L’adoption la semaine dernière d’un dispositif gouvernemental autorisant la culture du cannabis à des fins thérapeutiques, a brisé un tabou qui pénalisait les patients et plombait les comptes de la sécurité sociale italienne.
« Il ne s’agit pas de libéraliser la marijuana mais de faire preuve d’ouverture d’un point de vue pharmacologique et médical », a toutefois souligné la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin. Selon l’accord peaufiné à la fin de l’été par les ministères de la Défense et de la Santé, seule l’armée pourra cultiver la marijuana et dans des conditions particulières.
Un coût trop exorbitant pour la sécu
Depuis l’adoption en 2010 de la loi antidouleur, les patients atteints de pathologie importantes et particulièrement douloureuses, peuvent avoir accès aux traitements à base de cannabis dont les propriétés antidouleur sont reconnues par la communauté médicale internationale. Mais seulement en théorie, le coût exorbitant de ce type de produits pris en charge par la sécurité sociale italienne imposant des restrictions au niveau du nombre d’utilisateurs. Une enquête réalisée par un site médical italien a révélé que seulement une soixantaine de patients ont accès, en l’état actuel, aux protocoles antidouleur à base de cannabis.
Selon les calculs des experts, le cannabis made in Italie devrait faire chuter les prix des médicaments. À titre d’exemple, une ampoule remplie d’un produit pharmaceutique à base de cannabis peut coûter jusqu’à 700 euros. Trop pour la sécurité sociale italienne dont les comptes sont déjà complètement plombés par les coupes budgétaires et les erreurs de gestion dans le service public. À l’origine de ces prix exorbitants, l’obligation pour l’Italie et l’ensemble de la chaîne pharmaceutique d’importer la totalité de ses besoins pharmaceutiques de cannabis. Pour mettre un terme à cette dépendance qui se traduit par une réduction du nombre de patients ayant accès aux médicaments remboursés par la sécurité sociale, le gouvernement a décidé de monter ses propres plantations.
Première production au printemps
Selon l’accord peaufiné par les ministres de la Défense et de la Santé impliqués dans ce dossier, la marijuana sera cultivée dans les établissements chimiques de l’armée situés à Florence et construits en 1853 lors de la création à Turin d’un dépôt pharmaceutique militaire. Le gouvernement prévoit de lancer les premiers médicaments dès le printemps prochain.
« La marijuana est un excellent produit, un sédatif qui agit contre la nausée et les vomissements, par exemple. Mais comme il s’agit aussi d’une substance classée dans la catégorie des stupéfiants, on a toujours un peu peur de l’utiliser », estime Umberto Veronesi. L’ancien ministre de la Santé et cancérologue, ajoute : « Le même problème s’est posé pendant des années avec la morphine, un autre antidouleur important, interdite pour des questions d’ordre moral. Cultiver et utiliser la marijuana est une bonne chose, si c’est à des fins thérapeutiques. »
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