A gauche comme à droite, la classe politique reste frileuse sur la dépénalisation ou la légalisation.
Un business légal et très lucratif dans un nombre croissant de régions du monde, mais un tabou persistant dans le débat public hexagonal. La France persiste dans le statu quo, qu’il s’agisse de dépénaliser la consommation de cannabis, une mesure à destination des consommateurs, ou d’en légaliser la vente, seule façon de couper l’herbe sous le pied du trafic ou de contrôler la qualité des produits en circulation.
Image Ouest France
Quand, en début de quinquennat, le débat de la dépénalisation est jugé légitime par Vincent Peillon, alors ministre de l’Education, il est illico refermé par le sommet de l’exécutif. Et quand Patrick Menucci, élu marseillais et député PS, monte au créneau pour prôner la légalisation de la vente à chaque nouveau règlement de comptes sur fond de trafic de cannabis dans la cité phocéenne, la majorité de la classe politique lui répond «solution de facilité» ou «laxisme coupable». Avant de passer à autre chose.
Reste une réalité : la consommation de cannabis, en particulier chez les jeunes, est une donnée structurelle de la société française (chez les seuls majeurs, un Français sur dix a fumé au cours des douze derniers mois). Et la coûteuse lutte contre les réseaux d’importation et de distribution, conjuguée au rappel constant de l’interdit par les pouvoirs publics, n’a pas changé la donne. Mais en l’état de l’opinion et alors même que la production personnelle se développe, aucun responsable politique de premier plan ne se risque à prôner une politique moins idéologique et plus pragmatique.
Dernier exemple en date, sans parler de légalisation ou de dépénalisation, avec le cas d’un rapport sur «l’efficacité de la réponse pénale appliquée aux usagers de stupéfiants», commandé il y a un an par Manuel Valls à la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Et resté sous le tapis depuis sa remise, en octobre. Sa conclusion, comme l’a raconté le Monde cette semaine ?
Supprimer la peine d’un an de prison pour usage de drogue (pas seulement le cannabis) et la remplacer par une amende forfaitaire d’environ 300 euros. Manière de rendre les sanctions davantage effectives et d’acter une réalité de fait, comme le préconise d’ailleurs Alain Juppé : en 2014, les 170 000 interpellations pour usage de stupéfiants ont donné lieu à 41 000 rappels à la loi et seulement 1 426 condamnations à de la prison ferme.
On imagine pourtant mal François Hollande, qui fut en 2011 le candidat de la primaire le moins ouvert sur le sujet, porter cette évolution en 2017. Dans de récentes confidences sur RTL, Nicolas Sarkozy, qui a varié sur la meilleure façon de sanctionner la consommation, a, lui, mystérieusement confié : «Je n’ai jamais fumé un pétard de ma vie, ce n’est pas du tout que je suis contre. Je fume un cigare de temps en temps.»
Source: liberation.fr