombreux que les risques, sans doute grâce à l’aide des grandes entreprises pharmaceutiques.
GW a reçu une autorisation du gouvernement en 1998 pour développer des extraits de plantes à base de cannabis. Leur produit phare Sativex est un extrait hautement défini contenant un mélange d’environ 50-50 de CDB et de THC qui a été approuvé par les organismes de réglementation au Royaume-Uni et plus de 20 autres pays pour traiter la douleur et la spasticité de la sclérose en plaques.
Certaines formes de cannabis médical ont fait leurs preuves pour soulager certains symptômes chez les patients atteints de sclérose en plaques, conformément aux lignes directrices publiées dans la revue Neurology.
Dans un examen de 2608 études, les chercheurs ont pu évaluer quelles thérapies avaient suffisamment de preuves pour indiquer qu’elles pourraient être efficaces pour les patients atteints de SEP. Dans l’ensemble, les chercheurs ont découvert que certaines formes de cannabis médical , une sous forme de pulvérisation et une sous forme de pilule, semblaient avoir le plus de preuves qui indiquaient qu’elles pouvaient être utiles chez les patients atteints de SEP.
« Ce que nous avons appris c’est que ces formes spécifiques de cannabis médical peuvent soulager les symptômes des patients, des symptômes spécifiques de la spasticité, ou la rigidité musculaire … et ont contribué à la miction fréquente, » selon une étude de l’auteur Dr Pushpa Narayanaswami.
Dans une étude de 2011, des chercheurs israéliens ont montré que la CDB aide à traiter les symptômes de la SP, comme en empêchant les cellules immunitaires de se transformer et d’attaquer les couvertures isolantes des cellules nerveuses dans la moelle épinière. Après avoir induit une condition semblable à la SP chez les souris, en paralysant partiellement leurs membres, les chercheurs leur ont injecté de la CDB. Les souris ont réagi en regagnant du mouvement, d’abord avec des secousses leur queue, puis elles ont commencé à marcher sans boiter.
Les chercheurs ont constaté que les souris traitées avec la CDB avaient beaucoup moins d’inflammation de la moelle épinière que leurs homologues non traités.Dans une autre étude de Neuroscience, des chercheurs ont utilisé l’encéphalomyélite allergique expérimentale (EAE), un modèle animal de la SEP, et ont trouvé que les cannabinoïdes ont réduit l’activation de la microglie, la formation de mitrotyrosine, l’infiltration cellulaire, la toxicité des oligodendrocytes, la perte de myéline et la détérioration axonale de la substance blanche de la moelle épinière des souris et a diminué les score cliniques lorsqu’il est administré avant ou après l’apparition de la maladie.
5 Le déficit d’attention (ADD) et le déficit d’attention lié à l’hyperactivité (ADHD)
La procédure normale de traitement pour un enfant diagnostiqué avec le ADD /ADHD est le traitement par le méthylphénidate, mieux connu sous le nom de Ritalin. Pour l’enfant diagnostiqué avec le ADD /ADHD, les effets secondaires de l’utilisation de Ritalin sont nombreux, y compris la psychose (pensées anormales ou hallucinations), troubles du sommeil, maux d’estomac, la diarrhée, des maux de tête, coupe de faim (conduisant à la perte de poids) et desséchement buccal. Dans certains cas, l’utilisation de Ritalin a conduit à la mort. La mort peut arriver à la suite d’une rupture de vaisseaux sanguins, d’insuffisance cardiaque et de fièvre. La violence liée à la consommation d’amphétamines est la principale cause de décès. Les tendances violentes des médicaments peuvent se développer même après une utilisation régulière.
Les enfants meurent à des taux sans précédent de médicaments comme le Ritalin. Un excellent documentaire nommé Generation Rx parle des détails troublants et des abus chimiques sur les enfants par la médecine conventionnelle. La prescription des médicaments psychiatriques en masse, en particulier chez les enfants, sont en train de modifier leur esprit, leur corps et leur vie en général.
Pendant que certains adoptent l’idée préconçue que le cannabis accentue le ADD /ADHD, une grande majorité de cannabinologistes est convaincue que le cannabis et les cannabinoïdes ont sensiblement amélioré les conditions de vie des personnes souffrant de ADD /ADHD avec beaucoup moins d’effets secondaires indésirables que les médicaments stimulants utilisés dans le traitement du TDAH.
Nous en sommes venus à mieux comprendre le cerveau, le rôle de la dopamine et le système endocannabinoïde et nous commençons à comprendre comment le cannabis, l’anandamide et le dronabinol réagissent de manière à libérer de la dopamine et à diminuer la stimulation excessive du mésencéphale.
Les résultats dans le traitement de l’ADD /ADHD avec le cannabis sont souvent spectaculaires. Les patients donnent au traitement des notes allant de A à D. Le Dr David Bearman à Santa Barbara, en Californie, rapporte que certains de ces patients ont déclaré des phrases comme, « Je suis diplômé de l’Académie maritime parce que je fumais du cannabis», et «j’ai eu mon doctorat grâce à ma consommation de cannabis. » Presque tous les patients atteints d’ADHD qui ont consommé du cannabis thérapeutique disent que ça les a aidés à se concentrer dans la lecture et à être plus concentré dans leur intention au lieu de penser à plusieurs choses en même temps, ça leur a permis de rester concentré sur une tâche et ça a facilité leurs devoirs.
70 pour cent du travail du cerveau est d’inhiber l’information sensorielle de l’autre 30 pour cent. Les symptômes de l’ADHD comprennent des scénarios de distractions. La théorie la plus acceptée au sujet de l’ADHD repose sur le fait que près de 70% de la fonction du cerveau est de contribuer à l’autre 30%. La cause de l’ADHD est probablement une diminution de capacité à s’accorder avec l’information sensorielle à l’information interne et externe (Besoin d’une référence ici). En gros, le cerveau est submergé avec trop d’informations qui viennent trop vite.
Avec l’ADHD le cerveau est encombré par beaucoup de courant et de nuances des expériences d’une personne au quotidien. Ce phénomène est causé par le dysfonctionnement de la dopamine.
Comme le système endocannabinoïde a été découvert, de nombreuses études ont révélé que le cannabis module également le système de la dopamine et a donc le potentiel de traiter l’ADHD. Comme relaté dans les récits des médecins ci-dessus, la marijuana peut être moins coûteuse et plus sûre que tout traitement efficace disponible dans les entreprises pharmaceutiques.
Le Dr Claudia Jensen, pédiatre de 49 ans en Californie et mère de deux filles adolescentes explique que le cannabis pourrait être le meilleur traitement pour l’ADHD. Dans une interview avec la chaine télé FOD news network, elle a dit:
«Pourquoi quelqu’un voudrait donner une pilule chère à son enfant… avec des effets secondaires inacceptables pendant qu’il ou elle pourrait simplement aller dans la cour cueillir un peu de feuilles de la plante et en faire du thé …» «Les cannabinoïdes sont une alternative de traitement très fiable pour soigner les adolescents de l’ADD /ADHD… J’ai beaucoup de patients adultes qui ne jurent que par ce traitement naturel. »
Dans son témoignage devant le Comité de surveillance de l’action gouvernementale de la Chambre du cannabis (2004), le Dr. Jensen a discuté de la pratique de recommandation du cannabis pour les patients atteints d’ADHD dans une déclaration de 11 pages. Son témoignage résumait des centaines d’articles scientifiques publiés sur l’efficacité du cannabis qui ont mené à des preuves scientifiques solides sur le fait que le cannabis est un médicament important.
Ses raisons pour la recherche du cannabis en tant que traitement contre l’ADD?
« Les autres médicaments utilisés pour traiter l’ADD sont utiles pour de nombreux patients mais ils ont tous des effets secondaires … les cinq autres des neuf médicaments utilisés pour traiter l’ADD dans ce pays n’ont pas encore été scientifiquement testés … pour l’ADD chez les enfants. Ce sont des médicaments pour la dépression et l’hypertension artérielle … De tous les médicaments utilisés pour traiter l’ADD, le cannabis est le seul élément à avoir le moins d’effets secondaire graves.
Son explication sur l’opposition des sociétés pharmaceutiques sur le cannabis :
« Le vrai problème de l’autorisation du cannabis est sur le point de vue économique … Si le cannabis était approuvé pour l’utilisation dans tout le marché de l’ADD / ADHD à lui seul, il pourrait avoir un impact significatif sur les ventes estimées à environ 1 milliard d’euros par an des produits pharmaceutiques traditionnels pour traiter l’ADD /ADHD. »
Sources maladies qui répondent mieux au cannabis:
cancerresearchuk.org
leafly.com
preventdisease.com
davidbearmanmd.com
ms-uk.org
medicalmarijuana.com
alternet.org
sciencedaily.com
Le système endocannabinoïde (EC) joue un rôle fondamental dans la fertilité féminine, de la fécondité elle-même à l’implantation de l’embryon en développement dans la muqueuse utérine, à l’administration d’endocannabinoïdes par le biais du lait maternel. En plus de tout cela, le système EC joue également un rôle essentiel dans la cessation de la fertilité.
Qu’est-ce que la ménopause ?
La ménopause est le terme désignant la période où la femme cesse d’avoir ses règles et perd sa capacité à faire des enfants. Au sens strict, la ménopause désigne le moment où une femme n’a plus eu ses règles pendant douze mois. Les années de désordres biologiques avant et après ce moment s’appellent la « périménopause ».
Avant la périménopause, pendant une phase appelée préménopause, les femmes commencent généralement à voir leur cycle menstruel devenir irrégulier, et leurs niveaux hormonaux fluctuer. La préménopause peut durer plusieurs années avant le déclenchement de la périménopause. Chez certaines femmes, elle peut commencer dès 35 ans.
Pendant la postménopause (les années après la ménopause), les femmes voient baisser leur niveau d’hormones reproductives et augmenter leur propension à subir des infections du tract urinaire, à prendre du poids et à subir diverses autres complications de santé.
Symptômes de la périménopause
Pendant la périménopause, qui se produit généralement entre 45 et 55 ans, divers symptômes désagréables, voire débilitants, apparaissent. Ces symptômes sont de trois principaux types : symptômes vaginaux/utérins, autres symptômes physiques, et symptômes psychologiques.
Les symptômes vaginaux/utérins comprennent notamment la sécheresse vaginale, des douleurs pendant l’acte sexuel et la vaginite atrophique (un amincissement des membranes muqueuses du vagin, de la vulve et de certains tissus, qui perdent également leur élasticité).
Les autres symptômes physiques comprennent les suées nocturnes, les palpitations cardiaques, les nausées, les maux de tête, la raideur musculaire, le mal au dos, les douleurs dans la poitrine, l’incontinence urinaire, l’insomnie et le rougissement. Les symptômes psychologiques comprennent l’anxiété, la dépression, le manque de concentration, les problèmes de mémoire, des humeurs changeantes et une perte de libido.
Il y a eu relativement beaucoup d’études sur le rôle complexe que joue le système endocannabinoïde dans la fertilité féminine, y compris à la ménopause. Ces études ont démontré que divers changements fondamentaux se produisent dans le système endocannabinoïde et les systèmes biologiques liés pendant la transition de la ménopause.
La ménopause augmente le risque d’ostéoporose, dont on pense qu’elle-même est liée aux changements dans les fonctions du système EC dans le squelette. Une étude de 2011 a constaté que, chez les femmes en postménopause souffrant d’ostéoporose, une surexpression des récepteurs CB causait une hyperactivité des ostéoclastes (les cellules responsables de la résorption osseuse), causant une résorption rapide des os.
La ménopause affecte également la sensibilité du corps à l’insuline, et on sait qu’elle peut causer une résistance à l’insuline (ce qui peut entraîner l’apparition d’un diabète de type II) chez de nombreuses femmes en postménopause. En outre, une étude canadienne de 2013 a constaté que parmi les femmes obèses en postménopause, celles qui présentaient une résistance à l’insuline présentaient également une circulation accrue d’endocannabinoïdes 2-AG dans le sang, un niveau plus bas d’anandamide, et une activité accrue des récepteurs CB, par rapport aux sujets qui présentaient une sensibilité à l’insuline.
La relation entre le système endocannabinoïde, la ménopause et le risque de gain de poids mérite d’être étudiée de manière plus approfondie. Une étude plus récente menée en Allemagne en 2005 a constaté que, parmi les femmes en postménopause, les sujets obèses présentaient une forte augmentation de l’anandamide et des 2-AG, par rapport aux sujets non-obèses. Une réduction correspondante du niveau d’enzyme FAAH (qui dégrade les endocannabinoïdes) a également été observée chez les femmes obèses.
Comment les variations génétiques du système EC affectent la ménopause
Il y a également certains éléments génétiques qui régulent les fonctions du système endocannabinoïde à des moments clés du cycle reproductif de la femme. Les études ont démontré que la présence de polymorphismes nucléotidiques (SNP) chez certaines femmes entraînait une réponse physique différente à la ménopause, déterminée d’une certaine manière par le système EC.
Une étude de 2010 sur des Polonaises en postménopause a constaté que les femmes qui possédaient un SNP particulier (A3813G) du gène codant pour l’expression d’un récepteur cannabinoïde de type I, étaient davantage encline à développer des dépôts de graisse androïde (au milieu du torse).
En 2011, une étude de la même équipe polonaise a constaté qu’un autre SNP du gène CNR1, RS2023239, pouvait être associé à une augmentation de l’« indice androgènes libres » des femmes en postménopause qui possèdent ce SNP. L’augmentation du niveau d’androgènes libres (les hormones reproductives mâles comme la testostérone) peut entraîner à son tour une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire.
Comment le cannabis peut-il aider les femmes en ménopause ?
Les récepteurs CB₂ des ostéoclastes jouent un rôle fondamental dans le développement de l’ostéoporose, et il a été démontré que les SNP du gène codant CNR2 pour l’expression des récepteurs CB₂ étaient fortement liés à l’apparition de l’ostéoporose chez les femmes en postménopause.
De plus, on sait maintenant que les récepteurs CB₁ jouent également un rôle dans l’apparition de l’ostéoporose : une étude de 2005 menée sur des souris ayant les récepteurs CB₁ inactivés a mis en évidence une augmentation de la masse osseuse, et le fait qu’elles étaient protégées contre la perte osseuse liée à l’ovariectomie. Plusieurs études ont également montré que les antagonistes des récepteurs CB₂ diminuent la perte osseuse. La désactivation des récepteurs CB apparaît donc comme la clé pour réduire la résorption excessive des os causant l’ostéoporose.
Prise de poids
Bien que certaines recherches aient été menées sur le fonctionnement du système EC chez les femmes en postménopause, il n’y a apparemment eu aucune étude sur la capacité des cannabinoïdes à réguler ou inverser la prise de poids dans ces circonstances. D’une manière générale, il apparaît cependant que les inhibiteurs des récepteurs DB ont également un rôle clé à jouer pour contrôler ce symptôme.
Plusieurs études ont démontré que le rimonabant, un agoniste sélectif inverse du récepteur CB₁, peut provoquer une perte de poids chez les humains, mais ce médicament a été retiré du marché en raison de la possibilité d’effets secondaires graves, comme des idées suicidaires.
Cependant, l’obésité est beaucoup moins prévalente chez les consommateurs de cannabis que dans le reste de la population, un fait qui peut être attribué à l’effet synergique du THC combiné au CBD. Par conséquent, le cannabis médical non-synthétique pourrait se révéler aussi efficace (sinon plus) que n’importe quel cannabinoïde synthétique, avec beaucoup moins d’effets secondaires potentiels.
Encore une fois, aucune étude n’a encore été menée sur les propriétés anti-insomnie du cannabis chez les femmes en ménopause, mais plusieurs études attestent de la capacité de divers cannabinoïdes (naturels ou synthétiques), notamment l’anandamide et le Marinol (un médicament à base de THC synthétique), à accélérer l’endormissement, améliorer le repos et réduire la probabilité de se réveiller à mi-sommeil, comme l’a illustré cette revue de 2007.
Résistance à l’insuline
Plusieurs études ont été menées sur la relation entre le système endocannabinoïde, la résistance à l’insuline, et l’apparition du diabète. Il apparaît que les inhibiteurs des récepteurs CB jouent un rôle clé dans le contrôle de la résistance à l’insuline, car les souris « knock-out » CB₂ présentent une résistance réduite à l’insuline, et il a été démontré à plusieurs reprises que les inhibiteurs des récepteurs CB₁ réduisaient la résistance à l’insuline induite par le régime alimentaire.
Douleur
Là aussi, d’innombrables études sur les propriétés antidouleur du cannabis ont été publiées depuis des dizaines d’années, et le consensus semble être que les agonistes des récepteurs CB sont plus efficaces que les inhibiteurs pour le soulagement de la douleur. Il a été démontré que les agonistes des récepteurs CB₁, comme l’anandamide et les agonistes des récepteurs CB₂, comme l’AM1241 synthétique, ont un effet anti-nociceptif dans les cas de douleurs chroniques.
Anxiété
Le rôle précis du système EC dans le soulagement de l’anxiété reste sujet à discussion, mais il paraît dépendre de la dose administrée. De faibles doses d’agonistes des récepteurs CB semblent avoir un effet anxiolytique, alors que de fortes doses produisent l’effet inverse. En outre, la désactivation ou la suppression des récepteurs CB₁ semble avoir un effet anxiogène.
Perte de libido
Il a été démontré que l’AM251, l’agoniste inverse des récepteurs CB₁ augmente la motivation, la proceptivité et la réceptivité sexuelles chez les rates, suggérant un rôle possible des inhibiteurs des récepteurs CB₁ dans le traitement de la perte de libido chez la femme.
Le cannabis pourrait-il aggraver certains symptômes de la ménopause ? Sécheresse des membranes
Il est certain que le cannabis est lié à la xérostomie (sécheresse de la bouche). Dans la presse populaire, il est également souvent associé à la sécheresse vaginale, même s’il semble qu’il n’y a pas de preuves soutenant cette allégation. Une étude de 2209 intitulée « Cannabis and Sexual Health » (cannabis et santé sexuelle) semble en être l’origine mais, en regardant de plus près, il apparaît que le lien entre consommation de cannabis et sécheresse vaginale était en réalité trop ténu pour atteindre une quelconque signification statistique. En outre, le mécanisme régulant la lubrification vaginale est fondamentalement différent de la salivation.
En fait, il a été prouvé que le cannabis peut augmenter l’excitation sexuelle, ce qui a probablement un effet bénéfique plutôt que néfaste sur le processus naturel de lubrification vaginale.
Palpitations cardiaques
Bien que le consensus à ce sujet n’est pas très solide, il semble que le cannabis peut déclencher des événements cardiaques aigus chez les individus à risque. Il semble que les agonistes comme le THC sont plus susceptibles d’être impliqués dans ce genre d’événements, et il est recommandé d’éviter le THC si on souffre de palpitations cardiaques, et plus particulièrement en cas de trouble préexistant.
D’une manière générale, il apparaît que les inhibiteurs des récepteurs CB sont plus utiles pour le traitement des troubles liés à la ménopause, notamment l’ostéoporose, la prise de poids et la perte de libido, alors que les agonistes comme le THC sont plus utiles pour le traitement de la douleur, de l’anxiété et de l’insomnie.
ParSeshata écrivain cannabique freelance habitant à Amsterdam, aux Pays Bas.
Interview du président de l'UFCM
Bertrand Rambaud est président de l'Union Française pour les Cannabinoïdes en Médecine (UFCM).
Bertrand Rambaud, le 6 juin chez lui à Schiltigheim. (Photo Pascal Bastien. Divergence)
Soft secrets France : L'arrivée du médicament Sativex, un spray à base de cannabis qui contient autant de CBD que de THC, est annoncé en France depuis deux ans mais il n'est toujours pas disponible car le gouvernement et le laboratoire Almirall n'arrivent pas à s'entendre sur le prix du traitement. Quel est ton avis sur cette affaire ?
Bertrand Rambaud : A la base, le problème vient du fait que le Sativex a été classé en France, niveau 5 pour le service médical rendu au patients et niveau 5 pour l'amélioration du service médical rendu au patients. Cela signifie en clair que les autorités considèrent que ce médicament est quasiment inutile, ce qui, à mon avis, est loin d'être le cas. Les canadiens l'utilisent avec succès depuis 12 ans et élargissent la prescription. De nombreuses publications internationales viennent confirmer l'efficacité du Sativex pour plusieurs pathologies.
Le laboratoire ne vend donc pas le médicament trop cher ?
Le laboratoire demande plus de 400 euros pour un mois de traitement alors que le gouvernement ne veut donner que 300 euros. Le Sativex ne peut être prescrit que pour la sclérose en plaques et devrait être remboursé par la sécurité sociale. J'ai moi même fabriqué du spray artisanal à base de chanvre textile, payé 8 euros les 500 grammes, pour le CBD et d'un peu de mon propre cannabis pour la partie THC.
Le spray m'est donc revenu au total à quelques dizaines d'euros pour un année de traitement. Donc, oui, le Sativex est vendu un peu cher mais on ne peut pas le comparer au spray artisanal. Il est le résultat de la recherche médicale et un processus industriel est nécessaire à sa fabrication. Cela permet d'obtenir des taux de THC et de CBD très précis ce qui n'est pas le cas avec le spray artisanal.
La ministre de la santé Marisol Touraine a a publié l'année dernière un décret qui permet de réintégrer le cannabis dans la pharmacopée française. Mis à part Almirall qui commercialise le Sativex en France, y a t-il eu d'autres laboratoires qui ont déposé des demandes d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour des médicaments à base de cannabinoïdes ?
A ma connaissance, il n y a pas d'autres laboratoires qui on fait des demandes depuis le décret. En plus du Sativex, il existe déjà depuis plusieurs années, un médicament appelé Marinol qui est en fait du THC de synthèse (contrairement au Sativex qui ne contient que du cannabis naturel). Ce médicament était déjà prescrit avant le décret à titre exceptionnel, dans le cadre d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) et ne concernait que quelques patients chaque année. Il est très compliqué et très coûteux de déposer un dossier pour une AMM.
Seuls les très gros laboratoires peuvent le faire. Le laboratoire qui commercialise le Bedrocan a décidé de ne pas faire cette démarche en France. Le Bedrocan est un médicament qui se présente sous la forme de sommités florales d'une variété de cannabis médicale stabilisée à 22 % de THC, que l'on peut acheter dans les pharmacies en Hollande et qui est prescrit par certains médecins français.
Si tu étais ministre de la santé, quelles mesures prendrais-tu en urgence dans le domaine du cannabis médical ?
Il est urgent d'importer du cannabis médical sous toutes ses formes. Il faudrait notamment importer du Bedrocan pour pouvoir répondre aux demandes des patients. Le cannabis pourra ensuite être cultivé en France avec un processus très strict. D'une manière général, il est important d'améliorer la qualité de vie des personnes handicapés et malades, notamment dans le domaine de l'accessibilité.
Il y a actuellement un fort engouement pour l'huile de cannabis type BHO pour un usage thérapeutique...
En effet, l'huile de cannabis est très à la mode mais je pense que ce n'est pas toujours la bonne solution. Ces concentrés sont souvent très puissants et j'ai eu beaucoup de retours de personnes qui n'avaient jamais consommé du cannabis et qui se sont retrouvés en "surdose". Ces personnes prennent souvent des traitements très lourds en plus du cannabis et il faut faire très attention aux interactions. On a donné de faux espoirs aux malades en faisant croire que le cannabis était un produit miracle qui guérissait le cancer.
Cette campagne vient des États-Unis et a été relayé sur internet. Les recherches sont encore en cours mais il faut savoir que le cannabis ne guérit pas tous les types de cancer. Je reçois très souvent des messages de malades ou de leurs proches désespérés qui me demandent de l'huile de cannabis pour guérir le cancer et il s'agit parfois d'enfants. Il nous est très difficile de répondre à leur demande. Il serait irresponsable de leur administrer de l'huile de cannabis sans un véritable suivi médical. J'insiste encore une fois sur les interactions avec les autres médicaments.
Quelle est l'actualité de l'UFCM ?
Notre congrès annuel aura lieu le 16 octobre 2015 au forum de la faculté de médecine de Strasbourg et réunira, comme chaque année, les meilleures spécialistes, médecins et chercheurs internationaux dans le domaine du cannabis médical.. Il y aura ensuite notre assemblée générale pendant laquelle seront présentés nos nouveaux projets. Nous souhaitons par ailleurs intégrer à l'UFCM des représentants des associations spécialisées dans les différentes maladies concernées par la phytothérapie avec les cannabinoïdes. Il y a une forte demande des patients mais les conseils d'administration des associations sont plus réticents. Cela est peut être du au fait que certains de ces conseils intègrent des représentants des laboratoires pharmaceutiques.
Pour apaiser les douleurs causées par sa maladie, Laurent Puisais réclame le droit d'utiliser un médicament dérivé du cannabis, indisponible en France. Pour obtenir gain de cause, il a cessé de s'alimenter depuis huit jours.
Laurent Puisais a 52 ans et il souffre d'une sclérose en plaques évolutive depuis 25 ans. Cette "maladie pourrie qui ne se guérit pas" comme il la qualifie, l'a privé de l'usage de ses jambes et d'un de ses bras; surtout, elle le fait atrocement souffrir.
Un traitement à base de cannabis pourrait soulager ses contractures. Annoncé en pharmacie pour le début 2015, le Sativex n'est à ce jour toujours pas disponible à la vente en officines dans l'Hexagone. Le laboratoire qui commercialise ce spray buccal ailleurs en Europe (Royaume-Uni, Espagne, etc) n'est pas parvenu à s'entendre sur un prix avec les autorités françaises.
A la souffrance de Laurent Puisais s'ajoute désormais la colère. Le 13 juillet dernier, il a entamé une grève de la faim et lance un appel à "ceux qui boycottent le Sativex" : "Qu'ils m'expliquent les yeux dans les yeux (..) pourquoi ils m'interdisent de vivre la chienne de vie qui me reste, sans souffrir".
Retrouvez le reportage de Sandrine Leclère, Luc Barré et Philippe Ritaine sur le site:
Le reportage
Une nouvelle application médicale du cannabis pour traiter les fractures des os vient d'être découverte par des scientifiques.
De précédents travaux ont montré que le cannabis a pour effet de stimuler la formation osseuse tout en ralentissant le phénomène de l'ostéoporose. Photo : John Chapple / Rex Feat/REX/SIPA
Les connaissances sur les propriétés thérapeutiques du cannabis remontent à l'Antiquité. On l'utilisait déjà à cette époque au Moyen-Orient pour soigner les douleurs, la constipation et certaines maladies infectieuses. Mais son usage a été interdit dans la plupart des pays au XXème siècle. A en croire les conclusions d'une étude publiées dans la revue Journal of Bone and Mineral Research, l'un des composants de la plante contribue de manière significative à guérir les fractures osseuses.
Depuis quelques années, le cannabis fait son retour dans les officines. Et cette découverte vient s'ajouter à la longue liste des applications médicales prometteuses de la plante de cannabis. En France, le premier médicament à base de cannabis, le Sativex, devrait être disponible pour les personnes souffrant de sclérose en plaques d'ici la fin de l'année. En attendant, les études laissant entrevoir de nouvelles applications médicales prometteuses se multiplient.
Les scientifiques de l'université de Tel-Aviv avec la collaboration de l'université Hébraïque de Jérusalem ont utilisé de leur côté un cannabinoïde, le cannabidiol (CDB), pour développer un traitement qui contribue de manière significative pour guérir les fractures osseuses. En seulement huit semaines, et sans les effets psychotropes, puisque la molécule responsable, le THC, a été isolée. Les résultats des tests, qui ont été menés sur des souris de laboratoire souffrant de fractures fémorales. Le traitement a permis de renforcer le capital osseux pendant la cicatrisation, tout en renforçant le tissus osseux.
Une fois ressoudé, l'os est plus résistant
Résultat, une fois ressoudé, l'os est plus résistant. De précédents travaux ont montré par la passé que les récepteurs cannabinoïdes ont pour effet de stimuler la formation osseuse tout en ralentissant le phénomène de l'ostéoporose. "Le potentiel clinique des composés liés aux cannabinoïdes est tout simplement indéniable à ce stade", a déclaré le Dr Gabet, le principal auteur de l'étude. Bien qu'il reste encore beaucoup de travail à faire pour développer des thérapies appropriées, le médicament a un effet anti-inflammatoire, sans provoquer d'effets psychotropes"
Face aux difficultés d’obtenir des médicaments à base de THC, les malades se tournent vers le marché noir. Rencontre avec le «pharmacien du cannabis» à Langnau, dans l’Emmental
Une fiole contenant un gramme de THC coûte 1700 francs. (Eddy Mottaz)
Pour Emilie*, 53 ans, ex-toxicomane séropositive, le cannabis est une béquille. Alors quand en juin, le Conseil national acceptait la motion de la députée vert’libérale saint-galloise Margrit Kessler, exhortant le gouvernement à faciliter l’accès au THC thérapeutique, elle s’est mise à espérer le début d’un changement.
Depuis la révision de la Loi sur les stupéfiants (LStup) en 2011, les patients atteints de pathologies sévères, telles que cancer ou Parkinson, peuvent obtenir une autorisation exceptionnelle pour un médicament contenant du tétrahydrocannabinol (THC), composant psychoactif de la plante. Mais, remarque la motion, ceux qui trouvent dans le chanvre un remède sont tentés d’opter pour la voie illégale, plutôt que de passer par des procédures administratives et payer au prix fort des substances souvent pas remboursées.
C’est le cas d’Emilie. Elle a subi des traitements lourds ces vingt dernières années, entre une cure de désintoxication à la méthadone et une trithérapie. Il y a un an, on lui a diagnostiqué un cancer des poumons. Se succèdent alors chimiothérapies, radiothérapies, morphine, anti-douleurs, antibiotiques. Le cannabis l’aide à «tenir le coup psychiquement». Pour éviter les effets nocifs de la combustion, elle a remplacé les joints par un inhalateur de vapeur. «L’herbe me rend l’appétit et calme les nausées dues à la chimiothérapie». Il lui permet aussi de réduire les doses des médicaments antidouleurs aux puissants effets secondaires.
Chaque semaine, Emilie défie la loi pour se procurer les fleurs qui l’aident à dompter ses maux. A Genève, dans un lieu qu’elle préfère tenir secret, ils sont plusieurs dizaines, réunis en association, à se retrouver les jeudis pour partager quelque 500 grammes d’herbe provenant de plantes disséminées dans leur réseau.
Chaque membre peut emporter jusqu’à 20 grammes, vendu 10 francs le gramme. Ils sont tétraplégiques, séropositifs, atteints de sclérose en plaque, d’hépatite, de cancers ou d’épilepsie, tous passés par des traitements lourds. «On leur évite de devoir se fournir dans la rue», dit Emilie. Une règle intangible vaut pour les 80 adhérents de l’association: pour en faire partie, il faut présenter un certificat médical. Emilie montre le sien, signé par un médecin genevois. Le document précise qu’elle «prend du cannabis pour supporter les traitements, maintenir son appétit et surtout contrôler les douleurs».
La députée au Grand conseil genevois Salika Wenger milite pour que cette association soit reconnue d’intérêt public. Elle aussi a utilisé du cannabis durant plusieurs mois, pour soulager des nausées dues à une thérapie. «Je prenais 27 pilules par jour, je ne pouvais pas en avaler une de plus», se souvient-elle.
Brandir un certificat médical ne constitue pas un rempart contre la police pour ceux qui naviguent en zone grise. Le mois dernier, quatre membres de l’association étaient jugés et condamnés à des jours-amendes pour avoir cultivé, vendu et donné du chanvre à des tiers. Depuis, le local où ils entretenaient des «plantes mères», destinées à produire des plantons distribués aux malades de l’association, a été détruit. Se procurer de l’herbe est devenu plus difficile, mais pas assez pour qu’ils renoncent à leurs échanges prohibés.
«Les politiciens savent qu’on existe. Les médecins nous envoient des patients», souligne Raphaël*, un autre membre. Dans son appartement à Genève, 65 plantes ont déjà remplacé celles qu’ont saisies les policiers. De quoi produire deux kilos d’herbe d’ici la fin de l’été. Une partie est destinée à sa propre consommation, l’autre ira à l’association. Ce peintre en bâtiment indépendant a traversé plusieurs zones de turbulence: dettes, faillite, burn-out. On lui a diagnostiqué une dépression chronique. «Fumer deux ou trois joints tous les soirs m’aide à dormir et m’évite de prendre des antidépresseurs». S’il devait se fournir dans la rue, il en aurait pour 10 000 à 15 000 francs par an, estime-t-il, soit un quart de son salaire. En cultivant lui-même, les coûts de sa consommation s’élèvent à 2000-3000 annuels.
La doctoresse Barbara Broers, médecin, responsable de l’unité des dépendances aux HUG, a parmi ses patients quelques membres de l’association, dont elle atteste par certificat qu’ils consomment du cannabis pour des raisons médicales. «Je ne recommande jamais à un patient de fumer de l’herbe. Mais je rencontre des malades chez qui les traitements classiques ne fonctionnent pas et qui découvrent que le cannabis les soulage».
Barbara Broers plaide, aux côtés d’autres médecins, pharmaciens ou scientifiques réunis au sein de la Swiss Task Force for Cannabinoids in Medicine (STCM), pour que l’usage médical du cannabis soit facilité. «Nous nageons en plein paradoxe: je peux prescrire de la morphine ou des benzodiazépines, mais pas du cannabis, alors qu’il possède moins d’effets secondaires». Pas question en revanche de militer pour la légalisation du cannabis: «c’est un autre débat».
La révision de la Lstup entrée en vigueur en 2011, ouvrant la voie au cannabis thérapeutique, avait suscité l’engouement de malades et d’une poignée de scientifiques. Un seul médicament a été homologué depuis par Swissmedic, en novembre 2013: le Sativex, un spray bucal contenant du THC, prescrit aux patients souffrant de spasmes liés à la sclérose en plaque. Les coûts du traitement s’élèvent à 645 francs par mois, remboursés à bien plaire par les caisses d’assurance.
Pour toute autre indication, un individu souhaitant recourir au cannabis médical doit réclamer, au travers de son médecin, une autorisation exceptionnelle auprès de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Depuis le 1er juillet 2011, ils sont 1800 à avoir bénéficié de cette exception, valable six mois, renouvelables. Mais ils sont toujours plus à la réclamer. L’OFSP a octroyé 350 autorisations en 2012, 740 en 2013 et plus de 1000 en 2014. Actuellement, elle en délivre 30 par semaine. Cette inflation de la demande a poussé l’Office à commander une synthèse de 79 essais cliniques sur les effets du cannabis, dont les conclusions publiées le 23 juin relèvent qu’il «renferme un potentiel thérapeutique prometteur».
Des barrières subsistent face à une plante qui n’a pas perdu sa réputation sulfureuse. «Les médecins ne sont souvent pas prêts à reconnaître les vertus du cannabis. Pour eux, cela reste une drogue. Ou alors ils sont rebutés par les lourdeurs administratives des demandes d’autorisations», souligne Claude Vaney, médecin de la clinique bernoise de Montana.
Le THC ne suscite pas non plus l’enthousiasme de l’industrie pharmaceutique. Il reste un produit de niche, comme pour le chimiste Markus Lüdi, qui fabrique dans l’Emmental bernois des teintures au THC: «Seul un tiers des patients réagissent très favorablement. Mais à ces personnes, le cannabis offre une nouvelle vie».
Le regain d’intérêt scientifique pour le cannabis tient en trois lettres: CBD, acronyme du cannabidiol, longtemps éclipsé par l’autre composant le plus connu de la plante, le tétrahydrocannabinol (THC). Contrairement au THC, le cannabidiol ne provoque pas d’effet psychotrope – il atténue au contraire les modifications de la perception induites par le THC.
Le CBD est donc autorisé à la vente et n’intéresse pas les fumeurs de joints en quête de défonce. En revanche, il suscite de grands espoirs auprès des chercheurs. Des études relèvent qu’il possède des effets anxiolitique et anti-psychotique chez les personnes atteintes de schizophrénie. Des scientifiques ont observé que le cannabidiol permettait de réduire, voire anéantir des tumeurs cancéreuses sur des rats. On lui prête aussi des effets anti-inflammatoires.
L’engouement pour le CBD a gagné le grand public après la diffusion par CNN en 2013 d’un documentaire sur Charlotte Figi, petite Américaine atteinte du syndrome de Dravet, une forme sévère d’épilepsie. Pour calmer les convulsions qui terrassent leur enfant plusieurs fois par heures, les parents de Charlotte tentent tous les traitements connus. Rien n’y fait. Jusqu’à ce que son père, un soldat de l’armée américaine, ne découvre une vidéo d’un enfant épileptique soigné au CBD.
Ce couple californien, qui n’avait jamais touché de cannabis jusqu’ici, se procure alors un sachet d’herbe avec de fortes teneurs en CBD, mais pauvres en THC, et en tire une huile qu’ils administrent à leur fille de cinq ans. Les résultats sont frappants: de 300 crises par semaine, Charlotte n’en connaît plus qu’une. Elle recommence à parler, rire, marcher et même faire du vélo. «Ce cas est exceptionnel. Tous les patients ne réagissent pas au traitement de cette façon», souligne le pharmacien Manfred Frankhauser. Suite au documentaire de CNN, des patients l’on contacté de toute la Suisse pour commander des produits au CBD sous forme de poudre, vendue 160 francs le gramme. Manfred Frankhauser a suivi le traitement d’une quinzaine d’enfants atteints du syndrome de Dravet. «Nous n’avons eu aucun cas sensationnel».
Boom sur internet
Sur internet, des sites proposent baumes, huiles ou poudres au CBD, vendues au prix fort. Le produit commence à intéresser l’industrie pharmaceutique. GW Pharmaceuticals, producteur du médicament Sativex contenant du THC, espère pouvoir mettre sur le marché un nouveau médicament à base de CBD, Epidiolex, dès 2016.
En Suisse aussi, le cannabidiol suscite de nouvelles vocations. La société Medropharm, créée en 2014 en Thurgovie, commercialise des extraits de CBD. Elle vient de signer un contrat pour livrer ses produits à la société américaine Naturally Slendid.
Science/Homme: Aux Etats-Unis, la consommation de cannabis des adolescents n’a pas augmenté suite à la promulgation des lois qui en permettent l’usage médical
Le 15 juin 2015, des chercheurs de Columbia University à New York ont indiqué que la consommation de cannabis des adolescents n’a pas augmenté dans les Etats où son usage médical est devenu légal. Cette nouvelle analyse représente l’effort actuel le plus exhaustif à une question souvent posée : la décriminalisation du cannabis entraine-t-elle une consommation plus répandue chez les adolescents ? L’étude a trouvé que les Etats qui ont légalisé l’usage médical du cannabis présentaient des taux supérieurs de consommation adolescente avant la promulgation de la loi, par rapport aux Etats où le cannabis reste illégal, et que les modifications de la loi n’ont pas modifié ces taux.
Le rapport a été publié par le Lancet Psychiatry. Il couvrait une période de 24 ans et était basé sur des sondages réalisés auprès de plus d’un million d’adolescents de 48 Etats. La préoccupation première relative au débat sur le cannabis médical était de savoir si la diminution des restrictions envoyait un message contradictoire aux adolescents, et rendait le cannabis plus attractif et disponible. Grâce à plusieurs études, on sait que les adolescents qui développent une habitude quotidienne de forte consommation augmentent le risque de développer des difficultés d’ordre cognitif.
Hasin DS, Wall M, Keyes KM, Cerdá M, Schulenberg J, O'Malley PM, Galea S, Pacula R, Feng T. Medical marijuana laws and adolescent marijuana use in the USA from 1991 to 2014: results from annual, repeated cross-sectional surveys. Lancet Psychiatry. 15 juin 2015. [sous presse]
New York Times du 15 juin 2015
Science/Homme: Les comptes-rendus relatifs aux bienfaits médicaux du cannabis en confirment les bénéfices pour quelques maladies
Le Journal of the American Medical Association (JAMA), à partir de deux comptes-rendus, indique l’existence de preuves modérées à fortes en faveur de l’usage du cannabis médical pour le traitement de certaines pathologies. Après avoir examiné 80 essais sélectionnés au hasard qui incluaient prés de 6 500 personnes, les chercheurs ont trouvé une confirmation modérée quant à l’usage du cannabis pour traiter les douleurs chroniques et les spasmes musculaires et les mouvements involontaires.
« Les preuves ne sont pas exprimées si clairement pour les nausées et les vomissements dus à la chimiothérapie, les désordres du sommeil, la perte de poids liée au VIH et le syndrome de Tourette, » ont conclu Penny Whiting et ses collaborateurs des University Hospitals Bristol NHS Foundation Trust, au Royaume Uni.Ce rapport été commissionné par l’Office fédéral de Santé publique Suisse. Un autre rapport établi par le Dr. Kevin Hill du McLean Hospital à Belmont (Etats-Unis) et publié dans le même journal présente des résultats similaires. Dans ce rapport, le docteur Hill insiste sur les bienfaits du cannabis pour les personnes présentant des douleurs chroniques ou neuropathiques et des problèmes musculaires dus à la sclérose en plaques.
Hill KP. Medical Marijuana for Treatment of Chronic Pain and Other Medical and Psychiatric Problems: A Clinical Review. JAMA 2015;313(24):2474-83.
Whiting PF, Wolff RF, Deshpande S, Di Nisio M, Duffy S, Hernandez AV, Keurentjes JC, Lang S, Misso K, Ryder S, Schmidlkofer S, Westwood M, Kleijnen J. Cannabinoids for Medical Use: A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA 2015;313(24):2456-73.
Reuters du 23 juin 2015
En bref
Canada: Vancouver régule les dispensaires de cannabis
Le conseil municipal de la ville de Vancouver a voté afin de réguler et permettre une centaine (environ) de lieux de revente de cannabis dans la ville. Vancouver devient la première ville au Canada à procéder ainsi, et s’attire les foudres de Rona Ambrose, ministre de la Santé.
CBC News du 25 juin 2015
Etats-Unis: La Haute Cour du Colorado a jugé que les employés peuvent être renvoyés en cas d’utilisation médicale de cannabis
Le 15 juin, la Cour Suprême a jugé que les entreprises pouvaient renvoyer leurs employés pour usage médical de cannabis, en dehors des heures de travail. Cet usage médical du cannabis est autorisé par les lois de l’Etat, mais reste proscrit par le gouvernement fédéral.
Reuters du 15 juin 2015
Etats-Unis: L’administration d’Obama a rendu plus aisée la recherche médicale sur le cannabis
Un obstacle bureaucratique de longue date à la recherche médicale privée sur le cannabis a été supprimé, et ce de manière immédiate : le gouvernement a supprimé la nécessité pour les chercheurs de soumettre une proposition à un bureau de Santé publique afin d’examiner la validité scientifique et le respect de l’éthique. Les chercheurs doivent maintenant soumettre leur projet seulement à la FDA (Food and Drug Administration).
Washington Post du 22 juin 2015
Science/Homme: Pour les consommateurs habituels, il est possible de détecter le cannabis
dans le plasma du sang plusieurs jours après la dernière consommation
Dans une étude incluant 28 fumeurs de cannabis habituels, qui arrêtent la consommation, la concentration de THC dans le plasma était de 2 ng/ml pour 16 des participants, deux jours après le moment de la dernière consommation. Le THC-COOHétait présent dans 3 des 5 échantillons sanguins 30 jours après la date de la dernière consommation, et la concentration moyenne du THC mesurée de 0.3 ng/ml dans cinq des échantillons.
National Institute on Drug Abuse, Baltimore, USA.
Karschner EL, et al. Drug Test Anal. 11 juin 2015. [sous presse]
Science/Cellules: Le CBD produit une élasticité des artères
On s’est intéressé aux effets du CBD sur les cellules endothéliales des artères de l’Homme. A partir de leur recherche, les auteurs ont conclu que « cette étude montre pour la première fois que le CBD produit une vasodilatation des artères mésentériques via l’activation des récepteurs vanilloïdes et des récepteurs CB1.
School of Medicine, University of Nottingham, Grande Bretagne.
Stanley CP, et al. Cardiovasc Res. 19 juin 2015. [sous presse]
Science/Animal: Le CBD pourrait être bénéfique en cas d’attaque cardiaque
On provoque des infarctus du myocarde sévères sur des lapins et on s’intéresse aux effets des doses intraveineuses de CBD de 0,1 mg/kg du poids du corps. Les auteurs ont conclu que la thérapie à base de CBD a réduit la taille de l’infarctus et a facilité la restauration des fonctions du cœur. Le CBD présenterait donc une utilité thérapeutique potentielle.
University Hospital Gasthuisberg, Leuven, Belgique.
Feng Y, et al. J Cardiovasc Pharmacol. 9 juin 2015. [sous presse]
Science/Cellules: Le CBD et le THC réduisent la viabilité des cellules myélomateuses
OWC Pharmaceutical Research est une entreprise israélienne qui a annoncé que, différentes combinaisons de THC et de CBD ont fait décroitre la survie des cellules d’un myélome multiple en fonction de la concentration. Le myélome multiple est un cancer des cellules du plasma, une sorte de cellules blanches du sang. Jusqu’à 60% des cellules malignes meurent. Les combinaisons de THC et de CBD, en différentes proportions, sont plus efficaces que le CBD et le THC pris séparément.
PR Newswire du 17 juin 2015
Science/Animal: Le CBD pourrait provoquer des pertes de mémoire, et la caféine pourrait réduire cet effet
Pour le poisson-zèbre, il a été montré que le CBD réduisait la mémoire et l’anxiété. Un prétraitement de longue durée avec de la caféine a réduit cette perte de mémoire. Les auteurs ont écrit que ces résultats indiquent que les poisson-zèbres répondent aux propriétés anxiolytiques du CBD, comme d’autres modèles animaux, et que des doses importantes modifient le maintien de la mémoire.
Pontifícia Universidade Católica do Rio Grande do Sul, Porto Alegre, Brésil.
Nazario LR et al. Pharmacol Biochem Behav. 2015;135:210-216.
Science/Homme: Un relevé positif au THC des cheveux peut provenir d’une exposition externe
Dans une étude incluant 10 participants qui ont roulé des cigarettes de cannabis pendant cinq jours consécutifs, mais qui n’en ont pas consommé, il a été possible de détecter du THC et du THCA dans les échantillons de cheveux de tous les participants. Les auteurs ont écrit que « ces résultats sont d’un intérêt tout spécial pour l’interprétation des résultats positifs au THC des cheveux des enfants ou des partenaires des consommateurs de cannabis, car un tel transfert peut se produire à cause d’un contact physique proche. »
Institute of Forensic Medicine, Forensic Toxicology, Medical Center - University of Freiburg, Allemagne.
Moosmann B, et al. Drug Test Anal. 21 juin 2015. [sous presse]
Science: Neuf nouveaux cannabinoïdes ont été détectés dans un cannabis puissant
Neuf nouveaux cannabinoïdes ont été isolés dans une variété de cannabis puissant. Leurs composés que l’on trouvait en faible concentration incluent quatre hexahydrocannabinols, quatre tétrahydrocannabinols, et un cannabinol hydroxylé.
National Center for Natural Products Research, The University of Mississippi, USA.
Ahmed SA, et al. Phytochemistry. 17 juin 2015 ;117:194-199.
Science/Animal: Une présence importante de récepteurs CB2 pourrait être un marqueur d’une inflammation cérébrale au début de la maladie d’Alzheimer
Dans le modèle animal (souris) de la maladie d’Alzheimer, les récepteurs CB2 ont été observés, et tout particulièrement les plaques amyloïdes. Les auteurs ont écrit que leur étude indique qu’un
radiotraceur pourrait être utilisé comme biomarqueur de la neuroinflammation dans les premiers stages précliniques de la maladie d’Alzheimer, quand aucune perte neuronale significative ne s’est encore développée. »
Department of Pathology, The Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, USA.
Savonenko AV, et al. PLoS One 2015;10(6):e0129618.
Science: Le stress influence les niveaux endocannabinoïdes
Un rapport sur les effets du stress sur le système endocannabinoïde a montré que le stress entraine différents changements dans les deux endocannabinoïdes, anandamide (AEA) et 2-arachidonoyl glycérol (2-AG). L’exposition au stress réduit les niveaux d’AEA et augmente ceux de 2-AG. De plus, dans presque toutes les parties du cerveau examinées, l’exposition à un stress chronique provoque une régulation à la baisse ou une perte des récepteurs CB1.
Hotchkiss Brain Institute, University of Calgary, Canada.
Morena M, et al. Neuropsychopharmacology. 12 juin 2015 [sous presse]
Science/Cellules: L’activation des récepteurs CB1 et A1 produisent une neuroprotection supplémentaire contre le glutamate
Suite à une blessure, le neurotransmetteur glutamate produit une lésion nerveuse dans le cerveau. Une nouvelle étude montre que les deux récepteurs, CB1 et A1, produisent une neuroprotection additive cumulative contre la toxicité induite du glutamate des cellules nerveuses de l’hippocampe (une partie du cerveau).
CICS-UBI - Health Sciences Research Center, University of Beira Interior, Covilhã, Portugal.
Serpa A, et al. Neurochem Int. 9 juin 2015. [sous presse]
La légalisation de la marijuana thérapeutique aux Etats-Unis n'a pas fait augmenter la consommation de cannabis chez les adolescents, selon une vaste étude.
Photo: John Chapple / Rex Feat/REX/SIPA
Au cours des 20 dernières années, de nombreux Etats américains ont légalisé l'usage de cannabis thérapeutique pour atténuer les effets de la chimiothérapie ou les douleurs intenses liées à la sclérose en plaques. Mais pour ses détracteurs, les lois en faveur du cannabis médical envoient un mauvais signal aux consommateurs, notamment les plus jeunes. Ils craignent ainsi une augmentation de sa consommation grâce un accès facilité. Des arguments aujourd’hui battus en brèche par une étude publiée ce mardi dans la prestigieuse revue The Lancet Psychiatry.
« Notre étude apporte la preuve la plus solide à ce jour que la consommation de marijuana n’a pas augmenté chez les adolescents depuis la légalisation du cannabis médical », affirme le Dr Deborah Hasin, professeur d’épidémiologie à l’université de Columbia et responsable de l’étude.
Aucun impact sur la consommation
La chercheuse américaine et son équipe ont analysé 24 ans de données (1991 à 2014) provenant de plus d'un million d'adolescents américains à travers tout le pays. Il ressort que les jeunes habitant dans les 21 Etats ayant légalisé le cannabis médical ne fument pas plus qu'avant. Ils soulignent toutefois que, dans dans ces Etats, les adolescents consommaient déjà plus de cannabis que les autres, avant la légalisation du cannabis thérapeutique.
Pour les auteurs, ces travaux apportent un nouvel éclairage sur la consommation des adolescents. Ils devraient guider les décideurs pour adopter de nouvelles mesures dissuasives dirigées vers les jeunes consommateurs.
Le cannabis thérapeutique en France : des produits très encadrés
En janvier dernier, le ministère de la santé annonçait la première autorisation de mise sur leur marché (AMM) d’un médicament à base de cannabis, le Sativex. Les ordonnances pour ce cannabinoïde devraient être disponibles d’ici quelques mois, mais elles seront très restrictives. Seuls les patients atteints de sclérose en plaques et souffrant de douleurs résistantes aux autres traitements pourront en bénéficier.
Le Sativex est le second médicament à base de cannabis à être commercialisé. Le premier, le dronabinol, peut être prescrit aux patients sous chimiothérapie pour soulager leurs nausées et les vomissements. Pour le prescrire, les médecins hospitaliers doivent obtenir une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Depuis 2001, une centaine d’ATU ont été délivrées pour plus de 150 demandes.
La ministre de la Santé Maggie De Block autorise pour la première fois un médicament qui contient du cannabis comme ingrédient. La ministre a signé jeudi l’arrêté royal qui permet de la distribution dans notre pays du Sativex, un spray oral, le seul médicament qui dispose d’une autorisation et qui contienne comme principe actif du tétrahydrocannabinol, plus communément appelé THC, présent dans le cannabis.
Le médicament n’est enregistré que pour lutter contre la spasticité qui affecte jusqu’à deux tiers des patients atteints de sclérose en plaques, de manière modérée à sévère. La spasticité consiste en un étirement rapide d’un muscle qui entraîne trop facilement sa contraction réflexe, et qui se prolonge dans le temps. Le THC présent dans le médicament diminue ce mécanisme particulièrement invalidant pour les malades.
L’achat et l’usage de ce médicament, évidemment strictement délivré sur prescription médicale, seront donc désormais légaux, une dizaine de jours après publication au Moniteur, ce qui devrait intervenir d’ici la fin du mois, selon le cabinet de la ministre. Pour autant, cette décision n’entraîne aucune autre conséquence vers une tolérance de l’emploi du cannabis lui-même.
L’autorisation du Sativex rappelle même explicitement l’interdiction actuelle pour les pharmaciens de fabriquer des médicaments à base de cannabis sous forme de préparation magistrale. Une pratique qui, dit-on, a parfois prévalu pour venir en aide à des patients qui auraient pu être soulagés par un médicament de ce type, mais qui restait indisponible en Belgique. L’autorisation sera également valable pour de futurs médicaments basés sur la même substance active et qui seraient enregistrés dans le futur. Les négociations pour son remboursement sont en cours.
Le cannabis comme anti-douleur
Ce médicament n’est pour l’instant enregistré que contre la spasticité des malades atteints de sclérose, mais des essais médicaux sont en cours pour son usage contre la douleur. Interrogé récemment par la RTBF, le docteur Dominique Lossignol, fervent défenseur de l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques, la décision de Maggie De Block va évidemment dans le bon sens : « C’est une bonne nouvelle dans la mesure où il était temps qu’on remette le débat concernant l’usage du cannabis médicinal sur le tapis. C’est une avancée par rapport au produit mais je pense qu’il faudrait davantage élargir les indications ».
Car pour le spécialiste de la douleur au sein de l’Institut Bordet, c’est surtout dans le traitement de la douleur qu’il y a une grande attente chez les patients. Il a lui-même pu tester le Sativex pour cette indication, dans le cadre d’essais cliniques. « On en a fait plusieurs à l’Institut Bordet avec chaque fois une grande satisfaction pour les patients. En tout cas, ça me conforte dans l’idée qu’il faut avancer dans ce domaine »
Mais pour le moment, l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé estime qu’il n’y a pas encore assez de preuves scientifiques de l’efficacité du cannabis comme anti-douleur. Ce n’est donc pas encore à l’ordre du jour.
Plusieurs États ont ou sont en processus de légalisation des extraits de cannabis, généralement les huiles, riches en cannabidiol (CBD) et très faible en THC. Parce que ces médicaments manquent de THC (le cannabinoïde dans la marijuana qui produit l'effet euphorique), les politiciens conservateurs ont été beaucoup plus disposés à adopter cette approche pour la marijuana médicale.
Cependant, il y a des dizaines d'autres cannabinoïdes et des terpénoïdes (terpènes) dans la marijuana qui ont prouvé fournir des prestations médicales. De nouvelle recherche pointe vers un effet synergique de ces molécules miraculeuses, révélant qu'un cannabinoïde isolé (comme le CBD) peut offrir des avantages pour certains patients, mais seulement une petite minorité. La combinaison de plusieurs ou de la totalité des cannabinoïdes peut mieux fonctionner en médecine.
Selon l'institut national de la santé, l'interaction délicate des cannabinoïdes et des terpénoïdes - parfois appelé «effet d'ensemble" - peut être utilisé pour traiter "la douleur, l'inflammation, la dépression, l'anxiété, la toxicomanie, l'épilepsie, le cancer, ainsi que les infections fongique et bactérienne ».
Avec autant de bénéfices éventuels attribuables à la plante entière et aux extraits de plusieurs cannabinoïdes, pourquoi y a t-il une course folle pour produire des huiles a partir d'un unique cannabinoïdes uniquement pour un petit pourcentage de patients qui pourraient bénéficier d'un traitement au cannabis limitée? Les états peuvent ils réellement se targuer de venir en aide aux patients en ratifiant les lois CBD-only ne traitant ainsi qu'un nombre relativement faible de patients qui souffrent?
Aider seulement deux pour cent?
Selon le projet Marijuana Policy (MPP), "... seulement deux pour cent des patients enregistrés a la fois à Rhode Island et au Colorado rapportent leurs crises comme conditions de qualification." Malheureusement, le groupe a indiqué que "La grande majorité des patients ont des symptômes qui bénéficient de souches de marijuana qui comprennent plus que des traces de THC ".
Les médias ont porté beaucoup d'attention sur les enfants qui utilisent l'huile de CBD pour lutter contre une épilepsie réfractaire et d'autres troubles neurologiques graves.
Certains de ces patients gagne un soulagement significatif grâce a un extrait unique de cannabinoïdes. Les enfants qui ont vécu des centaines de crises par semaine pour seulement quelques par mois en utilisant uniquement de l'huile CBD ont acquis une grande attention des médias.
Une patiente, de neuf ans, Charlotte Figi du Colorado, a connu une baisse de 99 pour cent de l'activité de crise en utilisant uniquement de l'huile de CBD. Figi a été l'affiche officieuse des partisans de l'huile CBD pour les enfants et les efforts pour le légaliser.Elle a également inspiré un produit d'huile de CBD appelé Charlotte Web de CW Botanicals dans le Colorado.
Rapports émanant des parents
Les parents désespérés d'autres enfants avec des conditions similaires ont également expérimenté les huiles CBD. Beaucoup, malheureusement, ont signalé que le manque de THC dans les huiles CBD ne fonctionne pas pour leurs enfants. Jason David a traité son fils de sept ans, Jayden, qui a le syndrome de Dravet - une forme sévère d'épilepsie qui ne répond pas aux traitements conventionnels - avec le cannabis médical depuis 2011 (la mère de Charlotte Figi pris connaissance de l'huile de CBD par David) .
«Je souhaite que la Charlotte Web fonctionne pour tous les enfants épileptiques, mais ce n'est pas le cas. Les pires crises que Jayden ait jamais eu avec le cannabis médical ont eu lieu pendant que nous utilisions La Charlotte Web ", dit David.
Brian Wilson, un ancien résident du New Jersey qui a déménagé au Colorado en 2014 en raison de sa loi libérale sur la marijuana médicale, est un autre parent d'un enfant souffrant du syndrome de Dravet. Dans une interview avec Ladybud en 2014, il a dit:
"CBD est une partie très importante du mélange, mais seulement une partie. Nous avons vu le contrôle des crises mineures et des progrès de développement avec le CBD seul, mais nous ne voyons pas de contrôle de crise réelle jusqu'à ce que nous ayons ajouté des niveaux mesurables de THC au mélange ".
Wilson a continué:
"D'autres voient de grands résultats avec l'ajout de THCA . Certains y voient de très bons résultats sans CBD, comme dans le New Jersey, où il y a peu ou pas de CBD disponibles.
Le point est, qu'il se agit de médecine hautement individualisée. Il n'y a pas de balle magique. "
Rebecca Hamilton-Brown est le fondateur de Pediatric Cannabis Therapy, un groupe de soutien pour les parents d'enfants épileptiques avec plus de 2500 membres. Elle a soigné son fils avec le cannabis pendant deux ans et obtient des commentaires de plusieurs membres du groupe.
"C'est l'ignorance qui conduit les gens à croire que le CBD est le seul chemin à parcourir."
Hamilton-Brown a déclaré :
"Ils n'ont soit jamais dosé (médicamenté) leurs enfants ou ils sont totalement naïf quand il s'agit de la façon dont la machine politiques fonctionne."
Le gouvernement tient il compte des miliers d'enfants malades et d'adultes qui pourraient tirer un bénéfice d'un traitement multi-cannabinoides ou d'un extrait total de la plante, en cherchant à ne légaliser que l'huile CBD-only?
L'histoire miraculeuse de Charlotte Figi est certainement une source d'inspiration; tous les patients méritent que la médecine les soulages de leur souffrance. Cependant, les politiciens sont paranoïaques, ils ont peur de légaliser des extraits de cannabis contenant du THC simplement a cause de 80années de stigmatisation? Est ce l'héritage de Reefer Madness - et la perception que l'euphorie est un péché dans certaines religions - responsable de l'adoption de lois de l'Etat qui, tout en étant utiles pour un petit nombre de patients, laissant plus de souffrances sans médicaments?