"Je soigne mon psoriasis au cannabis"
L'actualité sur les trafiquants de drogues a été très riche cette semaine : interpellation de 61 individus dans le Calaisis et de huit autres personnes dans l'Audruicquois.
Ces faits relatés dans Nord Littoral ont attiré l'attention de Franck*, chauffeur routier calaisien. Cet homme de 43 ans consomme du cannabis pour soigner son psoriasis. « Je ne veux pas qu'on me confonde avec les dealers », précise-t-il.
Ce père de famille souffre de cette pathologie de la peau depuis l'âge de 8 ans. « La maladie s'est déclarée quand ma mère est morte. Et puis je stresse facilement, par exemple, quand on devait envoyer un courrier et qu'on ne l'a pas fait. »
« Je stresse beaucoup moins »
Depuis 35 ans, il subit des traitements divers. « J'ai tout essayé. J'ai fait des UV médicales, appliqué du goudron et de la cortisone. Seul le cannabis me calme. Quand j'en prends, je suis plus tranquille, je ne stresse plus. » Le Calaisien pointe les effets secondaires des médicaments classiques. « La cortisone me fait gonfler et détériore mon foie. Je dois prendre d'autres cachets pour réduire les effets secondaires ! On traite le psoriasis, et ça détraque une autre partie du corps ! Ce n'est pas normal », s'insurge-t-il.
C'est dans ses séjours au soleil (conseillé dans le traitement du psoriasis) dans le Lot qu'il fait une rencontre déterminante. « J'ai fait la connaissance d'une dame qui souffre de la sclérose en plaque. Elle prend du cannabis pour se soulager. C'est elle qui m'a conseillé de me faire des tisanes à base de cannabis, de cannelle et de lait. » Le chauffeur routier boit sa mixture à raison de quatre à cinq tasses par semaine et fume quatre joints hebdomadaires. « Que le soir et lorsque je ne conduis pas. Avec le cannabis, je n'ai aucun effet secondaire. » Son témoignage relance le débat sur la légalisation du cannabis. « Je ne pense pas qu'il faille légaliser, mais dépénaliser la consommation pour les personnes qui en ont besoin pour se soigner. On irait l'acheter chez le débitant de tabac. Le gouvernement pourrait prélever des taxes.»
Il dénonce d'ailleurs l'hypocrisie qui règne autour ce produit. « Des huiles à base de chanvre existent sur le marché ! » Il s'en applique d'ailleurs régulièrement pour calmer ses démangeaisons.
Depuis quelques années, ses cicatrices se sont atténuées. « J'avais de grosses plaques dans le dos. Elles ont presque disparu. »
Franck doit comparaître devant le TGI de Boulogne-sur-Mer le 13 avril prochain pour usage de manière illicite de stupéfiants, substance ou plantes classées comme stupéfiants. Il craint bien sûr une condamnation. « Faut pas tout mélanger. Je me soigne avec. Je n'en vis pas. Ce n'est pas comme les trafiquants. » A. V.
* Il a tenu à garder l'anonymat.
Source:Nord Littoral