Il soulageait ainsi sa sclérose qu'il aurait contractée en prison. Le cannabis sera-t-il un jour disponible en pharmacie sur prescription médicale ? En d'autres termes, la drogue douce a-t-elle des vertus thérapeutiques. La réponse à cette seconde question est un oui franc et massif validé noir sur blanc par le docteur Jean-Marc Boulesteix, chef du service de neurologie de l'hôpital de Cahors, dans un dossier médical transmis au tribunal correctionnel. Hier, cette attestation éloquente a été en effet présentée comme une pièce maîtresse, dans l'affaire qui a conduit le Gourdonnais Olivier Asteggiano à justifier sa production et sa consommation régulière de cannabis.
Source: La dépêche
Cet homme de 50 ans, atteint d'une sclérose en plaques, avait été interpellé le 26 août dernier à son domicile, par les gendarmes de Gourdon et Salviac, qui l'avaient aussitôt placé en garde à vue pour « production et détention de cannabis ».
Son matériel de fabrication artisanale et 32 plants avaient également été saisis et mis sous scellés.
« Rendez-moi mon cannabis, c'est vital ! J'en ai besoin pour apaiser les douleurs provoquées par ma sclérose », a-t-il lancé hier à Isabelle Ardeff, présidente du tribunal, déclenchant dans le même temps l'hilarité de l'assistance. Mais le prévenu n'avait pas le cœur à rire. Condamné en avril 2001 pour avoir consommé du haschich, il avait écopé d'une peine de quatre mois de prison, dont trois avec sursis. C'est derrière les barreaux de la maison d'arrêt de Cahors que la vie d'Olivier Asteggiano a basculé.
Vacciné en prison contre l'hépatite
« J'étais dans une cellule de huit personnes. Nous occupions ce petit espace dans des conditions d'hygiène déplorables. Il y avait toujours de l'eau au sol. Certains prisonniers étaient violents avec un détenu soupçonné de pédophilie. J'ai alerté le directeur en lui disant que j'avais peur pour ma santé. Il m'a protégé en me faisant vacciner contre les risques d'hépatite. Quelques jours plus tard, les premiers signes de ma sclérose en plaques sont apparus. J'ai contracté ce mal en prison », déplore Olivier Asteggiano. Le tribunal n'a pas souhaité s'attarder sur l'origine carcérale de sa maladie.
La présidente a recentré le débat sur l'usage du cannabis : « Ce n'est pas un traitement reconnu », déclare-t-elle. « Je suis d'accord, mais c'est le seul qui me fait du bien », rétorque le prévenu.
« Je ne peux pas requérir la relaxe, car l'infraction existe. La loi n'autorise pas la fabrication et la consommation de cannabis », martèle Nelly Emin, procureur de la République.
« La législation française s'y oppose en effet. Mais sur la base de rapports établis par d'éminents scientifiques, 13 états des USA ont décidé de n'engager aucune poursuite contre la consommation de cannabis à usage thérapeutique », souligne Christophe Bernabeu, avocat du prévenu. « Les effets antalgiques de cette substance ont été reconnus. L'attestation fournie par le service de neurologie du centre hospitalier de Cahors abonde dans ce sens. On ne peut pas reprocher à quelqu'un qui souffre de vouloir apaiser ses douleurs », ajoute l'avocat droit dans les yeux de Nelly Emin.
Celle-ci s'est penchée sur le passé du prévenu : « Nul ne peut nier son attirance pour le cannabis. Il a reconnu qu'il était un fumeur régulier avant sa maladie, dit-elle. Je demande la destruction des plants et une amende de 300 €». Maître Bernabeu a aussi évoqué « les effets secondaires provoqués par les remèdes prescrits (vomissements…). Seul le cannabis le soulage », rappelle-t-il. Puis la présidente tranche : « Cela mérite réflexion. Le délibéré sera prononcé le 20 novembre ». Olivier Asteggiano soupire. Ses espoirs vont-ils partir en fumée ?
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