Paysage lunaire, champs à perte de vue, silence apaisant, sous ce calme apparent se prépare, sur le plateau des Millevaches, un projet qui pourrait bien donner un nouvel élan à la Creuse à en croire ses créateurs.
L’objectif d’une filière 100 % creusoise
Depuis plus de deux ans, Jouany Chatoux et son associé Jérémy Gaillard se sont lancés dans l’enivrante aventure de la production de cannabis. En septembre, l’expérimentation de son usage à des fins thérapeutiques devrait débuter.
Mais est-ce que la Creuse, à l’initiative de ce projet, va-t-elle réellement en bénéficier ?
Les plantes vertes du cannabis pourraient bientôt proliférer en Creuse.
« On attend une clarification qui devrait arriver car une commission parlementaire sur les usages du cannabis est mise en place en France depuis le mois de janvier. On a mis en avant l’idée d’avoir une filière de production creusoise pour le thérapeutique », rappelle Jouany Chatoux.
L’agriculteur installé du côté de Gentioux-Pigerolles craint l’arrivée de grands groupes étrangers au pouvoir financier plus important et souhaitant devenir maîtres de la production en France.
« Est-ce qu’on veut une production industrielle déconnectée livrée à des grands groupes ou une production qui pense plus aux malades avec un aménagement du territoire. On peut aussi faire comme au Canada où trois-quatre multinationales se partagent le marché avec un intérêt principalement boursier. On va soigner les patients ou les actionnaires ? ».
Face à ce potentiel scénario, les deux Creusois ont réfléchi, depuis plusieurs mois, à un site facilitant la mise en place d’une filière creusoise et devenant ainsi un argument de poids. Et, hasard du destin, cet endroit providentiel se trouvait à quelques kilomètres d’eux, sur la commune de Féniers.
Un pôle d'excellence sur le cannabis
C'est un ancien terrain militaire de plus de cinq hectares totalement sécurisé qui offre aux deux associés la matière pour assouvir leur envie : créer un pôle d’excellence sur le cannabis.
« On va pouvoir faire d’importantes économies. C’est vraiment un projet unique au monde car nous ne sommes pas rattachés à un grand groupe ».
Jérémy Gaillard ne cache pas sa satisfaction lorsqu’il présente le lieu qui doit accueillir une structure regroupant production, formation, recherche et développement mais également pépinière d’entreprise pour développer des produits à base de chanvre. Plusieurs activités pouvant créer plus d’une centaine d’emplois, une « réelle dynamique économique ».
Le site de cinq hectares est propice à la mise en place d'un pôle d'excellence sur le cannabis.
Trois mois pour se décider sinon rien
Avec l’appui de nombreux acteurs français œuvrant dans le domaine du cannabis mais aussi de la région Nouvelle-Aquitaine, ce projet permettrait de trouver le meilleur modèle de production. « On pourra faire des tests sur du cannabis produit sous serre, à l’intérieur ou à l’extérieur. Ceci nous permettra de définir notre propre modèle et de ne pas s’éparpilller ».
Les travaux sont prêts à débuter pour entamer ce projet "unique au monde".
Mais cette ambition ne sera « pertinente » que si elle est validée dans les trois prochains mois selon Jouany Chatoux. « Il faut partir les premiers. Sinon on peut rapidement se faire dépasser par des grands groupes ou grandes agglomérations ». Le temps est donc désormais compté pour la Creuse dans la course à l’expérimentation du cannabis thérapeutique.
Alix Vermande
Source: lepopulaire.fr
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