Réponse de l'association PAKA à Daniel Vaillant sur le cannabis

Par Invité ,

Extrait : Tous les intervenants ont plaidé pour une évolution plus ou moins radicale

du dispositif législatif et sanitaire face à la réalité d'une consommation

très répandue et souvent socialement intégrée

 

Lire la suite pour découvrir la lettre dans son intégralité.A l'attention de

M Daniel Vaillant

Député-maire du 18ème arrondissement,

place Jules Joffrin

75018 Paris

 

Montreuil, le 13 novembre 2003

 

Monsieur le Député,

Dans le cadre de son 4ème Festival du Chanvre, l'association Paka vient

d'organiser un débat et une conférence sur le statut du cannabis récréatif

et thérapeutique ainsi que sur la réduction des risques liés à son usage.

Tous les intervenants ont plaidé pour une évolution plus ou moins radicale

du dispositif législatif et sanitaire face à la réalité d'une consommation

très répandue et souvent socialement intégrée. A la tribune, Malek Boutih a

précisé que cette régulation était étudiée au sein du Parti Socialiste mais

que ses propositions ne rencontreraient peut-être pas l'adhésion de la

majorité des élus, des responsables et des militants.

Votre tribune dans Libération du lundi 10 novembre 2003 démontre que le

sujet fait bien débat et que votre position personnelle évolue d'une

approche répressive vers un traitement social du phénomène. Notre

association tient à votre disposition des propositions concrètes permettant

de produire un cannabis propre, de le distribuer sans nuisances et de

réduire les risques liés à sa consommation. Nous tenons à répondre

immédiatement à vos interrogations d'ordre scientifique sur la dangerosité

du cannabis et la tristement célèbre théorie de l'escalade vers d'autres

substances ou d'autres comportements criminogènes. Vous réclamez plus

d'enquêtes et d'études pour lever vos dernières objections, elles existent

déjà.

Depuis 1893, des dizaines de groupes de travail ont oeuvré pour informer les

gouvernements de tous les pays occidentaux sur le cannabis, ses effets et

les moyens d'en contrôler l'usage et le commerce. Ils arrivent tous à la

conclusion que le cannabis n'est pas une drogue très nocive. Une

consommation modérée ne provoque pas de conséquences irréversibles et

n'incite pas à l'usage d'autres substances. Ces enquêtes s'appuient sur plus

de 900 études scientifiques et des dizaines d'études sociologiques, les

commissaires ont auditionné des milliers de témoins et ont dépensé des

millions d'euros. Pourtant, à la quasi unanimité de leurs conclusions

s'oppose toujours le refus des législateurs de suivre leurs recommandations,

à l'exception des Pays-Bas.

De 1893 à 1896, la Indian Hemp Drugs Commission fut chargée de mesurer les

effets nocifs du cannabis. Ses auteurs sont arrivés à la conclusion que «

l'usage modéré de cette drogue n'a pas d'effet nocif sur l'esprit, que

l'usage excessif était exceptionnel dans le contexte de l'Inde de l'époque

bien que la drogue fut populaire et culturellement acceptable. Les

commissaires concluaient qu'il n'y avait pas de lien entre la consommation

et les pratiques criminelles.

En 1944, le Maire de New York La Guardia créait un comité chargé d'examiner

les effets du cannabis sur le fonctionnement intellectuel. Le comité conclut

que les usagers de cannabis ne sont pas moins intelligents que le reste de

la population et qu'ils ne souffrent pas de détériorations physiques ou

mentales liées à cet usage. Le comité observa aussi que les consommateurs

n'ont pas de tendance agressive.

En 1967, une Commission présidentielle américaine recommanda de placer le

cannabis dans une classe séparée de celle des drogues opiacées induisant une

pharmacodépendance non constatée avec le cannabis.

En 1968, le comité Hulsman, puis en 1972, le comité Baan produisent des

rapports convergents qui constitueront désormais la politique officielle des

Pays-Bas. Les auteurs proposaient de classer les drogues en deux catégories,

les drogues douces et les drogues dures; l'usage et la possession des

premières ne devaient pas faire l'objet d'un contrôle pénal. En 1995, une

commission parlementaire réaffirmait la nécessité de séparer les marchés des

substances stupéfiantes afin d'éviter que l'usager ne soit en contact avec

d'autres drogues lorsqu'il s'approvisionne en cannabis.

En 1972 au Canada, la commission LeDain au terme de l'étude la plus complète

jamais menée sur le sujet concluait que les effets du cannabis ne

justifiaient pas les politiques pénales et que le coût de la prohibition

était trop élevé au vu des effets connus de la substance. Le rapport

réfutait, arguments et statistiques à l'appui, les théories de l'escalade et

du caractère criminogène de la drogue. Après des études expérimentales sur

des sujets humains, les commissaires étaient en mesure d'affirmer que la

consommation de cette drogue entraîne peu d'effets physiologiques aigus. En

2002, une commission sénatoriale présenta des conclusions très proches du

rapport Ledain.

En 1978, Le rapport de Monique Pelletier remet en cause la théorie de

l'escalade et propose la dépénalisation de la consommation. A cette

occasion, le docteur Kleber avait mis en évidence une escalade " marginale "

vers la dépendance.

En 1979, le gouvernement d'Australie commanda une étude dans laquelle les

commissaires proposaient d'adopter un modèle « régulatoire » dans lequel la

culture et la vente du cannabis seraient sous contrôle gouvernemental. Le

rapport australien concluait que le cannabis ne crée pas de

pharmacodépendance et présente un potentiel thérapeutique.

Le rapport Henrion, publié en mars 1995, souligne notamment que: « la

consommation de cannabis n'est pas mortelle » ; « il n'existe pas de

dépendance physique » ; « s'il existe une dépendance psychique plus ou moins

marquée selon les individus, elle reste toujours modérée » ; « le cannabis

n'est pas dangereux pour autrui, sauf dans certaines circonstances comme la

conduite automobile ». « Il entraîne moins de réactions agressives que

l'alcool. » ; « contrairement à ce qui est souvent avancé, le cannabis ne

constitue pas obligatoirement le premier échelon d'un passage aux drogues

dures. »

Le rapport remis en mai 1998 par le Professeur Bernard Roques,

neuropharmacologue, à la demande de Bernard Kouchner, Secrétaire d'État à la

Santé, conclut que le cannabis est moins dangereux que le tabac et l'alcool

et qu'il possède une toxicité générale faible.

A haute dose, il induit des troubles au niveau de la mémoire, de l'attention

et la somnolence mais « moins de 10% des usagers occasionnels deviennent des

usagers réguliers » .Et « moins de 10% des consommateurs excessifs

deviennent dépendants » ce qui n'est pas négligeable mais reste très

inférieur au risque induit par les consommations excessives d'alcool ou de

tabac.

En novembre 1998, le Professeur Wayne Hall, de Sydney (Centre national de

recherche sur les drogues et toxicomanies), publiait les conclusions de son

étude sur les effets pathogènes du cannabis dans le mensuel scientifique

britannique The Lancet. Celles-ci corroborent les éléments du rapport Roques

: le cannabis est moins dangereux à long terme que le tabac et l'alcool.

J'espère que cette liste non exhaustive répondra à vos interrogations et

vous confortera dans votre volonté de promouvoir des solutions pragmatiques.

 

Le président de PAKA Eric Chapel

 

P.S. : Copies au journaux Libération et Le Monde

Boutique : 31, Rue Voltaire - FR 93100 Montreuil

Tél. : (0) 148 517 825 / Fax : (0) 148 519 843

eric@chanvreetcie.com

 

 

Sources : CIRC Paris


  Signaler Article


Retour utilisateur


Il n’y a aucun commentaire à afficher.