Atteint d'une sclérose en plaques depuis une quarantaine d'années, Didier Mirault arrive à atténuer en fumant de la marijuana. Il témoigne pour «La Dépêche du Midi».
Didier Mirault est atteint d'une sclérose en plaques depuis 1 975./Photo DDM.
La soixantaine rigolarde, un humour fin et subtil à fleurs de mots, Didier Mirault vit sa vie à pleines dents. Même si la maladie, cette satanée sclérose en plaques gangrenant les muscles, est là. Omniprésente et insidieuse. Depuis quelques années, il ne peut plus marcher et doit se déplacer en fauteuil roulant. Pas toujours simple pour cet ancien conseiller municipal de Najac que ses collègues étaient obligés de porter lorsqu'il devait assister à des réunions… au premier étage de la mairie.
Atteint d'une sclérose en plaque depuis 1975 — «la maladie s'est déclarée après que j'ai effectué mon service militaire, du coup je n'ai même pas pu être réformé…» — alors qu'éducateur de rue à Paris il côtoyait toxicos, prostituées, transsexuels, sans être attiré par toutes les substances circulant sur le pavé de la capitale.
«J'ai bien fumé un peu pour moi, mais très peu», consent-il.
Sauf que les symptômes sont là et avec eux d'implacables douleurs musculaires chroniques, gagnant du terrain ; il ne peut que mesurer le défaut de médicaments palliatifs sur le marché.
«Pour moi, explique-t-il, la nécessité est bien de pouvoir ralentir la douleur liée à la spasticité musculaire, provoquant des crispations involontaires des jambes.»
Pour calmer son mal, et il n'est pas le seul dans ce cas, son seul recours passe par quelques «taffes» tirées sur un «joint» de cannabis pur. Pas de prescription spécifique, tout au plus quelques recommandations… Certes il existe bien le Savitex, aérosol à base de cannabis, dont la mise sur le marché d'abord autorisé en 2014, puis interdite, fut plutôt controversée. Didier Mirault émettant des doutes quant à son efficacité, tout en taclant un coût qu'il juge beaucoup trop exorbitant. Et beaucoup plus, en tout cas, que la «marijuana», que lui fait pousser… sur son balcon.
Reste le côté illicite de la chose. Pas la plus petite once d'inquiétude non plus pour lui. «Il n'y a pas de raison que j'intéresse la gendarmerie et la justice, car je n'ai jamais été vendeur, ni acheteur et il faut éviter de tomber dans ce piège…» Discret dans son approche, il ne fume jamais ailleurs qu'à son domicile et au moment de crises aiguës, Didier tient d'ailleurs à bien se démarquer. «Il me faut trois à quatre bouffées pour calmer ma douleur ; je sais que si je vais au-delà, cela altérera mes facultés à m'exprimer et faire des choses…»
Sur une éventuelle légalisation, qui fait débat durant cette précampagne des Présidentielles, il avance aussi avec prudence. S'il regrette que l'actuelle prohibition ait pour effet de provoquer une forte hausse du marché noir et du trafic, lui insiste sur un nécessaire encadrement en appuyant sur le principe d'«une légalisation contrôlée.»
«Je comprends les réticences»
«Je comprends les réticences du ministère de la Santé, car avec les jeunes, le problème est bien réel. Quand on voit des jeunes de 12 ans qui commencent à fumer, quand on sait que leur cerveau n'est pas encore entièrement formé, il y a de quoi s'inquiéter. Moi je suis adulte, je sais que cela me fait du bien, mais on ne peut pas laisser penser que c'est le cas pour tout le monde car les risques de dégâts sont bien réels.
Comme en attestent de nombreuses études, la consommation précoce et prolongée de cette drogue, alors que l'encéphale est en pleine maturation, se traduit par une baisse marquée du quotient intellectuel qui semble irréversible.»
Jean-Paul Couffin
Source: ladepeche.fr
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