Pour la première fois, des chercheurs d'une société basée dans le Massachusetts aux États-Unis, ont séquencé intégralement le génome de deux variétés de marijuana. Des travaux qui pourraient permettre de développer de nouveaux traitements basés sur les propriétés de la plante.
Si le cannabis a déjà fait l'objet de nombreuses études, la plante recèle encore aujourd'hui bon nombre de mystères. Mais les récents travaux des chercheurs de Medicinal Genomics, une société basée dans le Massachusetts, pourraient bien permettre d'en élucider quelques-uns. En effet, Kevin McKernan, fondateur de l'entreprise, vient tout juste d'annoncer qu'ils étaient parvenus à séquencer le génome du plant de cannabis, et plus précisément, celui de deux sous-espèces : Cannabis sativa et Cannabis indica. Selon leurs résultats, la séquence décryptée serait composée de plus de 131 milliards de paires de base, mais celle-ci n'a pour l'instant été publiée dans aucune revue.
"Malgré des preuves concluantes sur les bénéfices thérapeutiques du cannabis, très peu de recherches centrées sur la génomique ont été réalisées dans ce domaine", a expliqué Kevin McKernan dans une interview accordée à National Public Radio. Justement, c'est précisément dans le but d'étudier les effets bénéfiques du cannabis et d'identifier ses composés que les chercheurs ont réalisé ce séquençage. Ainsi, ils ont isolé 84 molécules qui pourraient être capables de combattre la douleur voire agir sur des tumeurs, parmi lesquelles le tétrahydrocannabinol (THC) déjà bien connu.
"Nous savons quels gènes gouvernent le THC et le CBD (un autre cannabinoïde), mais pas ceux des 83 autres composés. Maintenant que nous avons séquencé le génome, nous pouvons aussi séquencer d'autres variétés, et ainsi lier les différences dans l'ADN aux différentes caractéristiques" a indiqué le patron de Medicinal Genomics toujours à NPR. Une fois identifiés, les autres composés pourraient alors être utilisés pour concevoir de nouveaux traitements. Ou à l'inverse, ces nouvelles connaissances pourraient également permettre de créer du cannabis aux effets psycho actifs réduits comparé à ceux du plant originel.
Un grand pas en avant pour les scientifiques
Toutefois, les recherches s'avèrent difficiles dans le domaine alors que de nombreux pays restreignent sévèrement la culture et la détention de marijuana. Kevin McKernan précise ainsi : "De nombreuses personnes qui souhaitent contribuer à ce type de travaux ne le peuvent pas, mais désormais que cette information (le génome) est disponible, de nombreuses recherches peuvent être faites sans avoir à cultiver la plante".