À nouveau, Strasbourg sera bientôt au cœur du long débat sur les avancées pharmacologiques et les utilisations thérapeutiques des cannabinoïdes, toujours taboues en France mais reconnues dans d’autres pays.
Photo: Le cannabis peut être utilisé à des fins thérapeutiques. Photo archives DNA/David GEISS
Pour la huitième année, et à Strasbourg cette fois encore, une question médicale restée en suspens fera l’objet d’un colloque international. À l’initiative de l’Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM), des praticiens et des experts, des patients et des témoins s’interrogeront sur ce paradoxe propre à certaines substances contenues dans le cannabis : alors que les études scientifiques se succèdent pour accréditer leur apport sur certaines pathologies chroniques invalidantes sévères, alors qu’un nombre grandissant de pays dans le monde organise l’accès à ces composants sans équivalents dans la pharmacopée, en France il reste impossible de se soigner concrètement et légalement avec des dérivés du chanvre, appelés cannabinoïdes.
Selon Christian Muller, chercheur en pharmacologie à l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien de Strasbourg (CNRS-Unistra), la diabolisation dont fait preuve l’usage du cannabis, et l’interdiction qui l’accompagne, empêchent de considérer à sa juste mesure la portée de cet outil thérapeutique sur des pathologies aussi sérieuses que la sclérose en plaques ou les affections rhumatologiques graves, ainsi que par exemple sur les effets secondaires de chimiothérapie.
Un retard par rapport à d’autres pays
Alors que son laboratoire accueille une étude in vitro sur l’usage d’un principe appelé CBD sur des cancers colorectaux, notamment, il lui apparaît que la France souffre d’un retard par rapport aux pratiques désormais certifiées aux États-Unis, en Israël, au Canada, au Luxembourg, en Grande-Bretagne ou dans la toute proche Suisse.
Pour certains scientifiques, il y a là les signes d’un lobbying d’une industrie pharmaceutique productrice de ces anti-inflammatoires opiacés, des « concurrents » qui développent notamment des addictions, « contrairement aux cannabinoïdes ». Résultat, les patients souhaitant accéder à ces principes extraits de la plante les produisent eux-mêmes, de manière souvent peu satisfaisante, ou se les font livrer après les avoir commandés sur Internet. Le tout à leurs risques et périls, des condamnations pouvant être prononcées.
Les conditions d’une autorisation de mise sur le marché avaient été avancées il y a quelques années en France mais, malgré un débat récent en France, un vide persiste au détriment de l’intérêt médical des malades demandeurs de cette alternative.
Le colloque réunira à nouveau de nombreuses personnalités engagées sur ces questions, dont Marie Jauffret-Roustide, membre du comité scientifique spécialisé temporaire sur la question du cannabis à usage thérapeutique en France et Bertrand Lebeau-Leibovici, médecin addictologue. Ils ouvriront ce symposium accessible au grand public en compagnie de Christian Muller, responsable du pôle scientifique et de Bertrand Rambaud responsable du pôle patient de l’association UFCM I Care.
Le 28 juin à la faculté de pharmacie de Strasbourg, ouvert au public sur inscription préalable sur : ufcmed.org
Source: dna.fr
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