Le cerveau des personnes souffrant de psychoses - comme les schizophrènes -, produit de six à huit fois plus d'anandamide que celui des personnes saines, selon une étude réalisée par Markus Leweke, de l'Université de Cologne en Allemagne et des chercheurs de l'Université de Californie. Pour les scientifiques, cette molécule naturelle qui a des vertus analogues au cannabis pourrait aider les malades à se protéger des crises.
Source: Les Nouvelles
« L'origine de cette augmentation est encore obscure » souligne Stéphane Potvin, chercheur au département de psychiatrie de l'Université de Montréal et du centre de recherche Fernand-Seguin à l'Hôpital Louis-H. Lafontaine. « Cette surproduction d'anandamide a peut-être une origine génétique, et pourrait être responsable des accès de psychoses. Ou bien, au contraire, la production d'anandamide est une réponse du cerveau lorsque le patient en pleine crise libère un excitant, la dopamine » explique-t-il. L'anandamide servirait à calmer le système nerveux central. C'est vers cette deuxième version que penchent les auteurs qui ont présenté leur étude à la National Cannabis and Mental Illness Conference à Melbourne, en Australie.
Les chercheurs ont en effet noté que les schizophrènes les plus atteints sont aussi ceux dont le niveau d'anandamide est le moins élevé. Ce "cannabis naturel" ne viendrait donc pas provoquer les psychoses. Au contraire, à un certain degré de la maladie, il semble que les patients ne soient plus capables d'en secréter assez. Les scientifiques pensent donc que l'anandamide est libéré par le cerveau pour aider le corps humain à contrôler les symptômes.
Si l'anandamide joue un rôle dans la réponse du cerveau, pourquoi ne pas en stimuler les effets avec l'aide de son cousin, le cannabis ? Pas si simple. En effet, parmi les schizophrènes, ceux qui consomment le plus souvent cette drogue ont aussi des taux d'anandamide les plus bas, d'après l'équipe internationale. « Les schizophrènes qui consomment du cannabis font plus de rechutes », dit M. Potvin. Le THC (tétrahydrocannabinol), l'ingrédient actif de la drogue bien connue, se fixe aux même récepteurs du système cannabinoäde du cerveau que l'anandamide. Mais la concurrence paraît mal venue. « Pour augmenter le niveau d'anandamide, il faudra trouver un autre moyen que d'agir sur le récepteur », croit Stéphane Potvin.
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